vendredi 30 novembre 2018

Climactualités - novembre 2018

ENSO
Le 30/11/2018 : climate.gov/enso

Sea surface temperatures in the tropical Pacific were comfortably above the threshold for El Niño in October 2018, but the atmospheric response is lagging. A deep pool of warm water is available below the surface to renew and sustain the surface anomaly, however, and forecasters estimate an 80% chance of a weak El Niño during Northern Hemisphere winter 2018-19.

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GISS L-OTI anomalies de températures vs 1951-1980
Le 30/11/2018 : data.giss.nasa.gov

Note: Gray areas signify missing data.
Note: Ocean data are not used over land nor within 100km of a reporting land station.

Comme par hasard c'est chez les climatosceptiques qu'il fait le plus froid...

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Coral Reef Watch
Le 30/11/2018 : coralreefwatch.noaa.gov 

NOAA Coral Reef Watch's most recent Four-Month Coral Bleaching Heat Stress Outlook is below. This figure shows the distribution of the lowest heat stress levels predicted by at least 60% of the model ensemble members. In other words, there is a 60% chance that the displayed heat stress levels will occur.


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Climate Prediction Center
Le 30/11/2018 : cpc.ncep.noaa.gov

Prévisions de tempêtes tropicales.


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Polar Science Center
Le 30/11/2018 : psc.apl.uw.edu
Average Arctic sea ice volume in October 2018 was 5800 km3. This value is the 4th lowest on record about 800 km3 above the October record that was set in 2012 with ~5000 km3 and about 300 km3 lower that 2017. Ice volume was 71% below the maximum in 1979 and 58% below the mean value for 1979-2017. October 2018 ice volume falls just a slightly above the long term trend line.
Fig.1  Arctic sea ice volume anomaly from PIOMAS updated once a month. Daily Sea Ice volume anomalies for each day are computed relative to the 1979 to 2017 average for that day of the year. Tickmarks on time axis refer to 1st day of year. The trend for the period 1979- present  is shown in blue. Shaded areas show one and two standard deviations from the trend. Error bars indicate the uncertainty of the  monthly anomaly plotted once per year.

Fig. 2 Total Arctic sea ice volume from PIOMAS showing the volume of the mean annual cycle, and from 2010-2018. Shaded areas indicate one and two standard deviations from the mean.

Fig.3 Monthly Sea Ice Volume from PIOMAS for April and Sep.

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Arctic Data archive system (ADS)
Le 30/11/2018 : ads.nipr.ac.jp

Arctique.


Antarctique.

Historique des Climactualités (l'Arctique est mentionné en premier ; en bleu les valeurs minimales, en jaune les maximales)

Novembre 2018 : 10,54 + 13,26 = 23,8
Octobre 2018 : 7,18 + 17,09 = 24,27
Septembre 2018 : 4,68 + 18,01 = 22,69
Août 2018 : 4,8 + 17,7 = 22,5
Juillet 2018 : 6.67 + 16.44 = 23.11
Juin 2018 : 9.19 + 14.59 = 23.78
Mai 2018 : 11.02 + 10.65 = 21.67
Avril 2018 : 12.82 + 6.33 = 18.15
Mars 2018 : 13.87 + 3.50 = 17.37
Février 2018 : 13.68 + 2.31 = 15.99
Janvier 2018 : 12.68 + 3.46 = 16.14
Décembre 2017 : 11.76 + 7.13 = 18.89
Novembre 2017 : 10.07 + 13.25 = 23.32
Octobre 2017 : 7.82 + 17.27 = 25.09
Septembre 2017 : pas de stats

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Ce mois-ci c'est la fête au Donald.


Ne surtout pas confondre Donald Duck avec ce Donald-là.

Le plus fort c'est que ce sont surtout des patriotes qui l'ont élu.

Bof, John McCain aurait pu se montrer plus vindicatif de son vivant, et ce n'était pas l'ange décrit sur ce dessin.



Zuldazar au clair de lune



Rien ne vaut une chevauchée nocturne au-dessus des hautes frondaisons de Zuldazar à l'approche de Dazar'alor, la capitale de la Horde dans l'ile de Zandalar.

C'est la semaine des expéditions, une bonne occasion pour aller visiter aussi Kul Tiras, les voyages formant la jeunesse parait-il.

Vivement le vol libre dans les nouvelles contrées d'Azeroth, on commence un peu à se lasser de se trainer au raz des pâquerettes à la merci de toutes les mauvaises rencontres que l'on ne manque pas de faire ici ou là.


jeudi 29 novembre 2018

Leçon de déontologie journalistique à l'attention de la BBC et du Guardian

Mon billet de lundi dernier, Il y a des journalistes honnêtes, si si ! , a provoqué le commentaire suivant :
Anonyme26 novembre 2018 à 15:54

On aimerait que les journalistes du Guardian ou de la BBC soient aussi scrupuleux et apportent un correctif á leurs articles sur Resplandy .. Mais on peut rever ... Difficle de juger qui est le tabloid sur ce coup lá .

BenHague
Comparer le Guardian et la BBC à des tabloïds et leur faire une leçon de déontologie journalistique (d'où le titre du présent billet) il fallait oser le faire, BenHague s'est dévoué et a franchi le pas alors qu'on ne lui demandait rien ; après il s'étonne qu'on lui tombe dessus…

Je ne connais pas la teneur des articles originaux de la BBC et du Guardian, et je ne sais même pas si leur titre a été modifié, ce qui reste à prouver (mais BenHague a sûrement gardé une trace) cependant tout cela a provoqué chez moi quelques réflexions que je vais vous livrer en vrac.

Tout d'abord je dirais qu'en ce qui me concerne s'il m'arrivait de titrer à tort et à travers et de raconter des bêtises (de manière non voulu, car mon but n'est pas de tromper mes lecteurs) je garderais tels quels titres et contenus mais en ajoutant des mises à jours bien visibles ; je l'ai déjà fait à deux ou trois occasions, je vous laisse chercher moi je n'ai pas le temps de reprendre tous mes billets.

Mais voilà, je ne suis pas journaliste et mon site n'est qu'un blog d'opinions personnelles consulté régulièrement par une petite vingtaine de lecteurs dont seulement une minorité prend la peine de commenter, ce qui montre qu'il a une moindre influence que le Guardian ou la BBC qui sont consultés par un peu plus de monde.

Je ne me permettrais donc pas de donner la moindre leçon à ces respectables médias qui sont considérés comme ce qui ce fait de mieux en matière d'information objective sur la planète (en ajoutant quelques autres comme le Washington Post ou le NY Times) en sachant tout de même qu'il n'existe pas d'objectivité parfaite, les journalistes étant des personnes humaines et non des robots, en tout cas pas pour le moment (sauf peut-être dans certaines officines sur internet)

Si je consulte l'article de la BBC dont VB a donné le lien dans un de ses commentaires, on peut constater que les faits sont relatés de la manière la plus objective qui soit et qu'il est difficile de faire mieux.

Le titre, Climate change: Concerns over report on ocean heating (Changement climatique : préoccupations concernant le rapport sur le réchauffement des océans) me semble refléter la réalité des choses, le rapport initial ayant été critiqué, à juste raison, pour une erreur de calcul, cette erreur de calcul ne remettant toutefois pas en cause la totalité de l'étude.

Et l'article commence directement par
Errors have been found in a recent study suggesting the oceans were soaking up more heat than previously estimated.
Des erreurs ont été trouvées dans une étude récente suggérant que les océans absorbaient plus de chaleur que prévu.
On ne peut pas vraiment dire que la BBC tente de cacher la poussière sous le tapis !

En tout cas, si le titre et/ou le texte ont été modifiés par rapport à la version originale de début novembre, tous les commentaires ont été conservés, le dernier étant daté du 2 novembre (il y en a près de 1200 en tout)

Pour le Guardian je n'ai rien retrouvé du tout, mais il me semble me souvenir d'avoir vu quelque part un lien vers ce journal sans possibilité de lire n'étant pas abonné, donc j'imagine que BenHague a une référence qu'il devrait se faire un plaisir de nous fournir en commentaire, ne serait-ce que pour avoir une trace.

Je ferai ensuite remarquer que le site en ligne Metro a lui-même modifié à la fois titre et contenu, et pas qu'une fois, d'un article qui concernait la raréfaction des tâches solaires entrainant une baisse de la température dans la très haute atmosphère ; comme je l'expliquais dans Il y a des journalistes honnêtes, si si ! ce site a donné pas moins de quatre versions différentes…

Et quand on consulte la toute dernière version, Nasa scientist says sunspot slowdown will cause temperatures in the upper atmosphere to plunge, on constate à peu près la même démarche que celle de la BBC qui consiste à ajouter une simple information en fin d'article (la BBC avait préféré avertir le lecteur dès le début, ce qui me semble plus « honnête »)

Pour résumer, les journaux « sérieux » modifient leurs articles s'ils se révèlent erronés, sans garder trace des articles originaux mais en mentionnant plus ou moins clairement qu'une mise à jour a été effectuée ; ce procédé me parait correct dans la mesure où il évite que des internautes cherchant des informations sur le sujet ne tombent sur la version originale et s'en tiennent à celle-ci en la prenant pour la bonne, ce qui semble être la façon de procéder des sites plus fantaisistes dont je ne donnerai pas les noms mais suivez mon regard.

Maintenant je vais vous demander de réfléchir avec moi à deux scénarios qui auraient pu être possibles, afin de déterminer quels auraient été les comportements de « certaines personnes ».

Tout d'abord imaginons que l'étude Resplandy n'ait comporté aucune erreur et que par conséquent la sensibilité climatique puisse être relevée dans sa partie basse de 1,5 à 2°C avec une marge d'incertitude réduite, et que donc les océans aient absorbé 60% de chaleur de plus que ce que l'on pensait auparavant ; nous aurions de toute façon eu la réaction pavlovienne de Bob Tisdale qui avait réagi dès le 2 novembre sur WUWT en passant complètement à côté du sujet avec des considérations oiseuses sur les commentaires de Laure Resplandy, allant jusqu'à la qualifier d'idiote (silly) parce qu'elle faisait une analogie avec un océan qui n'aurait que 30 pieds de profondeur, comme si elle ne connaissait pas la profondeur moyenne des océans…

Nous savons tous que dès qu'une étude parait sur le climat elle est immédiatement critiquée et dénigrée sur le site WUWT, et à ma connaissance ce site n'a jamais apporté le moindre rectificatif du genre de ceux effectués par la BBC et Metro (et le Guardian apparemment)

Pour ce qui est du deuxième scénario que je vous suggère de considérer, imaginons que l'étude Resplandy ait comporté une erreur de calcul, mais que ses résultats aient été diamétralement opposés, c'est-à-dire, pour résumer, que les océans auraient d'après les chercheurs absorbé non pas 60% de chaleur de plus mais 60% de chaleur de moins que ce que l'on pensait ! On peut aussi imaginer des scénarios annexes avec 50%, 40% ou une autre valeur mais toujours dans le même sens.

Dans ce cas comment Bob Tisdale aurait réagi à cette annonce, et aurait-il qualifié Laure Resplandy d'idiote pour avoir imaginé un océan de 30 pieds de profondeur pour illustrer ses résultats ?

Et Nic Lewis, aurait-il été aussi empressé pour relever l'erreur de calcul qu'il aurait bien évidemment repéré très rapidement à la lecture du document (a quick review of the first page of the paper was sufficient to raise doubts as to the accuracy of its results, a-t-il écrit dans son premier article) ?

Permettez-moi d'avoir quelques doutes sur le sujet.

Mais il est vrai que j'ai l'esprit mal tourné et que je vois le mal partout, certainement l'influence du péché originel de ma supposée religion, je ne vois pas d'autre explication.



mercredi 28 novembre 2018

Quelques explications à l'usage des mal-voyants


Certaines personnes ont des problèmes de vue et ne font apparemment pas beaucoup d'efforts pour les pallier, par exemple en s'achetant des lunettes ; par analogie certaines personnes ont des problèmes de compréhension et ne font apparemment pas beaucoup d'efforts pour y remédier, par exemple en réfléchissant dans un premier temps et en se documentant sérieusement dans un deuxième.

Quelques exemples.

http://quetedugraal.forumgratuit.org/t2366-co2
par troubaa le Dim 25 Nov - 10:34 
[…]

Au faite (sic) elle en est où cette fameuse corrélation CO2 température ?
ca marche plus tout du coup.... Meme qu'il devrait faire 3° de plus c'est écrit dans l'article !

Toutes les courbes de corrélations températures/CO2 sont en train d'exploser en s'avérant totalement fausses (sic) ! Et c'etait la seule "preuve" de l'impact du CO2.. Bigre et ils continuent à y croire !

Les climato-prophètes répondrons comme toujours : mais c'est pour la fin du siècle voyons c'est écrit ! Amen !

C'est jamais pour aujourd'hui quand c'est vérifiable, faut dire que quand on vérifie les prophéties elles sont toutes fausses, Les Maldives toujours là, l'Arctique aussi, les principaux glaciers aussi, le niveau de la mer qui varie toujours au même rythme, et les températures qui n'augmentent que de 0.01°C par an malgré l'explosion du CO2 dans l'atmosphère....
[bla bla bla] 

Il y a tellement d'âneries en si peu de mots qu'il est difficile de toutes les mentionner, prenons-en quelques unes.

Elle est où la corrélation CO2 température ? De toute évidence le dénommé troubaa n'a pas vraiment cherché, ou alors il est comme le quidam qui cherche ses clés de bagnole la nuit sous un réverbère parce que c'est là qu'il y a de la lumière, ce qui explique certainement l'infructuosité de sa quête (du Graal ?)

S'il avait lu (et compris) mon billet du 24 novembre il aurait vu que Jouzel et Lorius avaient déjà dès les années 1980 démontré cette parfaite corrélation dans le passé entre CO2 et température, je vais donc lui remettre le graphique illustrant ce parallélisme :

Co-variation de la température et du CO2 durant les 800 000 dernières années (source climat-en-questions)

Ajoutons à cela que la concentration de CO2 dans l'atmosphère a été d'environ 280 ppm pendant au moins 800 000 ans et probablement bien plus de temps que cela, mais que depuis 150 ans elle s'est accrue pour atteindre 405 ppm aujourd'hui, soit une augmentation de près de 45%, et dans le même temps la température a augmenté d'environ 1°C pour atteindre des niveaux supérieurs à ce que l'homme (Homo sapiens) n'a jamais connu sur la planète ; j'en avais déjà parlé à de multiples occasions, et notamment dans Coup de chaud sur la planète où je montrais des graphiques très évocateurs, par exemple (le CO2 est en rouge, la température en bleu) :

Evolution de la concentration en CO2 et de la température depuis 2000 ans.
Ou

Evolution de la concentration en CO2 et de la température depuis 160 000 ans.

Pour information l'apparition d'Homo sapiens date d'environ 300 000 ans mais celui que l'on appelle l'« homme moderne » est né il y a entre 100 000 et 200 000 ans en Afrique (j'ai lu un peu de tout sur le sujet, voir par exemple museedelhomme) ; cependant le plus important dans l'histoire (c'est le cas de le dire) c'est le début du néolithique, il y a moins de 10 000 ans, car c'est à partir de là que l'homme moderne s'est vraiment « développé », or il est aisé de constater que durant cette période la température n'a quasiment pas évolué (voir la partie gauche du graphique ci-dessus) et que si à la fin du 21ème siècle nous connaissions une augmentation de température de « seulement » 3°C (c'est vers cela qu'on s'achemine doucement) cela correspondrait à une véritable explosion sur une échelle de temps suffisamment longue.

Mais à part cela « où est la corrélation CO2 température ? » se demande troubaa, à qui on conseillera d'acheter de nouvelles lunettes après être passé chez l'ophtalmo.

On fera au passage remarquer à notre ami que « en s'avérant totalement fausses » est une faute de langage, puisque ce qui s'avère ne peut qu'être vrai ! Donc on lui conseillera également, après s'être muni de ses bésicles, de se procurer un Bescherelle pour améliorer sa pratique du français.

Mais continuons.
quand on vérifie les prophéties elles sont toutes fausses, Les Maldives toujours là, l'Arctique aussi, les principaux glaciers aussi, le niveau de la mer qui varie toujours au même rythme, et les températures qui n'augmentent que de 0.01°C par an malgré l'explosion du CO2 dans l'atmosphère….
Troubaa confond probablement les projections pour la fin du siècle avec les prophéties de Nostradamus, et il pense que parce que nous ne sommes toujours pas en 2100 et que les projections ne sont donc pas en accord avec la réalité de 2018 alors c'est qu'elles sont forcément fausses ; personne n'a donc dit à troubaa qu'on n'avait pas encore inventé la machine à voyager dans le temps pour s'assurer qu'en 2100 les projections faites aujourd'hui étaient correctes ? Ah mais il veut peut-être parler des projections faites dans le passé et concernant la situation actuelle, ça tombe bien, il peut lire mon billet Il y a 30 ans, James Hansen entrait dans l'histoire dans lequel il verra que finalement les projections anciennes se sont plutôt assez bien avérées (i.e. révélées vraies, je précise pour troubaa uniquement)


Quant à l'Arctique « qui est toujours là », je reconnais que troubaa a raison sur ce point, et même j'irai plus loin, l'Arctique est en train de se reconstituer, la preuve :

Volume des glaces de l'Arctique en 2017-2018.

N'est-ce pas une spectaculaire progression des glaces sur les deux dernières années ? Et ce n'est pas tout, nous avons la même chose dans le passé, par exemple :

Volume des glaces de l'Arctique de1982 à 1987.

Avouez que c'est étrange, non ? Et on trouve aussi ceci :

Volume des glaces de l'Arctique de 2011 à 2015.

Donc si on regarde bien, le volume des glaces de l'Arctique n'a fait qu'augmenter depuis 40 ans qu'il y a des mesures fiables, oui mais non, en fait (troubaa dirait en faite) voici ce qu'on observe :

Source psc.apl.uw.edu

C'est quand même marrant ça, le volume des glaces n'arrête pas d'augmenter, cependant « ils » s'entêtent à montrer une tendance à la baisse, il faudra que je demande à troubaa pour qu'il m'explique ce paradoxe.

Quant au « niveau de la mer qui varie toujours au même rythme » il n'est pas au courant que ce niveau s'est élevé de 20 centimètres durant le 20ème siècle, soit 2 mm par an en moyenne, et que l'élévation est aujourd'hui de 3,2 mm en moyenne (source climat-en-questions), mais pour troubaa 2 mm ou 3,2 mm c'est la même chose il faut croire ; et ce n'est pas terminé, on parle d'ici 2100 d'une montée des eaux entre 50 cm et 1 mètre, soit en moyenne entre 5 mm et 1 cm par an, mais à part cela c'est la même chose, on n'est pas à 1 mètre près n'est-ce pas ?

Bon, on va terminer par une autre intervention de notre spécialiste en informations climatiques avariées ayant été sorties de poubelles diverses.

par troubaa le Mar 30 Oct - 12:36
justement... un coup de froid.... on n'entend plus les alarmistes....
ha oui c'est vrai il fait froid c'est la météo
il fait chaud c'est le climat !
Mais qui a dit que quand il fait froid c'est la météo et quand il fait chaud c'est le climat ?

Je vous le donne en mille, cela ne vient que de sources climatosceptiques auxquelles s'abreuve l'ami troubaa sans trop se soucier de savoir si elles ne sont pas contaminées ; évidemment personne de sérieux, aucun climatologue, aucun journaliste scientifique, ni même moi dans mes articles sur le climat (et il commence à y en avoir une sacrée pelletée) n'ira affirmer de telles idioties, simplement troubaa fait partie de ceux qui n'ont toujours pas compris quelle était la différence entre la météo et le climat, et que le réchauffement climatique ne veut en aucun cas signifier qu'il n'y aura pas des coups de froid, surtout en hiver ou à l'approche de l'hiver !

Mais faut-il vraiment s'étonner de la quasi-cécité de troubaa quand on sait qu'il fréquente assidûment un site dans lequel on peut trouver cette perle :
2249. cyril | 27/11/2018 @ 8:58

Sans rapport avec les sujets précédents, qui est ce « tetard mouillé » qui insulte à tour de blog tous ceux qui n’ont pas la même pensée que lui, tout en fournissant des tableaux tronqués (dans le sens qui l’intéresse) sans citer les sources, des interprétations biaisées de ces mêmes tableaux, des bribes de discours ou d’interviews assortis de commentaires désobligeants qui décrédibilisent ses propres analyses. Quel est son type et niveau d’études ?
En voilà un bel exemple de problème de vision de la part de ce cyril qui croit que parce que je démonte les âneries de monsieur le commissaire AntonioSan alors c'est que forcément je l'insulte car je ne penserais pas comme lui !

Et quel bel exemple de projection quand il me reproche de fournir des tableaux tronqués sans citer les sources ! On a l'impression qu'il confond le site sur lequel il poste ce magnifique commentaire avec ce que j'écris ici, c'est dire à quel point il a la vue brouillée.

Mais il n'est pas le seul, la preuve :
2250. Marco40 | 27/11/2018 @ 16:51
cyril (#2249), une sous-m.rde sans importance. A ignorer.

Ouh là là, qu'est-ce que je suis malheureux d'être ignoré par Marco40, ainsi que par cet autre-ci :
2252. Murps | 27/11/2018 @ 20:46
Marco40 (#2250), je confirme.
DNFTT please.
On rappellera que Murps prétend être professeur de science mais qu'il conteste, du haut de sa chaire, tout ce que la science nous dit sur le climat.

Mais Murps est un exemple pour troubaa, ceci expliquant cela.

Bref.

Il en faut peu, pourtant, pour y voir clair.

lundi 26 novembre 2018

Il y a des journalistes honnêtes, si si !

Dans mon billet du 22 novembre dernier, intitulé Nous allons vers un nouvel âge de glace, ou le mécanisme d'une fausse information, j'évoquais un article du média Metro qui titrait abusivement A mini ice age could be on the way which means it will get very, very cold (Un mini âge de glace pourrait être sur le chemin ce qui signifie qu'il va faire très, très froid) ; aujourd'hui on peut constater que le titre a changé et qu'il est devenu Nasa scientist says sunspot slowdown will cause temperatures in the upper atmosphere to plunge (Un scientifique de la Nasa affirme que le ralentissement des taches solaires fera chuter les températures dans la haute atmosphère) ce qui est un peu plus conforme avec la réalité des faits.

L'auteur de l'article (ou la rédaction du média, on ne sait pas trop) ajoute à la fin la mise à jour suivante :
This article has been amended since initial publication to remove the erroneous suggestion that the possibly record-breaking cooling of the thermosphere, located over 100km above the surface of the Earth, would have the effect on the troposphere of ‘a mini Ice Age’. We are happy to clarify that the record low temperatures reported as part of a natural cycle in solar activity are not inconsistent with current scientific findings of a warming troposphere, and apologise for any contrary impression given.
Cet article a été modifié depuis la publication initiale afin de supprimer la suggestion erronée selon laquelle le refroidissement record de la thermosphère, située à plus de 100 km au-dessus de la surface de la Terre, aurait pour effet sur la troposphère un "mini âge glaciaire". Nous sommes heureux de préciser que les basses températures record signalées dans le cadre d'un cycle naturel d'activité solaire ne sont pas incompatibles avec les découvertes scientifiques actuelles sur le réchauffement de la troposphère, et nous nous excusons pour toute impression contraire donnée.
Nous sommes toujours dans l'attente des mises au point identiques sur les sites iceagenow ou wattsupwiththat qui ne devraient pas manquer de se produire dans les prochaines décennies.

En fait l'actualisation du titre et d'une partie du contenu de l'article chez Metro s'est effectuée en plusieurs étapes comme l'explique le site climatefeedback :
  • Version originale : A mini ice age could be on the way which means it will get very, very cold
    • Humanity is facing a long, cold winter which could see temperatures across the planet plunge to depressing lows. That’s the warning from a Nasa scientist who fears sunspot activity on the surface of our star has dropped so low that it could herald the arrival of a uniquely grim mini Ice Age.
  • Deuxième version du ?? : A mini ice age could be on the way and it’s going to get very, very cold :
    • Humanity could soon face a long, cold winter which could see temperatures across the planet plunge to depressing lows. A Nasa scientist has revealed that sunspot activity on the surface of our star has dropped to a new low, causing temperatures in the upper layer of our atmosphere to plummet. Other researchers have previously warned that the slowdown in sunspot activity could herald the arrival of a uniquely grim ‘mini Ice Age’
  • Troisième version du ??? : Nasa scientist detects sunspot slowdown – so is a ‘mini Ice Age’ on the way?
    • A Nasa scientist has revealed that sunspot activity on the surface of our star has dropped to a new low, causing temperatures in the upper layer of our atmosphere to plummet. Other researchers have previously warned that the slowdown in sunspot activity could herald the arrival of a uniquely grim ‘mini Ice Age’. But the Nasa scientist went on to say that the trend he sees is overall global warming, not cooling, and insisted this ‘solar minimum’ does not mean the world is going to shiver through a depressingly long winter.
  • Et enfin version définitive : Nasa scientist says sunspot slowdown will cause temperatures in the upper atmosphere to plunge ; avec la mise à jour déjà mentionnée en bas d'article plus la première partie encore légèrement modifiée : 
    • A Nasa scientist has said a current slowdown in sunspot activity could cause temperatures in the upper layer of our atmosphere to plummet. Other researchers have previously warned that the lack of sunspots could herald the arrival of a uniquely grim ‘mini Ice Age’. But the Nasa scientist went on to say that the trend he sees is overall global warming, not cooling, and insisted this ‘solar minimum’ does not mean the world is going to shiver through a depressingly long winter.
      • Un scientifique de la Nasa a déclaré qu'un ralentissement actuel de l'activité des taches solaires pourrait faire chuter les températures dans la couche supérieure de notre atmosphère. D’autres chercheurs ont déjà averti que le manque de taches solaires pourrait annoncer l’arrivée d’un «mini-âge de glace» particulièrement sombre. Le scientifique de la Nasa a poursuivi en affirmant que la tendance qu’il observait était le réchauffement de la planète, et non le refroidissement, et insistait sur le fait que ce "minimum solaire" ne signifiait pas que le monde allait frissonner pendant un hiver aussi long et déprimant.

On pourrait critiquer le media et son journaliste pour s'être précipités sur une information non suffisamment analysée afin de produire un article sensationnaliste susceptible d'attirer l'attention des climatosceptiques de tout poil, surfant sur la vague du nouvel âge glaciaire en train d'arriver en gare merci de dégager le quai, mais on ne peut que louer leur honnêteté quand ils décident de modifier la teneur de l'article et, surtout, son titre, afin de coller davantage à la réalité.

Cependant on peut aussi considérer que le mal est fait, les lecteurs de la première version étant très probablement passés à autre chose et se souciant fort peu des mises à jour ; on pourrait également dire la même chose dans l'autre sens, par exemple avec l'étude Resplandy qui comportait quelques erreurs de calcul qui apparemment ne remettent pas en cause la totalité des travaux, toutefois si l'on regarde attentivement la littérature spécialisée on s'aperçoit que cette erreur a bien été notée sur quelques sites comme realclimate ou skeptical-science (mais j'attends toujours une mise à jour de skepticalscience...) ou andthentheresphysics (pour ce dernier site il faut lire les commentaires, mais je pense qu'un  article dédié viendra un jour prochain)

D'autres médias ont repris l'information avec le côté sensationnaliste, tel The Sun qui titrait dans une première version 
DEEP FREEZE Long cold winter could hit space in months, bringing record low temperatures, NASA warns Long cold winter could hit space in months, bringing record low temperatures, NASA warns
GRAND FROID La NASA met en garde contre un long hiver froid qui pourrait frapper l'espace dans les mois à venir, entraînant des températures record à la baisse
Corrigé ensuite par
DEEP FREEZE Long cold winter could hit space with record low temperatures within months, NASA warns
GRAND FROID Un hiver long et froid pourrait frapper l’espace avec des températures record en quelques mois, prévient la NASA
Mais The Sun est un tabloïd, il ne faut pas s'attendre à des miracles en ce qui concerne sa ligne éditoriale, et chacun aura remarqué que s'ils ont très légèrement modifié le titre, ce qui saute immédiatement aux yeux du lecteur peu attentif (pléonasme concernant le lecteur d'un tel média) c'est le début, GRAND FROID écrit en lettres capitales, car on sait bien que c'est ce genre de caractère qui s'imprime plus facilement dans les cerveaux peu habitués à faire le moindre effort de documentation.

Pour terminer je ne peux résister à la tentation de passer le message en provenance de skepticalscience :

Benjamin Franklin a lancé un message à l'attention des climatosceptiques : « Nous naissons tous dans l'ignorance, mais il faut travailler dur pour rester stupide. »


samedi 24 novembre 2018

Philou interprête Jean Jouzel, mais avec beaucoup de fausses notes

Mardi dernier j'ai évoqué l'entretien de Jean Jouzel dans Télérama, ce vendredi c'est au tour d'un génial improvisateur en la personne du dénommé Phil de donner sa version toute personnelle de ce qu'il a lu et cru comprendre.

Dans Surprise du chef notre philou (prononcer comme filou bien entendu) se permet de prendre quelques libertés avec ce que Jean Jouzel a exprimé dans l'interview.

Je ne vais pas tout reprendre, mais le morceau suivant vaut son pesant de salade avariée que le tenancier du blog, un mathématicien hors-sol, laisse à la vue de tout le monde afin qu'on se rende bien compte du sérieux approximatif de son site :
Je cite :  « La cause première des cycles climatiques (…) ce n’est pas le CO2 c’est vrai, mais les variations de l’orbite terrestre qui modifient la quantité d’énergie solaire reçue par la terre » .
C’est pas un scoop çà ? Ca sent un peu le virage sur l’aile quand même. Je répète : « la cause première des cycles climatiques ce n’est pas le CO2 ». Donc le soleil est la cause première du chauffage en fonction, non pas du CO2, mais d’une cause tout aussi naturelle qui est l’inclinaison de la terre.
Un virage sur l'aile ? De toute évidence l'ami Phil n'est pas au courant des travaux de Jouzel et Lorius autrement il saurait qu'il y a toujours eu parfaite corrélation entre évolutions des températures et du CO2 et qu'avant la révolution industrielle c'était bien l'irradiation solaire qui était le déclencheur de la hausse des températures, entrainant entre autres choses un dégazage des océans qui émettaient du CO2, lequel agissait alors comme une rétroaction positive en amplifiant (Jouzel parle d'amplificateur)la hausse des températures.

Le site climat-en-questions donne de bonnes explications au phénomène en montrant ce graphique issu des travaux de Jouzel et Lorius :

Co-variation de la température et du CO2 durant les 800 000 dernières années.

Ce graphique concerne l'Antarctique, puisque c'est là-bas que les carottes de glace ont été prélevées (au Sahara ça aurait moins bien marché) mais bien sûr il est également valable pour l'ensemble de la planète, le CO2 se mélangeant très vite dans l'atmosphère avec les autres gaz et recouvrant donc l'ensemble du globe de façon homogène.

L'auteur, Frédéric Parrenin, explique :
Dès les années 1980, les carottes prélevées dans les glaces de l'Antarctique ont permis de mettre en évidence la corrélation très étroite, qui a prévalu par le passé, entre la concentration en CO2 et la température en Antarctique. Cette observation semble ainsi confirmer la théorie de l'effet de serre.
Le fait que l'observation de cette co-variation confirme la théorie de l'effet de serre est maintenant acquis, et Jean Jouzel, dans son entretien dans Télérama, n'effectue aucun « virage sur l'aile » sur le sujet.

Mais la nuance qui a échappé à Phil est la suivante :
Cependant il faut rester prudent et précis : cette corrélation entre CO2 et température ne signifie pas que le CO2 est la cause des variations de température. On sait qu’une part majeure de ces fluctuations est liée à des processus astronomiques. Et la température peut également être la cause des variations de CO2 via les échanges de CO2 entre l’atmosphère, l’océan et la végétation. Dans ces conditions, il n’est pas anormal que les changements de température aient pu précéder ceux du CO2, à certains moments dans le passé, et ce n’est en aucun cas un argument à l’encontre du rôle de l’augmentation du CO2 dans le réchauffement actuel de la planète.
Dans ce passage les points importants sont les suivants :
  • une part majeure des fluctuations de la température est liée à des processus astronomiques
  • la température peut entrainer des variations de CO2 via les échanges de CO2 entre l’atmosphère, l’océan et la végétation
  • tout cela était valable à certains moments du passé !

Cependant il faut prendre des pincettes car 
La dernière déglaciation est survenue il y a entre 20 000 et 10 000 ans dans le passé. Les études les plus récentes1 à son sujet contredisent les premières études - qui montraient un retard du CO2 - et elles suggèrent que le CO2 et la température en Antarctique ont commencé à augmenter en même temps. Le CO2 apparaît donc comme une cause potentielle des déglaciations passées.
Donc même « à certains moments du passé » on n'est pas absolument sûr que la température précédait bien le CO2, les deux ont pu augmenter en même temps, et dans ce cas c'est essentiellement le CO2 avec son pouvoir de gaz à effet de serre qui serait le principal responsable de la hausse des températures ; si je comprends bien, tout au plus le changement d'irradiation solaire agirait comme l'allume-feu qui nous sert à faire « partir » la cheminée.

Et la conclusion est sans appel :
Les données du passé ne remettent pas en cause le fait que la Terre se réchauffe actuellement à cause des émissions anthropiques de CO2. Mais elles devraient permettre de mieux anticiper l’ampleur du réchauffement futur et sa répartition spatiale qui feront encore l'objet de nombreuses recherches dans les années à venir.
Donc, à supposer que dans le lointain passé ce soit bien la température qui ait initié le processus, le CO2 suivant et amplifiant le phénomène, il ne fait aucun doute qu'actuellement c'est bien le CO2 d'origine humaine qui est la cause de l'augmentation des températures que nous connaissons.

Bref Phil a tout faux, il n'a pas compris ce qu'a dit Jouzel ou bien se fait un plaisir de déformer ses propos, dans les deux cas cela n'est pas très positif pour l'image de marque de notre mathématicien de comptoir qui laisse dire de telles âneries sur son blog.

Le reste de l'article est à l'avenant et je ne perdrai pas davantage de temps pour le démolir, comme dans Mission Impossible toute cela s'auto-détruira assez rapidement.

Au fait, pour ceux qui seraient intéressés pour voir un passage correctement cité, pas la peine d'aller très loin :
La cause première des cycles climatiques […] ce n'est pas le CO2 […] mais les variations de l'orbite terrestre […] [le] CO2 […] ne joue qu'un rôle d'amplificateur […] La nouveauté, c'est que depuis un siècle et demi on a envoyé dans l'atmosphère […] des centaines de milliards de tonnes de CO2. Nous faisons donc à l'échelle terrestre, et à grande vitesse, une expérience chimique inédite ! »

Ne me remerciez pas, c'est gratuit.



jeudi 22 novembre 2018

Nous allons vers un nouvel âge de glace, ou le mécanisme d'une fausse information

Il en faut peu pour faire prendre aux gens des vessies pour des lanternes (ou l'inverse)

Ainsi il a suffi que le site metro.co.uk titre A mini ice age could be on the way which means it will get very, very cold (Un mini âge de glace pourrait être sur le chemin ce qui signifie qu'il va faire très, très froid) pour déclencher une réaction en chaine dans nombre de médias dont Facebook et Twitter toujours prompts à reprendre immédiatement la moindre ânerie.

Le 16 novembre dernier le dénommé Jasper Hamill écrivait donc dans le site anglais que 
Humanity could soon face a long, cold winter which could see temperatures across the planet plunge to depressing lows.
L’humanité pourrait bientôt faire face à un hiver long et froid qui pourrait voir les températures de la planète chuter à des creux déprimants.
Pourtant le journaliste sensationnaliste apportait bien quelques bémols dans son article, comme par exemple :
During [the Maunder Minimum of the 17th century], there was a ‘little ice age’ when the Thames froze over, although researchers believe that global warming will stop this happening again.
Au cours [du Minimum de Maunder du 17ème siècle], il y a eu un « petit âge glaciaire » lorsque la Tamise a gelé, bien que les chercheurs pensent que le réchauffement de la planète va empêcher que cela se reproduise.
Mais les lecteurs auront surtout retenu d'autres passages comme celui-ci :
This could mean that it will get very cold, very quickly. However, it’s difficult to predict the impact of solar activity on the Earth and scientists are stil debating how sunspots affect our weather.
Cela pourrait signifier qu'il va faire très froid, très rapidement. Cependant, il est difficile de prédire l’impact de l’activité solaire sur la Terre et les scientifiques discutent toujours de la façon dont les taches solaires affectent notre climat.
Ou celui-là :
Valentina Zharkova, a professor of mathematics at Northumbria University, published a paper which contains ‘the first serious prediction of a reduction of solar activity that might affect human lives’.
Valentina Zharkova, professeur de mathématiques à l’Université de Northumbria, a publié un article qui contient « la première prévision sérieuse d’une réduction de l’activité solaire susceptible d’affecter des vies humaines ».
Je répète : « la première prévision sérieuse d’une réduction de l’activité solaire susceptible d’affecter des vies humaines »

J'ai déjà écrit à ce sujet (voir Et encore un clown mathématicien, un !) en montrant comment un mathématicien (un de plus…) en la personne de Claude Brasseur était tombé dans le panneau en reprenant une information sans comprendre de quoi il retournait ; et comme il écrivait dans Contrepoints, la célèbre revue scientifique, vous pouvez être surs que cette information a été diffusée et rediffusée un peu partout dans la climato-sceptico-sphère.

Pour en revenir à l'article récent de Jasper Hamill, celui-ci le concluait ainsi, en citant un professeur d'astronomie australien :
A new Maunder Minimum would slow climate change, but it is not enough to stop it.
Un nouveau minimum de Maunder ralentirait le changement climatique, mais ce n'est pas suffisant pour l'arrêter.
Ce journaliste a par conséquent écrit des choses plutôt justes dans l'ensemble, malheureusement en titrant complètement à côté de la plaque et en donnant une importance démesurée à quelques détails comme le fait que quelques scientifiques débattraient des impacts sur notre climat d'un tel événement.

Heureusement il y a des sites qui permettent de faire un minimum de fact checking, comme par exemple climatefeedback qui juge l'article de Jasper Hamill comme étant incorrect en nous donnant la véritable information à retenir :
The temperature effect of this low solar activity is primarily felt in the far upper reaches of the outer atmosphere, and is not expected to have any effect on the surface temperatures we experience.
L'effet de cette faible activité solaire sur la température se fait principalement sentir dans les parties les plus hautes de l'atmosphère extérieure et ne devrait avoir aucun effet sur les températures de surface que nous ressentons.
Je répète : « L'effet de cette faible activité solaire […] ne devrait avoir aucun effet sur les températures de surface que nous ressentons. »

 Et ce phénomène à venir n'a rien à voir avec le minimum de Maunder :
A low point ("minimum") in the normal 11-year solar activity cycle is not equivalent to a prolonged "grand minimum" like the Maunder Minimum that lasted from the mid 1600s to the early 1700s.
Un point bas ("minimum") dans le cycle normal d'activité solaire de 11 ans n'équivaut pas à un "grand minimum" prolongé comme le minimum de Maunder qui a duré du milieu des années 1600 au début des années 1700.
Et pour illustrer la chose deux graphiques nous sont montrés :

Thermosphere Climate Index through March 2015. Source

Satellite-measured troposphere temperatures through October 2018.  Source

On s'aperçoit qu'il y a effectivement quelques impacts sur la température terrestre à chaque évolution négative de l'activité solaire, comme de 1982 à 1988 ou de 1992 à 1997 ou de 2004 à 2010, périodes où la température pouvait marquer un léger temps d'arrêt, voire une baisse temporaire, mais alors que l'activité solaire est cyclique et demeure toujours assez identique sur le long terme, on voit bien que la température suit une tendance nettement à la hausse de près de 0,2°C par décennie.

Un dernier graphique achève de planter le dernier clou dans le cercueil climatosceptique :

Rise of global temperature for two different emission scenarios (A1B, red, and A2, magenta). The dashed lines show the slightly reduced warming in case a Maunder-like solar minimum should occur during the 21st century. The blue line represents global temperature data. Source: PIK.

Ainsi même dans le cas d'un éventuel minimum de Maunder se produisant au 21ème siècle, la hausse des températures ne serait que très légèrement ralentie ; inutile de dire qu'à la fin de ce putatif minimum de Maunder les températures feraient un bond à la hausse afin de rattraper le temps perdu !

Evidemment, comme je le soulignais au début, une grande partie de la climato-sceptico-sphère s'est délectée de l'information fournie par Jasper Hamill comme nous l'apprend le site climatefeedback dans False claims of a coming ice age spread through ecosystem of unreliable news sites, blogs, and social media accounts (Fausses affirmations d'une prochaine ère glaciaire propagées via un écosystème de sites d'actualités, de blogs et de comptes de médias sociaux peu fiables) avec ce graphique édifiant :

The network of outlets, blogs, and social media profiles who have shared and endorsed the claim that an imminent “mini ice age” would be coming based on a misinterpretation of the original article at Space Weather Archive. Dot sizes are proportional to the total number of shares and interactions on social media; arrows represent citations from an article/social media profile to its source.

On voit que metro.co.uk est en bonne place en compagnie du site iceagenow dont le nom est à lui seul tout un programme ! Le premier commentaire de ce dernier site est d'ailleurs très révélateur, il résume parfaitement ce que l'on peut lire parfois sur Skyfall sous la plume de gens qui n'ont de toute évidence pas pensé à allumer leur cerveau :
Lloyd
September 29, 2018 at 4:15 pm 

So NASA itself is now warning of cooling. What are the warmers to do now? They will probably have to start attacking NASA, or at least Dr Tony Phillips. More than likely they will attack the interpretation of the data, somehow. I’d like to see what arguments they come up with…. 
Donc, la NASA elle-même met en garde contre le refroidissement. Que vont faire les réchauffeurs maintenant ? Ils devront probablement commencer à attaquer la NASA, ou au moins le Dr Tony Phillips. Plus que probablement, ils vont attaquer l'interprétation des données, d'une manière ou d'une autre. Je voudrais voir quels arguments ils avancent….
Non monsieur, la NASA ne met personne en garde contre un quelconque refroidissement et personne ne va attaquer la NASA ou l'interprétation de ses données, apprenez à lire avant de poster de pareilles âneries.

Mais il y a quand même quelques lecteurs plus éveillés comme celui-ci :
Vendicar Kahn (@VendicarK)
October 1, 2018 at 6:39 am 

“So NASA itself is now warning of cooling.” – Lloyd

Wrong again Lloyd. One NASA scientist is stating that the highest reaches of the atmosphere will be be cooler over the next few months due to the sun reaching the minimum of it’s 12 year sunspot cycle. The record “cold” in this layer of the atmosphere will be just slightly cooler than normal, and will not in any way effect the massive amount of atmosphere that is below.

Grade school science Lloyd. Grades 5 through 8. You should learn some.
Faux encore une fois, Lloyd. Un scientifique de la NASA a déclaré que l’atmosphère la plus haute de l’atmosphère serait plus fraîche au cours des prochains mois, le soleil atteignant le minimum de son cycle de taches solaires de 12 ans. L’enregistrement «froid» dans cette couche d’atmosphère sera légèrement plus froid que la normale et n’affectera en aucune manière la quantité d’atmosphère massive qui se trouve en dessous.

Science de l'école primaire Lloyd. De la 5e à la 8e année. Vous devriez en apprendre.
En voilà un qui sait lire et faire la différence entre d'une part ce qui se passe dans les très hautes couches de l'atmosphère sans quasiment aucun effet sur nous, et d'autre part la température que nous ressentons sur le plancher des vaches et qui est l'expression de ce que nous appelons le climat terrestre (bien que celui-ci ne se résume pas à ce qui se trame dans les basses couches de l'atmosphère)

Mais l'enseignement ultime de tout ceci est magnifiquement développé dans le graphique qui nous montre les interactions entre tous les sites concernés avec les citations et les partages sur les réseaux sociaux de l'information initiale, la fausse bien évidemment !

Assez bizarrement on ne trouve pas le site WUWT sur ce graphique, pourtant il a publié dès le lendemain de la parution de l'article initial (voir spaceweatherarchive) un billet intitulé NASA: The chill of solar minimum is being felt in our atmosphere – cooling trend seen dont le premier commentateur est un habitué des lieux qui ne rate pas une occasion de clamer qu'un nouvel âge glaciaire est à venir :
Salvatore Del Prete
September 28, 2018 at 10:37 am 

When one part of the atmosphere is effected so are all the other parts.
Lorsqu'une partie de l'atmosphère est effectuée (sic, il voulait dire affectée, affected in English), toutes les autres parties le sont également.
On appelle cela prendre ses désirs pour des réalités.

Mais comme le disait le grand Pierre Dac
Il vaut mieux prendre ses désirs pour des réalités que de prendre son slip pour une tasse à café.


Lire The Chill of Solar Minimum