Il en faut peu pour faire prendre aux gens des vessies pour des lanternes (ou l'inverse)
Heureusement il y a des sites qui permettent de faire un minimum de fact checking, comme par exemple climatefeedback qui juge l'article de Jasper Hamill comme étant incorrect en nous donnant la véritable information à retenir :
Et ce phénomène à venir n'a rien à voir avec le minimum de Maunder :
On s'aperçoit qu'il y a effectivement quelques impacts sur la température terrestre à chaque évolution négative de l'activité solaire, comme de 1982 à 1988 ou de 1992 à 1997 ou de 2004 à 2010, périodes où la température pouvait marquer un léger temps d'arrêt, voire une baisse temporaire, mais alors que l'activité solaire est cyclique et demeure toujours assez identique sur le long terme, on voit bien que la température suit une tendance nettement à la hausse de près de 0,2°C par décennie.
Un dernier graphique achève de planter le dernier clou dans le cercueil climatosceptique :
Mais l'enseignement ultime de tout ceci est magnifiquement développé dans le graphique qui nous montre les interactions entre tous les sites concernés avec les citations et les partages sur les réseaux sociaux de l'information initiale, la fausse bien évidemment !
Assez bizarrement on ne trouve pas le site WUWT sur ce graphique, pourtant il a publié dès le lendemain de la parution de l'article initial (voir spaceweatherarchive) un billet intitulé NASA: The chill of solar minimum is being felt in our atmosphere – cooling trend seen dont le premier commentateur est un habitué des lieux qui ne rate pas une occasion de clamer qu'un nouvel âge glaciaire est à venir :
Mais comme le disait le grand Pierre Dac
Lire The Chill of Solar Minimum
Ainsi il a suffi que le site metro.co.uk titre A mini ice age could be on the way which means it will get very, very cold (Un mini âge de glace pourrait être sur le chemin ce qui signifie qu'il va faire très, très froid) pour déclencher une réaction en chaine dans nombre de médias dont Facebook et Twitter toujours prompts à reprendre immédiatement la moindre ânerie.
Le 16 novembre dernier le dénommé Jasper Hamill écrivait donc dans le site anglais que
Humanity could soon face a long, cold winter which could see temperatures across the planet plunge to depressing lows.
Pourtant le journaliste sensationnaliste apportait bien quelques bémols dans son article, comme par exemple :L’humanité pourrait bientôt faire face à un hiver long et froid qui pourrait voir les températures de la planète chuter à des creux déprimants.
During [the Maunder Minimum of the 17th century], there was a ‘little ice age’ when the Thames froze over, although researchers believe that global warming will stop this happening again.
Mais les lecteurs auront surtout retenu d'autres passages comme celui-ci :Au cours [du Minimum de Maunder du 17ème siècle], il y a eu un « petit âge glaciaire » lorsque la Tamise a gelé, bien que les chercheurs pensent que le réchauffement de la planète va empêcher que cela se reproduise.
This could mean that it will get very cold, very quickly. However, it’s difficult to predict the impact of solar activity on the Earth and scientists are stil debating how sunspots affect our weather.
Ou celui-là :Cela pourrait signifier qu'il va faire très froid, très rapidement. Cependant, il est difficile de prédire l’impact de l’activité solaire sur la Terre et les scientifiques discutent toujours de la façon dont les taches solaires affectent notre climat.
Valentina Zharkova, a professor of mathematics at Northumbria University, published a paper which contains ‘the first serious prediction of a reduction of solar activity that might affect human lives’.
Valentina Zharkova, professeur de mathématiques à l’Université de Northumbria, a publié un article qui contient « la première prévision sérieuse d’une réduction de l’activité solaire susceptible d’affecter des vies humaines ».
Je répète : « la première prévision sérieuse d’une réduction de l’activité solaire susceptible d’affecter des vies humaines »
J'ai déjà écrit à ce sujet (voir Et encore un clown mathématicien, un !) en montrant comment un mathématicien (un de plus…) en la personne de Claude Brasseur était tombé dans le panneau en reprenant une information sans comprendre de quoi il retournait ; et comme il écrivait dans Contrepoints, la célèbre revue scientifique, vous pouvez être surs que cette information a été diffusée et rediffusée un peu partout dans la climato-sceptico-sphère.
Pour en revenir à l'article récent de Jasper Hamill, celui-ci le concluait ainsi, en citant un professeur d'astronomie australien :
A new Maunder Minimum would slow climate change, but it is not enough to stop it.
Ce journaliste a par conséquent écrit des choses plutôt justes dans l'ensemble, malheureusement en titrant complètement à côté de la plaque et en donnant une importance démesurée à quelques détails comme le fait que quelques scientifiques débattraient des impacts sur notre climat d'un tel événement.Un nouveau minimum de Maunder ralentirait le changement climatique, mais ce n'est pas suffisant pour l'arrêter.
Heureusement il y a des sites qui permettent de faire un minimum de fact checking, comme par exemple climatefeedback qui juge l'article de Jasper Hamill comme étant incorrect en nous donnant la véritable information à retenir :
The temperature effect of this low solar activity is primarily felt in the far upper reaches of the outer atmosphere, and is not expected to have any effect on the surface temperatures we experience.
Je répète : « L'effet de cette faible activité solaire […] ne devrait avoir aucun effet sur les températures de surface que nous ressentons. »L'effet de cette faible activité solaire sur la température se fait principalement sentir dans les parties les plus hautes de l'atmosphère extérieure et ne devrait avoir aucun effet sur les températures de surface que nous ressentons.
Et ce phénomène à venir n'a rien à voir avec le minimum de Maunder :
A low point ("minimum") in the normal 11-year solar activity cycle is not equivalent to a prolonged "grand minimum" like the Maunder Minimum that lasted from the mid 1600s to the early 1700s.
Et pour illustrer la chose deux graphiques nous sont montrés :Un point bas ("minimum") dans le cycle normal d'activité solaire de 11 ans n'équivaut pas à un "grand minimum" prolongé comme le minimum de Maunder qui a duré du milieu des années 1600 au début des années 1700.
Thermosphere Climate Index through March 2015. Source |
Satellite-measured troposphere temperatures through October 2018. Source |
On s'aperçoit qu'il y a effectivement quelques impacts sur la température terrestre à chaque évolution négative de l'activité solaire, comme de 1982 à 1988 ou de 1992 à 1997 ou de 2004 à 2010, périodes où la température pouvait marquer un léger temps d'arrêt, voire une baisse temporaire, mais alors que l'activité solaire est cyclique et demeure toujours assez identique sur le long terme, on voit bien que la température suit une tendance nettement à la hausse de près de 0,2°C par décennie.
Un dernier graphique achève de planter le dernier clou dans le cercueil climatosceptique :
Rise of global temperature for two different emission scenarios (A1B, red, and A2, magenta). The dashed lines show the slightly reduced warming in case a Maunder-like solar minimum should occur during the 21st century. The blue line represents global temperature data. Source: PIK. |
Ainsi même dans le cas d'un éventuel minimum de Maunder se produisant au 21ème siècle, la hausse des températures ne serait que très légèrement ralentie ; inutile de dire qu'à la fin de ce putatif minimum de Maunder les températures feraient un bond à la hausse afin de rattraper le temps perdu !
Evidemment, comme je le soulignais au début, une grande partie de la climato-sceptico-sphère s'est délectée de l'information fournie par Jasper Hamill comme nous l'apprend le site climatefeedback dans False claims of a coming ice age spread through ecosystem of unreliable news sites, blogs, and social media accounts (Fausses affirmations d'une prochaine ère glaciaire propagées via un écosystème de sites d'actualités, de blogs et de comptes de médias sociaux peu fiables) avec ce graphique édifiant :
On voit que metro.co.uk est en bonne place en compagnie du site iceagenow dont le nom est à lui seul tout un programme ! Le premier commentaire de ce dernier site est d'ailleurs très révélateur, il résume parfaitement ce que l'on peut lire parfois sur Skyfall sous la plume de gens qui n'ont de toute évidence pas pensé à allumer leur cerveau :
Lloyd
September 29, 2018 at 4:15 pm
So NASA itself is now warning of cooling. What are the warmers to do now? They will probably have to start attacking NASA, or at least Dr Tony Phillips. More than likely they will attack the interpretation of the data, somehow. I’d like to see what arguments they come up with….
Donc, la NASA elle-même met en garde contre le refroidissement. Que vont faire les réchauffeurs maintenant ? Ils devront probablement commencer à attaquer la NASA, ou au moins le Dr Tony Phillips. Plus que probablement, ils vont attaquer l'interprétation des données, d'une manière ou d'une autre. Je voudrais voir quels arguments ils avancent….
Non monsieur, la NASA ne met personne en garde contre un quelconque refroidissement et personne ne va attaquer la NASA ou l'interprétation de ses données, apprenez à lire avant de poster de pareilles âneries.
Mais il y a quand même quelques lecteurs plus éveillés comme celui-ci :
Vendicar Kahn (@VendicarK)
October 1, 2018 at 6:39 am
“So NASA itself is now warning of cooling.” – Lloyd
Wrong again Lloyd. One NASA scientist is stating that the highest reaches of the atmosphere will be be cooler over the next few months due to the sun reaching the minimum of it’s 12 year sunspot cycle. The record “cold” in this layer of the atmosphere will be just slightly cooler than normal, and will not in any way effect the massive amount of atmosphere that is below.
Grade school science Lloyd. Grades 5 through 8. You should learn some.
En voilà un qui sait lire et faire la différence entre d'une part ce qui se passe dans les très hautes couches de l'atmosphère sans quasiment aucun effet sur nous, et d'autre part la température que nous ressentons sur le plancher des vaches et qui est l'expression de ce que nous appelons le climat terrestre (bien que celui-ci ne se résume pas à ce qui se trame dans les basses couches de l'atmosphère)Faux encore une fois, Lloyd. Un scientifique de la NASA a déclaré que l’atmosphère la plus haute de l’atmosphère serait plus fraîche au cours des prochains mois, le soleil atteignant le minimum de son cycle de taches solaires de 12 ans. L’enregistrement «froid» dans cette couche d’atmosphère sera légèrement plus froid que la normale et n’affectera en aucune manière la quantité d’atmosphère massive qui se trouve en dessous.
Science de l'école primaire Lloyd. De la 5e à la 8e année. Vous devriez en apprendre.
Mais l'enseignement ultime de tout ceci est magnifiquement développé dans le graphique qui nous montre les interactions entre tous les sites concernés avec les citations et les partages sur les réseaux sociaux de l'information initiale, la fausse bien évidemment !
Assez bizarrement on ne trouve pas le site WUWT sur ce graphique, pourtant il a publié dès le lendemain de la parution de l'article initial (voir spaceweatherarchive) un billet intitulé NASA: The chill of solar minimum is being felt in our atmosphere – cooling trend seen dont le premier commentateur est un habitué des lieux qui ne rate pas une occasion de clamer qu'un nouvel âge glaciaire est à venir :
Salvatore Del Prete
September 28, 2018 at 10:37 am
When one part of the atmosphere is effected so are all the other parts.
On appelle cela prendre ses désirs pour des réalités.Lorsqu'une partie de l'atmosphère est effectuée (sic, il voulait dire affectée, affected in English), toutes les autres parties le sont également.
Mais comme le disait le grand Pierre Dac
Il vaut mieux prendre ses désirs pour des réalités que de prendre son slip pour une tasse à café.
Lire The Chill of Solar Minimum
Ah tiens, je ne la connaissais pas celle là de Pierre Dac !
RépondreSupprimer:D
Il est toujours utile d'avoir un grand auteur à portée de la main.
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