Je suis actuellement en train de lire un livre passionnant, Psychologie de la connerie en politique, composé d'une trentaine de chapitres écrits par des auteurs différents sous la houlette d'un certain Jean-François Marmion qui m'était jusqu'alors totalement inconnu. L'animal est psychologue et a déjà produit un ouvrage intitulé Histoire universelle de la connerie, nous avons donc affaire à quelqu'un intéressé par un sujet qui nous concerne (c'est quand on est cerné par des cons ?) tous et qui prend le risque qu'on (sic) le prenne pour tel.
La connerie est un sujet casse-gueule, car il faut toujours avoir en tête ce double axiome que beaucoup de gens ignorent ou négligent indolemment :
- On est toujours le con d'un autre ;
- On sous-estime toujours sa propre connerie.
Bref, je suis con mais je me soigne.
Je n'arrête pas de me dire « mais quel con j'ai été », parce que j'ai fait, ou pas fait, telle ou telle chose.
Inutile de ressasser le passé, ce qui est fait est fait et ne peut être défait ; souvenez-vous toujours du poème The road not taken de Robert Frost :
Two roads diverged in a wood,
And sorry I could not travel both
And be one traveler, long I stood
And looked down one as far as I could
To where it bent in the undergrowth;
Deux routes divergeaient dans un bois jaune,
Et désolé de ne pas pouvoir voyager sur les deux
Et de n'être qu'un seul voyageur, je suis resté longtemps planté là
Et j'ai regardé l'une d'elles aussi loin que je pouvais
Jusqu'à l'endroit où elle se perd dans le sous-bois ;
Dans l'obligation de faire un choix afin de ne pas rester au même endroit jusqu'à la fin des temps, le voyageur emprunte donc une des deux routes ; peu importe les con-séquences de son choix, les conneries qu'il va faire sur la route où il chemine, celles qu'il va avoir évitées sans le savoir pour avoir ignoré l'autre itinéraire, de toute façon il est impossible de revenir en arrière, de rembobiner le film, et il est illusoire de se lamenter sur l'option prise qu'il con-vient d'assumer. Tout au plus avec l'expérience nous pouvons, éventuellement, améliorer nos choix et prendre les « bonnes routes », mais même cela n'est pas acquis, il est toujours possible de commettre les mêmes erreurs, à quelques nuances près.
Encore mieux, il est possible de commettre des erreurs commises par d'autres alors qu'on avait suffisamment d'informations pour les éviter.
Ainsi Napoléon, quel con ! personne ne lui avait donc dit qu'en s'enfonçant dans les terres de Russie à l'orée de l'hiver (en fait en juin mais c'est long pour atteindre Moscou...et en revenir !) il prendrait l'énorme risque de s'y embourber, sur un terrain que ses soldats ne maitrisaient pas au con-traire des cosaques et autres moujiks dont c'était le bac à sable depuis l'enfance. On con-nait la suite.
Comme on connait ce qu'il advint, près d'un siècle et demi plus tard, aux troupes nazies quand Hither se mit en tête, quel con ! de faire son petit Napoléon en réitérant la même connerie, comme si personne dans son entourage n'avait été au courant des mésaventures de l'aigle impérial.
On pourrait également parler de l'Afghanistan, ce pays envahi par les Soviétiques, quels cons ! avec le succès que l'on sait, puis réinvesti un peu plus tard par d'autres cons qui voulaient se venger de la déculottée subie un 11 septembre sur leur propre territoire alors qu'ils se croyaient intouchables, les cons !
Tout cela peut paraitre rassurant après tout, car si des hauts dirigeants sont capables de telles conneries alors les nôtres paraissent insignifiantes en comparaison.
Pour revenir au livre que je suis en train de lire, je n'en suis qu'à la moitié mais j'ai déjà été con-fronté...à Didier Raoult dans deux chapitres con-comitants !
Oui parce qu'il faut vous dire que le titre est trompeur, ça ne parle pas « que » de la politique, bien d'autres domaines sont con-cernés, et notre crise sanitaire actuelle fait partie du lot ; cela dit il est vrai que la politique est un sujet qui recouvre pas mal de choses, et la santé est incluse dans le pack quand on a affaire à une pandémie qu'il faut bien gérer si l'on veut plaire à son électorat.
Ainsi dans le chapitre intitulé L'emballement médiatique, la rumeur et l'infox comme moyens de noyer le poisson en politique, écrit sous la forme d'une interview entre Jean-François Marmion et Pascal Froissart, lequel est Maitre de con-férence en sciences de l'information et de la communication, nous voyons apparaitre pour la première fois notre gourou coulant chéri ; il est annoncé, bien que non cité, dans le sous-chapitre au titre évocateur Quel rôle jouent les personnalités charismatiques dans les rumeurs et les fake news ?
C'est marrant mais j'ai tout de suite pensé à qui-vous-savez, et certains passages nous montrent la voie :
- page 154 : [...] l'effet de légitimité est important.
- page 155 : Et comment les influenceurs parviennent-ils à obtenir ce statut ? Par leur popularité ! Tautologie médiatique [...]
- page 155 : Fort probablement : le charismatique et fort-en-gueule Didier Raoult a cristallisé la colère populaire et s'en est servi pour promouvoir sa propre vision des solutions.
Faites-vous plaisir et scannez-moi. |
Pas d'inquiétude, aucun virus ne vous sautera à la gorge en scannant cette bonne adresse.
Un texte jubilatoire : https://www.nabesnews.com/la-jaunisse-de-jonas-par-vie-sublime/
RépondreSupprimerMalgré de nombreuses (et inutiles) références à Dieu, que de choses bien vues et bien senties !
Extrait : s'adressant à Raoult : « Les traces que tes conneries laisseront dans la société sont inimaginables… »
A lire de toute urgence.