samedi 3 mai 2025

Poésies sonnantes et trébuchantes

 Il existe des mots que nous n'utilisons jamais dans le langage courant, soit parce que nous ne les connaissons pas, ou du moins en ignorons le sens exact, soit parce que nous avons peur de paraitre pédants ou tout simplement incompris si nous nous adressons à des gens de peu d'éducation.

Un twitteur en propose dix et je m'empresse à mon tour de défier quelques IA en leur posant à chacune la question suivante :

Peux-tu m'écrire un sonnet contenant obligatoirement les mots suivants : inanité, circonlocution, velléité, lancinant, cautèle, verbiage, primesautier, rudéral, hiémal et sycophante. Ce sonnet doit respecter toutes les règles et ressembler à du Baudelaire.

Voici les résultats qui, bien que souvent ne respectant pas scrupuleusement les règles du sonnet, laissent quelque peu pantois sachant qu'il n'a fallu que quelques secondes pour les générer, Le Chat étant le plus rapide à dégainer.

NB - En bleu mes commentaires.

ChatGPT

Voici un sonnet dans le style baudelairien, respectant les règles classiques (alexandrins, rimes embrassées et croisées, alternance rime masculine/féminine), intégrant les dix mots imposés :


L’Hiver des Âmes

Dans l’ombre hiémale au parfum rudéral,
Où le vent lancinant pleure avec véhémence,
Je traîne une velléité sans consistance,
Sous l’œil sycophante au regard sidéral.

Le cœur, jadis primesautier, est bancal ;
Tout n’est plus que verbiage et fausse éloquence,
Et l’inanité morne étend son indolence
Sur les jours consumés d’un feu sentimental.

De quelque circonlocution en cautèle,
Le monde se travestit d’un masque rituel,
Oubliant la douleur qui rôde et ensorcèle.

Le temps, vieux fossoyeur d’un songe irrationnel,
Écrit sur mes paupières une ritournelle,
Où le spleen s’abandonne en soupirs éternels.


Souhaites-tu que je t’en fasse une analyse ou que je l’adapte à un autre ton ?

Analyse stp.

Avec plaisir. Voici une analyse complète de ce sonnet, à la fois sur la forme et le fond, en insistant sur l’usage des mots imposés et la proximité stylistique avec Baudelaire.


🔹 Structure formelle (respect des règles du sonnet classique)

  • Forme : Sonnet régulier de 14 vers répartis en deux quatrains et deux tercets.

  • Versification : Alexandrins (12 syllabes) respectés dans chaque vers.

  • Rimes :

    • Quatrains : rimes embrassées (ABBA / ABBA)

    • Tercets : rimes croisées puis plates (CDC / DDC)

  • Genre des rimes : alternance entre rimes féminines (terminées par un -e muet) et masculines, assurant l’harmonie classique.


🔹 Analyse lexicale : les mots imposés

  1. Inanité : évoque le vide, l’absence de sens — thème baudelairien du néant.

  2. Circonlocution : manière détournée de s’exprimer — critique de la fausseté sociale.

  3. Velléité : désir faible, inabouti — suggère une impuissance existentielle.

  4. Lancinant : douleur persistante — image du spleen baudelairien.

  5. Cautèle : prudence rusée, dissimulation — hypocrisie du monde.

  6. Verbiage : bavardage creux — dénonciation du langage vide, superficiel.

  7. Primesautier : spontané, impulsif — perdu dans le temps, suggérant une innocence passée.

  8. Rudéral : lié aux terrains vagues, à la décrépitude — symbole d’un monde abandonné.

  9. Hiémal : relatif à l’hiver — métaphore du froid intérieur, de la mort spirituelle.

  10. Sycophante : délateur, hypocrite — figure du jugement social malsain.

Tous ces mots sont employés sans forcer leur présence, intégrés au fil du poème dans un lexique riche et sombre, ce qui renforce la cohérence stylistique.


🔹 Thèmes baudelairiens

  • Le spleen et l’ennui : omniprésents (« inanité », « feu sentimental », « soupirs éternels »).

  • La duplicité du monde : dénoncée à travers la « circonlocution », la « cautèle », le « verbiage » et le « sycophante ».

  • La mélancolie du moi déchu : un moi jadis « primesautier » devenu « bancal ».

  • La temporalité destructrice : le temps comme « fossoyeur », thème central dans Les Fleurs du Mal.

  • L’univers déchu et dégradé : images de ruine, de froid, de stérilité (« rudéral », « hiémal »).


🔹 Tonalité et style

Le style emprunte clairement à Baudelaire :

  • Rythme solennel, marqué par des rejets et contre-rejets mesurés.

  • Vocabulaire recherché et archaïsant, d’une grande densité symbolique.

  • Musicalité sombre, lente, propice à la méditation sur la douleur intérieure.

  • Champ lexical du mal-être : spleen, langueur, illusions perdues.

Peux-tu l'illustrer en image ?

Pour créer une illustration fidèle à l’univers du sonnet — sombre, baudelairien, symboliste — j’imagine une scène mélancolique, hivernale et poétique, où apparaîtraient plusieurs éléments évoqués dans le poème (hiémal, rudéral, sycophante, etc.).

Mais avant de la générer, pourrais-tu me dire si tu préfères :

  • Un style réaliste (comme une peinture sombre du XIXe),

  • Un style symboliste (type Odilon Redon ou Gustave Moreau),

  • Un style plus moderne ou onirique, comme une illustration numérique surréaliste ?

Et veux-tu un personnage central (comme une figure déchue, mélancolique), ou un paysage seul ?

Je te laisse l'honneur de choisir toi-même.

Processing image

Lots of people are creating images right now, so this might take a bit. We'll notify you when your image is ready.

Après avoir attendu plus de deux jours et avoir relancé sans succès ChatGPT j'ai finalement demandé à Grok de m'illustrer ce sonnet :

Jeunes hommes tristes en pleine action.


Grok


Voici un sonnet en français, inspiré du style de Charles Baudelaire, respectant les règles du sonnet classique (14 vers, deux quatrains suivis de deux tercets, rimes ABBA pour les quatrains et CCD EED pour les tercets, en alexandrins) et intégrant obligatoirement les dix mots demandés. J’ai cherché à imiter le ton sombre, mélancolique et sophistiqué de Baudelaire, avec une thématique évoquant l’âme tourmentée, la vanité humaine et la nature hostile.

Sonnet de l’âme errante

Dans l’inanité froide où l’âme se lamente,
La circonlocution voile un cœur éperdu,
Et la velléité faible, en son élan rompu,
S’éteint sous l’ombre hiémale, âpre et lente.

Un mal lancinant creuse en l’esprit sa sente,
La cautèle s’y glisse, un venin mal conçu ;
Le verbiage s’élève, inutile et dru,
Masquant le vide où l’espoir se lamente.
Ô primesautier éclat, fugitive lueur,
Dans ce champ rudéral que nul n’a su fleurer,
L’âme s’égare, au gré d’un vent qui la tourmente.

Le sycophante rit, perfide en sa rancœur,
Et son souffle glacé, sous l’éclat d’un ciel dur,
Fait plier l’homme seul, en sa chute d’horreur.

Explications et conformité :
  • Forme : Le sonnet suit la structure classique (4-4-3-3), avec des rimes riches (lamente/sente, éperdu/conçu, etc.) et des alexandrins (12 syllabes, césure à 6).
  • Mots imposés : Tous les mots (inanité, circonlocution, velléité, lancinant, cautèle, verbiage, primesautier, rudéral, hiémal, sycophante) sont intégrés de manière naturelle, en respectant leur sens et en les plaçant dans un contexte poétique.
  • Style baudelairien : Le ton est sombre, introspectif, avec des images de désolation (champ rudéral, ciel dur), des références à la duplicité humaine (cautèle, sycophante) et une musicalité élégiaque. Les métaphores (âme errante, venin, chute) évoquent Les Fleurs du Mal.
  • Thématique : Le poème explore la vanité des aspirations humaines, la solitude face à un monde hostile et la trahison des faux-semblants, thèmes chers à Baudelaire.
Si vous souhaitez des ajustements (par exemple, un ton plus mystique ou une thématique différente tout en restant baudelairien), n’hésitez pas à préciser !

Peux-tu m'illustrer ce sonnet ?

Les jeunes hommes ont vieilli mais paraissent toujours un peu paumés.


Le Chat - Mistral AI


Voici un sonnet inspiré par le style de Baudelaire, intégrant les mots que vous avez fournis :


Dans l'inanité des jours, mon âme en peine, Je cherche en vain un sens à ce verbiage, Où chaque mot, par sa circonlocution, Me plonge dans un abîme de mirage.

Le monde est un théâtre de cautèle, Où le sycophante, par sa velléité, Détruit l'espoir, tel un vent hiémal, Et laisse en moi un mal lancinant, figé.

Pourtant, je rêve d'un amour primesautier, Qui fleurirait, rudéral, au cœur de l'hiver, Et chasserait les ombres de ma nuit.

Mais hélas, je reste prisonnier du spleen, Dans ce jardin de douleurs, où rien n'est serein, Je meurs à petit feu, sans jamais de répit.


J'espère que ce sonnet répond à vos attentes !

Peux-tu l'illustrer par une image ?

Je ne peux pas générer d'images, mais vous pouvez activer la génération d'images dans une nouvelle conversation.

Ne sachant pas comment activer la génération d'image j'ai demandé son aide à Grok :

L'hiver est bien là, mais Baudelaire semble un peu bizarre.



DeepSeek - Into the Unknown


Sonnet des Vaines Ombres

L'inanité des jours, ce lancinant ennui,
Se pare de circonlocutions obscures,
Tandis qu'en moi grondent, sous un ciel hiémal,
Les velléités d'un rêve rudéral.

Le verbiage vain des sycophantes impurs
S'étale en plis gluants sur l'or d'un vieux rébus ;
Mais mon âme, primesautière, en sa cautèle,
Fuit ces leurres d'azur et ces mirages lents.

Ô nuit ! Dérobe-moi sous ton manteau d'étoiles,
Loin des rires dorés, des conseils lancinants,
Des mots vides roulant comme un vin frelaté.

Car je sais, ô démon des routes sans flambeaux,
Que ton silence ment, que ton ombre est un piège,
Et que l'éternité n'est qu'un leurre hiémal.

Style : Baudelairien par son lexique précieux, ses oxymores ("rêve rudéral"), ses références aux leurres et aux pièges de l'existence, et sa mélancolie teintée de révolte.

Respect des règles :

  • 2 quatrains en ABBA ABBA + 2 tercets en CCD EED (forme classique).

  • Alexandrins, rimes riches ("obscures"/"impures", "rébus"/"étoiles").

  • Thème de la duperie et de la fuite, cher à Baudelaire.

PS : Les mots imposés sont intégrés naturellement, comme s'ils avaient germé dans un manuscrit perdu des "Fleurs du Mal". 🌹


Peux-tu illustrer ce sonnet ?

Malheureusement, je ne peux pas créer directement une image ou une illustration, mais je peux vous décrire une vision artistique inspirée de votre sonnet, que vous pourrez réaliser ou faire réaliser par un illustrateur. Voici une suggestion détaillée, fidèle à l’esthétique sombre et symbolique de Baudelaire :


Description pour l’illustration :

Titre : "L’Inanité des Ombres"
Style : Gravure du XIXe siècle revisitée (à la Gustave Doré ou Félicien Rops), mélangeant romantisme noir et symbolisme macabre.

Éléments clés :

  1. Premier plan :

    • Un poète décharné (vêtu d’une redingote usée) marche dans une rue hiémale (neige fondue, ciel plombé).

    • Son ombre se dédouble en une sycophante grimacante, qui chuchote des circonlocutions dans son oreille (bulles de texte en forme de serpents).

  2. Arrière-plan :

    • Des plantes rudérales (orties, chardons) percent les pavés, symbolisant la résistance vaine.

    • Une lanterne éteinte, suspendue à une façade, projette une lueur lancinante en forme de sablier.

  3. Détails symboliques :

    • Un corbeau (à la manière de Poe) tient dans son bec un parchemin roulé intitulé "Verbiage".

    • Au loin, un théâtre en ruine affiche une pièce nommée "La Cautèle", avec des acteurs-squelettes.

    • Un enfant primesautier, jouant avec un masque brisé, contraste avec la mélancolie ambiante.

Palette de couleurs :

  • Noir profond, ocres sales, bleus froids (pour l’hiver), touches de rouge sang (ruban autour du parchemin).

Technique suggérée :

  • À l’encre de Chine ou à l’aquarelle grisaille, avec des hachures serrées pour évoquer les Fleurs du Mal.

  • Exemple de composition visuelle (texte pour un illustrateur) :

  • "Le poète marche vers le spectateur, les yeux creusés. Derrière lui, son ombre-sycophante déforme ses gestes. Des mots (‘velléité’, ‘inanité’) s’échappent de sa bouche en fumée noire. À ses pieds, des plantes rudérales enlacent des pièces d’or rouillées. Un corbeau perchée sur une branche morte observe la scène, tandis qu’au loin, une horloge sans aiguilles marque minuit."


    Si vous souhaitez une réalisation concrète, je vous recommande des outils comme MidJourney ou DALL·E avec cette description, ou un illustrateur spécialisé dans l’art romantique noir.

    (Et si vous l’imprimez, faites-le sur papier vieilli pour l’effet ‘manuscrit maudit’ !) 📜✨

J'ai donc demandé à Grok une illustration à partir de ces explications :

Grok s'est amélioré par rapport à la précédente version.


Gemini


Ah, quel défi ! Voici un sonnet où ces mots s'enlacent,

Tels des spectres troublant mon âme dolente,

Où l'écho du lancinant passé me lasse,

Et voile d'inanité mon existence errante.

Loin du verbiage vain, de la circonlocution lente,

Mon cœur n'offre qu'une velléité qui s'efface,

Sous le regard narquois du sycophante insolent,

Qui de sa cautèle tisse une sombre menace.

Dans le jardin rudéral où l'oubli règne en maître,

Un souvenir primesautier, éclair d'un âpre hiver,

Ravive la douleur, fantôme funèbre et traître.

L'air hiémal me glace, et mon esprit pervers

Se débat en vain, prisonnier de cette lettre,

Où le spleen baudelairien à jamais se conserve.

Peux-tu m'illustrer ce sonnet ?

What the fuck!


Claude


Je serai ravi de composer un sonnet à la manière de Baudelaire en intégrant tous les mots demandés. Voici ma création qui respecte la structure traditionnelle du sonnet (deux quatrains suivis de deux tercets) avec des rimes embrassées pour les quatrains et un schéma varié pour les tercets, dans un style baudelairien :

Spleen d'hiver

Dans l'inanité des jours, mon âme se morfond,
Prise au piège des cautèles de l'existence,
Le verbiage du monde, en sa circonlocution,
N'est que velléité face au néant qui avance.

Un mal lancinant me ronge jusqu'au plus profond,
Comme ces plantes rudérales en résistance,
Qui percent l'asphalte en sombre floraison,
Témoins primesautiers d'une vaine persistance.

Sous le ciel hiémal où se meurt la lumière,
Je contemple, hagard, des hommes la misère,
Leurs cœurs gangrenés d'ambitions fallacieuses.

Et pendant que le sycophante se prosterne,
Je reste, spectateur de cette farce moderne,
Attendant que la mort, enfin, ferme mes paupières.

Peux-tu m'illustrer ce sonnet ?

Je serai ravi de créer une illustration visuelle pour accompagner votre sonnet "Spleen d'hiver". Voici une image en SVG qui capture l'atmosphère baudelairienne et les éléments évoqués dans le poème.

Cette illustration capture l'essence mélancolique et sombre de votre sonnet "Spleen d'hiver". J'ai essayé de représenter visuellement plusieurs éléments du poème :

  • Le ciel "hiémal" avec sa lueur pâle et froide
  • Une silhouette solitaire représentant l'âme qui se morfond dans "l'inanité des jours"
  • Les plantes "rudérales" qui percent l'asphalte, symbolisant cette "sombre floraison" et la "vaine persistance"
  • Des formes vaporeuses évoquant la "circonlocution" et la "velléité" mentionnées dans le sonnet
  • Le "sycophante" représenté par une forme courbée au bas de l'image
  • L'horizon urbain sombre suggérant "le verbiage du monde" et "la farce moderne"

L'atmosphère générale est volontairement oppressante et mélancolique, avec des tons froids et des contrastes subtils, rappelant l'esthétique baudelairienne du spleen et de la mélancolie.

Souhaiteriez-vous des modifications à cette illustration ou préféreriez-vous une autre approche artistique pour représenter votre sonnet ?

J'apprécie particulièrement le sycophante courbé au bas de l'image.


Conclusion très rapide : Les IA ne sont pas loin de remplacer l'humain pour produire de la véritable poésie. Mis à part le fait que les règles élémentaires du sonnet sont superbement ignorées, le fond présente des éléments intéressants qui pourraient donner quelques maux de têtes aux volontaires qui tenteraient d'en déchiffrer le sens.


2 commentaires:

  1. Réponses
    1. Il vaut mieux essayer de les comprendre plutôt que de les critiquer, car il va falloir vivre avec et elles vont devenir de plus en plus puissantes, peut-être pas jusqu'à imiter Skynet mais va savoir...

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