mercredi 26 octobre 2016

Jean Jouzel remet l'église au milieu du village, parait-il...

Je l'ai déjà dit à deux ou trois reprises, ce qu'il y a de bien avec Skyfall c'est que parfois un article ou un commentaire supposé mettre à bas le « réchauffisme » (c'est comme cela qu'ils appellent la science du climat, laissant penser qu'il s'agirait d'une idéologie) produit exactement l'effet inverse et apporte la preuve contraire, on appelle cela se tirer une balle dans le pied mais personne sur le site climatonégatocomplotiste ne voudra jamais l'admettre.

Ainsi dans le dernier billet de Skyfall censé « démontrer » que les modèles climatiques ne peuvent pas marcher à cause du chaos (le chaos dans la tête de ses lecteurs pour sûr) intitulé Lorenz validé (Lorenz n'a évidemment jamais validé que les modèles climatiques ne marchaient pas) le dénommé phi nous pond ceci sans que personne ne lui ait rien demandé :
  •  5.  phi | 24/10/2016 @ 17:10
    Je laisse Jouzel remettre l’église au milieu du village :
    Abandonnons les modèles. Vous savez ce qu’on est en train de faire en augmentant la quantité de gaz à effet de serre de façon manifeste à cause des activités humaines ? On augmente de façon très simple le chauffage du système climatique c’est à dire la quantité de chaleur qui est disponible pour chauffer l’atmosphère, les glaces et l’océan. On augmente ça. On a augmenté de 3 W/m2 supplémentaire. C’était 240 maintenant c’est plutôt 3 W supplémentaire et quand vous chauffez plus, excusez-moi, il n’y a pas besoin de modèles pour savoir que le climat va se réchauffer.
    (http://www.itele.fr/chroniques.....015-142159)
    Ben voilà, le réchauffement global à la sauce du GIEC est indépendant du caractère chaotique du climat, question d’échelle.
    Si les modèles climatiques n’ont rien à dire sur ce sujet particulier, c’est qu’ils n’intègrent pas de thermodynamique de l’effet de serre (ça, c’est pas du Jouzel).
    Bon, je suppose qu’un jour, on finira par le comprendre.
Comme d'habitude la conclusion que l'on peut tirer d'un tel commentaire c'est que
  1. soit phi prend les gens pour des crétins
  2. soit phi a de gros problèmes de compréhension
La citation de phi concernant ce que dit Jouzel (à 28:30) est correcte, à quelques mots près qu'il oublie mais sans changer le sens, seulement phi se trompe s'il croit vraiment que Jouzel pense que « les modèles climatiques n’ont rien à dire sur ce sujet particulier ».

La discussion sur les modèles climatiques a été initiée dans le débat par Olivier Postel-Vinay (à 18:57) qui remet en doute leur capacité à « prévoir » des événements comme la fumeuse « pause » du début du siècle (on verra dans le prochain rapport du GIEC ce qu'il faut penser de cette « pause »...) en comparant les modèles climatiques aux modèles économiques, ce qui fait réagir Jouzel (conversation un peu décousue à cause des interventions intempestives de Postel-Vinay qui tente de brouiller le discours de Jouzel) :
  • Non ça n'a rien à voir [les modèles économiques] excusez-moi, on ne fait pas de l'économie [...] le plateau de températures n'existe pas, il y a une augmentation des températures et surtout 93% de la chaleur supplémentaire vont dans l'océan et ce sont ces 93% qui sont largement à l'origine de l'élévation du niveau de la mer [...] c'est vous qui ignorez [Postel-Vinay venant de dire « on ignore tout ...»] les modèles sont justes avec les incertitudes que nous y attachons et qui sont bien exprimées dans le rapport du GIEC, par exemple ces modèles sont tout à fait capables de justement rendre compte du climat du dernier maximum glaciaire qui est très très différent de celui d'aujourd'hui, de rendre compte du climat des autres planètes, ce sont les mêmes modèles, de rendre compte de la variabilité du dernier millénaire [interruption de Postel-Vinay sur l'optimum médiéval] il n'y a pas d'optimum médiéval de quelques 3 dixièmes de degrés, la période la plus chaude qu'on ait connu de trente ans depuis un millier d'années [...] etc.
Comme on peut le constater c'est dans ce passage que Jouzel « remet l'église au milieu du village » et non dans celui cité par phi, lequel n'a pas compris pourquoi Jouzel disait « abandonnons les modèles » !

Il s'agissait en réalité de laisser un instant de côté, dans la conversation sur le plateau TV (et certainement pas sur le plan scientifique), ce que disent les modèles climatiques pour simplement se concentrer sur les observations ; pas besoin effectivement des modèles pour constater la hausse continue des températures (de l'atmosphère et des océans), la fonte des glaciers et des calottes glaciaires et la hausse du niveau des mers qui en résulte, la baisse du ph des océans (ce que l'on nomme « acidification »), la migration vers les pôles d'espèces animales et végétales qui cherchent à bénéficier de conditions climatiques plus bénéfiques pour leur survie, etc.

Phi n'a pas compris que les modèles climatiques ne servent pas à « prouver » le réchauffement climatique, celui-ci est déjà observé et il correspond à une réalité en accord avec les lois de la physique et de la chimie (rôle du CO2 dans l'effet de serre notamment) ; les modèles sont là pour donner des indications sur ce qu'il peut se passer dans l'avenir en fonction de scénarios d'émissions de CO2 d'origine humaine, avec les incertitudes qui leur sont attachées selon les propos de Jouzel lui-même sur le plateau TV.

Mais phi n'en a retenu que « le réchauffement global à la sauce du GIEC est indépendant du caractère chaotique du climat » et que « si les modèles climatiques n’ont rien à dire sur ce sujet particulier, c’est qu’ils n’intègrent pas de thermodynamique de l’effet de serre »...

Et quand il conclut que « bon, je suppose qu’un jour, on finira par le comprendre » on est en droit de douter en ce qui le concerne qu'il puisse un jour comprendre quoi que ce soit.

Parce que mélanger météo et climat est quelque chose qu'il fait très bien ; il confond le « caractère chaotique du climat », qui, comme l'explique Christophe Cassou, est essentiellement lié à ce qui se passe dans les océans et non dans l'atmosphère, celle-ci étant éminemment plus chaotique et empêchant que l'on puisse effectuer des prévisions météo au delà de quelques jours.
  • à 6:00 : [...] le chaos climatique n'est pas l'atmosphère mais l'océan [...] 
source : youtube
A partit de 23:22 environ Christophe Cassou explique sommairement (le temps lui est compté...) comment marche un modèle :
  • [...] on le force [le modèle] par les forçages externes qui sont la concentration des gaz à effet de serre, les éruptions volcaniques et le soleil, on lui met un peu de papillon [...] caractéristique intrinsèque du système climatique [...] la variabilité interne (papillon atmosphérique-papillon océanique) joue un rôle important [...]

On voit bien que contrairement à ce que les climatosceptiques essaient de faire croire aux gogos il n'y a pas que les gaz à effet de serre qui entreraient en compte dans les modèles, les volcans et le soleil sont également pris en considération, avec de plus la caractéristique « papillon » qui n'est rien d'autre que la composante chaotique (atmosphère plus océans) que les climatologues connaissent bien et que les climatosceptiques déforment et interprètent de travers.

Le dernier lien vers Cassou est fourni par Christial qui préfère se concentrer sur la forme (le tic de langage de Cassou) plutôt que sur le fond :
  • 10.  Christial | 24/10/2016 @ 21:07 phi (#5),
    On ne peut pas évacuer avec le seul mot « chaotique » le raisonnement de simple bon sens (dont il faut se méfier, je le reconnais) de Jouzel.
    L’effet de serre entraine un déséquilibre thermique du système entre flux thermiques entrants et sortants. L’équilibre est retrouvé par une augmentation de la température du système.
    Sur le thème « La variabilité naturelle du système climatique. Peut-elle moduler le forçage des gaz à effet de serre .. » on peut réécouter « Cassou en fait » (agaçant son tic de langage, déjà qu’il est médiocre orateur) lors de son audition à l’Académie des sciences.
    Selon lui, sur le long terme, le caractère chaotique du climat de sa composante variabilité naturelle s’efface devant les forçages externes.
    https://www.youtube.com/watch?v=Q8gcNHJ67pM
« Selon lui » signifie évidemment que Christial pense que Cassou dit n'importe quoi, symptôme d'un Dunning-Kruger bien installé qui lui ferait presque croire qu'il en connait davantage que le chercheur sur le sujet.

On voit aussi dans le même fil des commentaires la négation du rôle du CO2 par le créationniste scaletrans :
  • 11.  scaletrans | 24/10/2016 @ 22:32 Christial (#10),
    L’effet de serre entraine un déséquilibre thermique du système entre flux thermiques entrants et sortants. L’équilibre est retrouvé par une augmentation de la température du système.
    Je suis en désaccord. L’effet d’atmosphère est simplement ce qui nous évite d’être congelés ou carbonisés selon l’exposition. Quant aux soi-disant « gaz à effet de serre », si l’on considère le taux important d’augmentation de la concentration du fameux CO2 ces dernières décennies parallèlement à l’évolution de la température UAH ou RSS, on se rend bien compte qu’il n’y a pas d’effet.
    Quant à ce qu’a dit Cassou… sur le long terme… ça met à l’abri des vérifications comme le dit si bien Rémy Prudhomme.
En parlant de Rémy Prud'homme, que je n'avais encore jamais vu à l’œuvre, je dois dire que j'ai été servi, ce monsieur ayant le mot « idéologie » au bout des lèvres, prêt à bondir à chaque instant, est le symbole même du vieux crouton rétrograde sans intérêt qui tirera bientôt sa révérence comme Allègre ou Singer, et personne ne sera là pour le regretter et vanter ses « illuminations » ; j'en déduis que ses admirateurs, dont scaletrans, lui ressemblent et cela ne m'étonne pas, je me représente tous ces négateurs professionnels comme les petits vieux du Muppets show auxquels Gemenne faisait allusion dans l'émission en parlant de Prud'homme et Postel-Vinay :

Rémy Prud'homme et Olivier Postel-Vinay
On terminera avec un troisième papy qui fait de la résistance avec ses commentaires décalés :
  • 17.  lemiere jacques | 26/10/2016 @ 8:14 ce qui me frappe est l’acte de foi…climat simulé = climat….
    mais pour le reste c’est intéressant, et plus les commentaires qu’on trouve ici ue cette « découverte »…
    jouzel s’affranchissant des modèles ( sans s’en affranchir d’ailleurs) les commentaires excellents (mais pourtant si triviaux!) de tsih…
    les modèles numériques sont des objets à manipuler avec précaution…
    on peut le comprendre de façon simple..c’est un calcul livré en général sans incertitude… pour beaucoup ça suffit..
    ce qui est rigolo c’est que vous n’avez aucune idée de savoir si vous vous rapprochez de la réalité ou vous vous en éloignez en faisant un modèle qui vous semble plus réaliste, on peut imaginer d’ailleurs des effets d’échelle bizarres..
    mais parfois des paroles révélant le trouble dans la foi sont sidérante…

Plus décousu que ça tu meurs.





2 commentaires:

  1. C'est vrai qu'on n'a pas besoin de modèles pour savoir qu'une augmentation de l'effet de serre induira (à activité solaire et volcanisme égaux) un réchauffement du système. Les modèles ne servent pas à ça ni à ce que les climatoguignols veulent nous faire croire (les prédictions de madame Germaine Soleil). Les modèles n'ont aucune valeur prédictive, il suggèrent juste des possibles.

    Au passage notre ami manivelle prend un bon coup de pied dans le cul avec cette étude :

    http://www.weizmann.ac.il/eserpages/kaspi/publications/Chemke-Kaspi-Halevy-2016.pdf

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    1. "Au passage notre ami manivelle prend un bon coup de pied dans le cul avec cette étude"

      Gardons les pieds sur terre, « notre ami » ne reconnaitra jamais avoir tort, vous savez bien qu'il est persuadé que les modèles climatiques ne valent rien, alors lui montrer une étude parlant de GCM...

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