jeudi 4 juin 2020

Ariane Anderson et le fiasco hydroxychloroquinien


Quel rapport me direz-vous, à juste raison, entre Ariane Anderson et l'hydroxychloroquine ?

Aucun.

Pourtant cette jeune femme a été mêlée, bien malgré elle, au désastre annoncé et probable de la récente étude du Lancet faisant état d'une surmortalité importante parmi les patients ayant pris la tisane du professeur Raoult afin de se prémunir contre le covid-19.

Elle n'est d'ailleurs certainement pas au courant de tout ce qu'on a pu dire à son sujet dans le petit monde franchouillard de la fachosphère et de la complosphère qui s'est délecté du scoop annoncé par un professeur de médecine qui sur le coup ne s'est pas grandi et n'a pas donné une très bonne image de sa corporation :

La recherche de la société fantome Surgisphere a l origine du papier bidonné du Lancet ne cache rien: la directrice des ventes de Quartz Clinivzl leur mysterieux moteur de recherche serait strip teaseuse modele nue a Las Vegas. Incroyable si vrai...(source twitter)

Il est vrai qu'aujourd'hui, nous l'avons amplement constaté avec Didier Raoult, la recherche scientifique et notamment médicale s'effectue sur les réseaux sociaux, le druide de la Canebière privilégiant YouTube alors que ce nouveau venu dans l'arène préfère de toute évidence utiliser Twitter.

Ce tweet inaugural a été suivi par de nombreux abrutis s'engouffrant ainsi dans ce qu'ils croyaient être la porte de sortie permettant au remède miracle issu de l'intuition géniale du barde marseillais de trouver enfin grâce aux yeux ébahis de la planète entière ; nous avons ainsi eu, dans le désordre :

la directrice Marketing de la société qui fournit les données est une ACTRICE PORNOGRAPHIQE (source twitter)

1182. BenHague | 31/05/2020 @ 15:31

Désolé mais cela va tllement vite :
La directrice des ventes est en fait une strip teaseuse de Las Vegas
https://twitter.com/philippefroguel/status/1267046796641087488
https://twitter.com/philippefroguel/status/1267046804828434432

Quelle rigolade ………
Une escort girl utilisée pour dénigrer la chloroquine (source egaliteetreconciliation)

Je m'arrête là, je commence à sentir la gerbe me taquiner le bord des lèvres et je ne tiens pas à salir le clavier de mon ordinateur, mais je pense que tout le monde a compris que cette pauvre fille en prenait plein la figure afin de servir la démarche « intellectuelle » de ceux qui n'ont que cela à se mettre sous la dent afin de supporter leur idole.

En fait cette jeune femme a effectué des études supérieures qu'elle a probablement financées avec des prestations mettant en jeu ses qualités physiques qu'elle a su intelligemment mettre à profit, ce qui lui a permis de postuler à cet emploi de directrice des ventes non pas de la société Surgisphere mais chez Quartz Clinical (voir Mais qui est donc Ariane Anderson ?) :

QuartzClinical est un leader dans la fourniture de solutions significatives basées sur les données pour les hôpitaux afin d'améliorer leurs marges tout en fournissant de meilleurs soins (source zoominfo)

Liste des contacts de Quartz Clinical (source zoominfo)

Mettre ainsi en avant le passé d'Ariane Anderson et la faire passer pour une bécasse incompétente (elle aurait fait du porno dans sa jeunesse, pensez donc !) démontre avant tout que nous avons affaire à des gros cons misogynes incapables d'argumenter autrement qu'en faisant intervenir le cul dans l'équation.

Heureusement qu'il y a des gens un peu plus sérieux que le professeur Philippe Froguel (ça ne parait pas très difficile à trouver) afin de mettre en cause l'étude du Lancet ; nous avons d'abord eu cet article du Guardian (l'antithèse de Valeurs Actuelles) qui nous disait le 28 mai dans Questions raised over hydroxychloroquine study which caused WHO to halt trials for Covid-19 :
Australian researchers query origin of data used for Lancet study, but stress there is no evidence drug is a safe or effective treatment
Des chercheurs australiens s'interrogent sur l'origine des données utilisées pour l'étude de Lancet, mais soulignent qu'il n'y a aucune preuve que le médicament est un traitement sûr ou efficace
Mais surtout est venue cette lettre signée par 120 médecins, dont seulement 2 (oui deux…) exerçant en France, intitulée An open letter to Mehra et al and The Lancet, dans laquelle les bonnes questions sont posées sans qu'il soit nécessaire de faire intervenir les talents passés de mademoiselle Ariane Anderson ; cette lettre regrette surtout que l'étude du Lancet ait amené diverses autorités à arrêter les essais cliniques incluant l'hydroxychloroquine (voir aussi dans BenHague fait boum !) :
The subsequent media headlines have caused considerable concern to participants and patients enrolled in randomized controlled trials (RCTs) seeking to characterize the potential benefits and risks of these drugs in the treatment and prevention of COVID-19 infections. There is uniform agreement that well conducted RCTs are needed to inform policies and practices.
Les titres des médias qui ont suivi ont suscité une grande inquiétude chez les participants et les patients inscrits à des essais contrôlés randomisés (ECR) qui cherchent à caractériser les avantages et les risques potentiels de ces médicaments dans le traitement et la prévention des infections à COVID-19. Tout le monde s'accorde à dire que des ECR bien menés sont nécessaires pour étayer les politiques et les pratiques.
Le plus cocasse (si l'on peut dire) est que les auteurs de l'étude controversée du Lancet ne disaient pas autre chose dans leurs conclusions :
These findings suggest that these drug regimens should not be used outside of clinical trials and urgent confirmation from randomised clinical trials is needed. 
Ces résultats suggèrent que ces régimes médicamenteux ne devraient pas être utilisés en dehors des essais cliniques et qu'une confirmation urgente des essais cliniques randomisés est nécessaire.
Et tout ça est parfaitement résumé par le professeur Frédéric Adnet (voir Le messie est parmi nous (et ce n'est pas moi qui le dis)) qui conclut son billet ainsi :
La grande victime de cette spectaculaire et brutale confrontation est donc bien au final la médecine. Pas celle de la croyance, grande gagnante de ce spectacle, mais bien l’autre médecine, la nôtre, celle fondée sur les preuves.
Oui, Didier Raoult aura réussi ce prodige de faire reculer la médecine basée sur les preuves d'au moins un demi-siècle en la faisant revenir à l'immédiat après-guerre quand les essais cliniques en étaient encore à leurs balbutiements.

Et c'est ce Guignol barbu et chevelu qui se permet de se moquer des Pieds nickelés du Lancet, tant il est vrai qu'ils jouent tous la même partition et ont été embauchés dans le même orchestre où les couacs servent de fil conducteur.

Le Lancet risque fort de ne pas sortir grandi de l'affaire (bien qu'il soit encore un peu tôt pour tirer des conclusions définitives) mais la recherche médicale française accusera elle-aussi le coup après la cacophonie dont elle nous aura régalés, avec la participation active de tous les gros cons misogynes et climato-irréalistes (les deux étant loin d'être incompatibles) qui auront de leur côté joué leur air de pipeau.

Un partisan du professeur Raoult prend sa défense.

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