jeudi 31 mars 2022

Climactualités - mars 2022

 Concentration de l'atmosphère en CO₂

Global Monitoring Laboratory - Carbon Cycle Greenhouse Gases (noaa.gov)

Moyenne mensuelle récente du CO₂ à l'observatoire de Mauna Loa.

Variation de la concentration en CO₂ depuis 1960.

Les lignes et symboles rouges représentent les valeurs moyennes mensuelles, centrées sur le milieu de chaque mois. Les lignes et symboles noirs représentent les mêmes valeurs, après correction pour le cycle saisonnier moyen.

Taux de croissance annuel moyen du CO₂ au Mauna Loa.

Ce graphique montre les taux de croissance annuels moyens du dioxyde de carbone pour Mauna Loa. Les moyennes décennales du taux de croissance sont également représentées par des lignes horizontales pour les années 1960 à 1969, 1970 à 1979, et ainsi de suite.


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Divers graphiques montrant l'évolution du CO2 (et de la température) au cours des âges.

Source 400,000 Years of Carbon Dioxide | Climate Central


Source Graphic: The relentless rise of carbon dioxide – Climate Change: Vital Signs of the Planet (nasa.gov)


Concentrations de l'atmosphère en CO2 depuis 500 millions d'années (source Earth.Org)


Evolution (estimation) de la température durant les 500 millions d'années passées (source Earth.Org)


Attention ! L'échelle des abscisses des deux derniers graphiques n'est pas la même !


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ENSO


CURRENT STATUS:

LA NIÑA ADVISORY

La Niña—the cool phase of the El Niño-Southern Oscillation climate pattern—kept a firm enough grip on the tropical Pacific in February 2022 that experts now think there's a greater than 50 percent chance it will last through Northern Hemisphere summer.

La Niña - la phase froide du modèle climatique El Niño-Oscillation australe - a conservé une emprise suffisamment solide sur le Pacifique tropical en février 2022 pour que les experts pensent qu'il y a désormais plus de 50 % de chances qu'elle dure tout l'été de l'hémisphère nord.
Index ENSO de 2013 à 2022 (source weather.plus)

Index ENSO de 1950 à 2022 (source weather.plus)

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Données de température de Weather.Plus

Global temperatures - weather.plus

Fig.1 : Anomalies annuelles de la température globale depuis 1880 : Terre en vertocéan en bleuvaleur globale en rouge.

Fig.1 : Anomalies annuelles de la température globale des 30 dernières années : Terre en vertocéan en bleuvaleur globale en rouge.


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Données de températures de la NOAA

Climate Change: Global Temperature | NOAA Climate.gov

Température annuelle de surface comparée à la moyenne du XXe siècle de 1880 à 2020.

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Elévation du niveau moyen des mers

Mean Sea Level: Aviso+ (altimetry.fr)

Niveau moyen global de référence (GMSL) basé sur les données des missions TopEx/Poseidon, Jason-1, Jason-2 et Jason-3 de janvier 1993 à aujourd'hui, après élimination des signaux annuels et semi-annuels et application d'un filtre de 6 mois. En appliquant la correction du rebond postglaciaire (-0,3 mm/an), l'élévation du niveau moyen des mers a ainsi été estimée à 3,5 mm/an avec une incertitude de 0,4 mm/an.

Tendance régionale du niveau de la mer sur la période 1993 à aujourd'hui (en mm/an) à partir des données multi-missions Ssalto/Duacs.

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GISS L-OTI anomalies de températures vs 1881-1910

data.giss.nasa.gov

Anomalies de températures pour le mois de février 2022 par rapport à la période de référence 1881-1910.

Rappel des années précédentes (à partir de 2016, année la plus chaude) avec leur classement :

  • année 2021 : 1.11 => 5
  • année 2020 : 1.24 => 2
  • année 2019 : 1.21 => 3
  • année 2018 : 1.08 => 6 
  • année 2017 : 1.17 => 4 
  • année 2016 : 1.26 => 1


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Polar Science Center

psc.apl.uw.edu

Evolution du volume de la banquise arctique de PIOMAS par rapport à la moyenne de la période 1979-2021.

Fig 11. Moyenne annuelle du volume de glace de mer de PIOMAS

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Arctic Data archive system (ADS)

ads.nipr.ac.jp/vishop/#/extent

Evolution de la banquise arctique.

Evolution de la banquise antarctique.

Evolution globale des deux banquises arctique et antarctique.

Historique des Climactualités (l'Arctique est mentionné en premier ; en bleu les valeurs minimalesen jaune les maximales ; la valeur entre parenthèses est la variation par rapport à l'année précédente)


Moyenne des années 1980 à la même date : 15,26 + 4,96 = 20,23

Mars 2022 : 13,79 + 4,16 = 17,95 (-1,20)
Février 2022 : 14,14 + 2,17 = 16,31 (-0,44)
Janvier 2022 : 13,70 + 3,00 = 16,69 (-0,23)
Décembre 2021 : 12,50 + 6,32 = 18,82 (-0,32)
Novembre 2021 : 10,79 + 13,48 = 24,27 (+0,37)
Octobre 2021 : 7,97 + 16,98 = 24,94 (+0,99)
Septembre 2021 : 5,04 + 18,04 = 23,08 (+0,20)
Août 2021 : 5,05 + 18,57 = 23,62 (+1,14)
Juillet 2021 : 6,38 + 17,39 = 23,77 (+1,48)
Juin 2021 : 9,09 + 14,81 = 23,90 (+0,33) 
Mai 2021 : 11,29 + 11,66 = 22,95 (+0,54)
Avril 2021 : 12,82 + 8,48 = 21,3 (+0,78)
Mars 2021 : 13,62 + 5,53 = 19,15 (+0,65)
Février 2021 : 13,73 + 3,02 = 16,75 (-0,35)
Janvier 2021 : 13,43 + 3,50 = 16,92 (-0,13)
Décembre 2020 : 12,07 + 7,07 = 19,14 (+0,23)
Novembre 2020 : 9,71 + 14,19 = 23,90 (+0,77)
Octobre 2020 : 6,02 + 17,94 = 23,95 (-0,33)
Septembre 2020 : 4,08 + 18,81 = 22,88 (+0,22)
Août 2020 : 4,06 + 18,43 = 22,48 (+0,26)
Juillet 2020 : 5,78 + 16,51 = 22,29 (-0,17)
Juin 2020 : 9,18 + 14,39 = 23,57 (+0,80)
Mai 2020 : 10,83 + 11,58 = 22,41 (+1,35)
Avril 2020 : 12,60 + 7,92 = 20,52 (+1,30)
Mars 2020 : 13,56 + 4,94 = 18,50 (+0,94)
Février 2020 : 14,30 + 2,81 = 17,10 (+0,64)
Janvier 2020 : 13,63 + 3,42 = 17,05 (+0,56)
Décembre 2019 : 12,26 + 6,65 = 18,91 (+0,99)
Novembre 2019 : 9,85 + 13,27 = 23,13 (-0,67)
Octobre 2019 : 7,06 + 17,21 = 24,28 (+0,01)
Septembre 2019 : 4,31 + 18,35 = 22,66 (-0,03)
Août 2019 : 4,34 + 17,89 = 22,23 (-0,27)
Juillet 2019 : 6,08 + 16,39 = 22,46 (-0,65)
Juin 2019 : 9,09 + 13,68 = 22,77 (-1,01)
Mai 2019 : 10,88 + 10,18 = 21,06 (-0,61)
Avril 2019 : 12,56 + 6,66 = 19,22 (+1,07)
Mars 2019 : 13,73 + 3,83 = 17,56 (+0,19)
Février 2019 : 14,02 + 2,44 = 16,46 (+0,47)
Janvier 2019 : 13,48 + 3,01 = 16,49 (+0,35)
Décembre 2018 : 11,85 + 6,07 = 17,92 (-0,97)
Novembre 2018 : 10,54 + 13,26 = 23,8 (+0,48)
Octobre 2018 : 7,18 + 17,09 = 24,27 (-0,82)
Septembre 2018 : 4,68 + 18,01 = 22,69
Août 2018 : 4,8 + 17,7 = 22,5
Juillet 2018 : 6.67 + 16.44 = 23.11
Juin 2018 : 9.19 + 14.59 = 23.78
Mai 2018 : 11.02 + 10.65 = 21.67
Avril 2018 : 12.82 + 6.33 = 18.15
Mars 2018 : 13.87 + 3.50 = 17.37
Février 2018 : 13.68 + 2.31 = 15.99
Janvier 2018 : 12.68 + 3.46 = 16.14
Décembre 2017 : 11.76 + 7.13 = 18.89
Novembre 2017 : 10.07 + 13.25 = 23.32
Octobre 2017 : 7.82 + 17.27 = 25.09
Septembre 2017 : pas de stats


dimanche 27 mars 2022

La Russie tita-niquée

 Pas envie de m'étendre, seul un dessin pour illustrer la « pensée du jour » :

Source Dmitri Alperovitchr


mardi 22 mars 2022

Benoit Rittaud et l'épilepsie - bis

 Mon billet précédent a probablement incité un de mes lecteurs (il est prié de se dénoncer dare dare) à poster ce commentaire sur le blog de Benoit Rittaud :

Ce sujet est pourtant déjà bien documenté, avant de critiquer il eut été utile de faire un peu de bibliographie

https://scholar.google.com/scholar?hl=fr&as_sdt=0%2C5&q=global+warming+and+epilepsy&oq=global+warming+and+epil

Ce lecteur a entré les mots « global warming and epilepsy » alors que je proposais moi-même « Epilepsy and Global Warming » ; ce qui est drôle c'est qu'il arrive a 6 960 résultats alors que j'en obtiens 9 590 en positionnant l'épilepsie en première position, allez comprendre pourquoi.

Mais ce qui est encore plus drôle, ou plus triste selon la façon dont on voit les choses, c'est que Rittaud lui répond ceci :

C’est bien, vous savez saisir des mots-clés sur Google Scholar.
Maintenant je vous propose de lire les articles concernés, et de revenir ensuite nous expliquer en quoi un article qui commence théâtralement par « Climate change is with us. » (ou un autre qui commence par « Climate change is the biggest challenge facing humanity today. » si vous préférez) vous semble répondre aux canons de la science non-post-moderne.

Notons tout d'abord que Rittaud reconnait qu'en saisissant quelques mots-clés on peut obtenir des informations bien plus intéressantes que sur son site ; évidemment il ne le dit pas aussi clairement mais on voit qu'il le pense fortement.

Ensuite, et enfin, nous remarquerons que Rittaud n'a toujours pas compris, ou fait semblant de ne pas comprendre, que le réchauffement climatique est quelque chose d'acté et qu'il n'est pas nécessaire dans chaque nouvelle étude de refaire l'histoire en prouvant à nouveau que le CO₂ que nous émettons est le principal responsable (avec la déforestation, les pratiques agricoles et quelques autres menus plaisirs) de la hausse des températures, que c'est mauvais pour nous et que nous devrions agir afin de limiter ce réchauffement autant que nous le pouvons.

C'est un peu comme si dans chaque étude de physique où la vitesse de la lumière est concernée les chercheurs refaisaient les calculs d'Einstein avant d'entrer dans le vif de leur sujet.

Benoit Rittaud est une honte pour les mathématiques françaises au même titre que Didier Raoult en est une pour la recherche médicale de notre pays ; la seule différence étant que Raoult est infiniment plus connu que Rittaud et donc infiniment plus dangereux.

On se console comme on peut.


vendredi 18 mars 2022

Benoit Rittaud et l'épilepsie

 Décidément Benoit Rittaud ne nous décevra jamais.

Nous savions déjà depuis longtemps à quel point il était nul au sujet du changement climatique qu'il n'a pas compris, dans ce cas ce n'est qu'un imbécile de plus, ou qu'il se plait à caricaturer afin de vendre ses bouquins, et dans ce cas ce n'est qu'un escroc de plus parmi tant d'autres.

Nous savions aussi que malgré ses présumées compétences en mathématiques il était un bien piètre épidémiologiste incapable de comprendre ce qu'est une exponentielle (voir Leçon d'exponentielle à l'attention de Benoit Rittaud), ce qui ne l'empêchait pas de donner son avis au début de l'épidémie en mars 2020.

Aujourd'hui il remet une pièce dans la machine à produire de la bouillie pour neuneus avec un article intitulé présomptueusement Voyez ce qu’ils font de la science ; chaque fois que Rittaud écrit le mot science il faut s'attendre au pire, et à chaque fois le pire est encore pire que précédemment.

Dans cet article du 16 mars il tente de se surpasser en écrivant :

Nouveau cas d’école de la gangrène idéologique qui imprègne la science : l’institut de neurologie de l’University College de Londres publie une offre d’emploi pour recruter un chercheur sur un programme de recherche qui porte, tenez-vous bien, sur « changement climatique et épilepsie ». Non, nous ne sommes pas le premier avril.

Avec Benoit Rittaud nous avons la sensation d'être à chaque fois un 1er avril tellement ce qu'il nous raconte est décalé par rapport à la réalité. Son blog semble faire de la concurrence au Gorafi, mais non il est vraiment sérieux et ses adorateurs qui commentent régulièrement afin de le conforter dans ses errements tombent tous (sauf un) dans le grand trou qu'il s'échine à creuser de plus en plus profondément ; exemples :

Il suffisait d’y penser. Quant au résultat des recherches à venir il établira formellement que: « Oui, il y a bien un rapport entre épilepsie et changement climatique, au moins dans certains cas ». Et puisque c’est la science qui le dit…..Pauvre science.

Les conclusions précèdent la recherche comme dit dans l’intitulé du poste [blablabla]

Le biais est dans le fruit dès le départ pour parodier « le vers est dans le fruit ».
Ce genre de recherche est inexploitable. Du gaspillage d’argent public.

Bonjour. J’envisage une thématique « cors aux pieds et changement climatique ». Vers qui m’orienteriez-vous ?

Etc.

Aucun n'a de toute évidence essayé de creuser le sujet, sauf un qui est un peu plus lucide que le reste de la bande :

Mr Rittaud, votre post, qui dénigre un projet scientifique sous prétexte que le sujet de recherche proposé ne vous convient pas m’atterre au plus haut point et ce d’autant plus qu’il est écrit par un scientifique. AVDIATUR ET ALTERA PARS est un principe de droit romain qui devrait guider la démarche scientifique me semble-t-il et que vous semblez avoir oublié.

Vous n’avez aucune compétence dans le domaine médical, pas plus que moi d’ailleurs, pour juger du bien fondé des recherches proposées. Seuls les paires ( pères ) sont juges, n’est-ce pas ? [...]

Le réchauffement climatique, avéré ou non, ne mérite-t-il pas un débat étayé par des travaux académiques et non une bordée d’anathèmes. Comme les autres sujets pas plus, pas moins.

Le seul passage répréhensible de ce commentaire est « Le réchauffement climatique, avéré ou non », le dénommé Cunctator91 devrait pourtant savoir que le « ou non » est de trop et qu'il est facile de le vérifier.

Mais le plus beau dans le billet de Rittaud c'est quand il écrit :

La recherche scientifique est une fleur fragile, éternellement attaquée par ceux qui l’accusent d’être « déconnectée du réel ». Combien de fois, après avoir répondu à la question de mon sujet de recherche, ai-je dû faire face à l’insidieux « et alors, ça a des applications ? » Un chercheur normalement compétent sait répondre.
J'ai dit plus haut que quand Rittaud évoquait la science il fallait s'attendre au pire, j'ajouterai que quand il parle de « réel » il faut immédiatement rejoindre l'abri anti-atomique le plus proche, car ça va très vite péter et faire mal !

Ainsi Rittaud nous dit dans la foulée :
on ne peut pas défendre une recherche menée pour des raisons aussi évidemment militantes. Quel sérieux le grand public peut-il accorder à la recherche scientifique lorsqu’elle se travestit de cette manière ? Comment le quidam normalement cultivé ne se dira-t-il pas qu’il s’agit là d’un scandaleux gaspillage d’argent et de moyens ?
Des raisons militantes ?

La bonne blague !

De toute évidence il n'est pas au courant (en tout cas il n'en dit pas un mot) qu'il existe des études scientifiques depuis plusieurs années pour rechercher un lien entre réchauffement climatique et épilepsie ; il existe même au Royaume Uni une Epilepsy Society qui a organisé en novembre 2021 une conférence virtuelle :

On 25 November 2021, EpiCC – Epilepsy Climate Change – held its first ever virtual conference ‘Epilepsy in change’ to address the links between climate change and epilepsy and how we might all take action.

Le 25 novembre 2021, EpiCC - Epilepsy Climate Change - a organisé sa toute première conférence virtuelle intitulée "Epilepsy in change" (L'épilepsie dans le changement) afin d'examiner les liens entre le changement climatique et l'épilepsie et la manière dont nous pouvons tous agir.
De plus cette Epilepsy Society a créé un site dédié à cette problématique, l'EPICC, acronyme d'Epilepsy Climate Change.  

Mais il est vrai que si l'on nie, comme le fait Benoit Rittaud, qu'il y ait le moindre réchauffement significatif de la planète, et que par-dessus le marché on croit qu'on pourrait retourner bientôt vers un âge de glace, alors on ne voit pas où pourrait bien se nicher le problème avec l'épilepsie, n'est-ce pas ?

Or il y a bien un problème avec la hausse des températures et cette affection neurologique qui toucherait plus de 50 millions de personnes dans le monde (source OMS)

Ainsi dans Climate change and epilepsy: Insights from clinical and basic science studies publié en février 2021 on peut lire dans le résumé :
A number of climatic variables are associated with increased seizure frequency in people with epilepsy.
Un certain nombre de variables climatiques sont associées à une augmentation de la fréquence des crises chez les personnes épileptiques.
Mais il est bien précisé ceci :
Links between climate change and epilepsy are likely to be multifactorial, complex, and often indirect, which makes predictions difficult.
Les liens entre le changement climatique et l'épilepsie sont probablement multifactoriels, complexes et souvent indirects, ce qui rend les prédictions difficiles.
Les chercheurs ont donc besoin d'y voir plus clair :
We need more data on possible climate-driven altered risks for seizures, epilepsy, and epileptogenesis, to identify underlying mechanisms at systems, cellular, and molecular levels for better understanding of the impact of climate change on epilepsy. Further focussed data would help us to develop evidence for mitigation methods to do more to protect people with epilepsy from the effects of climate change.
Nous avons besoin de davantage de données sur les risques de modification des crises, de l'épilepsie et de l'épileptogenèse liés au climat, afin d'identifier les mécanismes sous-jacents aux niveaux systémique, cellulaire et moléculaire pour mieux comprendre l'impact du changement climatique sur l'épilepsie. Des données plus ciblées nous aideraient à développer des preuves pour des méthodes d'atténuation afin de faire plus pour protéger les personnes épileptiques des effets du changement climatique.
Mais on ne s'est pas rendu compte seulement en 2021 qu'il y avait un lien possible et probable entre réchauffement climatique et épilepsie, ainsi le 11 septembre 2019 était publiée l'étude Climate change and epilepsy: Time to take action qui nous dit dans son résumé :
We briefly review the history of climate change science and the subsequent response of the global scientific community. We consider how climate change effects might in general affect health and disease. We consider some of the underlying complex interactions that, for example, favor the spread of vector-borne diseases and how climate models operate and may help plan for global and local changes. We then speculate specifically on how these generic ideas may apply specifically to epilepsy.
Nous passons brièvement en revue l'histoire de la science du changement climatique et la réponse ultérieure de la communauté scientifique mondiale. Nous examinons comment les effets du changement climatique pourraient en général affecter la santé et les maladies. Nous examinons certaines des interactions complexes sous-jacentes qui, par exemple, favorisent la propagation des maladies à transmission vectorielle et comment les modèles climatiques fonctionnent et peuvent aider à planifier les changements mondiaux et locaux. Nous spéculons ensuite sur la manière dont ces idées génériques peuvent s'appliquer spécifiquement à l'épilepsie.
Par conséquent nous voyons que l'épilepsie n'est qu'une toute petite partie des nombreux problèmes de santé que le réchauffement climatique va entrainer dans le futur ; cet article se propose donc uniquement de faire un focus sur cette maladie en particulier, comme d'autres études pourraient éventuellement se concentrer sur les accidents cardio-vasculaires (voir Le réchauffement climatique et la pollution : un désastre au plan des maladies cardiovasculaires) ou les cancers (voir Réchauffement climatique : vers une hausse des cancers de la peau ?), pour ne citer que ces exemples.

L'étude mentionnée au-dessus est reprise dans cet article Epilepsy – Global Warming: Effects and Prevention :

Epilepsy and Global Warming

Sisodiya et al in 2019 shed light on the worrying links between global warming and neurological conditions, specifically focusing on epilepsy as an example. Dravet Syndrome is a type of epilepsy and occurs due to mutations which build up in SCN1A, a sodium channel encoding gene [1]. The sodium channel protein which is then constructed from this mutated gene is greatly affected by temperature. As Sisodiya et al described, when heatwaves occur in the summer carers of patients with Dravet Syndrome report that the number and length of epileptic seizures greatly increases. Not only is this alarming for people with Dravet Syndrome, but as global temperatures continue to rise neurologists are undoubtedly going to see many further links between other forms of epilepsy and temperature.

En 2019, Sisodiya et al ont mis en lumière les liens inquiétants entre le réchauffement climatique et les maladies neurologiques, en se concentrant spécifiquement sur l'épilepsie comme exemple. Le syndrome de Dravet est un type d'épilepsie et se produit en raison de mutations qui s'accumulent dans SCN1A, un gène codant pour un canal sodique [1]. La protéine du canal sodique qui est ensuite construite à partir de ce gène muté est fortement affectée par la température. Comme l'ont décrit Sisodiya et al, lorsque des vagues de chaleur surviennent en été, les soignants des patients atteints du syndrome de Dravet signalent que le nombre et la durée des crises d'épilepsie augmentent considérablement. Cette situation est non seulement alarmante pour les personnes atteintes du syndrome de Dravet, mais les neurologues vont sans doute constater que d'autres liens entre d'autres formes d'épilepsie et la température continueront d'être établis à mesure que les températures mondiales continueront d'augmenter.

Je reprends ce que j'ai surligné en rouge :

lorsque des vagues de chaleur surviennent en été, les soignants des patients atteints du syndrome de Dravet signalent que le nombre et la durée des crises d'épilepsie augmentent considérablement.

Il s'agit donc de constatations, pas de prédictions : quand il y a des canicules il y a davantage de crises d'épilepsie, c'est factuel, cela n'a rien d'imaginaire, de supposé et encore moins de fantaisiste.

Or on sait qu'avec le réchauffement climatique les canicules, ou épisodes de fortes chaleurs, vont se multiplier et devenir plus violentes ; là aussi c'est factuel puisqu'on le constate déjà avec seulement un petit degré (à la louche) de plus par rapport aux années 1970s ; et l'étude Sisodiva 2019 nous montre ces graphiques suffisamment éclairants :

Schéma montrant l'effet sur les températures extrêmes lorsque (A) la température moyenne augmente, (B) la variance augmente, et (C) lorsque la moyenne et la variance augmentent toutes deux pour une distribution normale de la température (source Climate change and epilepsy: Time to take action - Sisodiya - 2019 - Epilepsia Open - Wiley Online Library)

Enfin, il suffit de consulter Google Scholar en recherchant les mots « Epilepsy and Global Warming  » et l'on obtient...9 560 résultats !


Mais comme le dit si bien Benoit Rittaud :

Comme dit l’expression, ne nous arrêtons pas de rire, sinon nous nous mettrons à pleurer. Au fond, il vaut peut-être mieux faire semblant de croire que nous sommes réellement le premier avril, après tout.


Sacré Rittaud, toujours le mot pour rire à l'insu de sa pleine incompétence.


lundi 14 mars 2022

Le pire n'est pas certain, il est seulement possible

 On ne connait pas les buts de guerre de Poutine, ni les initiaux, quand il décida d'envahir l'Ukraine, ni les actuels, maintenant qu'il se rend compte que ce sera bien moins facile que ce qu'il croyait.

Beaucoup d'hypothèses circulaient et circulent encore, on parlait avant même le début des hostilités d'une volonté de Poutine de seulement annexer le Donbass et éventuellement la partie sud de l'Ukraine afin d'établir une jonction avec la Crimée déjà absorbée en 2014 ; d'autres étaient plus hardis et évoquaient une annexion totale du pays, mais il faut dire dans un scénario qu'ils jugeaient peu probable.

Avant le début du conflit je me souviens avoir visionné la vidéo d'un gars qui échafaudait plusieurs scénarios, cartes à l'appui, mais je n'arrive pas à retrouver son nom ! (si ça me revient je rajouterais le lien ici) De mémoire, l'un de ses scénarios incluait ce qui se produit en ce moment même...

Alors on se demande tous jusqu'où tout cela peut nous mener.

Il parait qu'un certain Pedro Calderón de la Barca aurait dit un jour :

Contrairement aux apparences, « Le pire n'est pas toujours certain. »

Mais d'autres sources donnent Paul Claudel qui aurait avancé quelque chose d'approchant :

Le pire n'est pas toujours sûr.

 On trouve même un certain (sic) Harold Bernat qui aurait écrit dans une de ses oeuvres :

Bien au contraire, le pire n’est jamais certain, et c’est pour cette raison qu’il faut faire bouger les choses, s’adapter, ne pas se résigner.

Il y a même un livre intitulé Le pire n'est pas certain dont on nous dit dans la description 

Or il y a une alternative.

Une alternative c'est en fait un dilemme, un problème qui propose deux solutions, l'une excluant l'autre.

Il y aurait donc « le pire » et à côté...le « moins pire » ?

Le pire du pire on voit assez bien de quoi il s'agit : une troisième guerre mondiale agrémentée de l'usage de la bombe atomique à des fins stratégiques, bref l'anéantissement d'une bonne partie de la population « civilisée » (pourquoi aller bombarder les pays en voie de développement ? hein, je vous le demande)

Cependant avant d'en arriver à cette extrémité il y a quand même, et heureusement, des paliers intermédiaires à franchir.

Dans le numéro du Monde d'aujourd'hui il y a un court article (page 39) intitulé Le scénario du pire pour l'Ukraine et la Russie, écrit par Piotr Smolar qui, comme son nom l'indique clairement, est un journaliste français correspondant permanent du journal Le Monde à Washington. De plus, ce journaliste d'origine polonaise est marié...à une Russe ! Ça tombe plutôt bien n'est-ce pas ? Alors que nous dit-il en substance ? Ceci :

Il est indispensable d'envisager, parmi tous les scénarios, le pire possible [qui] est le suivant : une Ukraine transformée en Syrie, et une Russie en Corée du Nord.

Nous somme encore loin du scénario apocalyptique que je mentionnais plus haut, mais nous sommes également très loin de celui consistant à décrire bêtement l'Ukraine comme un nouvel Afghanistan pour les Russes...

Piotr Smolar a d'excellents arguments à faire valoir :

Son but [à Poutine] : fracturer le territoire [ukrainien] en îlots de désolation, rendre l'Etat failli et transformer le pays en ruine ingouvernable [...]

Il ajoute plus loin ce que j'ai déjà lu sous d'autres plumes et que j'ai évoqué plus haut :

Sur un plan territorial, il serait possible, pour la Russie, de se replier sur une sorte de Donbass très élargi, relié à la Crimée et au sud de l'Ukraine [...] Et puis d'attiser sans fin la déstabilisation du reste du pays.
Pour la Russie il précise que les gros problèmes qu'elle rencontrerait suite notamment aux lourdes sanctions
ne garanti[raien]t en rien un vaste mouvement de contestation
Nous sommes bien dans une configuration coréenne nordique dans laquelle un dictateur (de père en fils), Kim Jon-un, décide de tout en faisant régner la terreur dans son entourage et en contraignant sa population de vivre dans un extrême dénuement sans qu'elle ne soit en mesure de se révolter.

Mais bien malin celui ou celle qui trouvera la bonne réponse à la question épineuse suivante : mais où va-t-on ?

Même Michel Goya, expert pourtant incontesté (voir Michel Goya, expert d’élite de la guerre en Ukraine), a reconnu s'être planté ; ainsi sur son blog il admettait le 4 mars dernier ses erreurs :
Je me suis trompé deux fois dans mes analyses sur la guerre en cours. Une première fois au niveau stratégique, sur l’intention réelle de Vladimir Poutine, une seconde fois en estimant que la manœuvre opérative russe réussirait, même si cela ne signifiait pas la fin de la guerre.
Reconnaitre ses erreurs est tout à son honneur, et à mon avis beaucoup d'experts en géopolitique devraient s'en inspirer...

Mais certains semblent plus visionnaires que d'autres, ainsi en 2017 on pouvait lire dans Assessing Russia’s Reorganized and Rearmed Military  :
a number of veteran scholars of Russian military affairs argue that the power of the current Russian military is commonly overestimated, suggesting that it is hostage to many problems inherited from its traumatic post-Soviet degeneration, critically challenged by overstretch, technologically backward, or all three.
un certain nombre de spécialistes chevronnés des affaires militaires russes soutiennent que la puissance de l'armée russe actuelle est communément surestimée, suggérant qu'elle est l'otage de nombreux problèmes hérités de sa traumatisante dégénérescence post-soviétique, qu'elle est mise à rude épreuve par un effort (ou épuisement) excessif, qu'elle est technologiquement arriérée, ou les trois.
Etonnant, non ?

C'était 3 ans après l'annexion de la Crimée et l'envoi de paramilitaires (russes bien sûr, avec notamment le groupe Wagner) au Donbass afin de déstabiliser la région Est, et 5 ans avant les événements actuels.

Donc l'annexion de la Crimée et les troubles au Donbass n'avaient pas fait illusion sur tout le monde.

Et pour comprendre un peu mieux la situation je ne peux pas m'empêcher de vous faire part de ce petit sketch tragi-comique relaté le 27 février dernier par Illia Ponomarenko, un reporter du Kyiv Independent :
These two Russian idiots in Shevchenkove, Kharkiv oblast, had their vehicle sputtered out. Guess what they did? They came to a local Ukrainian police station. And asked if they could have some fuel.
Ces deux idiots russes à Shevchenkove, dans l'oblast de Kharkiv, ont vu leur véhicule tomber en panne. Devinez ce qu'ils ont fait ? Ils sont allés à un poste de police ukrainien local. Et ont demandé s'ils pouvaient avoir un peu de carburant.
Je ne sais pas dans quelle mesure cette « anecdote » est véridique, peut-être a-t-elle été inventée afin de se moquer (pour ne pas employer d'autres terme...) gentiment des deux conscrits qu'on voit menottés et l'air contrit, mais cela me semble assez plausible eu égard à ce que l'on sait maintenant de la situation.

Il est même possible que les deux bidasses en question se soient tout simplement rendus et aient inventé cette histoire eux-mêmes, ou qu'on leur ait forcé la main !

Bref rien n'est joué, l'Ukraine n'est toujours pas tombée, mais ça risque d'être plutôt tendu pour elle dans les semaines et les mois qui viennent.

Qui vivra verra, stay tuned.