lundi 13 février 2023

L'Ukraine aujourd'hui, la Moldavie demain ?

 Nous allons bientôt arriver au premier anniversaire de l'agression russe en Ukraine du 24 février 2022, sachant qu'en fait cette agression a véritablement commencé en 2014 avec l'invasion de la Crimée et d'une partie du Donbass.

On parle dès à présent d'une possible déstabilisation russe en Moldavie, éventuellement sous la forme d'une opération "false flag" ou fausse bannière. Or il se trouve que la Russie est une spécialiste de ce genre d'opérations comme nous l'explique Pekka Kallioniemi dans un fil Twitter en 15 parties :

In today's 100th edition of #vatnik soup I'll talk about false flags and casus belli. Russia has utilized false flag tactics to justify their aggression in various conflicts in the past, and they will probably try to use them in the future, too.
Dans la 100e édition de la soupe #vatnik d'aujourd'hui, je vais parler des fausses bannières et du casus belli. La Russie a utilisé des tactiques de false flag pour justifier son agression dans divers conflits par le passé, et elle va probablement essayer de les utiliser aussi à l'avenir.
Pour la Moldavie c'est Loup Bureau qui nous donne quelques pistes :
Prises d’otages, attaques des institutions par des militaires camouflés en civils, la présidente Moldave met en garde contre une menace de coup d'État russe. Et le scénario qu’elle décrit ressemble à un Donbas 2014 bis.
On se souvient des "petits hommes verts", en réalité des soldats russes ou miliciens du groupe Wagner habillés en tenues militaires sans signes distinctifs de façon à permettre à Poutine d'affirmer que la Russie n'était en rien impliquée, le narratif étant alors que des ukrainiens russophones désiraient rejoindre leur grand ami de l'est et avaient donc décidé de se séparer du « régime kiévien » comme l'appellent tous les pro-Poutine abreuvant les réseaux sociaux de leurs insanités.

Je l'ai déjà dit à plusieurs reprises et je vais donc me répéter, personne, absolument personne ne sait comment ce conflit va se terminer ; on peut seulement faire des hypothèses auxquelles on assigne des probabilités en fonction plus de ses convictions que d'une quelconque méthode scientifique. Dans cet exercice les militaires ne sont pas forcément les mieux placés, même si leur avis est important et doit être pris en considération. Les avis des géopoliticiens doivent également être pris avec des pincettes étant donné qu'ils se basent essentiellement sur des données historiques, or l'histoire peut bégayer, elle ne se répète jamais à l'identique (Karl Marx aurait dit « L’histoire se répète, d’abord comme une tragédie, puis comme une farce. »)

Je vais donc tenter, à partir de toutes les informations que j'ai pu glaner ici ou là, de vous donner ma vision des choses à l'instant T.

Il existerait essentiellement trois scénarios :
  1. Victoire totale de la Russie qui envahirait l'Ukraine dans sa globalité et installerait à Kiev une marionnette du genre de Loukachenko en Biélorussie ;
  2. Victoire totale de l'Ukraine qui parviendrait à repousser l'envahisseur russe au-delà des frontières pré-2014, donc incluant la Crimée et l'intégralité du Donbass ;
  3. Gel des positions sur les lignes de front actuelles, et cela pour très longtemps.
Il existe bien évidemment une multitude de scénarios annexes à ces trois-là, comme par exemple :
  1. bis : Victoire de la Russie qui parviendrait à relier la Transnistrie via toute la côté sud de l'Ukraine incluant donc Odessa ;
  2. bis : Victoire de l'Ukraine qui reprendrait le Donbass mais pas la Crimée.
Et ce ne sont que deux exemple parmi bien d'autres.

On remarquera au passage que le scénario 1 bis permettrait de valider l'annexion de la Moldavie en utilisant le stratagème du false flag comme vu plus haut. Cela-dit même sans conquérir tout le sud ukrainien une annexion par les Russes de la Moldavie n'est pas quelque chose à écarter totalement...

Maintenant si l'on se concentre sur les trois scénarios du début et qu'on leur attribue un indice de probabilité voici ce que j'en pense personnellement :
  1. Assez peu probable, car les occidentaux, notamment les Américains, ne permettraient jamais que la Russie poste des troupes, avec leurs missiles, leurs chars et leurs avions, aux portes de l'Europe, même si la Pologne et la Roumanie font partie de l'OTAN ;
  2. Peu probable bien que souhaitable, car si le Donbass est « prenable » pour la Crimée c'est une tout autre histoire ;
  3. Malheureusement le plus probable si nous ne donnons pas aux Ukrainiens les moyens de leurs ambitions, or depuis un an nous avons systématiquement agi trop peu et (presque) trop tard.
Si vous avez des doutes sur la très grande probabilité du troisième scénario je vous invite à relire l'histoire de quelques conquêtes soviético-russes, même si l'histoire ne se répète jamais de manière identique comme je l'ai mentionné au début.

Rappelez-vous l'année 1939, durant le pacte germano-soviétique, quand les nazis et les bolchéviques s'entendaient comme larrons en foire pour se partager de gros bouts de territoires ne leur appartenant pas. La guerre d'Hiver qui opposa l'Union soviétique à la Finlande se traduisit peut-être par une déculottée des Soviétiques sur le plan militaire, mais surtout par l'accaparement par ces derniers de 10% du territoire finlandais et de 20% de ses capacités industrielles ! Et devinez quoi, la partie finlandaise de la Carélie est toujours russes aujourd'hui, elle fait partie de l'Oblast de Léningrad. Et cela pour encore très longtemps.

Moralité : quand les Russes (ou les Soviétique mais c'est équivalent) s'implantent quelque part il est ardu de les déloger. 

D'autres exemples ?

En 1991, soit immédiatement après la désagrégation de l'empire soviétique, la Transnistrie se sépara de la Moldavie avec l'aide, vous ne devinerez jamais, des troupes russes qui ne manquèrent pas de s'installer sur les lieux très rapidement afin d'être sûrs, on ne sait jamais, que personne ne viendrait embêter leurs amis slavophones.

Et en 2008 peu de monde a oublié que la Georgie fut victime d'une tentative d'envahissement total « heureusement » stoppée par un accord de paix concocté par Sarkozy et Medvedev (qui faisait à l'époque office de président mais n'était en réalité qu'une marionnette) et supervisé par Poutine qui, grand seigneur (ou saigneur), se contenta, on se demande encore pourquoi, de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, alors que l'armée géorgienne était complètement défaite et que la totalité du pays était donc à sa portée. Probablement les gros yeux des Etats-Unis d'alors y ont été pour quelque chose...Et ce n'est qu'en 2013, avec la fameuse ligne rouge franchie en Syrie et superbement ignorée par Obama qui l'avait lui-même fixée, que Poutine a dû se dire merde alors, si j'avais su !

Si l'histoire ne se répète pas à l'identique elle bégaie donc avec des vocalises qui se ressemblent étrangement.

C'est pourquoi on peut faire confiance à Poutine. Tous les territoires qu'il a réussi à conquérir en Ukraine vont être défendus bec et ongles par des Russes qui vont s'enterrer en nombre dans une multitude d'abris. Les Russes ont le nombre à défaut d'avoir la qualité, contrairement aux Ukrainiens. Tout dépendra de ce que nous pourrons livrer à ces derniers dans des délais suffisamment courts afin de leur permettre d'agir de manière efficace. Nous verrons bien si les chars promis feront la différence sur le terrain.

Pour le futur si Poutine reste au pouvoir on peut lui faire confiance pour reconstituer ses forces, fabriquer d'innombrables obus et missiles de piètre qualité mais suffisamment efficaces quand ils tapissent les villes et villages ukrainiens en les réduisant en cendres, ce que les Russes savent faire quasiment à la perfection.

Et garder en mémoire que les enfants et adolescents d'aujourd'hui endoctrinés par le régime moscovite seront les soldats qui dans une dizaine d'années reviendront à la charge à la place de leurs ainés « morts pour la patrie ».

Parmi eux combien iront servir de chair à canon ? (source Enfants-soldats de Russie)  


Peut-être de futurs « touristes » allant visiter la Moldavie à des fins de pacification ?


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