mardi 13 novembre 2018

François Gervais toujours sur la brèche, et toujours aussi ébréché

Il y a des gens qui ont de la constance dans leurs actions et leurs idées, François Gervais est de ceux-là.

C'est la dernière mouture des climato-irréalistes qui nous informe qu'encore une fois notre physicien de l'Indre et de la Loire réunies est intervenu récemment sur les médias, et pas qu'une fois mais trois, dont une prestation sur Valeur Actuelles, montrant ainsi le penchant droitiste prononcé du courant climatosceptique (aux Etats-Unis on dirait le penchant conservateur, mais c'est la même chose)
Comme le dit le physicien François Gervais dans une interview, « malgré des projections non validées, le GIEC persiste dans l’alarmisme ».
Jeudi 1 novembre 2018, François Gervais participait à l’émission de France Inter de Laurent Goumarre sur le thème « Climat en Folie ». Parmi ses contradicteurs, Aymeric Caron, journaliste, Françoise Vimeux et Jean Jouzel.
Et c'est un habitué des lieux qui informe ses coreligionnaires de l'existence pas plus tard qu'hier de la troisième apparition de la momie :
18. geoff chambers | 12/11/2018 @ 15:02

Est-ce que quelqu’un a vu François Gervais chez Pascal Praud (l’heure des pros) sur C News ce matin? […] L’essentiel de l’interview est à https://www.youtube.com/watch?v=GUrYJ-1HYPM vers 15 minutes, mais Gervais avait déjà été insulté par les participants dans la séquence précédente
NB - quand un de ces énergumènes dit qu'un climato-irréaliste a été insulté, cela veut dire probablement qu'il a raconté des âneries et qu'on le lui a fait remarquer.

Nous passerons rapidement sur l'interview de VA dont nous ne retiendrons que la première phrase de Gervais :
Si une religion est une culture de foi, la Science est une culture de doute. Le scepticisme a toujours été une vertu cardinale en Sciences.
Tout est dit, la science du climat est une religion et monsieur Gervais fait partie de ceux qui doutent, peu importe qu'il ne doute en aucune manière que le CO2 soit bon pour les plantes avec ce superbe raccourci :
Le gaz carbonique, CO2, est la nourriture indispensable et irremplaçable de la végétation.
Monsieur Gervais ne sait apparemment pas qu'il y a bien d'autres choses qui sont bonnes pour la végétation et que le CO2 n'est que l'une d'elles, et que trop de CO2 associé à une température trop élevée ainsi qu'à des conditions exceptionnelles comme les sécheresses, ou les inondations, ou les vents violents, ou la grêle, entre autres, cela ne fait pas nécessairement bon ménage, mais monsieur Gervais tient à rassurer les agriculteurs et à ne pas trop compliquer le problème, après tout il est à la retraite et n'a plus toutes ses facultés pour se renseigner un minimum sur le sujet.

Un des premiers commentateurs a d'ailleurs une analyse très juste de la situation :
Aikongo - 11/10/2018 - 10:33

Inviter François Gervais pour parler du réchauffement climatique, c'est comme inviter un créationniste pour expliquer les lois de l'évolution. […]
Comme quoi il y a des personnes qui réfléchissent, même sur Valeurs Actuelles.

Voyons un peu les commentaires sur Skyfall concernant son intervention sur France Inter le jeudi 1er novembre.
4. Claude C | 8/11/2018 @ 16:32
Pour ce qui est de François Gervais sur France Inter, je trouve qu’il est gonflé de s’être prêté isolé à ce débat déséquilibré …
Débat déséquilibré ? Sans blague !

Face à lui il avait deux véritables climatologues, Jean Jouzel et Françoise Vimeux, alors que lui n'est qu'un physicien retraité n'ayant jamais rien publié sur le climat du temps où il était en activité, donc si je compte bien le climatoscepticisme était représenté à hauteur de 33%, soit plus de dix fois son importance réelle dans le monde scientifique !

Et qu'a-t-il dit d'important durant cette émission ? A la question « est-ce que ces conditions climatiques qui sont tout à fait particulières […] correspondent à un réchauffement, est-ce qu'il y a là quelque chose de grave ? […] le monde se meurt [citant Aurélien Barreau], vous êtes d'accord ? »
  • à 5:30 : Non. Je me considère comme bien vivant, et le monde aussi, là on est en train de parler de météorologie, pas de climat, euhhh, j'ai retrouvé un article d'il y a 150 ans […]
Heureusement qu'il y a François Gervais pour nous rappeler quelle est la différence entre météo et climat et nous ressortir un article d'il y a 150 ans pour nous « prouver » que ce que nous vivons aujourd'hui n'a rien d'exceptionnel, les Californiens, entre autres, apprécieront.

Puis voilà le professeur à la retraite qui refait surface et se souvient des cours qu'il donnait du temps de sa splendeur en nous parlant de l'invention de la météo par Torricelli avec son baromètre, ce qui n'a évidemment pas grand rapport avec le sujet du réchauffement climatique et des événements extrêmes que nous connaissons de plus en plus, mais il est toujours utile de noyer le poisson en étalant sa culture et en faisant croire que les autres ne sont que des ignorants que l'on éduque.

Tout cela pour nous dire que la météo ne dépend QUE de la pression atmosphérique, oubliant au passage d'autres facteurs comme la température ou l'humidité qui pour lui ne doivent être que des composantes non significatives que les prévisionnistes ignorent superbement car ce serait trop compliqué de les entrer dans leurs modèles.

Mais il accorde quand même à la température un rôle minime dans les phénomènes météorologiques, en enchainant de manière habile sur le climat et sur le GIEC :
  • à 6:40 : […] c'est la météo et ça dépend de la pression atmosphérique et très peu de ce qui est le critère selon le GIEC du climat, à savoir essentiellement la température moyenne de la Terre. […]
On croit rêver mais non, on a l'impression que François Gervais n'a pas lu le rapport du GIEC et qu'il pense que dans celui-ci on ne discute QUE de la température moyenne de la Terre !

On lui fera remarquer que c'est du côté climatosceptique que la température est « essentiellement » (pour reprendre ses propos) un indicateur du non-changement climatique, et pour couronner le tout, en n'évoquant que la température de l'atmosphère et en  laissant de côté celle de l'océan, alors qu'on sait que 93% de la chaleur additionnelle causée par nos émissions de gaz à effet des serre va s'y engouffrer, la part allant dans l'atmosphère étant évaluée à quelques pourcents (de 1 à 3% selon mes lectures)

Heureusement qu'il y a Jean Jouzel et surtout Françoise Vimeux pour apporter un éclairage scientifique afin de corriger la copie maladroite de François Gervais :
  • à 8:50 : […] l'augmentation de température que l'on observe, qui a une tendance linéaire, mais comme vous le disiez tout à l'heure il y a des périodes où finalement elle se stabilise pendant dix ans, après elle repart à la hausse, elle peut même diminuer, c'est ce que l'on voit sur les observations depuis le début du vingtième siècle et en fait ça c'est la variabilité interannuelle qui se superpose à une tendance au réchauffement. Et la température que l'on observe et qui augmente c'est un symptôme du dérèglement climatique, il n'y a pas que la température moyenne globale qu'il faut regarder, il y a par exemple tous les changements de pluies que l'on observe et pour lesquels on est très inquiets en particulier sur les régions tropicales […] les ouragans, les cyclones, on ne prévoit pas un nombre plus important d'ouragans et de cyclones, on prévoit des phénomènes beaucoup plus intenses, beaucoup plus pluvieux avec des risques qui vont être augmentés parce que la population en zones littorales on prévoit qu'elle augmente dans les décennies à venir […]
Ainsi il faut que ce soit une jeune chercheuse ayant eu son doctorat en 1999 qui fasse la leçon au vieux professeur fatigué François Gervais qui ne sait même pas ce que signifie la variabilité naturelle du climat (ou feint de ne pas le savoir) ! 

Et elle se permet de le contredire avec « il n'y a pas que la température moyenne globale qu'il faut regarder » en lui donnant un exemple avec les pluies, mais elle aurait certainement pu en donner bien d'autres si elle en avait eu le temps.

Sur Skyfall, sans surprise, les commentaires se suivent et se ressemblent dans la médiocrité qui est la marque de fabrique des intervenants réguliers.
5. Bernnard | 8/11/2018 @ 17:08

Claude C (#4),
Sur les médias publics (et les autres), ce sont toujours des débats déséquilibrés quand le sujet est le climat.
La couleur est généralement annoncée dans l’introduction du débat. Le climat change, quelle horreur !
Au mieux, l’opposant (il est souvent seul.) est ignoré. Au pire, il sert à faire valoir. 
7. JC | 8/11/2018 @ 22:14

Sur l’émission de France Inter : c’est fou comme la discussion sur des éléments scientifiques n’intéresse pas les gens autour de la table. Personne ne veut les entendre et en discuter.
La nana a quand même le toupet – et avec aisance et aplomb en plus – de dire à un moment que les modèles sont incapables de dire ce que deviendront les zones tropicales mais que ce sera quand même catastrophique !! (« pour certaines régions on manque de connaissances pour dire si ce sera des changements avec plus de pluie ou moins de pluie et là c’est très grave car ces pays ne savent pas à quoi s’adapter).
Le dénommé JC (pour Je Crois) ne fait pas dans la nuance, si la jeune chercheuse exprime un doute c'est qu'elle a du toupet ; que disait Gervais déjà ? (voir plus haut)
la Science est une culture de doute
Ben oui, si on manque de connaissances et qu'on ne sait pas s'il y aura trop ou pas assez de pluies cela n'est qu'un détail, les habitants des régions concernées n'ont qu'à attendre et ils verront bien ce qui va leur tomber sur la tête.

Pour la troisième intervention du professeur retiré des affaires (mais se rappelant quelques vagues notions qu'il régurgite mécaniquement sans trop comprendre ce qui sort de sa bouche) je ne dirai rien, je vous laisse regarder, moi j'en ai soupé de Gervais, surtout intervenant sur C-News dans une émission dont on peut très bien se passer sans porter atteinte à ses facultés mentales, bien au contraire, tous les intervenants étant aussi insignifiants l'un que l'autre, sans parler des « animateurs » qui ont oublié ce qu'était la conduite d'un débat.


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