jeudi 31 octobre 2019

Pablo provoqué par un AMP, ROTFLOL !

Monsieur Antoine, aka le commissaire AntonioSan officiant en qualité d'apprenti météorologue sur Skyfall, a quelques émules qui reprennent ses inepties sans réfléchir, tel celui-ci qui devrait faire rigoler pendant longtemps :
4807. Gilles des Landes | 30/10/2019 @ 19:11

Pablo se forme … c’est le RC[A] qui en est la cause of course ! Je pense que l’on n’a pas fini d’entendre cette désinfo … et pas un mot sur le méga AMP qui est très certainement la cause de cela …
Le méga AMP qui serait la cause de l'ouragan Pablo ?

Voyons cela d'un peu plus près.

Météo France ne parle pas de cet ouragan Pablo, du moins pas encore, c'est donc sur CNews que notre Haut Landais est allé pêcher l'information, dans Un ouragan s'est formé «près» des côtes françaises, une première :
Le cyclone, de catégorie 1, est né dans l'océan Atlantique à environ 1.600 km au large de l'Hexagone. Jamais un tel épisode n'avait eu lieu aussi proche de nous. Il est même passé plus près encore de l'Espagne, à 700 km de la Galice, a indiqué Etienne Kapikian, prévisionniste chez Météo France.
Le tweet d'Etienne Kapikian date du 27 octobre :
Spectaculaire petit #ouragan #Pablo de catégorie 1 au large de l'Europe ce 27 octobre à 15UTC, par 42.8°N 18.3°W, soit à seulement 730 km à l'ouest de la Galice !

Petite remarque au passage, Etienne Kapikian est un véritable prévisionniste météo, lui. Il officie chez Météo France et pas sur un site complotiste de seconde zone employant des guignols cherchant à épater leurs copains avec des mots savants qu'ils ont lu dans des bouquins (la météorologie pour les nuls par exemple)

Kapikian nous explique également qu'il n'est pas nécessaire, contrairement à ce que l'on croit, que la température de l'eau soit au moins de 26°C, ce qui est important c'est la différence (i.e. le gradient) de température entre la surface et la moyenne et haute troposphère  :
Cet exemple montre une fois de plus que pour observer un #ouragan il ne faut pas *forcément* toujours des eaux de surface à plus de 26°C, une idée largement répandue mais pourtant inexacte. Ici, les SST sont inférieures à 20°C. [...] Le processus est analogue à celui d'un "medicane", pour lequel le manque de chaleur de la mer est compensé par l'air froid de moyenne et haute troposphère, favorisant le maintien d'une puissante convection profonde. Système plutôt de nature subtropicale que purement tropical. [...] "Le manque de chaleur par le bas est compensé par un excès de froid par le haut." Proverbe méditerranéen.
Cependant cela ne m'étonne pas outre mesure puisque je savais déjà qu'il y a plusieurs catégories de cyclones, certains se formant même au-dessus du cercle arctique (voir Que sait-on sur les cyclones ?)

D'ailleurs Wikipédia confirme ce que dit Etienne Kapikian sur les cyclones subtropicaux :
La plupart des cyclones subtropicaux se forment lorsqu'une dépression des latitudes moyennes est en occlusion, avec un centre très froid en altitude, qui atteint les latitudes subtropicales. Le système est souvent empêché d'aller plus loin par une crête barométrique et perd éventuellement sa zone barocline pour devenir vertical. La différence de température entre le niveau de pression de 500 hPa et la surface de la mer est originellement plus grande que le gradient adiabatique sec ce qui est très favorable au développement d'orages à l'Est de son centre2. En général, la température de surface de la mer n'a besoin d'atteindre que 20 °C pour que cette situation se produise, ce qui est beaucoup moins que pour un cyclone tropical, car c'est l'instabilité qui est le moteur de leur développement3.
Alors voyons maintenant la situation avec le site préféré de monsieur Antoine :
Localisation de Pablo et du supposé AMP (source earth.nullschool)

Ici j'ai sélectionné les pressions moyennes de surface afin qu'on ne puisse pas dire que j'ai confondu avec autre chose ; j'aurais pu mentionner l'autre anticyclone au large de Terre Neuve, mais comme Pablo est passé au large des côtes européennes à seulement 700 kilomètres de la péninsule ibérique je ne vois pas comment il aurait pu être influencé en quoi que ce soit par lui, j'en déduis donc que le « méga AMP » que notre Landais de service a cru voir sur la carte est bien celui que je mentionne.

Maintenant regardons le régime des vents à 10 500 mètres d'altitude, l'altitude du jet-stream, puisque d'après monsieur Antoine il n'y aurait aucune corrélation avec ce qui se passe à la surface, les anticyclones étant d'après lui cantonnés aux premiers 1 500 mètres d'altitude :
Régime des vents à 10 500 mètres d'altitude (source earth.nullschool)

Et là surprise (où déception pour nos climato-rigolos), le « méga AMP » est en fait cantonné au sud de la crête barométrique (ridge) du jet-stream, ce qui signifie tout simplement qu'il ne peut en aucune manière provenir du pôle nord !

Et de même d'ailleurs pour l'autre anticyclone au large de Terre Neuve qui lui aussi se situe au sud d'une autre crête barométrique, signifiant donc que même lui n'est pas d'origine polaire !

On voit donc bien deux choses qui de toute évidence ont échappé à nos climato-charlots :
  1. il y a bien correspondance entre la situation à la surface et ce que l'on peut voir à 10 500 mètres d'altitude en ce qui concerne les hautes et basses pressions ;
  2. les anticyclones soi-disant polaires que l'on peut voir à l'oeuvre ici sont en fait générés dans la zone subtropicale comme je le mentionnais dans La patience de monsieur Antoine.

Je suis curieux de savoir ce que monsieur Antoine va encore bien pouvoir inventer pour m'expliquer que je n'y comprends rien.

Effectivement je n'y comprends pas grand chose, tout comme lui, mais moi je cherche à comprendre, contrairement à lui et à son benêt landais.


mercredi 30 octobre 2019

Climactualités - octobre 2019


ENSO

Le 30/10/2019 : climate.gov/enso

The El Niño of 2019 is over, and neutral conditions have returned to the tropical Pacific. Trade winds did relax in mid-September, allowing a deep wave of warm water to spread eastward beneath the surface. Still, of the three possible outcomes—El Niño, La Niña, or neutral—forecasters give neutral the highest odds (85% chance) of lasting through fall. 
L'El Niño de 2019 est terminé et les conditions neutres sont de retour dans le Pacifique tropical. Les alizés se sont calmés à la mi-septembre, permettant à une profonde vague d'eau chaude de s'étendre vers l'est sous la surface. Néanmoins, parmi les trois résultats possibles - El Niño, La Niña ou neutre -, les prévisionnistes donnent la probabilité la plus élevée (85 %) à une situation neutre tout au long de l'automne.

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GISS L-OTI anomalies de températures vs 1881-1910

Le 30/10/2019 : data.giss.nasa.gov

Anomalies de températures pour le mois de septembre 2019 par rapport à la période de référence 1881-1910.
Rappel des périodes précédentes (à partir de 2016, année la plus chaude) :
  • août 2019 : 1.11 
  • année 2018 : 1.08 
  • année 2017 : 1.17 
  • année 2016 : 1.26

    *****

    Coral Reef Watch

    Le 30/10/2019 : coralreefwatch.noaa.gov

    NOAA Coral Reef Watch's most recent Four-Month Coral Bleaching Heat Stress Outlook is below. This figure shows the distribution of the lowest heat stress levels predicted by at least 60% of the model ensemble members. In other words, there is a 60% chance that the displayed heat stress levels will occur.

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    Climate Prediction Center

    Le 30/10/2019 : cpc.ncep.noaa.gov



    Prévisions de tempêtes tropicales.

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    Polar Science Center

    Le 30/10/2019 : psc.apl.uw.edu

    The year 2018 finished out with an annually averaged sea ice volume that was the 5th lowest on record with 13,860 km 3 , with a 1,000 km3 gain over the record year of 2017. While 2018 started relatively low, relatively little melt during the summer and rapid growth in the fall (Fig 8) brought the ice volume in the same area as recent low years (2011,2012,2016, 2017).
    L'année 2018 s'est terminée avec un volume moyen annuel de glace de mer qui était le 5e plus bas jamais enregistré avec 13 860 km 3, avec un gain de 1 000 km3 par rapport à l'année record 2017. Bien que 2018 ait commencé à être relativement faible, la fonte a été relativement faible durant l'été et la croissance rapide à l'automne (figure 8) a fait en sorte que le volume de glace se situe dans la même région que les années faibles récentes (2011, 2012, 2016, 2017).
    Average Arctic sea ice volume in September 2019 was 4,200 km3. This value is 300 km3 above the record the value for 2012 and 300 km3 below the previous second lowest value in 2011. Monthly ice volume was 70% below the maximum in 1979 and 53% below the mean value for 1979-2018. September 2019 ice volume dropped 0.37 Sigma below the long term trend. Daily volume anomalies for September showed more normal ice loss rates compared to the rapid losses shown in June and July of 2019 (Fig 8). Ice thickness anomalies for September relative to 2011-2018 (Fig 6) continue with remnants of positive anomalies in the Central and Eastern Arctic while the Western Arctic shows mostly negative anomalies particularly in the Beaufort and Southern Chukchi Sea and along the Canadian Archipelago. Average Ice Thickness is near record territories set in the last decade. (Fig.4)
    En septembre 2019, le volume moyen de glace de mer dans l'Arctique était de 4 200 km3. Cette valeur est de 300 km3 au-dessus de la valeur record de 2012 et de 300 km3 au-dessous de l'avant-dernière valeur la plus basse en 2011. Le volume mensuel de glace était inférieur de 70 % au maximum en 1979 et de 53 % à la valeur moyenne pour 1979-2018. Le volume de glace de septembre 2019 a chuté de 0,37 Sigma sous la tendance à long terme. Les anomalies quotidiennes de volume pour septembre ont montré des taux de perte de glace plus normaux par rapport aux pertes rapides de juin et juillet 2019 (Fig 8). Les anomalies d'épaisseur de glace pour septembre par rapport à 2011-2018 (figure 6) se poursuivent avec des restes d'anomalies positives dans le centre et l'est de l'Arctique, tandis que l'ouest de l'Arctique présente surtout des anomalies négatives, particulièrement dans la mer de Beaufort et le sud de la mer des Tchouktches et dans l'archipel canadien. L'épaisseur moyenne de la glace est proche des territoires records établis au cours de la dernière décennie. (Fig.4)
    Fig.1  Arctic sea ice volume anomaly from PIOMAS updated once a month. Daily Sea Ice volume anomalies for each day are computed relative to the 1979 to 2018 average for that day of the year. Tickmarks on time axis refer to 1st day of year. The trend for the period 1979- present  is shown in blue. Shaded areas show one and two standard deviations from the trend. Error bars indicate the uncertainty of the  monthly anomaly plotted once per year.


    Fig. 2 Total Arctic sea ice volume from PIOMAS showing the volume of the mean annual cycle, and from 2011-2019. Shaded areas indicate one and two standard deviations from the mean.

    Fig.3 Monthly Sea Ice Volume from PIOMAS for April and Sep.

    Fig 8 Comparison of Daily Sea Ice Volume Anomalies relative to 1979-2018.

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    Arctic Data archive system (ADS)


    Evolution de la banquise arctique.

    Evolution de la banquise antarctique.

    Evolution globale des deux banquises arctique et antarctique.
    Historique des Climactualités (l'Arctique est mentionné en premier ; en bleu les valeurs minimales, en jaune les maximales ; la valeur entre parenthèses est la variation avec l'année précédente)


    Octobre 2019 : 7,06 + 17,21 = 24,28 (+0,01)
    Septembre 2019 : 4,31 + 18,35 = 22,66 (-0,03)
    Août 2019 : 4,34 + 17,89 = 22,23 (-0,27)
    Juillet 2019 : 6,08 + 16,39 = 22,46 (-0,65)
    Juin 2019 : 9,09 + 13,68 = 22,77 (-1,01)
    Mai 2019 : 10,88 + 10,18 = 21,06 (-0,61)
    Avril 2019 : 12,56 + 6,66 = 19,22 (+1,07)
    Mars 2019 : 13,73 + 3,83 = 17,56 (+0,19)
    Février 2019 : 14,02 + 2,44 = 16,46 (+0,47)

    Janvier 2019 : 13,48 + 3,01 = 16,49 (+0,35)
    Décembre 2018 : 11,85 + 6,07 = 17,92 (-0,97)
    Novembre 2018 : 10,54 + 13,26 = 23,8 (+0,48)
    Octobre 2018 : 7,18 + 17,09 = 24,27 (-0,82)
    Septembre 2018 : 4,68 + 18,01 = 22,69
    Août 2018 : 4,8 + 17,7 = 22,5
    Juillet 2018 : 6.67 + 16.44 = 23.11
    Juin 2018 : 9.19 + 14.59 = 23.78
    Mai 2018 : 11.02 + 10.65 = 21.67
    Avril 2018 : 12.82 + 6.33 = 18.15
    Mars 2018 : 13.87 + 3.50 = 17.37
    Février 2018 : 13.68 + 2.31 = 15.99
    Janvier 2018 : 12.68 + 3.46 = 16.14
    Décembre 2017 : 11.76 + 7.13 = 18.89
    Novembre 2017 : 10.07 + 13.25 = 23.32
    Octobre 2017 : 7.82 + 17.27 = 25.09
    Septembre 2017 : pas de stats

    Moyenne des années 1980 à la même date : 9,71 + 17,51 = 27,21


    *****

    Rions un peu avec Susan Crockford

    La scène se passe il y a une dizaine d'années, Susan Crockford est chez elle, confortablement installée sur son divan, elle sirote son Whisky Coca tout en regardant Fox News quand on sonne à la porte. Elle se lève, va ouvrir et se trouve nez à nez avec un grand monsieur d'une cinquantaine d'années, vêtu d'un complet-veston noir anthracite, les cheveux coupés courts façon GI, des grosses lunettes de soleil barrant son visage.

    « Madame Crockford je présume ?
      — Euh oui, c'est moi, c'est écrit sur ma boite aux lettres, vous êtes passé juste devant ! Dites-donc, vous n'êtes pas venu pour me tuer comme Schwarzenegger dans Terminator, hein ?
      — Euh...non non, je ne suis pas venu pour ça, bien au contraire, je ne vous veux que du bien !
      — Mais alors, vous êtes là pour me violer !
      — Euh...non non, là non plus, ce n'est pas ce que je voulais dire !
      — Ah bon (avec un air dépité)
      — Non, je veux simplement vous faire une proposition très honnête, avec des retombées financières intéressantes pour vous.
      — Ne me dites pas que vous allez me prostituer !
      — Euh...non non, il ne s'agit pas de cela, quoique, euh, je voulais dire que votre intégrité physique sera respectée, personne ne vous touchera.
      — Ah bon (avec un air dépité)
      — Permettez-moi d'abord de me présenter, je m'appelle monsieur Smith, en fait ce n'est pas mon véritable nom mais appelez-moi comme cela, tout le monde m'appelle ainsi.
      — Bien le bonjour monsieur Smith, maintenant que je suis rassurée pouvez-vous m'en dire plus sur votre proposition, euh, honnête ?
      — Eh bien voilà, je représente les intérêts du Heartland Institute, un organisme charitable destiné à faire le bonheur de l'Am..., de l'humanité, et nous vous avons sélectionnée car nous croyons fortement à votre potentiel qui nous parait immense.
      — Ah bon ?
      — Oui nous savons que cela fait 25 ans que vous disséquez des animalcules dans votre laboratoire et que vous avez acquis une certaine expertise dans la race mol..., euh canine, et nous avons lu un de vos rapports de 2004 dans lequel vous évoquiez les ours polaires…
      — Oui je vous arrête tout de suite, dans cette étude j'évoquais l'origine des ours polaires, mais aussi des chiens, mon sujet de prédilection, ainsi que d'autres animaux comme les moutons, et je parlais également du bipédisme humain qui m'a toujours fascinée !
      — Oui, mais vous évoquiez quand même les ours polaires…
      — Oui oui, mais j'étudiais leurs origines à partir de leurs os, autrement j'y connais rien en ours polaires, je n'ai jamais mis les pieds dans leur territoire et je ne suis pas près d'y aller, il fait trop froid et je suis une grande frileuse, hi hi hi !
      — Ecoutez, si nous vous disons que nous sommes prêts à mettre les moyens qu'il faut pour vous donner de la substance, nous avons quelques membres de notre institut qui sont allés là-bas et qui ont vu des ours polaires comme je vous vois, nous pouvons leur demander de vous donner de la matière à inspiration, ils peuvent même écrire à votre place si vous le souhaitez.
      — Si je comprends bien vous voulez vous servir de mon nom et de mon expérience avec les chiens pour publier une étude sur les ours polaires, c'est cela ?
      — Exactement !
      — Mais ce n'est pas très honnête tout ça…
      — Madame Crockford, Susan, vous permettez que je vous appelle Susan, vous êtes une patriote, une vraie patriote, n'est-ce pas ?
      — Euh, nous sommes au Canada ici, pas chez vous…
      — Peu importe, vous êtes une véritable patriote canadienne et c'est cela qui nous importe, nous sommes de la même famille vous et moi !
      — Vu sous cet angle, effectivement…
      — Effectivement !
      — Mais que voulez-vous au fait que je publie concernant ces braves bêtes qui sont, je le signale au passage, en danger d'extinction à cause du réch…
      — Malheureuse ! Tout ce qu'on vous a dit à ce sujet c'est que des mensonges, les ours polaires se portent bien, leur population a grandement augmenté ces dernières années !
      — Oui mais c'est grâce aux mesures prises pour limiter la chasse, et les effets du réch…
      — Oui bien sûr, mais ce ne sont que des détails, l'important c'est qu'ils se portent bien aujourd'hui, leur nombre ne cesse d'augmenter, c'est bien ça qui compte non ?
      — Euh oui, peut-être, mais…
      — Bien évidemment vous serez rémunérée pour votre travail et aurez des avantages en nature à côté comme par exemple des séjours tous frais payés par le Heartland sur les plages de Floride afin de vous faciliter le travail et que votre imagination soit plus féconde !
      — Vous auriez dû commencer par là tout de suite !
      — Que diriez-vous d'une somme fixe de 750 dollars US chaque mois le temps de rédiger votre papier ? 
      — Pas mal, pas mal, cela mettra un peu de beurre dans mes épinards, ça plus les avantages divers que vous me promettez…
      — Et qui passeront totalement inaperçus puisque c'est le Heartland qui paira directement et les dépenses seront enfouies dans la comptabilité, nous avons d'excellents comptables, croyez-moi, ils cacheraient les dépenses annuelles de la Nasa dans les frais administratifs d'une épicerie du fin fond du Minnesota !
      — Ah ça me va tout ça, mais quand même, je vais mettre ma réputation en jeu sur ce coup-là, il y a de véritables spécialistes des ours polaires qui vont, eux, sur le terrain, alors que je ne mets jamais le nez au-dehors de mon laboratoire où on me livre mes spécimens…
      — Ne vous en faites pas, vous avez le Heartland Institute et toutes les organisations associées derrière vous pour vous soutenir.
      — Me voilà rassurée (en pensant quand même qu'elle aurait préférée être violée par ce monsieur Smith, mais bon)
      — Donc nous sommes d'accord, vous recevrez un contrat qui restera secret, nos donateurs n'aimant pas trop qu'on parle d'eux, ce sont des personnes très timides qui n'étalent pas leurs richesses à tout va, enfin un peu, mais juste ce qu'il faut !
      — Eh bien j'attendrais ce contrat avec impatience, merci d'être passé me voir, maintenant je vais retourner voir mon émission préférée, ça parle d'un certain Donald Trump…
      — Oui nous connaissons, nous avons des projets pour lui, faites-moi confiance, il va vous étonner. Au revoir Susan, on se reverra certainement à la cafétéria.
      — Au revoir monsieur Smith, à très bientôt ! »

    *****



    Quelques éléments pour mieux comprendre la conversation :



    Susan Crockford a reçu 750 dollars par mois du Heartland Institute pendant « un certain temps » :
    In 2012, a confidential document leak, dubbed Denialgate, revealed that Crockford had also been receiving payments of $750 per month from the notorious climate change denial think tank, the Heartland Institute, to work on their NIPCC (Nongovernmental International Panel on Climate Change) project. Crockford has also spoken at the Heartland Institute's International Conference on Climate Change (ICCC). Crockford refused to discuss the payments when contacted by a University of Victoria student newspaper. [5], [35]
    L'étude a toujours le statut not peer-reviewed !

    Susan Crockford se décrit elle-même sur son site Polar Bear Science : « I am a different kind of polar bear expert than those that study bears in the field but having a different background means I know things they do not and this makes my contribution valuable and valid. » (Je suis un expert en ours polaires différent de ceux qui étudient les ours polaires sur le terrain, mais avec des antécédents différents, je sais des choses qu'ils ne savent pas, ce qui rend ma contribution précieuse et valable.)

    Le blog de Susan Crockford Polar Bear Science a débuté en 2012. Auparavant elle avait créé en 2011 le blog mort-né wolftowoof (ce qui signifie du loup à l'aboiement…)

    Un ours polaire étudié par Susan Crockford juste avant qu'il ne périsse suite à quelques mauvais traitements.


    lundi 28 octobre 2019

    La patience de monsieur Antoine

    Le feuilleton continue et nous ne nous ennuyons jamais.

    Voici ce que l'on peut lire chez qui-vous-savez :
    4110. Le Rouméliote | 28/10/2019 @ 12:22

    AntonioSan (#4109), J’admire votre patience pour tenter d’expliquer les AMP à un ignare de cette trempe !
    L'« ignare de cette trempe » c'est bibi, je prends donc cela pour un compliment, à défaut de médaille, venant de quelqu'un comme monsieur le Rouméliote (vous savez, passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet)

    Ce commentaire venait à la suite de celui de notre commissaire chéri, j'ai nommé monsieur Antoine :
    4109. AntonioSan | 27/10/2019 @ 18:17

    AntonioSan (#4107), AntonioSan (#4108),
    Et le batracien n’a jamais tort…

    Et non je ne confonds pas les pressions avec les vents, mais monsieur Antoine n’a pas compris qu’il y a une relation entre les deux, c’est quand même ballot de la part de quelqu’un qui, lui, se targue de donner des leçons de météo en fourguant à chaque fois ses AMP sortis de son imagination.

    Strawman. Les animations satellites sont sans doute sorties de mon imagination… Voici un AMP de 1027hPa sur le Pacifique nord entouré de ses deux dépressions associées, en face avant et en face arrière
    https://weather.gc.ca/data/satellite/goes_pac_1070_m_2019@10@27_15h30m.jpg
    https://climatereanalyzer.org/wx_frames/gfs/ds/gfs_nh-sat4_t2anom_1-day.png
    https://climatereanalyzer.org/wx_frames/gfs/ds/gfs_nh-sat4_mslp_1-day.png

    Evidemment aucune réponse de sa part concernant mes interrogations (pourquoi associer un creux à des hautes pressions ?) 

    Pourquoi répondre à quelqu’un qui continue de confondre une carte de l’altitude du niveau 500 hPa avec une carte de pressions atmosphériques… Faut dire qu’avec son anticyclone… à 250 hPa… ROTFLOL
    Alors qu’il s’agit d’un anticyclone de 1041 hPa ce matin sur la côte ouest… et 1042 sur l’ouest nord-américain où il ne fait pas chaud… https://climatereanalyzer.org/wx_frames/gfs/ds/gfs_nh-sat1_t2min_1-day.png
    https://weather.gc.ca/data/analysis/951_100.gif

    Bref l’appât a fonctionné, mon billet était en grande partie destiné à le faire réagir
    et en même temps à mettre en avant le fait que ni Mass ni lui n’auront l’idée de lier l’intensité des feux actuels en Californie au réchauffement climatique. Mission accomplie de ma part…


    Mission accomplie ? Ca me rappelle un certain GW et le moins qu’on puisse dire c’est que rien de très beau ne fut accompli…
    Bon, laissons Cliff Mass parler:
    https://cliffmass.blogspot.com/2018/08/california-wildfires-is-global-warming.html
    https://cliffmass.blogspot.com/2018/09/is-global-warming-significant.html
    https://cliffmass.blogspot.com/2018/11/strong-diablosanta-ana-wind-initiate.html
    https://cliffmass.blogspot.com/2018/11/why-did-catastrophic-camp-fire-start.html
    https://cliffmass.blogspot.com/2018/11/finally-heavy-rain-wind-and-snow-headed.html
    https://cliffmass.blogspot.com/2018/11/was-global-warming-significant-factor.html

    mais mon petit doigt me dit…


    Vu d’où il vient de le retirer pour y mettre un cierge à Ste Greta…
    On ne va pas dépiauter tout ce fatras qui ne sert qu'à rassurer les gros benêts tels que le Rouméliote sur les capacités supposées du monsieur météo local spécialiste ès AMP, nous allons nous focaliser sur la première partie seulement, car elle vaut à elle seule le détour.

    Monsieur Antoine tient à tout prix à montrer à ses lecteurs adorés des cartes censées appuyer ses dires ; les deux premiers liens qu'il donne ne disent rien du tout de ce qu'il affirme, la preuve :
    Lien https://weather.gc.ca/data/satellite/goes_pac_1070_m_2019@10@27_15h30m.jpg

    Lien https://climatereanalyzer.org/wx_frames/gfs/ds/gfs_nh-sat4_t2anom_1-day.png

    Aves ces deux cartes balancées sans aucune explications monsieur Antoine croit que ses lecteurs auront compris de quoi il retourne, si vous êtes dans ce cas alors c'est que vous êtes un expert en météorologie avec spécialisation en divination (les tarots sont des cartes après tout) mais la troisième carte risque de tout foutre en l'air :
    Lien https://climatereanalyzer.org/wx_frames/gfs/ds/gfs_nh-sat4_mslp_1-day.png

    Là c'est un peu plus clair, mais pas vraiment à l'avantage de monsieur Antoine ! Il nous dit en effet :
    Voici un AMP de 1027hPa sur le Pacifique nord entouré de ses deux dépressions associées, en face avant et en face arrière.
    Le soi-disant AMP de 1027hPa est clairement visible sur la gauche, alors jouons si vous le voulez bien à un petit jeu très facile, utilisons notre site favori et regardons ce qu'il en est de ce fameux AMP de 1027hPa :
    Régime des vents à l'altitude de 10 500 mètres, correspondant à une pression de 250hPa.

     J'ai essayé de positionner le rond vert à peu près où se situe notre AMP ; on remarquera qu'il est juste sous la crête barométrique (ridge) du jet-stream et qu'un autre anticyclone est situé plus à l'est et au nord sous une autre crête qui remonte bien plus au nord ; et quand on regarde la carte météo de monsieur Antoine on voit bien cet autre anticyclone qui est encore plus marqué (la pression n'est pas indiquée mais on comprend qu'elle est bien supérieure aux 1027hPa du premier « AMP »)

    Plus à l'est encore on distingue nettement un creux barométrique (trough) au-dessus du nord américain, et cela correspond assez bien aux zones de basses pressions mentionnées sur la carte de monsieur Antoine.

    Or monsieur Antoine prétend que ce qui se passe à 10 500 mètres d'altitude n'a rien à voir avec ce que nous éprouvons à la surface, bizarre non ? Surtout si l'on regarde maintenant la même carte mais avec les données de surface :
    Régime des vents à la surface.
    Le rond vert est exactement à la même place que sur la carte précédente et que constate-t-on ? On constate qu'il se trouve très près du centre anticyclonique situé légèrement plus à l'est !

    De la même façon on constate qu'il y a bien un anticyclone situé approximativement au même endroit, près des côtes américaines, que la crête barométrique nettement visible sur la carte montrant le jet-stream à 10 500 mètres d'altitude !

    Mais il y a encore plus fort, si c'est possible (mais oui c'est possible, avec monsieur Antoine tout est possible)

    Le fameux (ou fumeux, c'est comme vous voudrez) AMP que croit avoir vu monsieur Antoine est donc situé au sud du jet-stream, cette barrière infranchissable entre les masses d'air froid polaire et celles plus chaudes venant du sud ! Ainsi ce que monsieur Antoine a pris pour un anticyclone provenant du pôle nord est en fait un anticyclone généré très probablement à la frontière entre les cellules de Hadley et de Ferrel :
    Les différentes cellules schématisées composant la circulation atmosphérique (source eoas)

    Ces anticyclones se forment généralement à la latitude 30° (nord et sud) alors que les anticyclones d'origine polaire, que monsieur Antoine appelle des AMP, se créent évidement au-dessus des pôles en se dirigent obligatoirement vers l'équateur (où donc pourraient-ils aller ailleurs ?) pour finalement se heurter à la barrière infranchissable pour eux que constitue le long ruban du jet-stream.

    Voici ce que l'on peut lire dans le livre Climats passé présent futur page 47 :
    La cellule polaire […] les masses d'air […] très froides et très denses […] sont confinées dans les basses couches de l'atmosphère, formant une zone de haute pression aux très hautes latitudes. L'air froid s'écoule dans la basse troposphère vers une zone de basse pression située en général à des latitudes plus basses. Là, il rencontre de l'air plus chaud, donnant naissances aux tempêtes le long du front polaire, vers les latitudes 50-60°. A ce point le circuit se referme en partie  et l'air ascendant des régions dépressionnaires alimente la zone polaire de haute pression.
    De ces explications on comprend que les hautes pressions qui descendent du pôle nord sont bloquées au niveau du front polaire, lequel constitue une barrière infranchissable (c'est essentiellement une zone de basses pressions) ;  de la même façon les anticyclones générés au sud (à 30°) ne peuvent pas remonter très haut et s'approcher des pôles, sauf quand le jet-stream s'affaiblit considérablement et montre des boucles très prononcées, ce qui provoque des remontées d'air chaud aux hautes latitudes mais également des descentes d'air froid aux basses latitudes (les nôtres par exemple).

    Pour appuyer ce que je dis, hormis le livre déjà cité nous avons Wikipédia (c'est moi qui souligne en rouge) :
    Les courants-jets sont qualifiés de « rivières », de « rubans » empruntant un trajet courbe et sinueux dans lesquels circule un grand flux d'air rapide. Ils jouent un rôle majeur dans la circulation atmosphérique puisque ceux-ci marquent la limite entre deux masses d'air distinctes qui ne peuvent se mélanger. Ils participent ainsi à la cyclogénèse des systèmes météorologiques des latitudes moyennes (anticyclones et dépressions) se déplaçant ensuite sous ces courants d'air puissants.
    Plusieurs sites expliquent le fonctionnement du jet-stream, impossible de tous les citer, mais ils racontent tous la même histoire qui, bizarrement, ne colle pas avec la fable des AMP ; ainsi, pour réfuter l'assertion de monsieur Antoine selon laquelle il n'y aurait pas d'anticyclone au niveau du jet-stream, cet article nous dit :
    Bends in the polar jet create troughs and ridges. When two fluid media are moving in different directions near one another, turbulence forms between them. The air will start to rotate in a counterclockwise direction as air moves down and then up in the trough of the jet stream, which will form a cyclone. The air will start to move in a clockwise direction as the air moves up and over a ridge in the jet stream, which will form an anticyclone. 
    Les courbures du jet polaire créent des creux et des crêtes. Lorsque deux fluides se déplacent dans des directions différentes à proximité l'un de l'autre, des turbulences se forment entre eux. L'air commencera à tourner dans le sens inverse des aiguilles d'une montre lorsque l'air descendra, puis remontera dans le creux du courant-jet, qui formera un cyclone. L'air commencera à se déplacer dans le sens des aiguilles d'une montre lorsque l'air remontera et franchira une crête dans le courant-jet, qui formera un anticyclone.
    Cyclones et anticyclones séparés par le jet-stream.

    On voit bien qu'au niveau du jet-stream, à 10-11 kilomètres d'altitude, on parle bien de cyclones et d'anticyclones, bizarre non ?

    Un autre site éducatif nous explique ceci :
    Jet streams are fast flowing, narrow bands of wind in the upper atmosphere that circle their way around the globe. The two major jet streams form where air masses of different temperatures converge. The greater the difference in temperature, the stronger the winds. The jet stream that forms near 60° latitude is called the polar jet stream, while the one that forms at the poleward limit of the Hadley cell is called the subtropical jet stream.
    Les courants-jets sont des bandes de vent étroites et rapides dans la haute atmosphère qui tournent autour du globe. Les deux principaux courants jets se forment là où convergent des masses d'air de températures différentes. Plus la différence de température est grande, plus les vents sont forts. Le courant-jet qui se forme près de 60° de latitude est appelé courant-jet polaire, tandis que celui qui se forme à la limite polaire de la cellule de Hadley est appelé courant-jet subtropical.
    Jet streams have a strong influence on local weather because mid-latitude cyclones (surface Lows and their fronts and bad weather) are created on the east side of jet-stream troughs (about halfway between the trough axis and the ridge, see Figure below). Weather forecasters often use the location of the jet streams and their troughs and ridges to predict weather. For instance, a jet-stream trough (low pressure) just west of your location is often associated with a Low at your location, with locally bad weather (clouds, precipitation, strong winds often from south-east through south-west).
    Les courants-jets ont une forte influence sur les conditions météorologiques locales parce que les cyclones de latitudes moyennes (dépressions de surface et leurs fronts et mauvaises conditions météorologiques) se forment du côté est des creux des courants-jets (environ à mi-chemin entre l'axe du creux et la crête, voir figure ci-dessous). Les prévisionnistes météorologiques se servent souvent de l'emplacement des courants-jets, de leurs creux et de leurs crêtes pour prévoir le temps. Par exemple, un creux de courant-jet (basse pression) juste à l'ouest de votre emplacement est souvent associé à une dépression à votre emplacement, avec localement du mauvais temps (nuages, précipitations, vents forts souvent du sud-est au sud-ouest).
    Jet stream at the top of the troposphere is shown in blue. It meanders equatorward as a trough (see words "Trough Axis") and poleward as a ridge (see words "Ridge Axis"). East of the trough, about halfway between the trough and ridge, a low-pressure center (L) can form at the surface. Lows have bad weather, rising air, cloud, fronts, precipitation, and winds. But east of a ridge about halway to the next trough, a high-pressure (H) can form at the surface. Highs have light to calm winds, fair weather, sinking air, and clear skies. (Fig copyright by R. Stull, 2017: Practical Meteorology, used with permission.)

    Curieux n'est-ce pas comme le jet-stream peut être considéré par les météorologues (les vrais) comme pouvant avoir « une forte influence sur les conditions météorologiques locales » alors que certain apprenti monsieur météo-bigot exerçant sur une chaine confidentielle appelée Skyfall s'obstine à voir uniquement des AMP à la manœuvre !

    Mais que disait-il déjà notre monsieur météo-charlot ? Ah oui, ceci :
    Faut dire qu’avec son anticyclone… à 250 hPa… ROTFLOL
    Je me roule par terre en me bidonnant, pas vous ?

    Allez, un petit dernier pour la route :
    In the mid-latitudes (IN BOTH HEMISPHERES), winds generally blow from W-E, and storms usually track from west to east. The Jet stream is what guides these storms (cyclones and anticyclones) through the mid-latitudes. Also, all the weather we have at the surface is due to the distribution of winds aloft. The jet stream plays the most important role in the development of surface high and low-pressure systems.
    Dans les latitudes moyennes (DANS LES DEUX HEMISPHÈRES), les vents soufflent généralement d'ouest en est et les tempêtes se déplacent habituellement d'ouest en est. Le courant-jet est ce qui guide ces tempêtes (cyclones et anticyclones) à travers les latitudes moyennes. De plus, tout le temps que nous avons à la surface est dû à la répartition des vents en altitude. Le jet stream joue le rôle le plus important dans le développement des systèmes de haute et basse pression de surface.
    Répétons à l'attention de tous les messieurs apprentis météo désirant expliquer les mystères du temps qu'il fait au ras des pâquerettes : « Le jet stream joue le rôle le plus important dans le développement des systèmes de haute et basse pression de surface. »

    Messieurs Antoine et le Rouméliote nous copieront cent fois cette phrase qu'ils n'ont de toute évidence pas encore bien assimilée.

    Et pour bien illustrer cette sentence, voici une carte leur montrant que les anticyclones qui viennent du nord ne se mélangent pas avec ceux qui viennent du sud :
    Les différents régimes de vents en relation avec les cellules atmosphériques ; les anticyclones générés aux pôles se heurtent au front polaire (source atmos.illinois.edu)

    Et pour enfoncer le clou :
    Coupe verticale montrant les différentes cellules depuis l'équateur jusqu'aux pôles (source atmos.illinois.edu)

    C'est évidemment la même chose que l'on peut voir sur le site éducatif  meted.ucar.edu et que l'on enseigne partout dans le monde dans toutes les bonnes écoles et universités.

    Quant aux AMP, ils sont mort-nés avec le passage éphémère sur Terre de leur inventeur, un certain Marcel Leroux que certains vénèrent toujours comme un dieu.