lundi 27 novembre 2023

On n'est pas sortis du sable, contrairement au pétrole !

 Je suis abonné à la lettre de l'IEA et je viens de recevoir la dernière mouture dans laquelle figure le nouveau rapport de cette organisation, The Oil and Gas Industry in Net Zero Transitions – Analysis dont je vous propose la traduction. Mes commentaires à la suite.


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Le changement climatique et les énergies propres placent les producteurs de pétrole et de gaz devant des choix difficiles

Les producteurs de pétrole et de gaz sont confrontés à des choix cruciaux quant à leur rôle dans le système énergétique mondial, dans un contexte d'aggravation de la crise climatique alimentée en grande partie par leurs produits de base, selon notre nouveau rapport spécial.
 
Le rapport "The Oil and Gas Industry in Net Zero Transitions" constate que le secteur du pétrole et du gaz - qui fournit plus de la moitié de l'approvisionnement énergétique mondial et emploie près de 12 millions de travailleurs dans le monde - a été au mieux une force marginale dans la transition vers un système énergétique à émissions nettes zéro, ne représentant que 1 % des investissements dans les énergies propres à l'échelle mondiale. Le rapport montre comment l'industrie peut adopter une approche plus responsable et contribuer positivement à la nouvelle économie de l'énergie, en soulignant que le sommet des Nations unies sur le climat COP28 à Dubaï est "un moment de vérité" pour le secteur du pétrole et du gaz.
 
Pour commencer, toutes les compagnies pétrolières et gazières devraient s'engager à lutter contre les émissions provenant de leurs propres activités, selon le rapport. Ces émissions doivent diminuer de 60 % d'ici à 2030 pour s'aligner sur l'objectif de l'Accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Les entreprises doivent également changer radicalement la manière dont elles allouent leurs ressources financières. En 2022, les investissements dans les énergies propres ne représentaient que 2,5 % du total des dépenses d'investissement de l'industrie. Selon le rapport, les producteurs qui souhaitent s'aligner sur les objectifs de l'accord de Paris devraient consacrer 50 % de leurs dépenses d'investissement à des projets d'énergie propre d'ici à 2030.
 
En outre, les entreprises doivent abandonner l'idée qu'elles peuvent poursuivre leurs activités habituelles en accélérant simplement le déploiement des technologies de capture du carbone. Le rapport constate que si la consommation de pétrole et de gaz devait évoluer comme prévu dans le cadre des politiques actuelles, la limitation du réchauffement à 1,5°C nécessiterait la capture de 32 milliards de tonnes de carbone d'ici à 2050, ce qui est tout à fait inconcevable, les investissements annuels passant de 4 milliards de dollars pour l'année dernière à 3,5 trillions de dollars.
 
Malgré ces défis, des opportunités se profilent à l'horizon. Près d'un tiers de l'énergie consommée en 2050 dans un système énergétique décarboné provient de technologies qui pourraient bénéficier des compétences et des ressources de l'industrie pétrolière et gazière, notamment l'hydrogène, l'éolien en mer et les biocarburants liquides.

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Le constat est simple, les principaux intéressés par les énergies fossiles, à savoir les industries du pétrole et du gaz, auxquelles on peut ajouter celles du charbon, n'ont aucunement l'intention de lâcher la proie pour l'ombre, en se désengageant de ce qui a fait leur fortune depuis plus d'un siècle pour investir dans un domaine encore balbutiant mais aussi très contraignant tellement il est tributaire de technologies incertaines alors que les leurs ont été rôdées (et amorties) depuis belle lurette.

Et si l'on regarde de plus près on s'aperçoit qu'il s'agit essentiellement d'une question économique d'offre et de demande.

Si personne n'achetait leurs produits, dans un monde imaginaire bien sûr, alors ils n'existeraient tout simplement pas ; mais voilà, cela fait longtemps que nous sommes, nous tous y compris les plus écolos d'entre nous, totalement dépendants, pour ne pas dire accros, à un mode de vie qui dépend essentiellement des énergies fossiles.

Et si dans les pays dits "développés" on trouve beaucoup d'anticonformistes qui se targuent de lutter contre le réchauffement climatique en ne mangeant pas de viande, ou très peu, en ne prenant plus l'avion et en limitant leurs déplacements en véhicules à moteur au strict minimum indispensable, entre autres "gestes pour la planète", nous avons aussi d'autres régions du monde où le désir de tout individu accédant à la classe moyenne est de consommer un peu plus, avant de penser à consommer toujours plus.

Il se trouve que c'est dans ces dernières parties du monde, la Chine, l'Inde ou l'Afrique entre autres, que l'on rencontre le plus grand nombre d'individus, et qui plus est avec la démographie la plus galopante (à l'exception de la Chine)

Demander à tous ces gens et futurs consommateurs de masse de limiter leurs désirs alors que de notre côté nous nous sommes baffrés durant tant de décennies, c'est vraiment prendre ses désirs pour des réalités.

Il y aura donc pendant longtemps encore une forte demande de consommation qui ne pourra qu'être satisfaite par une aussi forte offre de production.

Même si nous arrivons, ce qui est possible, à limiter la hausse de nos émissions, voire à les stabiliser ou même, soyons fous, à les faire diminuer dans une petite mesure, les concentrations en gaz à effet de serre continueront à augmenter avec les conséquences que nous connaissons.

Et le rapport de l'IEA est très clair sur le sujet, il n'est pas question de compter sur les techniques de capture du carbone pour nous sortir du mauvais pas dans lequel nous nous sommes mis tout seuls comme des grands.

Pour finir, et à l'attention de ceux qui ne prennent plus l'avion et jouent au petit colibri qui vaillamment va se brûler les plumes en tentant d'éteindre un incendie, l'article des Echos Le trafic aérien mondial va encore doubler d'ici à 2037 est là pour leur donner un peu d'espoir (je rigole hein) :
L'association des compagnies aériennes internationales IATA prévoit un doublement du trafic mondial sur les 20 prochaines années, pour atteindre 8,2 milliards de passagers en 2037.
Comme l'article date de 2018, donc d'avant le Covid, un autre article du Figaro, La reprise du trafic aérien international se confirme et s’accélère en 2023, qui date lui du 9 novembre dernier, est destiné à rassurer tout le monde :
Alors que les vols intérieurs avaient jusqu'ici constitué le moteur de la reprise du transport aérien, très durement touché par le Covid-19, ce sont finalement les faisceaux internationaux qui relancent l’activité.

Et Airbus nous donne également son sentiment pour les 20 ans à venir dans Pas de nuages noirs sur l'aéronautique : il y aura deux fois plus d’avions dans le ciel dans 20 ans, selon Airbus :

Pour l’avionneur européen, la croissance du trafic aérien mondial et le remplacement par les compagnies aériennes de leurs avions par des appareils émettant moins de CO2 devraient conduire au doublement de la flotte mondiale dans les 20 prochaines années. D’ici à 2042, Airbus table sur une croissance annuelle du trafic aérien de 3,6%, avec des disparités selon les pays. Celui de la Chine ou de l’Inde devrait ainsi fortement croître, beaucoup moins pour celui des États-Unis ou intra-Europe.


Des avions « émettant moins de CO₂ », nous voilà rassérénés n'est-ce pas ?


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