samedi 13 août 2016

En Beys

Je pensais que l'or était présent dans certains toponymes ariégeois, comme Orlu (Or qui luit) ou Orgeix (Or qui git) mais tout ce qui brille n'est pas forcément vrai...

D'après histariege.com le mot Orlu aurait plusieurs étymologies :
  • Selon Ad. d’Assier, Orlu dérive du basque « Ur » (eau) et « lur » (boue) [avec la boue on est loin de briller...]
  • Autres : de « ora » (frontière) ou « orla » en espagnol  (bord)
  • Selon F. Baby: de Ur-la = auprès de l'eau
  • De « Aurum » : or  
 Quant à Orgeix il y a ce passage :
  • Le 5 juin 1938 : passage de 9 avions bombardiers venant de Cerdagne au dessus d’Ax, Orgeix (origine inconnue) qui lâchent des bombes non loin de l’usine hydroélectrique d’Orlu. Daladier, président du Conseil, le 6 juin, vient sur place.
Tout cela n'est pas très convaincant, il faut bien l'avouer.

 Et le lexique pyrénéen ne m'aide pas davantage, il ne parle ni d'Orlu ni d'Orgeix, les deux petits villages de la vallée de l'Oriège (et non Ariège !), ni d'en Beys, d'ailleurs, cependant on y trouve une piste intéressante avec :
  • Baigt = vallée
  • Baix = Bas
En Beys pourrait donc vouloir dire "en bas" ou simplement "vallée" ou bien vallée d'en bas !

En tout cas pas vu la couleur de l'or là-haut.

Le départ pour la randonnée à destination du refuge s'effectue depuis le parking de Fanguil, à 1140 mètres d'altitude, l'arrivée est en principe prévue quelques trois heures plus tard, à 1970 mètres d'altitude, soit une dénivelée brute de  830 mètres (il faut y ajouter quelques mètres pour les rares descentes, pas de quoi pinailler)

Au départ et à l'arrivée on peut admirer la belle Dent d'Orlu (2222m) qu'il est peu probable de manquer...

Au petit matin, vers 8 heures, le soleil commence à peine à caresser le sommet de la Dent d'Orlu.

Au retour, dans l'après-midi, la Dent est baignée de soleil (les grimpeurs doivent cuire, température de 32 degrés relevée dans la vallée, sur les parois il doit y faire à peine moins chaud, mais ce n'est même pas sûr...)

L'itinéraire est suffisamment évident et bien balisé pour éviter toute surprise, on se laisse porter par le chemin et c'est tout (j'avais oublié la carte dans la voiture et n'avais aucun topo-guide, l'aventure c'est l'aventure !)

Exemples de signalisations aux carrefours rencontrés :




Si avec ça vous prenez le mauvais chemin c'est que vous avez vraiment envie de vous retrouver à Rome !

Mais attardons-nous un moment sur les deux derniers panneaux signalétiques, on peut voir des noms comme couillade ou porteille.

Tout d'abord le premier, couillade, qui non content de contenir une seule fois toutes les voyelles (le y ne compte pas comme voyelle) a la particularité de ressembler au mot espagnol (et catalan) collada, qui signifie col en français. En regardant une carte IGN et en situant la couillade d'en Beys le doute n'est plus permis, il s'agit bien d'un col, et le lexique pyrénéen nous apprend ceci :
  • Couillac, couillade = Col large en herbe

Quant à porteille, il ressemble à port qui signifie lui aussi col (port d'Envalira, port d'Aula) et le lexique pyrénéen nous en fournit des tonnes :
  • Port, Pourtère, portaro, portella, portillon, pourtère = Col frontalier
  • Porteille = Col étroit, aux versants abrupts
Donc dans le cas de la porteille d'Orlu il s'agirait d'un col étroit aux versants abrupts, ce que ne semble pas confirmer la carte IGN ; par ailleurs il y a fort longtemps (une trentaine d'années...) j'ai emprunté cette porteille d'Orlu et n'ai pas le souvenir de pentes vraiment raides (mais j'étais jeune à l'époque et je volais littéralement de rocher en rocher)

Ah oui me direz-vous, c'est bien joli tout ça mais l'étang et le refuge ?

Alors d'abord pourquoi "étang" et pourquoi pas "lac" hein, je vous le demande.

Posons la question à un site officiel :
  • Un lac a presque toujours : - Une profondeur supérieure à 20 m - 2 couches d'eau distinctes séparées par une couche où s'opère un lent brassage des eaux. Ces deux couches distinctes présentent des différences principales thermiques, de taux d'oxygène et d'éclairement.
  • Un étang  présente les spécificités suivantes :  - Une circulation de l’eau est lente voire nulle - Une profondeur le plus souvent comprise entre 5 et 65283 m - Une seule couche d'eau. - Une digue - Une alimentation direct par le réseau hydrographique ou par dérivation d'eau de surface (ex: cours d'eau)
Là je dois avouer qu'un étang d'une profondeur de 65 kilomètres ça laisse rêveur...

Moi je pensais naïvement que la distinction était plutôt simple :
  • lac = plan d'eau traversé par une rivière (donc avec circulation de l'eau), comme le lac Léman traversé par le Rhône (qui au passage est un fleuve mais ça ne change rien à l'affaire)
  • étang = grande mare = plan d'eau non traversé par un cours d'eau, donc avec circulation de l'eau très limitée voire inexistante.
 D'ailleurs sur ce site on trouve une définition assez équivalente à la mienne :
  • Contrairement aux idées reçues, la différence n'est pas une question de taille. Un étang est un plan d'eau fermé tandis que le lac est relié à un cours d'eau. S'ils ont tous deux une eau stagnante, celle du lac connaît donc quelques mouvements intérieur.
    Contrairement aux idées reçues, la différence n'est pas une question de taille. Un étang est un plan d'eau fermé tandis que le lac est relié à un cours d'eau. S'ils ont tous deux une eau stagnante, celle du lac connaît donc quelques mouvements intérieurs. - See more at: http://www.jaitoutcompris.com/questions/quelle-est-la-difference-entre-un-lac-et-un-etang-1490.php#sthash.kr3aPsWr.dpuf
Sur cet autre site on peut lire des explications plus précises:
  • Un étang est une étendue d'eau peu profonde et de taille variable, bien que relativement petite, qui résulte de l'accumulation d'eau non absorbée par le sol, celui-ci étant trop imperméable. Dans un étang, l'eau est relativement stagnante, c'est à dire qu'elle ne circule pas. Les étangs sont alimentés par une source d'eau de faible débit pouvant être des eaux de pluies, des ruissellement, un ruisseau ou les nappes phréatiques.
  • Un lac est une étendue d'eau douce, toujours séparée de la mer, de taille et de profondeur importante, ce qui permet le dépôt de sédiments sur son fond et/ou la stratification des couches d'eau. Il faut qu'au moins une de ces deux conditions soit rencontrée pour que l'étendue d'eau soit considérée comme un lac. La sédimentation est le dépôt des particules contenues dans l'eau sur le fond du lac, et qui peuvent former plusieurs couches superposées. La stratification thermique est la création de couches d'eau de différentes températures ( l'eau est plus chaude à la surface qu'au fond du lac). Les lacs possèdent souvent un cours d'eau émissaire, c'est à dire un cours d'eau qui "sort" du lac.
  • En résumé, un lac est plus profond qu'un étang ( la superficie n'est pas vraiment pertinente pour les différencier), l'eau d'un étang est stagnante alors que l'eau d'un lac est soumise à des mouvements et des courants, et s'évacue par un cours d'eau émissaire.
Bref les étangs d'en Beys sont des étangs surtout parce qu'ils sont de faible profondeur et ont une eau essentiellement stagnante, sans cours d'eau les traversant (ce que l'on peut facilement vérifier de visu quand on arrive au premier étang d'en Beys et qu'on s'aperçoit qu'un cours d'eau se déverse dans l'étang en direction...de l'amont ! Et aucun émissaire visible non plus)

Bon l'étang maintenant, avec son refuge :


Voila, vous avez tout ensemble pour le même prix.

Mais si l'on regarde d'un peu plus près...

Pas si saumâtre que ça l'eau de l'étang...




Curieuse végétation dans la partie amont de l'étang.
Un lac, pardon, un étang aux mille facettes comme on peut le constater.

Mais si l'on prête vraiment attention à ce qui nous entoure on peut aussi voir d'autres belles choses.
Un aigle de pierre veille sur le refuge et l'étang.
Les fleurs sont pratiquement les pieds dans l'eau.
Un espion nous observe de loin.
Un compagnon de voyage qui quémande quelques miettes.
Et le concours de la plus belle cloche (auquel je n'ai pas participé)

Une bien agréable balade en aller-retour (le retour plutôt longuet dans la large vallée puis la forêt) que voici résumée grâce à mon BackTrack D-Tour :

La grande tâche claire à l'ouest est l'étang (encore) de Naguille que ce site représente sous forme d'un  lac :
  • L'étang de Naguilhes (ou Naguilles ou encore Naguille) est le plus grand des lacs ariégois.
Mort de rire !

On remarquera, d'après les statistiques du GPS, que la balade "mesure" près de 19 kilomètres de long (19,52 sont mentionnés, mais il y a environ 750 mètres de superflus dus au bug de départ, plus d'autres bugs éventuels, voir ci-après, donc kilométrage sujet à caution), cependant les balades en montagne se "mesurent" surtout par le temps passé et la dénivelée, la distance parcourue n'étant pas une donnée très pertinente (surtout si elle est fausse...)  :
  • temps passé : 7:49h
  • temps de pause à côté de l'étang : presque 1h30
  • temps effectif de randonnée : environ 6h15
    • 3h15 à la montée (avec une unique pause de 10 minutes pour s'alimenter)
    • 3h à la descente (avec beaucoup de micro pauses pour profiter du paysage il est vrai)
  • dénivelée : le GPS semble indiquer environ 1000 mètres, mais j'ai des doutes sur sa fiabilité, comme on l'a déjà vu on comme on va le revoir maintenant.
En effet, à nouveau le point de départ est complètement en dehors des clous, malgré mes 8 (GPS à plat dans la main afin de le calibrer) effectués dans le parking avant de le mettre en mode parcours.


On voit d'ailleurs en bas à droite les deux tracés mentionnés par le GPS alors que l'itinéraire passe exactement au même endroit que ce soit à l'aller ou au retour. Et circonstances aggravantes, les deux tracés discordants concernent une partie peu boisée, c'est à dire presque à découvert, alors que la première partie du parcours, effectuée en forêt, est parfaitement superposée dans les deux sens. A d'autres endroits en forêt (il y a beaucoup d'arbres sur quasiment la moitié du trajet parking-refuge...) les deux tracés sont également très bien alignés.

Tout cela semble vouloir dire que la forêt ne serait pas la seule responsable de l'égarement de mon GPS.

En consultant le Web je tombe par exemple sur ceci :
  • imprécis ; en fonction backtrack marge d'erreur de trois cent mètres constatée sur une sortie de 12 kilomètres .
  • peu sensible : temps d'acquisition des satellites tès long , voire impossible par temps de brouillard. Eventuellement décrochages en cours d'utilisation
Et
  • la boussole ne fonctionne pas correctement malgré les indications de la notice :
    décrire un 8 pour la configurer
    cette manipulation ne parvient pas à lui faire trouver le nord.
Mais aussi
  • Impossible de s orienter en forêt , pas de couverture GPS
Pourtant on voit aussi des commentaires d'utilisateurs qui ne se plaignent pas d'une quelconque imprécision en forêt, par exemple :
  • un appareil de bonne facture que j'ai testé en Forêt, nous avions à l'époque eu du mal à retrouver la voiture sur le parking.....
    ce fus l'occasion de faire ce test:
    un fois mémorisé l'emplacement du véhicule, le Gps peut être mis dans la poche et oublié.
    Ensuite il suffit d'appuyer sur un des boutons pour indiquer le 'Retour'.
    la petite flèche indique la direction à suivre et il suffit de respecter cela.
    Après une bonne ballade de 2h (dans l'insouciance...presque) nous avons retrouvé notre véhicule au mètre prés! Test réussi; le GPS fini par indiquer 0.
Peut-être un commercial de Bushnell ? Comment prendre au sérieux ce genre de commentaire quand on a soi-même expérimenté l'inverse de ce qui est écrit ?

Les défauts du BackTrack D-Tour n'arriveront cependant pas à me gâcher le plaisir d'une belle balade comme celle aux étangs d'en Beys.





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