En ce début de deuxième période caniculaire ici en France je pense utile de vous livrer la traduction de cet article du New York Times qui vient de paraitre. Spéciale dédicace à tous les neuneus climato irréalistes qui n'auront aucune peine à se reconnaitre s'ils venaient à passer par là.

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Le monde se réchauffe. Et cela de plus en plus vite.

Le réchauffement climatique d'origine humaine augmente de plus en plus rapidement depuis les années 1970.

Source : NASA Goddard Institute for Space Studies. Note : Données disponibles jusqu'en mai 2025. Anomalies par rapport à la température moyenne entre 1951 et 1980. The New York Times

Par Sachi Kitajima MulkeyClaire Brown et Mira Rojanasakul

26 juin 2025

L'été a commencé il y a à peine une semaine, et déjà les États-Unis ont été étouffés par un "dôme de chaleur" qui a battu tous les records. L'Alaska a connu son tout premier avis de chaleur ce mois-ci. Tout cela fait suite à 2024, l'année civile la plus chaude de l'histoire.

La planète se réchauffe de plus en plus vite. Selon un rapport publié la semaine dernière, le réchauffement climatique d'origine humaine augmente de 0,27 degré Celsius par décennie. Ce taux a été enregistré à 0,2 degré dans les années 1970 et n'a cessé d'augmenter depuis.

Cela ne surprend pas les scientifiques qui ont calculé les chiffres. Pendant des années, les mesures ont suivi les prévisions selon lesquelles le réchauffement de l'atmosphère allait s'accélérer. Mais aujourd'hui, les schémas mis en évidence par les tableaux et les graphiques commencent à faire partie intégrante de la vie quotidienne des gens.

"Chaque fraction de degré supplémentaire de réchauffement entraîne une augmentation relativement plus importante des phénomènes atmosphériques extrêmes, tels que les pluies diluviennes, les sécheresses graves et les incendies de forêt", a déclaré Daniel Swain, climatologue à l'université de Californie.

Bien que cela corresponde aux prévisions scientifiques sur la façon dont le changement climatique peut intensifier ces événements, l'augmentation de la sévérité peut sembler soudaine pour les personnes qui en font l'expérience.

"À l'époque où le réchauffement était moins important, cette relation était un peu moins spectaculaire", a déclaré le Dr Swain. "Il est de plus en plus évident que les phénomènes les plus extrêmes vont probablement augmenter plus rapidement et dans une plus grande mesure que ce que nous pensions être le cas", a-t-il ajouté.

Prenons l'exemple des précipitations. D'une manière générale, les précipitations extrêmes s'intensifient à un rythme de 7 % par degré Celsius de réchauffement de l'atmosphère. Mais des études récentes indiquent que les événements dits "records" augmentent deux fois plus vite, a déclaré M. Swain.

Un ouvrier du bâtiment à Washington, D.C., mardi, pendant la vague de chaleur de cette semaine. Crédit...Wesley Lapointe pour le New York Times

"Il n'y a pas de phénomène météorologique qui se produise en dehors du climat", a déclaré Kate Marvel, climatologue et auteur du livre "Human Nature".

"Ce sont des choses qui se manifestent dans le monde réel", a-t-elle déclaré, citant des catastrophes telles que l'ouragan Hélène et les inondations historiques du Vermont en 2023.

Selon le Dr Swain, les scientifiques ne sont pas encore parvenus à une compréhension universelle de ces événements, en partie parce que la nature peu fréquente des valeurs aberrantes les rend difficiles à étudier.

Et à mesure que le réchauffement s'intensifie, les impacts sur les régions vulnérables de la planète, comme l'Arctique et l'Antarctique, se font de plus en plus sentir, rendant plus apparentes des conséquences auparavant rares ou cachées. Les scientifiques affinent leurs modèles pour comprendre le comportement des vastes calottes glaciaires de ces régions et les adapter aux changements rapides qu'ils observent.

En mars, une analyse de la NASA a révélé que le niveau des mers avait augmenté plus rapidement que prévu en 2024, en partie à cause de la fonte des glaciers et de la chaleur qui pénètre plus profondément dans les océans, provoquant leur expansion thermodynamique. Selon une étude publiée en avril par des chercheurs du National Center for Earth Observation (Centre national d'observation de la Terre) en Grande-Bretagne, les températures de surface des océans augmentent également plus rapidement que prévu.

Cecilia Bitz, professeur de sciences du climat à l'université de Washington, a déclaré que la modélisation de la Terre est complexe et qu'il existe une quantité innombrable de petits facteurs qui pourraient être pris en compte. Mais même avec ces incertitudes, les scientifiques ont des moyens de construire leurs modèles pour identifier des tendances qui sont en grande partie exactes. "Rien ne défie notre vision globale de la physique du système climatique", a déclaré le Dr Bitz.

Le réchauffement global de l'atmosphère suit systématiquement les prévisions des modèles depuis des décennies. Mais récemment, le déséquilibre fondamental responsable de ce réchauffement a basculé, prenant même les scientifiques au dépourvu.

Le réchauffement climatique est un symptôme du déséquilibre énergétique de la Terre, qui mesure la différence entre la quantité totale de chaleur solaire atteignant la Terre et la quantité de chaleur renvoyée dans l'espace.

En mai, un article analysant les données d'un satellite de la NASA a révélé que ce déséquilibre s'était accru plus rapidement que prévu, faisant plus que doubler au cours des deux dernières décennies et devenant près de deux fois plus important que ce qui avait été prédit auparavant.

Zeke Hausfather, chercheur à Berkeley Earth, a déclaré que les climatologues s'efforçaient encore de comprendre ces résultats. Il existe plusieurs théories, comme la diminution des émissions d'aérosols, un type de pollution atmosphérique nocif pour la santé humaine qui augmente la réflectivité des nuages, lesquels renvoient la chaleur du soleil dans l'espace.

Historiquement, les émissions d'aérosols ont masqué l'effet de réchauffement des gaz à effet de serre tels que le dioxyde de carbone. Au cours des cinquante dernières années environ, les émissions d'aérosols ont considérablement diminué à mesure que les pays réduisaient certains types de pollution atmosphérique. Selon M. Hausfather, ce changement est la principale raison pour laquelle le réchauffement de l'atmosphère s'est accéléré au cours des dernières décennies.

Mais la possibilité la plus inquiétante derrière le déséquilibre énergétique de la Terre, a-t-il déclaré, est la façon dont la nature générale des nuages pourrait changer en réponse à l'augmentation des températures. Il s'agit d'une boucle de rétroaction qui pourrait potentiellement exacerber le réchauffement et qui constitue "l'une des plus grandes incertitudes dans la prévision du climat futur", a-t-il déclaré.

Alors que le monde continue d'émettre des gaz à effet de serre qui réchauffent la planète et que les températures dépassent ce que le monde humain a été conçu pour supporter, le Dr Marvel a déclaré qu'un plus grand nombre de personnes subiront le changement climatique de manière dommageable et effrayante.

"C'est toujours pire que prévu lorsque cela vous arrive", a déclaré le Dr Marvel. "C'est une chose de voir quelque chose dans un modèle climatique, et c'est une chose totalement différente d'en faire l'expérience dans sa propre vie.

Claire Brown couvre le changement climatique pour le Times et écrit pour la lettre d'information Climate Forward.

Mira Rojanasakul est une journaliste du Times qui utilise des données et des graphiques pour couvrir le climat et l'environnement.

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Et pendant ce temps...

Le climat a toujours changé, il n'y a pas d'urgence climatique !