mardi 16 mars 2021

Itinéraire de la grosse dépression qui a mangé le petit AMP

 Le site earth.nullschool.net que j'utilise régulièrement a été créé en décembre 2013, ce que l'on peut constater avec la création de sa page Facebook avec un premier post à la date du 2 décembre 2013 (vous pouvez au passage admirer ma binette si vous avez de bons yeux) :


Origine du site Facebook de earth.nullschool.net.

Confirmation avec cette célébration du 3ème anniversaire : 

earth.nullschool.net a 3 ans cette semaine ! 🎉 merci à tous les visiteurs 🌏🌎🌍 vous aidez à garder ce projet amusant et enrichissant à développer 😃

Pourquoi je vous dis ça ?

Tout simplement parce que Marcel Leroux est mort le 12 août 2008, soit cinq ans auparavant, et que tout ce qu'il a été capable de montrer comme cartes météo représentant la circulation atmosphérique se résume à peu de choses près à ça (à contempler dans The Mobile Polar High: a new concept explaining present mechanisms of meridional air-mass and energy exchanges and global propagation of palaeoclimatic changes, publié le 18 juillet 1992) :

Fig 1_ Mobile Polar Highs paths from December 18, 1989 to January 25, 1990 (frequencies_ 1/n days) 

Ou ça :

Fig 3 Aprd 28, 1986, 12H00 TU, VIS, METEOSAT 2, CMS, Lanmon 

Ou encore ça :

Fig 5 Propagation of MPHs from the Arctic area to the Meteorological Equator January, 14-23, 1990

Allez un petit dernier pour la route :

Fig 6 Paths of the Mobile Polar Highs and resulting clrculat~on in the low levels of troposphere Northern Hemisphere

J'arrête là, je pense que vous avez à ce stade compris que Marcel Leroux était non seulement un piètre dessinateur mais qu'il est également né et mort un peu trop tôt et qu'il n'a pas pu bénéficier des progrès de la science avec notamment des outils tels que earth.nullschool qui lui auraient permis de vérifier que son hypothèse d'AMP ne tenait pas la route.

Pour illustrer ce que j'avance, c'est-à-dire que les AMP tels que décrits par Marcel Leroux ne sont qu'une illusion heureusement non reprise par aucun organisme météo dans le monde, je vais utiliser un autre site que j'ai découvert récemment et qui complète avantageusement earth.nullschool.net ; il s'agit de METEO CONSULT.

Partons de la situation d'aujourd'hui en sélectionnant les pressions :

Pressions du mardi 16 mars (source METEO CONSULT)

Que remarque-t-on immédiatement ?

On voit nettement un anticyclone au large des côtes françaises, recouvrant également les iles britanniques, et plus à l'ouest une grosse dépression au sud du Groenland ; on voit également, bien plus au nord, ce qui pourrait s'apparenter à un anticyclone polaire, c'est la grosse tâche rouge tout en haut et au centre de la carte. Reste à savoir s'il s'agit d'un AMP, nous allons vite être fixés.

Faisons d'abord un petit détour vers earth.nullschool pour voir la situation à 10 kilomètres d'altitude, au niveau du courant-jet (ou jet stream) :

Régime des vents au géopotentiel 250 hPa le mardi 16 mars (source nullschool.net)

Pas besoin de vous faire un dessin à la mode de Marcel Leroux, il y a manifestement une très bonne correspondance entre les pressions mentionnées par Météo Consult (carte du haut) et ce que l'on peut constater avec les méandres du courant-jet (carte du bas) : l'anticyclone au large des côtes françaises est bien présent tant à la surface qu'à 10 kilomètres d'altitude, bien niché au creux du courant-jet côté sud de celui-ci, et une dépression est bien visible plus à l'ouest au large des côtes américaines, bien lovée au creux du courant-jet côté nord cette fois de celui-ci ; par ailleurs il y a bien un autre anticyclone situé bien plus au nord, au nord du Groenland en fait, que l'on peut donc qualifier d'anticyclone polaire si cela peut faire plaisir à certains ; mais ce dernier est-il vraiment mobile et va-t-il, comme nous l'expliquait doctement Marcel Leroux, se déplacer pour aller se rendre, par exemple, sur l'équateur météorologique ? Patientez un instant, vous n'allez pas être déçus.

Reprenons le site de Météo Consult et déroulons le fil des prévisions qui vont jusqu'au jeudi 1er avril prochain en suivant comme leur ombre nos deux anticyclones et notre (grosse) dépression :

Pressions du mercredi 17 mars.

Demain mercredi nous voyons que notre anticyclone polaire a pris un peu de poids, on a l'impression qu'il va dévaler la pente et tout bouffer sur son passage. Vraiment ?

Pressions du jeudi 18 mars.

Déjà jeudi prochain notre anticyclone polaire fait un peu moins le fier, il voit arriver sur lui une énorme dépression, celle-là même qui était la veille au sud du Groenland et qui maintenant occupe toute l'ile en menaçant d'écraser les deux anticyclones qui n'en mènent pas large. Mais attendez de voir la suite :

Pressions du vendredi 19 mars.

Boum badaboum ! La dépression toise vendredi nos deux anticyclone, le polaire commençant à se décomposer, l'autre se maintenant au-dessus des iles britanniques en espérant que le coup lui passera au-dessus de la tête sans trop de dégâts.

Pressions du samedi 20 mars.

Ça se précise, les deux anticyclones qui avaient essayé d'unir leurs forces commencent samedi à se retrouver coupés en deux par la cisaille de la dépression qui ne leur fait pas de cadeaux. Le polaire n'est plus que l'ombre de lui-même et tente de se carapater en douce vers l'est en croyant qu'on ne le verrait pas. C'est raté :

Pressions du dimanche 21 mars.

La dépression continue son travail de dépeçage, ou plutôt d'écrasement devrait-on dire, elle a bien vu le malheureux polaire et entame son recouvrement :

Pressions du lundi 22 mars.

Notre anticyclone à nous se fait lentement mais sûrement aplatir comme une crêpe à la chandeleur, quant au polaire il bénéficie d'un court répit, la dépression sait qu'il ne lui échappera pas :

Pressions du mardi 23 mars.

Ça y est, l'anticyclone atlantique s'est décomposé, le polaire lui pense s'en être sorti indemne, le pauvre fou :

Pressions du mercredi 24 mars.

Dans un dernier sursaut de panique le polaire tente une union de fortune avec un autre anticyclone qui passait par là, mais il sent le souffle glacé de la dépression dans son cou :

Pressions du jeudi 25 mars.

C'en est presque fini, la dépression partage l'Eurasie en deux, le polaire n'est plus qu'un souvenir dans la mémoire des ours maritimes, il a préféré se faire manger par l'autre anticyclone plutôt que de continuer à se faire sans cesse botter le cul, chacun est libre de choisir sa mort après tout :

Pressions du vendredi 26 mars.

Notre polaire a vécu, il s'est bien défendu mais la partie était par trop inégale :

Pressions du samedi 27 mars.

Game over !

De tout ce qui précède l'idée générale qui ressort est bien sûr que ce sont les dépressions qui mènent le bal et les anticyclones, ces gros patapoufs indolents qui ont trop tendance à lézarder au soleil, se font bousculer par elles sur le mode « pousse-toi de là que je m'y mette ».

Mais que voulez-vous, quand on confond anticyclone et dépression il est normal de tout mélanger et de raconter n'importe quoi, ainsi Jean-Marc Jancovici, dans Climat de Panique – Yves Lenoir – 2001, nous narre les égarements d'un certain Yves Lenoir qui a commis un livre que vous pouvez vous contenter d'utiliser pour caler une table bancale pour le cas où vous l'auriez par mégarde acheté (des erreurs ça arrive à tout le monde) ; voici la petite histoire d'une dépression qui se travestit en AMP (ou le contraire, peu importe) :
[Yves Lenoir] montre (page 100) une photo satellite prise en mai 1995, et précise que les mouvements circulaires visibles sur la photo correspondent tous à de tels anticyclones provenant des pôles. [...] Maintenant, que disent les archives météo du jour ? Que la moitié des anticyclones d’Yves Lenoir sont en fait….des dépressions !
Et si cela vous fait penser à un certain monsieur Antoine c'est que vous me lisez régulièrement et que vous savez à quel énergumène on a affaire.


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