vendredi 17 mai 2019

415 ppm de CO₂, mais ce n'est pas une surprise pour Exxon !

Regardez bien ce joli dessin :
Croissance du CO2 atmosphérique et augmentation de la température globale moyenne en fonction du temps (source Exxon, 12 novembre 1982)

Etonnant, non ?

Ce document date donc de novembre 1982, il est inclus dans un rapport dont le signataire est un certain M.B Glaser, directeur des programmes d'affaires environnementales (Manager EnvironmentaI Affairs Programs) de la firme Exxon, et dont le titre est « CO₂ greenhouse effect ».

Ainsi, dès 1982 il était prévu qu'en 2019 le taux de CO₂ soit aux alentours de 420 ppm et que la température aurait augmenté, par rapport à l'année 1980, de près de 1°C ; vérifions tout de suite ce qu'il en est pour les températures :
Evolution des températures de 1980 à aujourd'hui (woodfortrees)

Faisons le compte :
  • Gistemp : +0,7 (de 0,15 à 0,85)
  • HadCRUT : +0,7 (de 0 à 0,7)
  • BEST : +0,7 (de 0,1 à 0,8)
  • RSS : +0,8 (de -0,2 à +0,6)
  • UAH : +0,5 (de -0,2 à +0,3)

On constate que toutes les données concordent à peu près bien, avec une hausse de 0,7 à 0,8°C, sauf, allez savoir pourquoi, UAH qui ne monte que de 0,5°C (mais il est vrai que UAH c'est le bébé de l'immense scientifique qu'est John Christy accompagné de son fidèle serviteur Roy Spencer)

Par conséquent monsieur Glaser surestimait légèrement la hausse de températures, cependant il semblerait qu'il ait aussi légèrement surestimé la hausse du CO₂, car nous ne sommes pas à 420 ppm mais à seulement 415 ! Mais bien que 5 ppm de différence n'expliquent pas un écart de 0,2 à 0,5°C, on peut quand même en conclure qu'en 1982, avec les moyens de l'époque, la prévision était assez surprenante au vu de ce qu'il en est actuellement.

Aux dernières nouvelles le taux de CO2 est donc de 415,58 ppm exactement :
Hourly (red circles) and Daily (yellow circles) averaged CO2 values from Mauna Loa, Hawaii for the last 31 days. (source esrl.noaa)

Ce qui est intéressant c'est de savoir ce qu'il en était dans le passé quand la planète Terre a connu de telles concentrations.

Johan Lorck, l'auteur de l'excellent site Global Climat, nous dit :
Les scientifiques sont capables de remonter encore plus loin dans le passé [que 1958, date des premières mesures à Mauna Loa]. L’analyse des carottes de glace tirées de l’Antarctique montre que les niveaux de CO2 actuels sont les plus importants des 800 000 dernières années, période au cours de laquelle les niveaux n’ont jamais dépassé les 300 ppm au plus fort des épisodes interglaciaires.
Et Johan nous montre des graphiques bien connus issus des travaux de Lorius et Jouzel :
Concentrations de CO2 et températures de l’Antarctique des 800 000 dernières années (source : NASA reprise par global-climat)

Non content de prouver que température et CO₂ vont de conserve (et non de concert), cela nous montre qu'effectivement durant les 800 000 dernières années le taux de CO₂ n'a JAMAIS dépassé les 300 ppm, mais aussi, et c'est peut-être le plus important, qu'entre 200 et 300 ppm de CO₂ la différence de température est de l'ordre...de 10°C !

Bien sûr cette amplitude de 10°C ne concernait que l'Antarctique, mais on voit là qu'une augmentation de 50% (de 200 à 300) pouvait engendrer sous de basses latitudes ce genre de variation de température, et on peut imaginer que sur le reste de la planète on n'était pas loin de ces 10°C ; or entre la période pré-révolution industrielle et aujourd'hui la concentration en CO₂ est passée de 280 ppm à 415 ppm, soit...48% d'augmentation !

Johan va même plus loin que les 800 000 ans mentionnés :
Des modélisations basées sur des données astronomiques et géologiques montrent que la dernière fois que l’atmosphère terrestre a contenu autant de CO₂, c’était il y a plus de trois millions d’années. C’est ce qu’a révélé une étude publiée en avril 2019.
Résultats de la modélisation : concentration de CO2 atmosphérique (en rose) comparée aux données sur le noyau de glace (trait continu) et à d’autres approximations. Willett et al, 2019. (repris par global-climat)

Il y a 3 millions d'années le CO₂ représentait donc 350 ppm dans l'air de notre planète, soit une soixantaine de ppm de moins qu'aujourd'hui…

Mais certains vont encore plus loin en remontant...à 15 millions d'années !

Ainsi Robert Scribbler dans The Hot 15 Million Year Time Machine — 415 Parts Per Million CO2 nous dit :
We have to go far, far back, much further back, to find a time when atmospheric CO2 values were likely similar to those experienced today. Indirect proxy readings indicate that the last time levels of this heat trapping gas were so high extend not hundreds of thousands, but millions of years.
Nous devons remonter très loin, bien plus loin en arrière [que 800 000 ans], pour trouver une période où les valeurs de CO2 dans l'atmosphère étaient probablement similaires à celles que nous connaissons aujourd'hui. Les lectures indirectes de proxys indiquent que la dernière fois où les niveaux de ce gaz de piégeage de la chaleur étaient si élevés ne concernent pas des centaines de milliers, mais des millions d’années.
Et de nous montrer ce graphique :
(Atmospheric CO2 levels are now the highest since the Middle Miocene of 15 to 17 million years ago. Image source: Skeptical Science repris par robertscribbler)

La barre horizontale rouge représente à peu près notre niveau actuel de CO₂, et l'on voit qu'elle est à peine dépassée à partir de -15 millions d'années ; ce n'est qu'en remontant le temps à partir de -25 millions d'années que l'on voit le CO₂ monter pour atteindre un sommet à 1200 ppm il y a environ 37 millions d'années.

Autrement dit, comme nous nous acheminons allègrement vers 450 ppm que nous devrions atteindre dans une décennie, nous pouvons considérer qu'en 2030 nous serons revenus quelques 25 millions d'années en arrière, c'est ce qu'on appelle le progrès.

Un autre graphique fourni par Scribbler est assez éloquent ; il émane de Peter Gleick :
Atmospheric CO2 levels have now reached 415 ppm. The last time humans experienced levels this high was... never. Human didn't exist. Les niveaux de CO2 atmosphérique ont maintenant atteint 415 ppm. La dernière fois que les humains ont connu des niveaux aussi élevés, c'était ... jamais. L'homme n'existait pas (source PeterGleick)

Oui, parce qu'on rappellera à ceux qui l'ignorent encore que monsieur Homo sapiens a fait son entrée dans le monde il y a au mieux 300 000 ans, et que le genre Homo serait apparu, lui, il y a 2,5 millions d'années, auparavant la Terre était peuplée d'Australopithèques, nos lointains ancêtres qui étaient à peu près aussi conscients du changement climatique que les décérébrés qui hantent sous forme de zombies certains sites qui s'autoproclament climato « réalistes ».

Et quand le réalisme consiste à ne pas comprendre un simple dessin qu'un enfant de 8 ans pigerait immédiatement, cela s'appelle comment ?
L'infini, comme dirait Laurent Alexandre, c'est dans gogol années.

Mais rassurez-vous, il y en a qui veillent sur vous et prennent soin de leurs… pardon, de vos intérêts, et ils ont les moyens pour arriver à vous… pardon, à se refaire une santé ; l'International Monetary Fund nous informait le 2 mai dernier que :
Globally, subsidies remained large at $4.7 trillion (6.3 percent of global GDP) in 2015 and are projected at $5.2 trillion (6.5 percent of GDP) in 2017.
À l'échelle mondiale, les subventions sont restées importantes, atteignant 4 700 milliards de dollars (6,3% du PIB mondial) en 2015 et devraient atteindre 5 200 milliards de dollars (6,5% du PIB) en 2017.
Plus de 5 mille milliards de dollars de subventions en une seule année pour quoi me direz-vous ?

Si vous pensez que c'est pour financer les énergies renouvelables c'est que vous n'avez pas lu le reste de l'étude ; un indice pour vous guider : cette étude s'intitule « Global Fossil Fuel Subsidies Remain Large: An Update Based on Country-Level Estimates » (Les subventions mondiales aux combustibles fossiles restent importantes : mise à jour fondée sur des estimations par pays)


Pas sûr que ce soit plus clair pour tout le monde.


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