jeudi 1 novembre 2018

La confiture du commissaire

Notre bon ami monsieur Antoine est prévisible comme le soleil qui se lève tous les matins, il suffit que je l'asticote un minimum et il nous sort une dissertation copiée/collée de sites divers que je vous livre par morceaux :
1972. AntonioSan | 1/11/2018 @ 6:08

AntonioSan (#1969), Ça recommence… 4 lignes et c’est un billet écrit jusqu’aux aurores… C’était un bonhomme important notre JojoD. Et il faut que ça se sache. Il doit vraiment s’ennuyer ferme le pôvre. La gloire et maintenant, la retraite obscure. Heureusement qu’il a son blog et qu’il peut ressortir tous les poncifs éculés sans aucun filtre et se faire plus climato que les climatos, lui qui ne tolère pas que d’autres y touchent sauf s’ils épousent la Cause, comme Foucault. Et il le prouve encore avec sa dissertation sur la neige en Antarctique où il ne comprend même pas que les deux phénomènes sècheresse intérieure et neige sur la périphérie sont liés.
La perle bien sûr c’est […]
Monsieur Antoine aime les projections, avec « c’était un bonhomme important » il nous montre combien lui pense qu'il est, ou a été, un personnage important, et avec « il faut que ça se sache » il nous fait la démonstration de son propre désir ardent de montrer à la poignée de petits copains qu'il s'est trouvés sur Skyfall combien il maitrise les arcanes du climat et de la météo, lui qui confond si aisément les deux termes comme nous l'avons vu dans mon précédent billet.

Car comment apporter le moindre crédit aux élucubrations de quelqu'un qui associe « réchauffement » avec « Plan Grand Froid » ?

Et je tiens à rassurer le bonhomme, si j'écris souvent tard dans la nuit c'est justement parce que je ne m'ennuie pas, moi, mes journées étant particulièrement occupées, elles.

On admirera aussi la tirade « heureusement qu’il a son blog et qu’il peut ressortir tous les poncifs éculés sans aucun filtre », vous remplacez « son blog » par « Skyfall » et la phrase s'applique à merveille à notre peu lucide commissaire qui enfile les perles à longueur de commentaires en compagnie de ses coreligionnaires.

Et donc il tente de nous faire croire que « sècheresse intérieure et neige sur la périphérie [de l'Antarctique] sont liés », comme s'il n'était pas normal qu'au centre de l'Antarctique il fasse très froid, et donc qu'il y ait peu d'humidité, alors que la périphérie bénéficie du réchauffement de l'océan qui la borde et qui lui amène l'humidité nécessaire à des chutes de neige plus importantes.

Il me cite donc :
Ainsi je suis persuadé qu’il croit dur comme fer que les fortes chutes de neige sont causées par un refroidissement, sans se rendre compte une seule seconde que la neige vient bien de quelque part ; un indice à son attention : un air plus chaud contient davantage d’humidité, et si l’air de plus passe sur une mer plus chaude que la normale il va d’autant plus se charger en humidité, donc entrainer des précipitations plus fortes que la normale elles aussi, et quand ces précipitations se produisent à une température inférieure à zéro degré en principe c’est de la neige qui tombe.
Et il en tire ceci :
On se demande justement d’où proviennent en plaine, les températures négatives précoces au mois d’octobre… Ah oui d’une descente d’air polaire –on a eu ces temps-ci jusqu’à des 1063 hPa de pression sur le Groenland, pressions habituellement rencontrées en plein milieu de l’hiver boréal- et non de l’échauffement neuronal d’un amphibien bloggeur.
Ajoutons que ces précipitations furent couplées au phénomène connu sous le nom de « neige par isothermie »:
Ou l'art de changer habilement de sujet ; je ne faisais que préciser que la neige provient de l'évaporation au-dessus des mers et des océans, l'humidité ainsi produite étant transportée plus loin au-dessus de régions où la température pouvant descendre au-dessous de zéro les précipitations se produisent sous forme de fortes chutes de neige, car plus il y aura eu d'évaporation et donc d'humidité dans l'air et plus les chutes seront fortes, ce qui dérange monsieur Antoine étant donné qu'il n'arrive pas à associer hausse des températures et chutes de neige plus importantes ; plus importantes ne signifiant pas bien évidemment qu'il y en aura davantage sur la saison, mais qu'elles seront localement plus fortes que la normale.

Si monsieur Antoine pratiquait (ou avait pratiqué) comme moi la randonnée en montagne, et notamment le ski de randonnée, il saurait que quand il y a de fortes chutes de neige la température n'est jamais extrêmement froide, elle peut même parfois paraitre anormalement douce et si l'on est trop couvert on peut facilement transpirer au moindre effort ; par contre quand il fait très froid il est rare que la neige tombe et quand elle le fait ce sont de minuscules flocons qui atteignent le sol, peu chargés en humidité, ce qui est parfaitement en accord avec les lois de la physique, mais monsieur Antoine ne semble pas très familier avec ces lois ; il continue avec ce copié/collé :
Ces précipitations se produisent d’abord sous forme de pluie par température faiblement positive près du sol (pouvant aller de 2 à 7°C, l’isotherme 0°C se situant au départ jusqu’à 600/700 m ou même plus), et se terminent en neige avec un refroidissement généralisé. Elles sont associées à des perturbations ou traînes actives ou de fortes dépressions.
Le phénomène est le suivant : lorsque des précipitations modérées à fortes se produisent, la fonte de la neige en grande quantité au cours de sa chute au-dessous de l’isotherme 0°C est suffisante pour abaisser la température de l’air vers 0°C et l’iso 0°C descend progressivement. La neige fond de plus en plus bas et finit par atteindre le sol (la température se stabilisant à 0°C sur toute l’épaisseur des basses couches jusqu’au sol). Copyright Météo-France
On remercie monsieur Antoine pour la leçon qu'il tire étonnamment d'un site qu'il aurait plutôt tendance à dénigrer en temps normal, mais il oublie de préciser que les températures de la Méditerranée, anormalement chaudes en cette saison, amènent depuis le sud des excès d'humidité sur une grande partie de la France ; si nous en croyons Météo Contact :
La mer Méditerranée affiche actuellement [début septembre 2018] une température très élevée notamment à l'ouest de cette dernière avec une température de surface atteignant jusqu'à 28°C près de l'Italie. Cet excédent de température pourrait avoir certaines conséquences durant l'automne avec une instabilité accrue et des épisodes pluvio-orageux intenses aux abords de la Méditerranée y compris pour les côtes méditerranéennes françaises.
Moi aussi je sais faire du copié/collé, mais avec davantage d'à-propos que monsieur Antoine, puisque je vous montre qu'il était parfaitement prévu, dès le début du mois de septembre, que nous aurions « certaines conséquences durant l'automne », or nous sommes toujours en automne, ça tombe bien ; et Météo Contact ajoute :
[…] plus la température de la mer sera élevée plus la différence entre la mer et les couches supérieures de la troposphère sera grande ce qui permettra à une plus grande instabilité de se développer. De plus, plus la température de la mer est élevée plus la quantité d'énergie libérée dans l'atmosphère est importante augmentant de ce fait l'intensité des phénomènes pluvio-orageux.
Eh bien voilà, tout est dit et expliqué, et qu'il y ait une descente d'air polaire, possiblement provoquée par un affaiblissement du jet-stream, ne fait qu'ajouter au problème sans l'expliquer le moins du monde, mais monsieur Antoine est de ceux qui confondent allègrement les causes avec les conséquences, alors nous ne sommes pas surpris outre mesure ; et il enchaine :
Mais cela ne suffit pas au marécageux

Un autre indice, parce que je suis sympa : une étude de 2015 a conclu qu’il neigeait de plus en plus en Antarctique, à cause…du réchauffement climatique ! Etonnant, non ? Mais c’est une information trop dissonante pour le commissaire, lui qui pense qu’une boule de neige suffit à prouver que le réchauffement climatique est un canular.
Le marécageux c'est moi, dit le beauf qui n'est lui-aussi qu'un têtard se croyant sorti de la mare.

Et effectivement j'avais raison, la dissonance cognitive du commissaire Antoine tourne à plein régime :
C’est vrai qu’il est sympa… Sauf à jouer les pilleurs de tombes sans aucun respect. En l’occurrence, ce qu’il oublie de dire c’est qu’il s’agit de l’ouest Antarctique situé dans le prolongement de la péninsule et cela change tout.
Malgré l’augmentation des vents catabatiques donc des émissions d’air froid venant du continent -les 85% du continent qui se refroidissent légèrement-, l’évolution des dépressions associées montre une fréquence accrue de dépressions plus creusées, indicative d’une dynamique plus rapide logique conséquence de ce refroidissement modeste du continent; l’air polaire plus froid atteignant des latitudes moins élevées comme le prouve l’évolution des pressions au Chili par exemple, les dépressions associées, plus vigoureuses, ramènent un air plus chaud vers les régions polaires -augmentation relative des températures régionales et non conséquence du réchauffement global comme le croit Dugenou et comme le colportent les enfumeurs- et plus chargé en humidité, d’où effectivement des précipitations plus élevées. CQFD
Le voilà lancé dans un long laïus où les « vents catabatiques » viennent danser avec les « dépressions associées » au rythme d'une « dynamique plus rapide » pour expliquer le « refroidissement modeste du continent » ; encore une fois il semble ignorer que l'océan qui entoure le continent antarctique se réchauffe et fait fondre notamment les glaciers de la péninsule ouest par leur base, comme l'explique le site futura-sciences qu'il convient de préférer aux affabulations du commissaire :
Une nouvelle estimation revoit à la baisse l'accélération du glissement vers l'océan de grands glaciers de la péninsule Antarctique. Le réchauffement, surtout celui de l'eau sur laquelle vient flotter la langue de glace, augmente bien le volume déversé dans la mer mais « seulement » de 15 kilomètres cubes par an.
Et si le volume déversé dans la mer n'est que de « seulement » 15km3 par an c'est uniquement parce que les glaciers sont freinés par le socle rocheux qui se relève isostatiquement (voir exemple canadien) comme expliqué sur ce site :
West Antarctic bedrock is rising surprisingly fast — and this may slow down ice melt
Mais les scientifiques apportent un gros bémol à cette apparente « bonne nouvelle » :
Researchers say that we shouldn’t be overly optimistic about this good news. The planet’s atmosphere is still warming rapidly and CO2 levels are increasing, and with sufficient rapid warming, the two mega-glaciers are bound to retreat eventually.
Ainsi l'accroissement de la température, causé par nos émissions de gaz à effet de serre (CO2, CH4 et N2O), rattrapera très certainement l'« effet rebond » du socle rocheux qui freine pour l'instant la perte en glace des deux méga glaciers que sont Thwaites et Pine Island, pas de quoi crier victoire par conséquent.

Pour finir ce déjà trop long billet (mais c'est toujours un plaisir de démonter les argumentations anémiques du commissaire) voici comment monsieur Antoine conclut sa « démonstration » :
Quant au galure sur le nez, dans son empressement, il en oublie même de recompter les images de ses randonnées pédestres, ce qui pour un « comptable » est un comble !
Toujours aussi perspicace le commissaire, où a-t-il vu que j'omettais de mentionner la photo de moi avec mon chapeau ? J'ai exactement écrit :
[…] il faudra qu'il me dise où il m'a vu poser devant Météo France, cela commence à m'amuser, j'aurais peut-être un sosie travaillant là-bas, vite il faut que je me renseigne pour l'embaucher !
Pour la photo avec le chapeau pas de problème, je l'assume et vous en donne la preuve :

Les étangs de Fontargente

Alors monsieur le commissaire, votre enquête n'a toujours pas abouti ? Où donc est cette fameuse photo me représentant en syndiqué CGT chez Météo France  ?
[…] lui qui sème les photos avec galure sur le pif en rando ou bien devant les panneaux Météo France… Ça conserve la CGT!
On attend avec impatience le résultat de vos investigations.

Ben si, ça peut parfaitement s'inventer, avec le commissaire tout est possible.

2 commentaires:

  1. En complément, voici une présentation par un climato « réaliste », Régis Crépet, du phénomène medicane : https://actu.lachainemeteo.com/actualite-meteo/2018-09-30/medicane-zorbas-intemperies-majeures-en-grece-48573

    Où l'on voit que les descentes d'air polaire ont bon dos pour expliquer certains épisodes méditerranéens violents...

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  2. Et pour enfoncer le clou, un article de Météo Contact concernant le tempête Adrian : https://www.meteocontact.fr/actualite/tempete-adrian-et-intemperies-des-29-et-30-octobre-2018-62572

    Aucune mention d'une quelconque descente d'air polaire, mais on sait que les eaux de la Méditerranée sont particulièrement chaudes en cette saison...

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