jeudi 5 décembre 2019

Il n'y a aucun doute, qu'ils disaient !

Il convient de rendre à César ce qui appartient à César.

Dans Encore une compagnie pétrolière qui a retourné sa veste j'attribuais la découverte de documents datés de janvier 1970 au site Climate Files, en fait celui-ci plus exactement ne faisait que reprendre l'information dénichée par Desmog ainsi que par le Climate Investigations Center suite à la digitalisation des documents précédemment entreposés dans les archives du musée Glenbow ; les archives physiques ont été transférées au Glenbow Western Research Centre de l'Université de Calgary, mais la digitalisation permet à tout un chacun de consulter depuis son ordinateur des documents s'avérant intéressants puisqu'ils nous révèlent sans aucun doute possible la duplicité des sociétés pétrolières, lesquelles auraient certainement préféré que toute cette littérature continue sagement de moisir sur des étagères dans un sous-sol mal éclairé où pas grand monde aurait eu l'idée d'aller fouiner.

L'ensemble des documents relatifs à Imperial est disponible ici ; et le site climateinvestigations nous donne une chronologie des événements, par exemple :
  • dans les années 1970 la société Imperial Oil ne faisait pas mystère de son engagement environnemental et notamment des problèmes liés à la pollution qui n'étaient nullement niés par elle ; elle était allée jusqu'à éditer une brochure dans laquelle ses préoccupations environnementales sont sans équivoque aucune, la responsabilité des activités humaines, notamment celles relatives à l'extraction pétrolière, étant clairement soulignée ; citons par exemple :
  • dans les années 1980 le changement climatique (et plus seulement de simples problèmes environnementaux) fait nettement son apparition dans les rapports d'Imperial Oil, avec une prise de conscience par celle-ci que les médias commencent à s'inquiéter du sujet en évoquant de plus en plus fréquemment la relation CO₂/effet de serre ; l'un des sujets était d'ailleurs relatif aux pluies acides (voir Acid rain causes effects history), dont la plupart des climatosceptiques actuels contestent pourtant toujours la réalité, pour lequel le discours de la société était « étrangement » similaire à celui que l'on entend aujourd'hui concernant le changement climatique : « il y avait trop d'incertitudes » et la responsabilité humaine versus celle de la nature était questionnée : 
    Page 33 du rapport Review of Environmental Protection
  • dans les années 1990 la société se proposait rien de moins que fournir son assistance pour aider à mettre en place des stratégies d'adaptation et d'atténuation (to provide assistance within the company to help design and implement the best mitigation and adaptive strategies) ! La société s'interrogeait même sur son rôle dans l'Arctique au regard des sérieux problèmes que pourraient poser ses activités dans cette région (voir page 51 de Response to a Framework for Discussion on the environment) ; c'est dans ces années-là que l'écart entre la position d'Imperial Oil et celle de ExxonMobil s'est fortement agrandi, cette dernière niant par ses actions intensives de lobbying (voir ici) toute la littérature scientifique afin de faire obstruction aux législations envisagées pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ; ainsi Imperial Oil contredisait frontalement ce que prétendait ExxonMobil, par exemple dans Discussion Paper on Potential Global Warming

Mais nous avons vu qu'Imperial Oil s'est finalement rangée (le pistolet sur la tempe ?) aux côtés d'ExxonMobil avec notamment la déclaration en 1998 de son PDG Robert Peterson (voir A Cleaner Canada déjà mentionnée dans mon précédent billet), mais il est vrai que la société est devenue...la filiale d'ExxonMobil, il aurait donc été inconvenant que deux discours diamétralement opposés cohabitent au sein du même groupe !

Pour davantage de détails voir également “There is no doubt”: Exxon Knew CO2 Pollution Was A Global Threat By Late 1970s.

There is no doubt, il n'y a aucun doute, à la fois sur la réalité de la responsabilité humaine dans le réchauffement de la planète, mais également dans le fait que ceux qui la nient aujourd'hui savaient parfaitement de quoi il retournait à une époque où ils pensaient pouvoir régler le problème facilement avec les merveilleux ingénieurs dont ils disposaient !

Pas de doute, Zimbou le singe n'a pas réussi à trouver la solution, mais on continue à le voir gesticuler dans les blogs climatosceptiques (crédit dilbert)


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