samedi 26 novembre 2016

Fidel Castro le mal aimé

Ainsi Fidel Castro vient de casser sa pipe à 90 ans, un bel âge pour mourir, on ne va donc pas pleurer sa mort, ni s'en réjouir.

De nombreux exilés cubains clament leur joie nous dit-on ; on a ce genre de témoignage :
  • « C’est triste de se réjouir de la mort de quelqu’un, mais en fait cette personne n’aurait jamais dû naître », déclare Pablo Arencibia, un enseignant de 67 ans exilé depuis 20 ans descendu dans la rue pour fêter la nouvelle. « C’était un criminel, un assassin et un homme misérable, ajoute Hugo Ribas, 78 ans. Toute sa famille est criminelle ».
Bon d'accord, Castro n'était pas ce qu'on appelle un démocrate, et il a certainement des choses à se reprocher (façon de parler maintenant qu'il est mort...), mais en fait pourquoi parle-t-on ainsi de Castro ?

Il faudrait peut-être se remémorer (mais le genre humain a la mémoire qui flanche souvent) qui Castro a remplacé : le général Batista.

Sur wikipedia on peut apprendre que Batista « a causé la mort de 20 000 personnes en sept ans selon une estimation américaine citée par John Kennedy » ; 20 000 personnes mortes en 7 ans à cause de Batista; alors que Castro est resté au pouvoir de 1959 à 2008, date à laquelle il s'est retiré des affaires pour cause de santé (ou de vieillesse plus précisément)

Castro a donc «  régné » pendant 49 ans, donc en faisant une bête règle de trois : 20 000 x 49/7 = 140 000, c'est le nombre de morts qu'aurait causé Batista s'il était resté au pouvoir pendant la même durée.

Agoravox nous apprend que Castro aurait causé la mort de 9 200 cubains, plus les 77 000 qui ont tenté de fuir Cuba pour rejoindre le paradis, à savoir les États-Unis. Et tout cela en un demi-siècle, alors qu'il n'avait fallu que 7 ans à Batista pour tuer 20 000 personnes.

Pour en savoir un peu plus sur la dictature de Batista le site Operamundi nous donne 50 pistes, dont celles-ci :
  • Le 27 mars 1952, les Etats-Unis reconnurent officiellement le régime de Batista. Comme le souligna l’ambassadeur étasunien à La Havane, « les déclarations du général Batista concernant le capital privé ont été excellentes. Elles ont été très bien reçues, et je savais sans aucun doute possible que le monde des affaires faisaient partie des plus enthousiastes supporters du nouveau régime ».  
Les États-Unis étaient donc les alliés inconditionnels de Batista et ne se souciaient pas  trop des exactions qu'il pouvait commettre :
  • Batista faisait preuve d’une violence féroce à l’égard de l’opposition. Mais les Etats-Unis firent preuve de discrétion vis-à-vis des crimes commis par leur allié cubain. Pourtant, l’ambassade étasunienne à La Havane multipliait les rapports à ce sujet : « Nous sommes désormais convaincus que les assassinats récurrents de personnes que le gouvernement qualifie d’opposants et de terroristes sont en fait le travail de la police et de l’armée. L’explication officielle est que les hommes ont apparemment été tués par d’autres opposants. Cependant, l’attaché juridique a reçu des aveux indirects de culpabilité au sein des cercles de police, en plus des preuves de la responsabilité de la police ».  
On comprend mieux pourquoi les américains ont peu apprécié le coup d'état de Fidel Castro et le renversement de Batista, c'était très mauvais pour leurs affaires.

Pour récompenser les cubains les États-Unis n'ont rien trouvé de mieux que de décréter un embargo qui dure encore aujourd'hui et qui a eu essentiellement deux conséquences :
  1. jeter Cuba dans les bras de l'URSS
  2. provoquer de graves désordres économiques ayant notamment entrainé l'exil de nombreux cubains
On voit donc l'ironie de l'histoire, les exilés cubains de Floride qui se réjouissent de la mort de Castro sont les mêmes qui ont fui le pays à cause des difficultés économiques provoquées par le pays où ils ont trouvé asile !

Curieusement il parait  que les exilés cubains comparent Trump à Castro si l'on en croit Le Figaro :
  • Pepe a connu le leader révolutionnaire Fidel Castro lors de la chute du régime de Batista, avant de combattre la nouvelle dictature dans les rangs des marines américains. Pour qui votera-t-il? Pepe, qui était autrefois un informateur fidèle des républicains, répond en toute franchise. «Je ne pourrai jamais voter pour un homme qui montre si peu de respect pour l'institution du président», affirme l'homme de 80 ans lors d'une interview au siège de la FNCA, sur la Calle Ocho. Après un bref moment de réflexion, Pepe poursuit: «Honnêtement, quand j'écoute Trump, il me rappelle parfois Castro lors des premiers mois à Cuba. Il essayait également de ridiculiser et de diviser les gens et de tout dénigrer à Cuba, même ce qui était bien. Et c'est ce que je vois aussi chez Trump.»
Bon, cela ressemble plus à un micro-trottoir qu'à un sondage effectué dans les règles de l'art, donc à prendre avec des pincettes...

Bref Castro n'était pas un saint (il ne l'a jamais revendiqué d'ailleurs) et il a remplacé un autre dictateur qui n'avait rien à lui envier sur le plan de la comptabilité macabre des opposants karchérisés à l'acide et mitraillés à la sulfateuse.

Par ailleurs les États-Unis portent une responsabilité évidente dans la situation dans laquelle s'est trouvée Cuba depuis 50 ans, et on peut savoir gré à Obama d'avoir tenté un rapprochement à la fin de son mandat ; si Trump annule tout il portera lui-même la responsabilité de la continuation de la crise cubaine et donnera raison à Pepe.






2 commentaires:

  1. Castro avait une vision sans doute discutable de la manière dont on dirige un pays, mais en matière d'éducation et de système de santé il a hissé son pays au plus haut niveau.

    Robert

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    1. Exactement, et je n'hésite pas à affirmer que sans les mesures de rétorsion économique imposées par les USA depuis plus de 50 ans Cuba serait probablement aujourd'hui l'une des économies les plus florissantes de toute l'Amérique latine (en laissant de côté les paradis fiscaux de la région...)

      Et en matière de droits de l'homme les USA n'ont sur ce sujet pas grand chose à envier à Cuba !

      Castro a été « fabriqué » tel qu'on l'a connu par les américains, comme ils ont « fabriqué » Ben Laden ou même DAECH, à la seule différence que Castro a fait bien plus de bien que de mal à son pays en considérant les entraves qu'on lui a mises ; par ailleurs je ne sache pas que Castro ait « exporté » les aspects négatifs de sa façon de gouverner le pays, il n'a pas financé d'organisation terroriste et n'a pas cherché à exporter son système politique (ou alors très timidement et cela ne s'est pas vu)

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