lundi 31 juillet 2023

Climactualités - juillet 2023

 

Concentration de l'atmosphère en CO₂

Global Monitoring Laboratory - Carbon Cycle Greenhouse Gases (noaa.gov)

Moyenne mensuelle récente du CO₂ à l'observatoire de Mauna Loa.


Variation de la concentration en CO₂ depuis 1960.


Les lignes et symboles rouges représentent les valeurs moyennes mensuelles, centrées sur le milieu de chaque mois. Les lignes et symboles noirs représentent les mêmes valeurs, après correction pour le cycle saisonnier moyen.

Taux de croissance annuel moyen du CO₂ au Mauna Loa.

Le tableau et le graphique montrent les taux de croissance annuels moyens du dioxyde de carbone pour Mauna Loa. Dans le graphique, les moyennes décennales du taux de croissance sont également représentées sous forme de lignes horizontales pour les années 1960 à 1969, 1970 à 1979, et ainsi de suite.

Voir aussi : Mauna Loa carbon dioxide forecast for 2023 - Met Office


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Divers graphiques montrant l'évolution du CO2 et de la température au cours des âges.


Changement en parties par million par 1000 ans (Source Climate Central)


Source Graphic: The relentless rise of carbon dioxide – Climate Change: Vital Signs of the Planet (nasa.gov)


Concentrations de l'atmosphère en CO2 depuis 500 millions d'années (source Earth.Org)


Evolution (estimation) de la température durant les 500 millions d'années passées (source Earth.Org)


Attention ! L'échelle des abscisses des deux derniers graphiques n'est pas la même !


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ENSO



El Niño Advisory

A weak El Niño—the warm phase of the El Niño-Southern Oscillation climate pattern—continued across the tropical pacific Ocean in July 2023. There's a 90 percent chance the event will last through Northern Hemisphere winter, but only a 20 percent chance that it will match the strength of the events of 1997-98 and 2015-16.

Un faible El Niño - la phase chaude du phénomène climatique El Niño-Oscillation australe - s'est poursuivi dans l'océan Pacifique tropical en juillet 2023. Il y a 90 % de chances que ce phénomène dure tout au long de l'hiver dans l'hémisphère nord, mais seulement 20 % de chances qu'il atteigne l'intensité des phénomènes de 1997-1998 et de 2015-2016.


Index ENSO de 2014 à 2023 (source weather.plus)


Index ENSO de 1950 à 2023 (source weather.plus)


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Données de températures de la NOAA

Climate Change: Global Temperature | NOAA Climate.gov.

Température annuelle de surface comparée à la moyenne de 1880 à 2022.



FAITS MARQUANTS

  • La température de la Terre a augmenté de 0,14° Fahrenheit (0,08° Celsius) par décennie depuis 1880, mais le taux de réchauffement depuis 1981 est plus de deux fois supérieur : 0,32° F (0,18° C) par décennie.
  • 2022 a été la sixième année la plus chaude jamais enregistrée sur la base des données de température de la NOAA.
  • La température de surface en 2022 était de 1,55 °F (0,86 °Celsius) plus élevée que la moyenne du 20e siècle de 57,0 °F (13,9 °C) et de 1,90 ˚F (1,06 ˚C) plus élevée que la période préindustrielle (1880-1900). 
  • Les dix années les plus chaudes de l'histoire ont toutes eu lieu depuis 2010. 

Voir aussi l'évaluation du climat mondial en 2022 : Assessing the Global Climate in 2022 | News | National Centers for Environmental Information (NCEI) (noaa.gov)


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Elévation du niveau moyen des mers

Mean Sea Level: Aviso+ (altimetry.fr)

Niveau moyen global de référence (GMSL) basé sur les données des missions TopEx/Poseidon, Jason-1, Jason-2 et Jason-3 de janvier 1993 à aujourd'hui, après élimination des signaux annuels et semi-annuels et application d'un filtre de 6 mois. En appliquant la correction du rebond postglaciaire (-0,3 mm/an), l'élévation du niveau moyen des mers a ainsi été estimée à 3,6 mm/an avec une incertitude de 0,4 mm/an (mis à jour le 2/06/2023)


Sur les 10 dernières années :

Sur les 10 dernières années : 4,43 mm / an (source Aviso)


Sur les 5 dernières années :

Sur les 5 dernières années : 4,31 mm / an (source Aviso)


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GISS L-OTI anomalies de températures vs 1881-1910

data.giss.nasa.gov

Anomalies de températures pour le mois de juin 2023 par rapport à la période de référence 1881-1910.

Rappel des années précédentes (à partir de 2016, année la plus chaude) avec leur classement :

  • année 2022 : 1.13 => 5
  • année 2021 : 1.11 => 6
  • année 2020 : 1.24 => 2
  • année 2019 : 1.21 => 3
  • année 2018 : 1.08 => 7 
  • année 2017 : 1.17 => 4 
  • année 2016 : 1.26 => 1


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Polar Science Center

psc.apl.uw.edu

Evolution du volume de la banquise arctique de PIOMAS par rapport à la moyenne de la période 1979-2022.


Fig 11. Moyenne annuelle du volume de glace de mer de PIOMAS


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Polar Portal

Greenland: Polar Portal

  • Conditions de surface du Groenland :

Bilan de masse de surface du Groenland (journalier)

La carte illustre comment la surface de la calotte glaciaire du Groenland gagne et perd de la masse chaque jour. Cette différence entre les chutes de neige et le ruissellement est connue sous le nom de bilan massique de la surface. Elle est toujours positive au cours d'une année car toute la neige tombée ne s'écoule pas à nouveau de la calotte glaciaire.

Le bilan massique de surface n'est PAS identique au bilan massique TOTAL (c'est-à-dire le gain ou la perte globale de la calotte glaciaire), qui comprend également la masse perdue lorsque les glaciers vêlent des icebergs, la fonte des langues de glacier lorsqu'elles entrent en contact avec l'eau de mer chaude et les effets de friction et autres au fond de la calotte glaciaire.

Bilan de masse de surface du Groenland (cumul)

  • Changement de masse du Groenland :
Changement de masse et impact sur le niveau des mers.

La carte et le graphique montrent l'augmentation de la masse de glace lorsqu'il y a des précipitations, et la quantité de cette masse qui est perdue lorsque la neige et la glace fondent et lorsque des icebergs se détachent des principaux glaciers de sortie de la calotte glaciaire. La différence entre ces changements de masse au cours d'une année glaciologique (septembre-août) est appelée le bilan massique total de l'inlandsis groenlandais.

Tous les changements sont donnés par rapport à avril 2002.

Sur la base de ces données, on constate qu'au cours de la période 2003-2011, l'inlandsis groenlandais a perdu 234 km3 d'eau par an, ce qui correspond à une contribution annuelle à l'augmentation moyenne du niveau de la mer de 0,65 mm (Barletta et al. (2013).


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Arctic Data archive system (ADS)

ads.nipr.ac.jp/vishop/#/extent

Evolution de l'étendue de la banquise arctique.

Evolution de l'étendue de la banquise antarctique.

Evolution globale des deux banquises arctique et antarctique.

Historique des Climactualités (l'Arctique est mentionné en premier ; en bleu les valeurs minimalesen jaune les maximales ; la valeur entre parenthèses est la variation par rapport à l'année précédente)

Valeurs en millions de km².

Moyenne des années 1980 à la même date : 8,97 + 16,82 = 25,78 (+4,40)

Juillet 2023 : 6,78 + 14,60 = 21,38 (-1,24)
Juin 2023 : 9,34 + 12,02 = 21,36 (-1,32)
Mai 2023 : 11,29 + 9,70 = 20,99 (-1,09)
Avril 2023 : 12,87 + 6,72 = 19,59 (-0,75)
Mars 2023 : 13,71 + 4,02 = 17,74 (-0,21)
Février 2023 : 13,97 + 2,04 = 16,01 (-0,30)
Janvier 2023 : 13,13 + 2,51 = 15,64 (-1,05)
Décembre 2022 : 12,13 + 5,41 = 17,53 (-1,29)
Novembre 2022 : 10,19 + 13,24 = 23,43 (-0,84)
Octobre 2022 : 8,10 + 16,69 = 24,79 (-0,15)
Septembre 2022 : 5,01 + 17,97 = 22,97 (-0,11)
Août 2022 : 5,06 + 17,51 = 22,57 (-1,05)
Juillet 2022 : 6,74 + 15,88 = 22,62 (-1,15)
Juin 2022 : 9,32 + 13,36 = 22,68 (-1,22)
Mai 2022 : 11,60 + 10,49 = 22,08 (-0,87)
Avril 2022 : 12,84 + 7,50 = 20,34 (-0,96)
Mars 2022 : 13,79 + 4,16 = 17,95 (-1,20)
Février 2022 : 14,14 + 2,17 = 16,31 (-0,44)
Janvier 2022 : 13,70 + 3,00 = 16,69 (-0,23)
Décembre 2021 : 12,50 + 6,32 = 18,82 (-0,32)
Novembre 2021 : 10,79 + 13,48 = 24,27 (+0,37)
Octobre 2021 : 7,97 + 16,98 = 24,94 (+0,99)
Septembre 2021 : 5,04 + 18,04 = 23,08 (+0,20)
Août 2021 : 5,05 + 18,57 = 23,62 (+1,14)
Juillet 2021 : 6,38 + 17,39 = 23,77 (+1,48)
Juin 2021 : 9,09 + 14,81 = 23,90 (+0,33) 
Mai 2021 : 11,29 + 11,66 = 22,95 (+0,54)
Avril 2021 : 12,82 + 8,48 = 21,3 (+0,78)
Mars 2021 : 13,62 + 5,53 = 19,15 (+0,65)
Février 2021 : 13,73 + 3,02 = 16,75 (-0,35)
Janvier 2021 : 13,43 + 3,50 = 16,92 (-0,13)
Décembre 2020 : 12,07 + 7,07 = 19,14 (+0,23)
Novembre 2020 : 9,71 + 14,19 = 23,90 (+0,77)
Octobre 2020 : 6,02 + 17,94 = 23,95 (-0,33)
Septembre 2020 : 4,08 + 18,81 = 22,88 (+0,22)
Août 2020 : 4,06 + 18,43 = 22,48 (+0,26)
Juillet 2020 : 5,78 + 16,51 = 22,29 (-0,17)
Juin 2020 : 9,18 + 14,39 = 23,57 (+0,80)
Mai 2020 : 10,83 + 11,58 = 22,41 (+1,35)
Avril 2020 : 12,60 + 7,92 = 20,52 (+1,30)
Mars 2020 : 13,56 + 4,94 = 18,50 (+0,94)
Février 2020 : 14,30 + 2,81 = 17,10 (+0,64)
Janvier 2020 : 13,63 + 3,42 = 17,05 (+0,56)
Décembre 2019 : 12,26 + 6,65 = 18,91 (+0,99)
Novembre 2019 : 9,85 + 13,27 = 23,13 (-0,67)
Octobre 2019 : 7,06 + 17,21 = 24,28 (+0,01)
Septembre 2019 : 4,31 + 18,35 = 22,66 (-0,03)
Août 2019 : 4,34 + 17,89 = 22,23 (-0,27)
Juillet 2019 : 6,08 + 16,39 = 22,46 (-0,65)
Juin 2019 : 9,09 + 13,68 = 22,77 (-1,01)
Mai 2019 : 10,88 + 10,18 = 21,06 (-0,61)
Avril 2019 : 12,56 + 6,66 = 19,22 (+1,07)
Mars 2019 : 13,73 + 3,83 = 17,56 (+0,19)
Février 2019 : 14,02 + 2,44 = 16,46 (+0,47)
Janvier 2019 : 13,48 + 3,01 = 16,49 (+0,35)
Décembre 2018 : 11,85 + 6,07 = 17,92 (-0,97)
Novembre 2018 : 10,54 + 13,26 = 23,8 (+0,48)
Octobre 2018 : 7,18 + 17,09 = 24,27 (-0,82)
Septembre 2018 : 4,68 + 18,01 = 22,69
Août 2018 : 4,8 + 17,7 = 22,5
Juillet 2018 : 6.67 + 16.44 = 23.11
Juin 2018 : 9.19 + 14.59 = 23.78
Mai 2018 : 11.02 + 10.65 = 21.67
Avril 2018 : 12.82 + 6.33 = 18.15
Mars 2018 : 13.87 + 3.50 = 17.37
Février 2018 : 13.68 + 2.31 = 15.99
Janvier 2018 : 12.68 + 3.46 = 16.14
Décembre 2017 : 11.76 + 7.13 = 18.89
Novembre 2017 : 10.07 + 13.25 = 23.32
Octobre 2017 : 7.82 + 17.27 = 25.09
Septembre 2017 : pas de stats


Voir également


vendredi 28 juillet 2023

Jacques Henry le gogo magnifique

 Il est de toute évidence très facile de berner quelqu'un d'instruit et Jacques Henry nous en apporte quasiment chaque jour la preuve manifeste.

Dans Brève. Le dérèglement climatique : on en voit de toutes les couleurs ! ne voilà-t-il pas qu'il tombe à pieds joints dans le panneau alors que même un gros nigaud aurait pu voir l'arnaque avec un minimum de perspicacité.

Il nous donne à voir les cartes suivantes réunies sur une même image :

La Scandinavie en vert et contre tous.

C'est aujourd'hui devenu une marotte chez les climato-niais de tout poil, on glose ou on glousse sur la couleur des cartes météos en prétendant que celle-ci aurait été utilisée pour nous manipuler, bref pour faire court on colorierait les cartes en rouge vif pour faire peur alors que « dans le temps » ces mêmes cartes auraient été banalement peintes de manière plus neutre, en vert par exemple comme ci-dessus. Voici les commentaires instructifs de Jacques Henry au sujet de ces deux cartes :

Il suffit de changer les couleurs et on en prend plein les yeux : vert c’est frais, rouge c’est chaud, très chaud …

Sauf qu'en réalité, et vous vous en seriez peut-être douté, il n'en est rien, aucune couleur d'aucune carte n'a été modifiée et ce que nous montre notre gros gogo du jour n'est rien d'autre qu'un grossier montage.

Il suffit de se renseigner un peu, ce qui semble au-delà des forces de Jacques Henry et de ceux qui le lisent goulument, et l'on tombe par exemple sur ce site suédois qui titre son article du 3 juin 2022 (oui 2022, pas 2023) Nej, de här väderkartorna är inte ett bevis för "klimathysteri" - Källkritikbyrån Källkritikbyrån.

Comme je vous sens un peu perdu, puisque vous avez oublié les notions de suédois apprises à la maternelle, je traduis illico : Non, ces cartes météorologiques ne sont pas la preuve d'une "hystérie climatique".

Merci qui ? Merci DeepL Traduction.

Maintenant quelles sont les cartes en question auxquelles ce site fait référence ? Les voici :

La Scandinavie bicolore.

Je pense qu'à ce stade vous avez saisi le premier volet de l'arnaque. Si ce n'est pas le cas je vous laisse une deuxième chance, regardez attentivement, ça se passe au niveau des années. Oups, j'en ai trop dit et vous ai mâché le boulot !

Ben oui, chez Jacques Henry on y voit les années 1998 et 2023 alors que sur le site suédois qui, je le rappelle, montrait ces cartes il y a plus d'un an, les années étaient 1986 et 2022. Autrement à part ça les températures mentionnées sont rigoureusement les mêmes. Et le H de 1986 et 1998 se trouve exactement au même endroit, ainsi que les petits nuages cachant partiellement le soleil. Bref Jacques Henry nous montre des cartes bidonnées ce qui me fait me poser les questions existentielles suivantes :

  • Jacques Henry est-il con ?
  • Jacques Henry est-il très con ?

Honnêtement entre les deux mon cœur balance et j'ai du mal à me décider.

Mais allons plus loin dans l'analyse en continuant la lecture du site suédois ; le sous-titre nous dit :

En bild av två väderkartor har fått stor spridning i Sverige under maj månad och fortsätter just nu att spridas för fullt i andra länder.

Une image représentant deux cartes météorologiques a été largement diffusée en Suède au cours du mois de mai et se répand actuellement dans d'autres pays.

Il s'agit bien sûr du mois de mai 2022, et nous voyons que fin juillet 2023 il y a encore des crétins pour la diffuser avec quelques petites retouches. Une première explication nous est donnée qui à elle-seule suffirait pour défoncer l'entourloupe :

– Nej, den är absolut inte från 1986, för då var det fortsatt handritade kartor som gällde på SVT, säger Per Stenborg, meteorolog på SVT Väder.

- Non, elle ne date certainement pas de 1986, car à l'époque, les cartes dessinées à la main étaient encore la norme à SVT", explique Per Stenborg, météorologue à SVT Väder.

SVT Väder est apparemment l'équivalent suédois (ou scandinave) de Météo France ou de la chaine météo, peu importe. Et je pense que chez nous aussi en 1986 les cartes météo étaient rudimentaires et probablement pas générées par ordinateur comme celles que nous montre Jacques Henry. Voici ce que j'ai pu retrouver pour cette année :
Alain Gillot-Pétré présentant la météo en février 1986 (source meteo-paris)

Nous sommes très éloignés aujourd'hui des standards de l'époque, par conséquent présenter deux cartes similaires appartenant prétendument à 1986 et 2022 relève plus de l'escroquerie que de l'information. Par contre entre 1998 et 2023 les cartes sont très ressemblantes et n'ont quasiment pas évolué comme on peut le constater avec Evelyne Dhéliat :

La météo en 1998 sur TF1 (source youtube)

C'est peut-être pour cette raison que Jacques Henry, ou plutôt celui qui lui a refilé le bébé, a cru que les lecteurs peu attentifs n'y verraient que du feu, allez savoir.

Mais il y a une autre explication qui met définitivement à bas le subterfuge :
Efter att ha bildsökt så kan vi konstatera att kartan är tagen ur TV4:s väderlekssändning 13 augusti 2021 och är en temperaturkarta.
Après une recherche d'images, nous constatons que la carte est tirée de l'émission météorologique de TV4 du 13 août 2021 et qu'il s'agit d'une carte des températures.
À partir de la recherche d’images Google.

La carte "en rouge" concerne donc non pas l'année 2023 de Jacques Henry, ni même l'année 2022, mais très précisément le 13 août 2021 ; de plus il s'agit d'une carte des températures et nous allons voir que cela a toute son importance. En effet :
– Den vänstra är en “vanlig” väderprognoskarta, medan den högra enbart visar temperatur där färgerna som används på bakgrundskarta (helt logiskt blåa nyanser för minusgrader och röda nyanser för plusgrader) ska komplettera vad de enskilda temperatursiffrorna visar för att på så sätt få heltäckande information över kartan.
- La carte de gauche est une carte de prévisions météorologiques "normales", tandis que celle de droite n'indique que la température. Les couleurs utilisées sur le fond de carte (logiquement, les tons bleus pour les degrés inférieurs et les tons rouges pour les degrés supérieurs) devraient compléter les chiffres de température individuels afin d'obtenir des informations complètes sur l'ensemble de la carte.
Ainsi Jacques Henry n'est même pas capable de faire la différence entre « une carte de prévisions météorologiques "normales" » (celle de gauche) et une carte ne montrant que des températures (celle de droite)

Et le journaliste Kolbjörn Guwallius (excusez la prononciation approximative) de préciser à l'attention d'un lecteur qui a lui aussi été grugé :
Nej, den stämmer inte, Lars. Förutom att årtalet är fel (vilket är uppenbart, sådan grafik fanns inte 1986) är det två olika sätt att berätta, där det ena är en terrängkarta och det andra är en temperaturkarta. Det gröna är land, inte grader.
Non, ce n'est pas correct, Lars. Outre le fait que l'année est erronée (ce qui est évident, de tels graphiques n'existaient pas en 1986), il y a deux façons différentes de l'indiquer, l'une étant une carte de terrain et l'autre une carte de température. Le vert représente la terre, pas les degrés.
Pour le dire d'une autre façon une carte montre des choux et l'autre des navets et des gens comme Jacques Henry croient voir des carottes.

Le cerveau de Jacques Henry vu au scanner à défilement biaisé (source Recettes de Navets et Chou)


jeudi 27 juillet 2023

Monsieur Antoine le géographe incompris

 Cela peut paraitre surprenant mais "monsieur Antoine", AntonioSan pour les intimes (ou l'inverse), continue à me lire puisqu'il parle de moi de façon ésotérique à ses copains du site de climat au logis pour les nuls au nom jamesbondesque Skyfall :

1030.  AntonioSan | 24/07/2023 @ 19:25 

Une interview ancienne de Pierre Pagney afin de rappeler au marecage que, en France comme au Canada d’ailleurs – voir le cas de Dr. Tim Ball-, la climatologie historique etait au depart une discipline de la geographie. Ce qui explique que les climatologues des generations precedentes etaient diplomes en geographie…
https://socgeo.com/2016/10/12/pierre-pagney-une-vie-au-service-de-la-geographie-et-de-la-climatologie/
Il est aussi important de souligner que l’OMS publia la these de Marcel Leroux 1983 sur la meteorologie et climatologie de l’Afrique Tropicale et en distribua copies aux pays membres.

Quand il parle du "marécage" bien évidemment c'est de moi qu'il s'agit, mais je ne suis pas sûr que les autres pingouins l'aient compris, sauf ceux qui viennent en catimini chez moi et me laissent parfois des commentaires exotiques. Il faisait référence à mon billet du 21 juillet intitulé Marcel Leroux et Monsieur Antoine en PLS dans lequel je le mettais à l'honneur en le plaçant où il convient, à savoir dans les poubelles de l'Histoire avec feu Marcel Leroux dont plus personne ne se souvient à part quelques nostalgiques de la géographie de grandpapa.

Je dois avouer que citer le clown Tim Ball à l'appui de sa défense de la géographie est assez comique, je vous laisserai rire sans m'appesantir davantage dessus tellement le gugusse sent le sapin et le futur oubli qui guette les gens sans envergure.

Ce qui est intéressant avec le commentaire de monsieur Antoine c'est qu'il apporte la preuve, une fois de plus, qu'il n'a toujours rien compris au sujet en me répondant complètement à côté de la plaque.

Dans mon billet sur Marcel Leroux j'expliquais simplement que ce distingué géographe qui se prenait pour un éminent climatologue est aujourd'hui considéré comme un has been à cause de sa théorie, qu'il défendit bec et ongles, sur d'hypothétiques AMP qu'il avait cru apercevoir comme Titi avait cru voir un gros minet. Et voilà que monsieur Antoine croit m'apprendre quelque chose avec son « la climatologie historique était au depart une discipline de la géographie ».

Effectivement j'ai moi-même appris en cours de géographie les rudiments du climat, ou plutôt des différents climats de France et de Navarre, mais c'était il y a fort longtemps et depuis cette lointaine époque l'étude du climat a fait « quelques » progrès qui ont apparemment échappé à la sagacité légendaire du célèbre commissaire AntonioSan.

Aujourd'hui un « climatologue » peut parfaitement être un géographe, mais on en verra davantage avec des formations plus pointues telles que :
  • mathématicien (avec des exceptions notables...)
  • physicien (idem que ci-dessus...)
  • chimiste
  • glaciologue
  • océanographe
  • astronome
  • historien
  • biologiste
  • géologue
  • météorologue (eh oui !)
  • lecteur de Skyfall (non je rigole)
Le problème c'est qu'il n'y a pas de véritables climatologues en tant que tels, on est climatologue parce qu'on maitrise une matière en rapport avec le climat et qu'on étudie et publie sur ce sujet. Ainsi les chercheurs qui suivent sont tous climatologues de par leur formation :
Par contre des gens comme Benoit Rittaud ou François Gervais (les exceptions notables déjà mentionnées...) ne peuvent prétendre au titre de climatologue, le dernier cité ayant seulement publié quand il était à la retraite deux articles qui n'ont convaincu que d'autres climatosceptiques.

Marcel Leroux, lui, peut avec une grande indulgence être considéré comme un climatologue, mais de la très vieille école, celle où l'on regardait des cartes en essayant de deviner l'avenir ou de comprendre le passé, à moins que ce ne soit l'inverse. 

Car il faut bien être conscient qu'un géographe est avant tout un observateur, il n'a pas de grandes compétences pour comprendre les lois physiques qui régissent l'atmosphère, plus précisément la troposphère, là où se passent les choses en matière de météo (pour le très court terme) et de climat. Le rôle du CO₂ est par exemple plutôt compliqué à comprendre et mieux vaut être physicien pour s'y retrouver, autrement on ne peut que penser que l'on pige le truc mais sans vraiment pouvoir donner des explications dans le détail. Le cycle du carbone est également quelque chose qu'un géographe n'est pas particulièrement bien armé pour appréhender dans ses subtilités. Quant aux climats du passé, même un historien classique n'a pas les compétences voulues pour expliquer pourquoi par exemple la Terre est devenue à certaines époques une boule de neige et comment elle a fait pour se sortir de ce mauvais pas (un indice : le volcanisme libère du CO₂, mais chut, ne le dites pas à monsieur Antoine, il pourrait faire un malaise)

Ce qui est cocasse dans le commentaire du commissaire en goguette c'est qu'il cite un certain Pierre Pagney, géographe de son état, décédé en 2017 à l'âge de...98 ans, en donnant un lien vers une de ses interviews dans laquelle on serait bien en peine de lire les mots ou expressions "effet de serre", "CO₂" ou "cycle du carbone" (essayez pour voir). Ce qui est encore plus cocasse c'est qu'en faisant quelques recherches je suis tombé sur Denis Lamarre, lui-aussi géographe et climatologue en plus d'être professeur émérite, qui, dans Propos d’un géographe climatologue sur les changements climatiques. Une approche, des perspectives publié en 2013, écrivait textuellement ceci :
En 1999, en conclusion de « Climats et sociétés » (A. Colin), j’écrivais avec P. Pagney : « l’effet de serre additionnel, d’origine anthropique, témoigne indiscutablement d’une économie globale en croissance, mais aussi d’un risque climatique planétaire » (p. 249) et « il y a lieu d’espérer que l’affaire [du changement climatique] sera pour [les sociétés humaines] l’occasion de réajuster leur potentiel climatique, sans négliger une nécessaire solidarité pour stabiliser la composition de l’atmosphère » (p. 253).
Je ne peux qu'être d'accord avec ces considérations que pourtant monsieur Antoine et ses petits copains conchient chaque fois que l'occasion leur en est donnée !

Et cerise ultime sur le gâteau, voici ce que Jean-Pierre Besancenot, directeur de recherche au CNRS, écrit dans Denis Lamarre, Pierre Pagney, Climats et sociétés au sujet du livre de Lamarre et Pagney :
La quatrième et dernière partie [...] n'en revêt pas moins une importance considérable, puisqu'elle porte sur les grands défis d'échelle planétaire que l'homme doit aujourd'hui affronter, qu'il s'agisse de la pénurie d'eau, des risques et catastrophes climatiques (notions auxquelles chacun des auteurs a déjà consacré un ouvrage), du changement global [...] dans les circonstances présentes, les sociétés n'ont guère la capacité de relever ces défis.
Ainsi, pour résumer la situation, monsieur Antoine aka AntonioSan, qui nie les effets du réchauffement climatique, qui nie même l'existence de celui-ci, nous donne à lire un auteur, Pierre Pagney, qui a consacré un ouvrage sur les « risques et catastrophes climatiques » et en a rajouté une couche avec un manuel écrit à quatre mains en collaboration avec un autre géographe en insistant sur « les grands défis d'échelle planétaire que l'homme doit aujourd'hui affronter », rien que ça !

Monsieur Antoine aime bien se tirer des balles de gros calibre dans les deux pieds, il semble en avoir fait sa spécialité et nous l'a montré à de nombreuses reprises par le passé.

Et pour terminer je ne peux m'empêcher de vous citer quelques mots de la conclusion de Denis Lamarre dans l'ouvrage Propos d’un géographe climatologue sur les changements climatiques. Une approche, des perspectives déjà mentionné :
Patiemment, le géographe met de l’ordre dans le « fatras géographique », tisse des relations, traque des convergences, des concordances d’échelle ; il lui faut trouver la bonne mesure, au risque de se perdre. De la rigueur de la science.
Certains se sont perdus corps et biens sans avoir pu trouver la bonne mesure, mais heureusement il existe quelques géographes assez lucides pour reconnaitre leurs limites.

Ah non, je terminerai en fait avec cet autre article du même Pierre Pagney que monsieur Antoine porte en grande estime. Dans La climatologie française, la modélisation des climats et le réchauffement climatique : la climatologie en question voici ce que l'on peut lire :
  • Sur l'effet de serre :
    • C’est ce que traduisent les courbes de l’évolution des températures et de la charge atmosphérique en CO2 (et autres gaz à effet de serre dont le méthane), courbes elles-mêmes confrontées à l’explosion démographique récente, génératrice de l’exploitation des énergies fossiles modifiant la chimie atmosphérique par augmentation des gaz à effet de serre.
    • Cette courbe [la courbe de Mann] qui restait pratiquement plate jusqu’au XXe siècle faisait apparaitre de manière saisissante un événement entièrement nouveau auquel l’homme ne pouvait être étranger (utilisation massive des énergies fossiles génératrices de gaz à effet de serre).
    • Pour certains, le réchauffement climatique est une variation qui s’ajoute à la longue série des variations climatiques naturelles. Le climat a toujours varié, il varie aujourd’hui comme par le passé, l’homme n’y est pour rien. Cette position est illustrée par le physicien Vincent Courtillot pour qui le réchauffement actuel n’est pas dû à l’homme mais aux variations solaires. Toute autre est la position de ceux qui expliquent le réchauffement par l’influence des gaz à effet de serre. 
    • il n’est pas possible de nier que le CO2 (et d’autres GES), en accroissement récent, soit lié à la libération des gaz enfouis dans les énergies fossiles mises brutalement à contribution depuis plus d’un siècle par l’industrialisation. Or l’industrialisation est bel et bien liée à l’homme. On ne peut donc nier que l’homme injecte dans l’atmosphère des gaz à effet de serre modifiant la chimie atmosphérique.
    • On rejettera donc l’argument selon lequel le CO2 serait la conséquence du réchauffement et non sa cause, et par conséquent, n’aurait rien à voir dans le réchauffement anthropique que postule le GIEC.
  • Sur Marcel Leroux :
    • pour le géographe-climatologue Marcel Leroux, avancer l’argument du CO2 était une imposture
    • On doit mettre à part l’école de climatologie de Lyon III dont l’inspirateur, aujourd’hui disparu, est M. Leroux. M. Leroux et ses disciples professent un négationnisme militant assorti d’une vision de la dynamique de l’atmosphère largement basée sur les anticyclones mobiles polaires (les AMP), ce qui privilégie nécessairement les processus de refroidissement.
    • Les climatologues-géographes sont restés, quoi qu’il en soit, hors du grand débat relatif au réchauffement climatique jusqu’à une date très récente. Seules, les positions de M. Leroux ont été véritablement médiatisées. Ce qui a eu comme conséquence de faire en sorte que tous les géographes ont été catalogués comme étant plus ou moins négationnistes. 
    • Le négationnisme de quelques géographes-climatologues (et de géographes non climatologues séduits par la contestation) a maintenu l’ensemble de la géographie à la marge. Pourtant dans les années très récentes, au plus fort du débat entre modélisateurs et climato- sceptiques, les climatologues-géographes semblent être en mesure de se réinvestir et de reprendre, dans le débat général, la place qu’ils n’auraient jamais dû quitter.
Vous remarquerez au passage que le mot "négationnisme" pour désigner le climatoscepticisme était employé en 2012, il y a 11 ans déjà...

Avec tout cela je me demande ce que monsieur Antoine va bien pouvoir inventer pour tenter de retomber sur ses pattes. A mon avis il va encore une fois s'envoyer du plomb dans les tarses comme il en a pris l'habitude. A moins qu'il ne préfère faire le mort en espérant que personne n'aura remarqué que son commentaire était, comment dire, ah oui, stupide, c'est le mot.