samedi 13 novembre 2021

Gail Tverberg en roue libre

 Gail Tverberg est cette actuaire américaine qui est un peu la Jancovici d'outre Atlantique en ce qu'elle affirme comme celui-ci que les crises financières et économiques de 1929 et 2008 auraient été provoquées par des problèmes d'approvisionnement énergétique, une thèse bancale et douteuse qui confond (d'après moi, mais pas que) les causes et les effets ; il est généralement admis qu'il s'agit de crises d'abord financières s'étant transformées en crises économiques ce qui a évidemment entrainé une baisse de la « consommation » d'énergie et par conséquent une baisse de la production de combustibles fossiles.

Gail Tverberg a par ailleurs émis des prédictions aventureuses, comme par exemple en 2017 dans The Next Financial Crisis Is Not Far Away où elle écrivait :

Recently, a Spanish group called “Ecologists in Action” asked me to give them a presentation on what kind of financial crisis we should expect. They wanted to know when it would be and how it would take place.
The answer I had for the group is that we should expect financial collapse quite soon–perhaps as soon as the next few months. Our problem is energy related, but not in the way that most Peak Oil groups describe the problem. It is much more related to the election of President Trump and to the Brexit vote.

Récemment, un groupe espagnol appelé "Ecologiste en action" m'a demandé de leur faire une présentation sur le type de crise financière auquel nous devions nous attendre. Ils voulaient savoir quand ce serait et comment cela se déroulerait. La réponse que j'ai eue pour le groupe est que nous devrions nous attendre à un effondrement financier assez tôt, peut-être dès les prochains mois. Notre problème concerne l'énergie, mais pas la manière dont la plupart des groupes "Peak Oil" décrivent le problème. C'est beaucoup plus lié à l'élection du président Trump et au vote sur le Brexit.

L'effondrement financier on l'attend toujours, il aurait donc dû se produire il y a quatre ans et, à part l'épisode Covid-19 qui n'a rien à voir avec un quelconque souci énergétique, on cherche encore la moindre trace d'un véritable problème économique et/ou financier ; ce qui ne veut pas dire que, d'un côté, il n'y ait pas de difficultés économiques dans le monde, et que, d'autre part, nous n'aurons pas dans le futur de sérieux ennuis de cette nature ; les tracas que nous connaissons actuellement sont la conséquence de la période pandémique qui a disrupté les chaines d'approvisionnement, mais nous voyons bien que d'ici un ou deux ans tout sera revenu à la « normale », sauf bien sûr si la pandémie devait rebondir de manière inattendue.

Cela dit je considérais, jusqu'à présent, que Gail Tverberg était une personne sérieuse, mais patatras, dans Our fossil fuel energy predicament, including why the correct story is rarely told elle dévoile son vrai visage !

Ce n'est pas dans le corps de son billet (fort long et assez indigeste) qu'elle a jeté le masque, mais dans la partie commentaires ; un de ses lecteur lui écrit :

Hubbs says:

And for the life of me, I can’t see why they call this a “social credit” system. This is a social choke system.

https://www.newstarget.com/2021-11-10-indians-starvation-bill-gates-food-rationing-biometrics.html

Et sur ma vie, je ne vois pas pourquoi ils appellent ça un système de "crédit social". C'est un système d'étouffement social.
Et devinez quoi, le lien qu'il fournit amène sur le site News Target avec un article concernant nul autre que Bill Gates dont on peut voir ce saisissant portrait :

Bill Gates le sataniste.

Les yeux injectés de sang, avec en arrière-plan les flammes de l'enfer, voilà comment certains voient le milliardaire américain ! Maintenant si l'on se renseigne un peu sur le site News Target voici ce que l'on trouve sur Media Bias/Fact Check :

Dans l'ensemble, nous considérons que News Target est un site de pseudo-science de niveau charlatanesque et un site conspirationniste de type "chapeau d'aluminium", ainsi qu'un site d'extrême droite. Il s'agit de l'une des sources les plus discréditées sur Internet.

Pour ceux qui ne sont pas au courant, le « chapeau d'aluminium », tin foil hat en Anglais, désigne humoristiquement l'accessoire dont se munissent les conspirationnistes afin de se prémunir des « mauvaises ondes », comme celles de la 5G par exemple.

Exemple de complotiste qui ne se laissera pas abuser par le grand sataniste Bill Gates.

Je pensais donc que Gail Tverberg allait remettre le dénommé Hubbs à sa place, mais pas du tout ! Voici sa réaction :

This is a November 10, 2021, article called, Indians DROP DEAD from starvation thanks to Bill Gates’ food rationing biometrics system

[...]

No wonder Gates’ wife left him!

The site gives a link to a website about Gates’ latest activities called

https://evil.news

Voici un article du 10 novembre 2021 intitulé "Les Indiens meurent de faim grâce au système biométrique de rationnement alimentaire de Bill Gates".

[...]

Pas étonnant que la femme de Gates l'ait quitté !

Le site donne un lien vers un site web sur les dernières activités de Gates appelé https://evil.news
Donc non seulement Gail Tverberg approuve les propos de Hubbs, mais elle en remet également une couche supplémentaire en fournissant elle-même le lien vers un site pour lequel Media Bias/Fact Check nous dit ceci :

Dans l'ensemble, Evil.News est jugé douteux en raison de son parti pris d'extrême droite, de sa promotion des conspirations, de la pseudo-science et de la propagande, ainsi que de l'utilisation de sources médiocres qui échouent régulièrement à vérifier les faits et du manque total de transparence concernant ses propriétaires.



Si nous consultons le dernier article d'Evil News au sujet de Bill Gates la photo le représentant est à peine plus flatteuse que celle de News Target :

Bill Gates, l'homme qui vous veut du mal.

Mais il faut aussi dire que evil veut dire...malfaisant !

Ah oui, il convient également de savoir que Michel de Lorgeril, le « bon » docteur que nous connaissons maintenant un peu mieux depuis qu'il a fait son coming-out anti-vaccins, a lui aussi le même regard que Gail Tverberg porte sur Bill Gates ; dans Le journal LE MONDE travaille pour Bill Gates et la désinformation vaccinaliste ne nous dit-il pas avec le plus grand sérieux (mais déjà rien qu'avec le titre vous aviez tout compris) :
Bill Gates – comme l’aurait été Rockfeller, ce grand humaniste, à son époque – est déjà en première ligne pour investir dans les médecines (et vaccins) anti-COVI 19 !
Pas de temps à perdre, gros business en vue !
Euh non, Bill Gates s'est retiré des affaires et vit sur sa fortune de laquelle il dégage de temps en temps quelques morceaux afin de passer pour un philanthrope, il n'y a donc pour lui aucun avantage et aucun « gros business en vue », et si l'on comparait ses dépenses à ses recettes dans le domaine de la santé cela m'étonnerait fortement qu'on arrive à un résultat positif.

D'après Wikipédia sa fortune s'élèverait en 2021 à 124 milliards de dollars, mais quand on sait que cette somme provient en majorité de la valeur des actions Microsoft qu'il possède ou a possédées (il ne détiendrait aujourd'hui plus que 1% du capital de Microsoft), et que cette valeur ne cesse de monter...

Evolution depuis 10 ans du cours de l'action Microsoft (source Boursorama)

On comprend qu'il ne faut pas se faire trop de souci pour lui, car même avec « seulement » 1% du capital de Microsoft il a de quoi voir venir !

Par ailleurs on apprend avec Comment Bill Gates aurait pu, de loin, être l'homme le plus riche de la planète qu'il aurait pu être bien plus riche s'il avait continué à s'« occuper » de son bébé Microsoft au lieu de s'emmerder à vouloir sauver la planète du sida et autres pandémies :
Il aurait été plus riche que Bezos et Musk réunis. Bill Gates, le fondateur de Microsoft, avait plus de deux milliards d’actions de Microsoft en 1998, selon des compilations de données établies par Bloomberg. Le média a fait les calculs: avec l’action de Microsoft valant aujourd’hui environ 333 dollars, la fortune de Gates aurait été de plus de 690 milliards de dollars, dépassant largement celle de Bezos, le CEO d’Amazon (200 milliards dollars) et celle de Musk, CEO de Tesla (330 milliards dollars).
On peut dire tout ce que l'on veut de Bill Gates, et on peut effectivement dire beaucoup de choses sur son système d'exploitation pourri Windows qu'il a imposé à la majorité de la planète en éliminant de nombreux concurrents n'ayant pas les reins assez solides, mais croire qu'il essayerait de s'enrichir avec les vaccins est d'une stupidité stratosphérique.

Que l'on ne soit pas d'accord avec ses choix, ses priorités, ses stratégies, soit. Qu'on le critique pour avoir évité de payer les impôts dont il aurait dû normalement s'acquitter, soit. Mais qu'on le décrive comme un mauvais garçon qui se remplirait les poches au détriment de l'humanité, ça non !

Il y a d'ailleurs une merveilleuse incohérence à le représenter comme quelqu'un qui souhaiterait tuer une grande partie de cette humanité et en même temps s'enrichir en lui vendant des vaccins ou autres médicaments. S'enrichir en tuant ses clients n'est pas quelque chose de très malin à envisager, à moins d'être un tueur à gage dont c'est justement le métier...

Bref pour résumer, Gail Tverberg, Michel de Lorgeril et bien d'autres encore, même combat : dénigrer Bill Gates sur l'air du pipeau complotiste.


5 commentaires:

  1. Tverberg répète inlassablement les mêmes choses car elle ne change pas de lunettes. L'approche énergie n'est pas inintéressante, y compris dans l'appréhension de la crise de 2008,mais ça finit par la rendre myope à tout autre facteur concourant à l'événement. La tautologie type la finance est en crise car la crise est financière n'aide pas non plus beaucoup je trouve. Pourquoi des défauts de paiement des mortgages durant cette période précisément, pourquoi le prix du pétrole a commencé à flamber peu avant (2004) le coeur de la crise. Dès fin 2006, l'augmentation des défauts de paiement étaient visibles dans les circuits financiers et l'info circulait en interne. Même Janco fournit des réponses peu satisfaisantes, voire bancales.

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    1. Oui j'ai moi aussi l'impression que Tverberg répète en boucle les mêmes choses, tout comme Jancovici d'ailleurs. Tout n'est pas à jeter dans ce qu'ils racontent, c'est ça le problème, faut trier et garder uniquement ce qui a du sens, mais quand on n'est pas spécialiste (et je ne le suis pas) ce n'est pas simple.

      Quand vous dites « La tautologie type la finance est en crise car la crise est financière n'aide pas non plus beaucoup » cela m'étonne, car je n'ai jamais lu ou entendu ce genre de raisonnement circulaire...Pour moi une crise est financière parce qu'elle a come origine des problèmes purement financiers, ce qui est logique. Par exemple un excès de liquidités, des actifs (financiers) pourris ou des cours de bourse exagérémment élevés (c'était il me semble le cas de la crise de 2000 du numérique). Mais je peux me tromper, c'est seulement ce qui ressort de mes lectures et j'ai peut-être mal compris;)

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  2. "la crise est financière parce qu'elle a come origine des problèmes purement financiers". Il y a eu un changement de mécanisme (au sein de la finance) à ce moment précis pour expliquer cela ? Ou bien, les mécanismes en vigueur jusqu'alors se sont révélés inopérants, voire délétères sous l'impulsion d'un problème sous-jacent (hots finance)?

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  3. Réponses
    1. Je ne suis pas économiste donc je vais parler sous le contrôle de Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_financi%C3%A8re)

      « Une crise financière est un terme polysémique qui recouvre des réalités diverses dont le dénominateur commun est une chute abrupte d'une activité économique dématérialisée. »

      Dématérialisé signifie que nous sommes en présence d'actifs intangibles, du style actions, obligations, créances, etc., ce qui exclut les problèmes liés à l'économie « matérielle » du genre de celle qui fait vivre le péquin moyen qui se garde de spéculer en bourse sur des titres douteux.

      Des crises financières on en connait dans le passé avec par exemple les tulipes aux Pays-Bas au 17ème siècle, mais il y en a peut-être eu d'autres moins connues auparavant. Donc pas à ma connaissance de changement de mécanisme.

      De nos jours avec les produits dérivés le risque de crise financière est évidemment encore plus élevé, c'est une espèce de « changement de mécanisme » selon vos propos puisque ces produits sont relativement récents, en tout cas utilisés de façon massive, car il en existait déjà dans le lointain passé (voir http://financedemarche.fr/finance/produits-financiers-derives-retrospective-historique)

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