lundi 8 novembre 2021

Much de Lorgeril about nothing?

 Michel de Lorgeril en remet une couche avec Que vaut vraiment l’essai Pfizer testant le vaccin antiCOVID ?, en nous narrant l'anecdote du sous-traitant Ventavia qui apparemment ne mousse vraiment que dans la franco-complosphère (ici on parle tout de suite de PfizerGate...) ; on notera qu'il ne cite à aucun moment Ventavia mais qu'il généralise l'« affaire » en l'étendant à tous les sous-traitants sans distinction :

Il était évident, dès Décembre 2020 et la publication des méthodes utilisées par les employés de Pfizer, que ces règles pouvaient ne pas être respectées.

Il y avait donc violation, au nez et à la barbe des autorités de santé et des ministères, des règles exigées habituellement pour la conduite des essais cliniques.

Et de s'auto-décerner une médaille dans la foulée :

J’ai eu la grande surprise de constater que j’étais le seul à le dire ; alors que c’était évident pour un professionnel d’intelligence modérée, comme moi.

Et de s'étonner d'avoir été le seul à se poser des questions :

Absolument seul à le dire !

Je ne comprends toujours pas pourquoi j’étais seul : tant de sceptiques, de récalcitrants et de belles intelligences s’exprimant ici et là ; et personne ne disant (ne se révoltant contre) cette faillite de la démarche scientifique.

Oui pourquoi, pourquoi ? Peut-être parce que c'est un problème uniquement pour de Lorgeril...

Plus bas dans les commentaires un lecteur lui parle d'un certain Peter Doshi, voici sa réponse :

Michel de Lorgeril RÉPONDRE

Doshi est sympa mais il n’a pas compris : il n’y aurait « désaveuglement » que s’il y avait eu « aveuglement » ; ce qui n’est pas le cas !

Ce Peter Doshi n'aurait donc pas compris quelque chose qui serait pourtant évident pour de Lorgeril, on voit ici le profond mépris de celui-ci pour des gens probablement bien plus qualifiés que lui, car voyons qui est ce Peter Doshi avec The BMJ :
Peter Doshi is a senior editor at The BMJ and on the News & Views team. Based in Baltimore, he is also an associate professor of pharmaceutical health services research at the University of Maryland School of Pharmacy.
Peter Doshi est rédacteur principal au BMJ et fait partie de l'équipe News & Views. Basé à Baltimore, il est également professeur associé de recherche sur les services de santé pharmaceutiques à l'école de pharmacie de l'université du Maryland.
Bref le premier venu, ou pour le dire autrement un incapable selon les critères du « bon » docteur ; en voici davantage sur Doshi sur sa fiche de l'Université du Maryland :
Doshi campaigns for greater transparency of clinical trial data and has received wide recognition for his work. In 2013, the New York Times reported on Doshi’s work to increase public access to clinical study reports.
Doshi fait campagne pour une plus grande transparence des données des essais cliniques et a reçu une large reconnaissance pour son travail. En 2013, le New York Times a rendu compte du travail de Doshi pour accroître l'accès du public aux rapports d'études cliniques.
Mais comme le dit de Lorgeril « Doshi est sympa mais il n’a pas compris », cela coule de source.

En fait c'est très simple puisqu'il nous explique :
Hypothèse primaire : les beaux parleurs (à Paris comme à Marseille) ne comprennent pas la médecine scientifique !

Ben oui, à part de Lorgeril qui connait la médecine scientifique, hein ? Et il est trop modeste en se limitant à Paris et Marseille, c'est en réalité toute la planète qui est incompétente puisque toute la planète, à de très rares exceptions, tient le même discours, donc soit il s'agit d'un complot international pour vendre des vaccins, soit nous avons affaire à un grosse bande d'incapables, et heureusement qu'il y a de Lorgeril pour nous expliquer le machin ; il précise un peu plus loin, sans mentionner aucun nom (ni celui de la lanceuse d'alerte ni celui du sous-traitant Ventavia) :

Je donne un exemple avec un article dans le British Medical Journal [une revue médicale très vaccinaliste d’habitude] publié le 2 Novembre 2021. [...] On y apprend, via une employée congédiée d’un sous-traitant de Pfizer, que les procédures habituelles lors d’un essai clinique n’ont pas été respectées. Je ne vais pas donner la liste de ces malfaçons…

Et il continue sans s'embarrasser de fioritures :
nous avons affaire à une vaste entreprise de malfaisance qui ne pouvait être ignorée des employés (Directeurs, médecins et ingénieurs) de Pfizer…

Je lui laisse la responsabilité de ses propos, mais qualifier Pfizer d'entreprise « malfaisante » me semble relever d'une grande naïveté pour ne pas dire d'une colossale bêtise.

Entendons-nous bien, je n'ai aucune action Pfizer, pas plus d'ailleurs que le moindre lien d'intérêt de quelque nature que ce soit avec un laboratoire pharmaceutique ; pendant un temps ma société a été filiale d'un groupe pharmaceutique de dimension mondiale (Sandoz devenu par la suite Novartis après la fusion avec Ciba-Geigy) mais comme nous avons été virés parce que nos résultats n'étaient pas à la hauteur (une société pharmaceutique ça gagne plutôt bien sa vie...) vous comprendrez que je n'ai pas un amour irraisonné pour « Big Pharma », cependant cela ne m'a pas empêché de rester réaliste. En effet, même s'il est évident qu'un labo pharmaceutique se permet parfois (c'est un euphémisme) quelques écarts de conduites, il n'en demeure pas moins que beaucoup de médicaments sauvent des vies et prolongent celles-ci. Comme toute bonne entreprise capitaliste un labo tient à préserver ses clients afin qu'ils lui achètent le plus longtemps possible les produits qu'il lui vend, et les tuer en leur refilant des médocs néfastes pour leur santé ne fait pas partie de leur business plan. Cela dit il arrive parfois que ça dérape, quelques exemples me viennent à l'esprit comme le Médiator, le Vioxx ou le Distilbène (je suis sûr que vous pouvez en trouver d'autres), la question dans le cas présent est donc de savoir si nous sommes en présence d'un potentiel scandale sanitaire que s'apelerio PfizerGate...

A mon humble avis nous en sommes loin, très loin.

Tout d'abord notons que la lanceuse d'alerte a été licenciée il y a plus d'un un an déjà, en septembre 2020, juste après avoir averti la FDA (source pour plus de détails) et qu'après son départ d'autres esssais ont été confiés par Pfizer à Ventavia, cependant les essais en question représenteraient un millier de participants sur un total, selon Le Monde, de

46 331 personnes, réparties sur 153 sites à travers le monde.

1 000 sur 46 331 cela fait un peu plus de 2% si je calcule bien, mais de Lorgeril est impitoyable :

La seule défense trouvée par Pfizer et la FDA (l’autorité sanitaire américaine qui aurait dû vérifier les bonnes pratiques de Pfizer) serait que le nombre de centres de recrutement des participants à l’essai Pfizer où ces malfaçons ont été observées (et dénoncées) est faible et que tout cela ne saurait remettre en question les résultats globaux de l’essai. Le miracle Pfizer ne doit pas être contesté. 

Ce n'est pas une défense de Pfizer et de la FDA, c'est tout simplement la conclusion qu'en tirent tous les spécialistes, à part de Lorgeril qui n'hésite pas à pousser le bouchon très loin :

Je conclus exactement le contraire : si les données récoltées dans 10 ou 15% des centres de recrutement pour alimenter la base de données générale sont avariées, tout est probablement pourri.

Je ne sais pas d'où il tire son « 10 ou 15% » mais peu importe, la lanceuse d'alerte Brook Jackson se confie au Monde :

C’était vraiment de la précipitation. Ventavia était plus focalisé sur le nombre de participants à recruter que sur leur sécurité et sur l’intégrité des données et ils étaient fréquemment pressés par Pfizer 

Ah ! Donc Pfizer « pressait » Ventavia, et c'est ce sous-traitant qui, « pressé » par Pfizer, a décidé de s'affranchir de quelques mesures élémentaires, rendant ainsi ses résultats contestables. Toutefois « contestables » ne veut pas dire que ces résultats sont à jeter à la poubelle, ils sont simplement « contestables » car ils ne satisfont pas à certaines règles que tout bon scientifique doit respecter. Le Monde d'ailleurs nous le rappelle :

[une série de dysfonctionnements graves] concernent la qualité et l’enregistrement des données recueillies, la sécurité du personnel de Ventavia, le suivi des participants, le respect du principe de double aveugle, ainsi que de celui du consentement éclairé.

Et on sait que de Lorgeril est intraitable en matière (entre autres) de respect du double aveugle, ne va-t-il pas juqu'à écrire :

Mais je vois autre chose : sur sa liste des malfaçons, notre sympathique employée congédiée note que le double aveugle n’est pas respectée dans les centres de recrutement où elle-même opérait ; et elle s’étonne.

Pourquoi s’étonner quand l’absence de double aveugle était inscrite dans le protocole de l’essai Pfizer ?

Euh, sérieusement ?

Le protocole est public depuis le début (voir nejmoa2034577_protocol.pdf) et l'on compte pas moins de 203 occurences de « blind » (aveugle en français) incluant 114 occurences de « unblind » (est-il utile de traduire ?), cependant, et c'est probablement ce qui chagrine notre ami, il s'agit essentiellement d'« observer blind » comme on peut le voir notamment dès la première page :

Page 1 du protocole Pfizer.

Mais on peut voir que Pfizer a mis en place une procédure afin de « minimiser les biais » au moyen de randomisation et « aveuglement » :

Page 43 du protocole Pfizer.

Je ne suis pas compétent pour juger si les « précautions » prises par Pfizer sont conformes ou non à ce qu'un scientifique sérieux attend d'un essai thérapeutique, par contre je peux me poser au moins deux questions très simples puisque nous avons maintenant pas mal de recul avec la vaccination qui a débuté fin 2020 (source Covid-19 : lancement de la campagne de vaccination) :

  1. y a-t-il des risques significatifs à se faire vacciner avec Pfizer ?
  2. est-ce que le vaccin Pfizzer se montre efficace contre les risques d'hospitalisation et de décès ?
Pfizer nous informe qu'à la date du 22 septembre 2021 
Overall, Pfizer and BioNTech have shipped more than 1.5 billion COVID-19 vaccine doses worldwide.
Au total, Pfizer et BioNTech ont expédié plus de 1,5 milliard de doses de vaccin COVID-19 dans le monde.

Cela fait beaucoup, non ? Il me semble qu'on peut à partir de là tirer quelques conclusions, non ?

Si le vaccin Pfizer était dangereux cela se saurait aujourd'hui, car les effets secondaires d'un vaccin, même à ARNm, se manifestent en principe dans les jours qui suivent l'inoculation. Ainsi d'après Covid : tout sur les effets secondaires des vaccins :

Les effets secondaires les plus courants des vaccins ne durent que 12 à 48 heures.

Admettons qu'il faille plusieurs semaines, voire plusieurs mois, on aurait déjà des informations en pharmacovigilance, non ? Ah mais j'oublais, de Lorgeril ne fait pas confiance à la pharmacovigilance, n'a-t-il pas écrit (ici) :

Par ces temps de COVID (mais avant aussi), les gouvernants, les bureaucrates et les médias font et disent n’importe quoi. La Madame de la Pharmacovigilance (de Tours) en est l’illustration… La pharmacovigilance en France est, depuis longtemps, en faillite.

Encore ce mépris, ici pour la «Madame de la Pharmacovigilance » qui est carrément « en faillite » !

Bref, pour ce qui est de la surmortalité attribuée à la vaccination, on la cherche encore, si quelqu'un a des sources sérieuses qu'il se fasse connaitre. Par contre sur les bénéfices de la vaccination on commence à avoir un bon aperçu de la situation, les pays « peu vaccinés » étant généralement ceux où le virus fait des ravages ; quant à ceux où la vaccination connait un franc succès, les hôpitaux nous disent qu'ils reçoivent une majorité de non-vaccinés et que les vaccinés sont pour la plupart des personnes fragiles pour lesquelles la vaccination se montre peu efficace, voire pas efficace du tout !

Par exemple dans Covid-19 in Bulgaria: Of those who died in past 14 days, close to 94% were unvaccinated daté du 18 octobre dernier :

Covid-19 in Bulgaria: Of those who died in past 14 days, close to 94% were unvaccinated
Covid-19 en Bulgarie : parmi les personnes décédées au cours des 14 derniers jours, près de 94 % n'avaient pas été vaccinées.

Et dans COVID in Europe: UK urges those eligible to get booster jabs as Romanian death toll rises d'aujourd'hui 8 novembre :

in Russia hospitals across the country continue to struggle with increasing numbers of coronavirus patients amid low vaccination rates.

In a country of around 144 million, only some 40.1% of adults are fully vaccinated, compared to an EU average of 74%.

En Russie, les hôpitaux du pays continuent de faire face à un nombre croissant de patients atteints de coronavirus, alors que les taux de vaccination sont faibles.

Dans ce pays de quelque 144 millions d'habitants, seuls 40,1 % des adultes sont entièrement vaccinés, alors que la moyenne européenne est de 74 %.

Je serais curieux de savoir quelles explications de Lorgeril arriverait à trouver, car n'en doutez pas, il trouverait des explications à tout du moment que cela coulerait dans le sens de son ruisseau.


1 commentaire:

  1. En complément : https://simef.it/phocadownload/Presentazioni_2019/201910_IBIG/05_GIACOMO_SIRI.pdf

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