dimanche 16 octobre 2022

Bo(u)zo(u) le clown

 Il y a de nombreux soi-disant experts qui s'expriment sur les chaines de télévision, je ne vais pas tous les lister, autrement j'y passerais le reste de la semaine, mais force est de constater que quand on n'est pas soi-même spécialiste sur un sujet donné on est quand même bien obligé de leur faire confiance, dans une certaine mesure bien sûr.

Mais quand on connait bien un domaine et qu'un de ces « experts » raconte manifestement n'importe quoi là ça pique un peu les yeux et/ou les oreilles.

Il se trouve que Nicolas Bouzou participait vendredi à l'émission 24h Pujadas sur LCI et qu'il a montré à l'occasion que ses connaissances en comptabilité étaient plus que modestes, ce qui la fout mal quand on se prétend économiste et qu'on ne sait pas comment fonctionne un compte de résultat (on disait un compte de pertes et profits jusqu'en 1984 quand le « nouveau plan comptable » est entré en vigueur)

Nicolas Bouzou en représentation (pour le compte du grand patronat) sur LCI.

Le passage intéressant est le suivant :

A partir de 2:58 : Alors on pourrait dire oui les dividendes augmentent en France, ce qui est vrai, les entreprises elles versent de plus en plus de dividendes mais les dividendes ils viennent pas en concurrence des salaires, les dividendes c'est une part des profits, vous avez les profits et les salaires et une fois que vous avez cette distribution à l'intérieur des profits il y a des dividendes donc les dividendes viennent pas en concurrence des salaires, ils viennent en concurrence beh des profits qui restent dans l'entreprise.

Il y a dans ce qu'il raconte à la fois des choses justes et du grand n'importe quoi mélangé dans une sauce indigeste qui reste sur l'estomac. Et dire que ce gars est « directeur d'études et enseignant au sein du Master 2 et Master of Business Administration droit des affaires et management-gestion de l'école de droit et de management à l'université Paris-Panthéon-Assas » selon sa fiche Wikipédia !

Evidemment, au cas où vous auriez des doutes, les salaires et les dividendes sont bien en concurrence les uns avec les autres, et c'est très facile de le démontrer.

Petite parenthèse avant de passer aux explications (j'aime faire durer le suspense) Bouzou admet (comment pourrait-il le nier ?) que les sociétés en France versent de plus en plus de dividendes alors que les salaires ont plutôt tendance à stagner, et sa « démonstration » tient en peu de choses, à savoir que les dividendes n'y sont pour rien (puisqu'ils ne concurrencent pas les salaires, vous suivez ?) mais que, je le cite, « la faiblesse de nos salaires vient de la faiblesse de nos performances économiques » !

On admirera le sophisme qui consiste à dire que la faiblesse de nos performances économiques empêche nos salaires de monter mais n'a aucune influence sur les dividendes qui peuvent augmenter sans aucun souci ; autrement dit les actionnaires peuvent continuer à se gaver malgré nos performances économiques médiocres mais les salariés n'ont pas d'autre solution que de se serrer la ceinture...

Et je précise que je ne suis pas marxiste-léniniste et que j'ai un faible pour l'économie de marché régulée intelligemment (si c'est possible) par les pouvoirs publics.

Venons-en aux explications que vous attendez tous. Ne vous inquiétez pas ce ne sera ni long ni compliqué.

Les dividendes, comme le dit Bouzou, sont prélevés sur les profits générés par les entreprises (celles dont le capital est composé d'actions), et ils sont partie-prenante du partage de leur valeur ajoutée ; à ce sujet voici un graphique permettant de visualiser en quoi consiste cette valeur ajoutée :

Source Cours fsjes



On voit déjà avec ce schéma que les salaires sont bien en concurrence avec les dividendes (i.e. les profits distribués) puisqu'à valeur ajoutée identique si les salaires augmentent il faut bien que ça baisse ailleurs, et ce ne peuvent être que les dividendes ou les réserves (i.e. l'épargne) qui vont en faire les frais ; inversement si la masse salariale diminue cela se fera au profit (sic) des dividendes et des réserves, en tenant compte du fait que les impôts seront également impactés ; en effet, si les charges baissent le résultat augmente mécaniquement et la base taxable est en principe plus importante.

Prenons les choses dans l'ordre : le résultat (bénéfice ou perte) d'une entreprise est la différence entre ses produits et ses charges, et il se trouve que ses charges comprennent...roulement de tambour...la masse salariale, c'est-à-dire les salaires et toutes les charges qui y sont afférentes (pour faire simple, les cotisations sociales)

Le bénéfice sur lequel d'éventuels dividendes seront prélevés (ce n'est pas une obligation, l'entreprise peut décider de tout affecter en réserves) sera d'autant plus important que soit les produits (principalement les ventes) seront élevés, soit les charges seront faibles, pas besoin d'être comptable pour comprendre cela.

Or comme les salaires font partie des charges de l'entreprise amenant à la constitution d'un bénéfice sur lequel des dividendes pourront être prélevés, nul besoin de sortir de Saint-Cyr pour piger que des salaires bas entrainent un résultat plus élevé que s'ils étaient plus importants, monsieur de la Palice n'aurait pas dit mieux.

On comprend d'ailleurs pourquoi les dirigeants s'échinent à faire baisser la masse salariale par exemple en externalisant tout ce qui peut être transféré vers des sociétés de services, de cette façon on diminue la valeur ajoutée sans trop toucher au résultat final, tout cela bien entendu au « bénéfice » des actionnaires qui pourront donc toucher des dividendes plus élevés. Pour ceux qui se demanderaient pourquoi la valeur ajoutée diminuerait sans que le résultat final soit impacté il faut comprendre qu'il s'agit d'un système de vases communicants : ce qui ne figure plus dans les salaires se retrouve dans les « consommations externes » qui ne font pas partie de la valeur ajoutée, mais qui permettent toutefois de calculer celle-ci ; en effet, la valeur ajoutée peut être calculée de deux manières : la première est déductive, la seconde est cumulative :

  1. Méthode déductive : c'est la différence entre d'une part la production de l'entreprise (pour faire simple ses ventes) et d'autre part toutes ses consommations en provenance de tiers (les achats de biens et de services auprès d'autres entreprises)
  2. Méthode cumulative : c'est la somme des salaires et charges sur salaires payées à des organismes sociaux, des impôts et taxes payés à l'Etat et aux collectivité locales, des intérêts versés aux établissements bancaires et de financement, et enfin de ce qui revient aux propriétaires de l'entreprise, soit sous la forme de réserves (qui augmentent la situation nette de l'entreprise donc en principe sa valeur), soit, vous ne l'auriez pas deviné si je ne vous l'avais pas dit, sous la forme...de dividendes !
Nicolas Bouzou n'a donc pas compris ces principes élémentaires de comptabilité, et dans ce cas il n'est pas un économiste sérieux, ou alors il les connait parfaitement mais tourne les choses de manière vicieuse et dans ce cas...il n'est pas un économiste en qui on peut faire confiance !

Cela-dit Nicolas Bouzou est comme une montre arrêtée qui donne l'heure exacte deux fois par jour, parfois il doit probablement dire des trucs intéressants et justes, le seul problème c'est de savoir quand.


11 commentaires:

  1. J'ai une question pour l'ultracrépidarien que vous êtes : qu'est ce qu'un dividende ?

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    1. Vous savez que vous posez cette question à un comptable ?

      N'avez-vous donc pas peur du ridicule ?

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    2. Allez, je suis sympa, pour votre éducation et afin que vous vous couchiez moins con : https://www.expert-comptable-tpe.fr/articles/les-dividendes-cest-quoi-comment-marche/

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    3. Merci
      Je sais ce qu'est un dividende car je vis de mes rentes depuis 1985 et mon, gestionnaire de patrimoine (qui fait la gueule car je lui interdit d'acheter des actions dans les fossiles) me donne tous les renseignements dont j'ai besoin car moi et je l'avoue sans honte je n'ai pas son niveau ni celui de Bouzou. Ceci dit, une fois de plus vous n'avez pas les compétences pour juger si ce que dit Bouzou est surtout qu'il a raison Les dividendes ne sont pas en concurrence avec les salaires pas plus que ne le sont les intérêts de l'emprunt. En fait si une entreprise cherche à avoir la masse salariale la plus basse possible c'est avant tout une question de compétitivité face à la concurrence, Prenez le groupe Mulliez par exemple Ils ne sont pas présents sur le marché boursier ce qui ne les empêche pas d'avoir une politique salariale trés dure.

      Occupez vous de vos randonnées et laissez les sujets où à l'évidence vous n'avez pas les munitions surtout quand il s'agit de descendre en flamme des gens bien plus compétents que vous dans leur domaine, ça vaut pour le climat, l'économie, la santé etc..

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    4. Bravo, vous venez de prouver votre totale incompétence sur le sujet. Votre expérience personnelle me fait penser aux climatosceptiques qui nient le réchauffement climatique parce que chez eux ils ont eu froid un jour ou deux, c'est du même tonneau. Et votre couplet sur la compétitivité face à la concurrence me fait doucement marrer tout comme votre exemple du groupe Mulliez, on appelle ça un sophisme de l'homme de paille (strawman en anglais) dont raffolent justement les climato-crétins. C'est bien que vous vous comportiez comme eux sur un sujet que vous ne maitrisez manifestement pas, alors que moi justement j'en suis un spécialiste. Près de 40 ans à côtoyer des patrons d'entreprises dont les deux dernières décennies passées dans un grand groupe international qui distribuait de juteux dividendes à comparer avec votre expérience de... de quoi au fait ?

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    5. Afin d'éduquer les clowns qui se prennent pour des économistes sous prétexte qu'ils touchent des dividendes et croient que cela ne se fait pas au détriment des salaires : https://www.alternatives-economiques.fr/salaires-aux-dividendes-changements-de-repartition-de-richesse/00068556

      Extrait : « 1 point de valeur ajoutée approprié par le capital au détriment du travail salarié, ce sont 16 milliards d’euros qui basculent, se répartissant en 9 milliards de salaires nets et 7 milliards de cotisations sociales (CSG et CRDS incluses) »

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    6. J'en rajoute avec un site pas vraiment cryto-marxiste : https://www.lecoindesentrepreneurs.fr/prendre-dividendes-plutot-que-salaires-plus-interessant/

      Extrait : « Pour de nombreux entrepreneurs, l’arbitrage rémunérations et/ou dividendes est un casse-tête. »

      Autrement dit les entrepreneurs eux-mêmes se posent la question de savoir ce qui est le plus avantageux pour eux : toucher des salaires plus élevés au détriment des dividendes ou alors baisser leurs salaires et prendre davantage de dividendes.

      A part ça il n'y a pas de concurrence entre les deux nous disent les guignols de l'info économique.

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    7. Pauvre clown, vous n'avez pas moins objectif vous devriez citer Mélenchon.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Alternatives_%C3%A9conomiques

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    8. Au fait, merci de me montrer que vous ne comprenez absolument rien au sujet petit comptable que vous soyez d'autant plus que le lien ci-dessous ne démontre en aucune manière une quelconque concurrence entre les salaires et les dividendes
      https://www.lecoindesentrepreneurs.fr/prendre-dividendes-plutot-que-salaires-plus-interessant/

      """" j'en suis un spécialiste. Près de 40 ans à côtoyer des patrons d'entreprises dont les deux dernières décennies passées dans un grand groupe international qui distribuait de juteux dividendes à comparer avec votre expérience de... de quoi au fait ?""""
      Je suis arrière petit-fils, petif-fils et fils d'industriel. Côtoyer ? Et c'est ça qui vous rend compétent ? Pauvre clown vous êtes pire que la moyenne autorisée.

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    9. J'oubliais. Je ne me permet pas de critiquer ce que dit Bouzou, je ne suis pas compétent; je ne fais que souligner que jusqu'à preuve du contraire vous n'avez ni son bagage universitaire ni son parcours professionnel et que vous êtes par conséquent totalement illégitime.

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    10. Mon pauvre petit Robert, il me semble que je vous ai énervé là. En arriver à mettre en avant votre filiation pour prouver que j'ai tort ça c'est collector. Quant à Bouzou ce n'est pas parce qu'il a fait des études en économie qu'il est économiste. Bouzou c'est une palanquée de bouquins et d'apparitions à la télé, mais c'est zéro études validée par les pairs, ça devrait vous inquiéter non ?
      Bouzou c'est un master de finance à l'IEP, soit le même niveau que le mien en comptabilité, ce qui me donne le droit de relever ses conneries quand il en dit.
      Et vous avez raison, vous n'êtes pas compétent sur le sujet alors que je le suis puisque c'est mon domaine.
      Allez vous cacher dans un trou Robert afin d'éviter de vous rendre encore plus ridicule que ce que vous êtes.

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