mardi 8 juin 2021

Jean-Luc Mélenchon, spécialiste ès conneries en politique

 Dans la foulée de mon billet sur la connerie en politique (voir Jean Con vient) nous venons d'avoir un magnifique exemple grandeur nature avec la dernière sortie de Jean-Luc Mélenchon (qui rime avec...)

Qu'a dit exactement le chantre de la France Insoumise lors d'une émission sur France Inter animée par Ali Badou ?

On peut vérifier avec la vidéo Présidentielle 2022 : Jean-Luc Mélenchon prédit "un grave incident ou un meurtre" dans la dernière semaine de campagne ; voici le passage qui a fait bander, pardon, qui a fait bondir un grand nombre de commentateurs :

  • Vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle nous aurons un grave incident ! Alors ç'a été, ou un meurtre, ç'a été Merah en 2012, ç'a été l'attentat la dernière semaine sur les Champs Elysées, vous vous rappelez de (sic) tout ça ? c'était la dernière semaine, avant on a eu papy Voise, dont plus personne n'a plus jamais entendu parler après, donc tout ça c'est écrit d'avance [...]
Alors tout d'abord qu'a vraiment voulu dire Jean-Luc Mélenchon ici ? Je propose deux hypothèses :
  1. il y a un complot pour provoquer des attentats juste avant les élections afin de favoriser « certains » candidats ;
  2. le moindre incident, attentat terroriste, agression ou autre fait divers violent, sera immanquablement exploité, instrumentalisé, par « certaines » personnes à des fins politiciennes.
De toute évidence la plupart des « observateurs » de la vie politique ont compris la première hypothèse et pensent, ou essaient de faire croire, que Mélenchon serait un vulgaire complotiste qui fantasmerait sur une machination (de qui ?) amenant à provoquer un événement épouvantable qui ferait le jeu notamment de l'extrême droite.

Personnellement je pencherais plutôt pour ma deuxième hypothèse, à savoir que tout événement épouvantable survenant dans la dernière semaine avant l'élection serait instrumentalisé essentiellement par l'extrême droite comme cela aurait été le cas dans les exemples cités par Mélenchon.

Mais il y a une façon de dire les choses et là, manifestement, Mélenchon s'y est pris comme un manche.

Bref il a déconné.

En effet, proclamer « tout ça c'est écrit d'avance » sans vraiment préciser ce qui serait écrit d'avance, et en laissant donc penser que ce qui serait écrit d'avance serait une machination afin de provoquer un incident grave, c'est ce qui s'appelle se prendre les pieds dans le tapis. Il aurait été bien plus avisé de dire quelque chose dans le genre suivant :
  • Vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle le moindre incident sera instrumentalisé par [libre à lui de préciser ici par qui] comme cela a pu être le cas dans le passé avec [...]
En prenant bien garde de ne citer que des exemples d'instrumentalisation qu'il soit en mesure de démontrer ; à ce sujet si papy Voise a très probablement été « utilisé » afin d'éjecter Lionel Jospin du second tour de la présidentielle de 2002 (voir L'affaire Papy Voise: Ces droites qui ont fait tomber la gauche), je suis moins convaincu en ce qui concerne les crimes du terroriste Merah en 2012, mais ce n'est que mon avis, lequel est semble-t-il partagé dans Régionales 2015: Les attentats terroristes ont-ils un impact sur les élections? :

L’affaire Merah n’avait rien changé

« A l’époque, certains disaient que les tueries favoriseraient Marine Le Pen, d’autres que le pouvoir en place -donc Nicolas Sarkozy- en bénéficieraient. Mais nos enquêtes ont montré qu’il n’y avait pas eu de remontée particulière de la droite ou du FN », poursuit le sondeur
Quant à l'attentat sur les Champs Elysées ayant coûté la vie au policier Xavier Jugelé, Pascal Boniface, dans Attentat sur les Champs-Elysées : quel impact sur les élections présidentielles ?, ne croit pas qu'il aura (il s'exprimait le 21 avril 2017) un impact sur le vote des Français, car d'après lui ceux-ci ont intégré le risque terroriste ; il rajoute d'ailleurs que les tentatives de récupération politique de tels attentats ne fonctionnent pas !

Mon analyse est donc finalement que Jean-Luc Mélenchon a dit des conneries à deux niveaux :
  1. il s'est mal exprimé en laissant croire qu'il serait complotiste ;
  2. il a cité des exemples d'attentats (Merah et les Champs Elysées) qui très probablement n'ont eu aucune influence sur les élections.
Il était bien sûr parfaitement en droit d'affirmer que certaines personnalités politiques (suivez mon regard vers la droite...) tentent à chaque fois d'instrumentaliser des faits divers violents afin de pointer du doigt une supposée insécurité qui toucherait tous les Français, ce que peu de gens peuvent contester, mais il s'y est pris comme un débutant ou un consommateur de bière du bistrot du coin, ce qui est quand même étrange de la part de quelqu'un comme lui capable de faire beaucoup mieux.


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