lundi 6 août 2018

Dépiautage d'un commentaire

Il se trouve que je reçois souvent des messages d'Amazon me proposant certains livres que je suis censé trouver intéressants, en fonction bien sûr de mes commandes passées ainsi que de mes habitudes de navigation sur le site.

Par curiosité je vais pratiquement chaque fois consulter les ouvrages proposés concernant le climat et regarder les commentaires, que les livres soient ou non de nature « climatosceptique ».

En effet on en apprend beaucoup avec ce que l'on peut lire dans les commentaires, ça plus tout ce qu'un auteur « climato-sceptico-irréaliste » peut également dire par exemple dans une interview ou sur un plateau télé, on est relativement bien informé sur sa pensée, car il y a en général très peu de science dans le contenu, contrairement aux livres parlant du climat sans polémiquer mais pour expliquer son fonctionnement, comme le livre que je cite souvent, Climats passé, présent futur, qu'il faut impérativement acheter, et lire, afin de profiter de sa substance.

Dans la dernière livraison d'Amazon sur ma messagerie une liste de livres m'est donc proposée, dont La comédie du climat d'Olivier Postel-Vinay.

Déjà, mêler dans le titre les mots comédie et climat ne peut qu'allumer un warning dans votre cerveau, à moins que celui-ci n'ait été au préalable lessivé par d'autres bouquins du même type écrits par des charlatans de toutes sortes afin de vous faire croire que science et climat n'ont rien à voir ensemble.

Nous sommes en 2018 et justement un commentateur a écrit très récemment pour dire le bien qu'il pensait du livre :
ParRaymondKle 24 mai 2018
La vraie question, au-delà de savoir si on vit un « réchauffement climatique », un « changement climatique » ou encore un « dérèglement climatique » est de savoir pourquoi cette question a pris une ampleur telle qu’elle engendre parfois une ferveur populaire presque mystique, la condamnation sans jugement et sans distinction de toute pensée divergente et jusqu’à la revendication, par certains groupes, de la pénalisation judiciaire de tels comportements. Pourquoi, alors que l’ « anomalie de température globale » stagne depuis 1998, alors qu’un « changement » ou un « dérèglement » peut aller dans n’importe quel sens, soit un refroidissement, ou pire encore, une absence de variation de l’« anomalie », faut-il continuer de toute urgence la guerre au CO2 ? Sur quelle base vous et moi évaluons-nous la véracité des prophéties climatiques et la pertinence du seul remède universel proposé ? Et pourquoi, finalement, prenons-nous ces questions tellement à cœur qu’en effet, les aborder en famille c’est prendre le risque de voir le débat s’envenimer promptement ? N’y a-t-il pas là-derrière un ressort social, moral ou psychologique profond en action, au-delà de l’apparente question scientifique ?
Si vous vous posez ce genre de questions, ce livre est pour vous. Non, il ne vous donnera pas de réponse dogmatique et unilatérale. Il vous fera entrer dans le processus de filtration de données scientifiques lointaines et compliquées et de leur réécriture en vérités simples et en messages politiquement exploitables et moralisateurs. Il aborde ces questions à la manière d’un juge qui essaie d’instruire un cas litigieux. Ce faisant, il réexamine les questions phares du mouvement écocaliptique climatique comme la courbe de Mann (le « hockey stick ») et le climate gate, le rôle des lobbys des énergies fossiles –et des autres- , les prophéties jamais réalisées, tel le refroidissement catastrophique prédit par les climatologues dans les années septante ou la température élevée prédite (dans les années quatre-vingt) pour aujourd’hui et non atteinte, les déformations et mensonges d’Al Gore, la fonte des glaces de l’Himalaya et bien d’autres. Ce livre pose des questions et met en évidence des contradictions sans donner de réponses ou poser de jugements lapidaires. C’est en fait la distance que prend l’auteur vis-à-vis du sujet qui fait la valeur de ce livre, qui à mon avis peut être lu avec profit autant par les croyants que par les non-croyants. Car il s’agit aussi de foi, aspect sociologique et religieux du « réchauffement » que le livre aborde dans sa dernière partie.
L'achat étant vérifié on peut supposer que le commentateur a bien lu le bouquin, qui date au passage de 2015 et n'est donc pas si vieux que ça et devrait, en principe, contenir des informations à jour et documentées.

Alors vérifions à partir du commentaire, point par point, ce que ce livre peut éventuellement nous apporter, afin de décider au final s'il est utile de l'acheter ou non.

Mais faisons tout d'abord un court détour par la présentation de l'ouvrage en soulignant les points importants permettant de mieux comprendre ce qui va suivre :
Le changement climatique fournit un matériau de choix pour analyser la comédie du pouvoir et des croyances dans le monde contemporain. Autour de la thèse : la Terre se réchauffe du fait des activités humaines, l'affrontement est violent. D'un côté, les « climatozélotes » qui pensent qu'il n'y a plus de doute et qui ont fait de cette thèse une croyance absolue. De l'autre, les « climatosceptiques » qui pensent avoir relevé suffisamment d'incohérences dans les chiffres pour afficher un scepticisme argumenté. L'un des objets de ce livre est d'expliquer, d'interpréter objectivement les résultats. Il interroge aussi la science d'aujourd'hui, sa relation à l'argent, à la politique et aux médias. Comment fait-on la différence entre une croyance collective et une certitude scientifique ? Ce débat donne naissance à un spectacle quasi shakespearien. A l'exception de l'amour, toutes les passions humaines s'y déchaînent : soif de savoir et de pouvoir, quête de notoriété, goût inavoué pour l'argent, délire, et même haine jusqu'à l'excommunication ou la mise à mort.
Tout ce qui est excessif est insignifiant aurait dit Talleyrand, ce texte est donc insignifiant et doit donc être considéré comme tel, mais il explique en grande partie ce qui peut se passer dans la tête d'une personne fragile, c'est ce que nous allons voir maintenant avec l'analyse du commentaire.

La vraie question, au-delà de savoir si on vit un « réchauffement climatique », un « changement climatique » ou encore un « dérèglement climatique » est de savoir pourquoi cette question a pris une ampleur telle qu’elle engendre parfois une ferveur populaire presque mystique, la condamnation sans jugement et sans distinction de toute pensée divergente et jusqu’à la revendication, par certains groupes, de la pénalisation judiciaire de tels comportements.
« La vraie question (…] est de savoir pourquoi cette question » ; on admirera l'entrée en fanfare avec cette phrase qui ne veut rien dire mais qui se contente de surfer sur des éléments de langage que le commentateur a lus à de multiples reprises et se contente de restituer comme on régurgite un repas trop arrosé : « réchauffement climatique », « changement climatique », « dérèglement climatique », de toute évidence ces notions se mélangent dans les cerveaux indolents qui ne veulent pas prendre la peine de se demander ce qu'elles recouvrent.

Le réchauffement climatique est à la base du dérèglement climatique, ce dernier étant entrainé par la hausse des températures ; quant au changement climatique il ne signifie pas grand chose, sauf que le climat a toujours changé et qu'il changera toujours, cela n'expliquant en aucune manière le réchauffement (et donc le dérèglement) climatique actuel causé par les activités de l'homme.

Quant à la « ferveur populaire presque mystique » on se demande si le commentateur n'est pas lui-même un mystique échappé d'un asile, car il suffit de regarder autour de soi pour s'apercevoir que le réchauffement climatique, s'il est parfois évoqué dans une conversation, est très loin de soulever les foules et de mobiliser les politiques qui ont d'autres chats à fouetter à court terme, le terme de leur réélection.

Pour ce qui est de la « condamnation sans jugement et sans distinction de toute pensée divergente » le commentateur semble viser une personne comme moi qui passe une partie de son temps à mettre à nu les imposteurs prenant les gens comme lui pour des crétins.

Pourquoi, alors que l’ « anomalie de température globale » stagne depuis 1998, alors qu’un « changement » ou un « dérèglement » peut aller dans n’importe quel sens, soit un refroidissement, ou pire encore, une absence de variation de l’« anomalie », faut-il continuer de toute urgence la guerre au CO2 ?
Oui, nous sommes en 2018 et nous voyons encore ce genre d'ineptie : « l’ « anomalie de température globale » stagne depuis 1998 » ; pour information à l'attention de ceux qui se réveilleraient d'un long coma :

Données (UAH) issues des satellites pour la période 1998-2018 (source woodfortrees)

Donc, même en prenant les données issues de l'organisme (UAH) qui fournit l'augmentation de températures la plus faible (0,13°C par décennie) parmi tous les organismes procurant des informations, nous arrivons à voir une progression dans les températures (de la basse troposphère) d'environ 0,2°C sur 20 ans ; mais si l'on regarde des courbes plus « honnêtes » voici ce que l'on voit :

Données (UAH et RSS) issues des satellites pour la période 1979-2018 (source carbonbrief)
Evidemment on comprend l'intérêt de partir de l'année 1998 qui a connu un exceptionnel El Niño amplifié dans la basse troposphère, alors que les températures de surfaces montrent un tout autre visage :
Températures relevées à la surface pour la période 1970-2018 (source carbonbrief)
Mais ce genre de courbes vous ne les trouverez pas dans les livres que lit notre commentateur inspiré pour qui « un « changement » ou un « dérèglement » peut aller dans n’importe quel sens, soit un refroidissement, ou pire encore, une absence de variation de l’« anomalie » » ! On comprend mieux alors sa question inepte : « faut-il continuer de toute urgence la guerre au CO2 ? »


Sur quelle base vous et moi évaluons-nous la véracité des prophéties climatiques et la pertinence du seul remède universel proposé ?
Oui et on peut lui retourner sa question : sur quelle base évalue-t-il la véracité des inepties émanant des climatosceptiques dont il doit avoir lu tous les ouvrages ? Et quid de la pertinence de ce qu'ils proposent de leur côté ?


Et pourquoi, finalement, prenons-nous ces questions tellement à cœur qu’en effet, les aborder en famille c’est prendre le risque de voir le débat s’envenimer promptement ?
Et notre commentateur éclairé ne se pose pas un instant la question de savoir QUI envenime le débat…


N’y a-t-il pas là-derrière un ressort social, moral ou psychologique profond en action, au-delà de l’apparente question scientifique ?
Belle présence d'esprit de notre commentateur perspicace qui décrit assez bien son propre comportement.


Si vous vous posez ce genre de questions, ce livre est pour vous.
Personnellement je recommanderais plutôt le livre de Daniel Kahneman, Les deux vitesses de la pensée (Thinking fast and slow) qui permet de comprendre que notre commentateur privilégie la pensée rapide, certainement par paresse intellectuelle.


Non, il ne vous donnera pas de réponse dogmatique et unilatérale. Il vous fera entrer dans le processus de filtration de données scientifiques lointaines et compliquées et de leur réécriture en vérités simples et en messages politiquement exploitables et moralisateurs.
Comme si les livres parlant sérieusement du climat (il y en a) ou les articles paraissant dans des revues scientifiques ou dans la partie scientifique d'un journal donnaient des « réponses dogmatiques et unilatérales » ; pour notre commentateur, résumer le travail des scientifiques publiant dans des revues à comité de lecture et allant tous dans le même sens, c'est apporter une « réponse dogmatique et unilatérale » et c'est aussi « filtrer et réécrire » ce qui a été trouvé sur le sujet afin d'en restituer des « vérités simples et des messages politiquement exploitables et moralisateurs » ; mais notre commentateur apparemment bien informé ne sait de toute évidence pas que ce sont justement des scientifiques de haut niveau qui alertent le public avec des messages encore plus alarmants que ce que l'on peut voir dans les médias ou les discours des politiques !

Quant à la morale, elle n'a rien à faire dans le débat et n'entre jamais en jeu, notre commentateur est un affabulateur qui a peut-être un peu trop lu La Fontaine qui, lui, faisait bien des leçons de morale dans ses fables.


Il aborde ces questions à la manière d’un juge qui essaie d’instruire un cas litigieux. Ce faisant, il réexamine les questions phares du mouvement écocaliptique climatique comme la courbe de Mann (le « hockey stick ») et le climate gate, le rôle des lobbys des énergies fossiles –et des autres- , les prophéties jamais réalisées, tel le refroidissement catastrophique prédit par les climatologues dans les années septante ou la température élevée prédite (dans les années quatre-vingt) pour aujourd’hui et non atteinte, les déformations et mensonges d’Al Gore, la fonte des glaces de l’Himalaya et bien d’autres.
Ici nous assistons à un véritable festival d'âneries reprenant un grand nombre de lieux communs et autres poncifs du climatoscepticisme de ces dernières années ; notre commentateur ne sait donc pas que la courbe de Mann a été validée et revalidée à de multiples reprises par d'autres équipes (voir La courbe en crosse de hockey de Michael Mann a 20 ans, longue vie à elle ! ) et que le fumeux climategate n'était qu'une supercherie destinée à miner la COP15 se tenant à Copenhague ; et que dire des « prophéties jamais réalisées, tel le refroidissement catastrophique prédit par les climatologues dans les années septante », prophéties n'ayant existé que dans l'imagination débridée des climatosceptiques tentant de faire croire aux pauvres naïfs que dans les années 1970 la communauté scientifique aurait prévu un « refroidissement catastrophique », ce qui est évidemment totalement faux, ainsi que les soi-disant « mensonges d'Al Gore » que notre commentateur serait bien en peine de détailler, tout comme il ne sait même pas de quoi il parle quand il évoque « la fonte des glaces de l’Himalaya et bien d’autres », mots jetés en l'air sans aucun discernement et surtout sans aucune argumentation sérieuse.


Ce livre pose des questions et met en évidence des contradictions sans donner de réponses ou poser de jugements lapidaires.
C'est effectivement la spécialités des livres écrits par des climatosceptiques n'ayant aucune connaissance du sujet, ils ne donnent aucune réponse parce qu'ils en sont totalement incapables ; quant aux jugements lapidaires, le commentateur n'a manifestement pas lu le moindre livre sérieux sur le climat et il pense que les explications sur le rôle du CO2 dans la hausse des températures, par exemple, sont des « jugements lapidaires », ne se rendant pas compte que ces « jugements lapidaires » sont plutôt le fait de ceux qui n'y connaissent rien ou pas grand chose et se permettent de donner leur avis, comme Olivier Postel-Vinay.


C’est en fait la distance que prend l’auteur vis-à-vis du sujet qui fait la valeur de ce livre, qui à mon avis peut être lu avec profit autant par les croyants que par les non-croyants. Car il s’agit aussi de foi, aspect sociologique et religieux du « réchauffement » que le livre aborde dans sa dernière partie.
La conclusion du commentateur vaut son pesant de cacahuètes ; il prend les lecteur pour des « croyants ou des non croyants » et se range surement parmi ces derniers, et quand il parle de « foi, aspect sociologique et religieux » là encore il ne se rend pas compte qu'il décrit merveilleusement sa propre approche du sujet.


Nous avons avec cet exemple caractéristique la démonstration des ravages effectués dans les cerveaux fragiles par toutes les interventions de nos Rittaud, Gervais, Prud'homme, Postel-Vinay et bien d'autres, comme Allègre en qualité de précurseur et vieux lion de la désinformation.

Evidemment je ne commanderai pas le bouquin de Postel-Vinay, pour quoi faire ?

Pourquoi irais-je dépenser 18 euros dont une partie ira dans la poche d'un bonimenteur qui, en l'absence de qualifications lui permettant d'écrire un livre sur le climat, se contente d'en écrire un qui est sûr de trouver un public tout acquis à sa cause ?

De la même manière je n'irai pas dépenser les 19,50 euros que coûte Ils ont perdu la raison de Jean de Kervasdoué, surtout quand il commence la présentation de son livre par
La gauche française a longtemps cru au Progrès ; cette foi s'estompe au point de disparaître.
Ainsi les objectifs annoncés en matière d'énergie semblent incompréhensibles tant ils sont contraires aux intérêts de la France, y compris dans leur dimension climatique.
« Leur dimension climatique », on aura compris.


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