Certains disent comme Mark Twain que l'histoire ne se répète pas, elle rime, d'autres se réfèrent à Karl Marx qui aurait déclaré à peu près la même chose, à savoir que l'histoire ne se répète pas, elle bégaie, quoi qu'il en soit l'histoire aujourd'hui prend le chemin d'une rebelote ; pour peut-être finir en dix de der ?
Zapad 2021 est le sobriquet d'un exercice militaire conjoint entre la Russie et le Belarus (ou Biélorussie) qui se tint comme son nom l'indique en 2021, avant de déborder largement en 2022 avec l'agression à grande échelle de l'Ukraine le 24 février de cette année.
Beaucoup chez nous (i.e. l'occident) y ont vu un simple exercice de routine puisque se tenant régulièrement tous les 4 ans, d'autres bien moins nombreux y ont décelé les signes avant-coureurs d'une possible invasion de l'Ukraine ; parmi ces derniers on peut citer les services de renseignement américains et britanniques qui dès octobre 2021 « ont indiqué [...] la possibilité d’une intervention russe en Ukraine » ; et le 25 janvier 2022, soit un mois seulement avant l'invasion, France 24 s'interrogeait naïvement « Ukraine : Londres et Washington ont-ils raison d'être alarmistes face à Moscou ? » ; il y a encore mieux, car en 2018 (oui, en 2018 !) l'ISW (Institute for the Study of War) nous informait avec quatre ans d'avance (sur 2022) que « la Russie a déployé des troupes pour se préparer à une guerre en Ukraine et dans les Pays baltes » !
Il s'agissait alors de Zapad 2017 et la suite a montré que ce n'était qu'un simple exercice, mais à y réfléchir un instant on peut comprendre que la Russie ne s'est pas considérée comme prête à avaler non seulement l'Ukraine mais aussi les Pays baltes comme l'ISW semblait le craindre alors. Il est clair qu'on a eu affaire à ce moment-là à un essai non concluant, ce qui n'a de toute évidence pas été le cas en 2022 puisque Poutine a donc, comme chacun a pu le constater, donné son feu vert le 24 février.
Nous sommes maintenant en 2025 et 8 ans après Zapad 2017 et 4 ans après Zapad 2021 voici logiquement venu le temps de Zapad 2025.
Et nous avons tout aussi logiquement de nombreux commentateurs qui vous disent que non la Russie ne va pas envahir les Pays baltes puisqu'elle a déjà fort à faire avec l'Ukraine qu'elle n'est arrivée à conquérir que pour environ 20% de son territoire !
Moi je veux bien mais en 2022 on disait que Poutine n'oserait pas, et il a quand même osé. Et aujourd'hui on nous dit donc que Poutine n'oserait pas parce que soi-disant il n'en aurait pas les moyens.
Voire.
Il s'en trouve même pour nous dire que la Russie est au bord de l'effondrement économique, comme si l'économie était un facteur clé dans le fonctionnement de la Russie actuelle. Bien sûr à long terme l'économie peut provoquer l'effondrement de la Russie. A long terme. Pour l'instant l'économie de guerre mise en place par Poutine semble plutôt bien fonctionner pour les objectifs qu'il s'est fixés.
Alors si vous voulez savoir ce que j'en pense je vous dirais que ça sent le roussi, et qu'après le test grandeur nature effectué par les Russes en Pologne avec les 19 drones dont la majorité n'ont pas été abattus, Poutine, au vu des réactions, ou plutôt du manque de réactions des Européens (ne parlons même pas des Américains aux abonnés absents), peut se sentir assuré qu'en jetant ses quelques troupes en Lituanie où les attend une résistance quasi inexistante il pourra désenclaver Kaliningrad sans redouter la moindre contre-offensive autrement que verbale.
Et avec un peu de courage ou d'inconscience supplémentaire la Lettonie et l'Estonie pourraient bien faire partie du paquet cadeau aimablement fourni par une Communauté européenne n'ayant à ce jour toujours pas le moindre embryon de département de la défense capable de se lever comme un seul homme pour défendre la veuve et l'orphelin baltes.
Quant à la France et au Royaume-Uni on ne voit pas très bien leur marge de manoeuvre tellement ces deux pays sont embarrassés par leurs problèmes politiques. Tout comme les Américains et la plupart des autres pays européens, surtout ceux du sud, aucune population n'ira se faire tuer pour Dantzig, pardon, pour Riga, Tallinn ou Vilnius. Et ce n'est pas en envoyant nos maigres troupes de soldats de métier que nous repousserons plusieurs dizaines de milliers de soviétiques, pardon de Russes dont le patron, un certain Vladimir Poutine, se fiche éperdument de les envoyer à l'abattoir.
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