jeudi 21 février 2019

L'Arctique se réchauffe, c'est une information non alarmiste !

Il est des moments de pur bonheur, par exemple quand on voit un climatosceptique se tirer en direct une rafale dans les pieds sans même s'en rendre compte.

Ainsi sur le forum quetedugraal nous avons ce commentaire :

par troubaa Hier à 21:04
une croix dans le calendrier : une information non alarmiste de komyo !

Pour compléter :
Température de l'arctique

Et de nous montrer dans la foulée ce graphique :

Daily mean temperature and climate north of the 80th northern parallel, as a function of the day of year.  (source ocean.dmi.dk)

Le dénommé troubaa répondait à Komyo qui présentait de son côté un lien menant vers Météo France où le graphique suivant est visible :

Figure 1 : extension mensuelle moyenne de la banquise arctique - janvier 1979 à 2019 - © NSIDC


Et donc à partir de ces deux informations notre ami troubaa en déduit que tout va bien et que l'information est « non alarmiste » selon ses propos.

Disons-le tout de suite, une information d'un organisme comme Météo France ou le DMI n'est ni alarmiste ni non alarmiste, le terme alarmiste ne veut strictement rien dire quand il s'agit d'une information factuelle présentant ce qui se passe dans la réalité ; le caractère alarmiste ou non alarmiste est créé uniquement dans le cerveau de celui qui regarde cette information et en déduit éventuellement les conséquences (ou les non conséquences)

Alors regardons bien les deux graphiques en question.

Le premier, celui que présente troubaa, montre l'écart entre les températures observées et la moyenne sur la période 1958-2002 (c'est comme le Port-Salut, c'est marqué dessus), et que voit-on ? On voit simplement que les températures observées durant les 50 premiers jours de 2019 sont systématiquement supérieures à la moyenne à l'exception de deux ou trois jours (difficile de distinguer nettement leur nombre) ; de plus les quelques jours où les températures ont été inférieures à cette moyenne l'ont été de très peu, on est quasiment proche de l'égalité, alors que les jours où les températures ont été supérieures à cette même moyenne l'ont été de beaucoup, la plupart se situant pas moins de 5°C (ou 5K c'est pareil) au-dessus, une paille !

Et troubaa d'en tirer probablement la conclusion qu'il n'y a pas lieu d'être « alarmé ».

Le deuxième graphique, celui présenté par Komyo et issu de Météo France, montre essentiellement deux choses :
  1. la moyenne de l'extension de la banquise arctique de chaque mois de janvier depuis 1979 ;
  2. la tendance de cette extension.
On remarque que l'extension au mois de janvier a subi des hauts et des bas et qu'actuellement, en janvier 2019 donc, nous assistons à une remontée, tout comme il y avait eu des remontées en 1985-86, en 1993, en 1997 et en 2006-07-08 ; mais si l'on est plus perspicace que troubaa on remarquera également les nombreuses « descentes » qui font que la tendance à long-terme, calculée depuis 1979, est clairement et sans contestation possible à la baisse ; mais troubaa, comme tout climatosceptique qui se respecte (et ne doutons pas que troubaa se respecte au plus haut point), ne regarde que la partie tout à fait à droite et ne retient que le commentaire suivant de Météo France :
Les conditions plus fraîches en janvier que les années précédentes (il faut remonter à 15 ans, janvier 2004, pour avoir un mois de janvier globalement plus froid en Arctique, d'après la Figure 3) ont sans doute permis d'avoir un bon taux d'accroissement quotidien de la glace durant le mois, de l'ordre de 51200 km² par jour, plus élevé que la normale.
Ses neurones pré-programmés pour ne retenir qu'un certain type d'information en concluent donc que le « taux d'accroissement quotidien de la glace [est] plus élevé que la normale » et la conclusion logique qu'en tire le centre névralgique qu'est son cerveau est naturellement que l'Arctique se porte bien puisque la banquise est en train de se reconstituer.

Et troubaa est conforté dans ses certitudes avec le dernier paragraphe qui lui dit :
Contrairement aux 4 hivers précédents, dont les trois derniers ont été marqués successivement par des vagues de chaleur exceptionnelles en pleine nuit polaire, cet hiver ne battra pas de record d'extension basse. Il est vraisemblable que la valeur maximale finale soit entre la 7e et la 10e extension maximales la plus basse.
Evidemment il aura zappé le titre dudit paragraphe : 
Un répit : pas de record d'extension basse cette année
Mais pour troubaa le mot « répit » ne doit pas avoir de signification particulière, donc pourquoi s'encombrer avec ce qu'il donne à réfléchir (réfléchir, encore un mot dont troubaa ignore le sens)

Mais qu'on ne m'accuse pas de ne donner qu'une partie de l'information fournie par troubaa, celui-ci en effet nous montre deux autres graphiques :

The plots show maps with sea ice thickness, and seasonal cycles of the calculated total arctic sea ice volume. The mean sea ice volume and standard deviation for the period 2004-2013 are shown with gray. The figures are based on calculations using DMI's operational ocean and sea ice model HYCOM-CICE. (source ocean.dmi.dk)

Sea ice extent in recent years for the northern hemisphere.
                       The grey shaded area corresponds to the climate mean
                       plus/minus 2 standard deviations.
(source ocean.dmi.dk)

Effectivement, l'année 2019 commence plutôt bien pour la banquise arctique, mais il n'y a rien d'étrange à cela et neven ne cache pas sa joie de constater que la glace arctique se porte à merveille en ce début d'année :
Good news! So far, the winter has been good for Arctic sea ice. The past three months have been relatively cool, especially when compared to the previous three winters, which broke all temperature records for the Arctic (see Zack Labe's excellent graph here). Of course, PIOMAS has responded in kind. With 3456 km3, January was well above the 3179 km3 average for the 2007-2018 period. And so, 2019 starts out as 7th lowest on record, a whopping 2500 km3 behind ranking leader 2017, almost doubling the gap since the end of November.
Bonnes nouvelles! Jusqu'à présent, l'hiver a été bénéfique pour la banquise arctique. Les trois derniers mois ont été relativement froids, surtout par rapport aux trois hivers précédents, qui ont battu tous les records de température pour l'Arctique (voir l'excellent graphique de Zack Labe ici). Bien entendu, PIOMAS a réagi de la même manière. Avec 3456 km3, janvier était bien au-dessus de la moyenne de 3179 km3 pour la période 2007-2018. Ainsi, 2019 commence au 7e rang le plus bas jamais enregistré, à 2500 km3 du leader du classement 2017, doublant presque l'écart depuis la fin du mois de novembre.
Ce qui nous vaut le graphique suivant que mes lecteurs fidèles connaissent bien :

Anomalie (écart) de volume (par rapport à la moyenne 1979-2018) de la banquise arctique et tendance d'après PIOMAS.

Nous retrouvons plus ou moins le graphique montré plus haut qui ne représentait que les mois de janvier depuis 1979, les mêmes considérations sont donc à prendre en compte (vous savez bien, l'histoire des hauts et des bas…)

Personne ne sait à l'heure actuelle :
  • quel sera le niveau de la banquise arctique pris sur la moyenne de la saison (si je ne me trompe pas le record est détenu par 2016 ou 2017) ;
  • quel sera le niveau de la banquise arctique à son plus bas, c'est-à-dire au mois de septembre (le record est toujours détenu par le mois de septembre 2012)
Pour l'instant la tendance est toujours à la baisse, le dernier mois se situant dans l'intervalle de confiance (à comparer avec d'autres périodes dont les plus hauts étaient situés nettement dans la partie gris clair)

Donc de tout cela je ne sais pas s'il faut s'« alarmer » ou non, je laisse aux compères de troubaa le soin de déterminer à partir de quel moment il faudra vraiment se faire du souci pour la santé de la banquise.


2 commentaires:

  1. "Donc de tout cela je ne sais pas s'il faut s'« alarmer » ou non, je laisse aux compères de troubaa le soin de déterminer à partir de quel moment il faudra vraiment se faire du souci pour la santé de la banquise."

    Probablement jamais, puisque tout les initiés (grands) savent que les fontes sont cycliques et inéluctables, l'homme avec ces quelques ppm de CO2 supplémentaires ajoutés est bien prétentieux de se croire responsable. Enfin, toute cette eau rendue a la circulation, avec ces ressources minières et énergétiques disponibles, ce n'est pas peut être pas si mal finalement, et puis quelques inondations ne peuvent que relancer la construction ailleurs ! Comme une bonne guerre, ça booste la croissance !

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    1. Il et s'il y en a qui se frottent les mains ce sont bien les pétroliers, mais aussi les Russes qui vont avoir un peu plus d'espace pour manœuvrer…

      Quant aux inondations il est bien connu que quand le bâtiment va tout va, donc reconstruire ce qui a été détruit ne peut qu'être profitable !

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