Vous n'en entendrez pas parler...

On se souvient de la récente vague de froid, certains ayant lourdement appuyé dessus comme pour faire mal à ceux qui comme moi « croient » au réchauffement climatique, comme par exemple :

478.  Nicias | 11/02/2018 @ 17:56

Bernnard (#476),

Merci je ne savais pas pourquoi les magasins fermaient plus tôt et pourquoi les rayons étaient vides. On se croirait au petit age de glace. Il fait froid et le pain manque [...]

Et voilà le « petit âge glaciaire » ressorti une nouvelle fois du fond de tiroir moisi d'un climatosceptique pur et dur ; déjà fin 2016 on avait eu ici :

• Il fait très froid un peu partout ces jours-ci dans l’hémisphère nord. La faute à qui, d’après vous ?

D'après moi la faute à la météo, cela dit les mêmes qui pavanent régulièrement devant les températures glaciales vont rester muet en présence de certains faits que je vais vous révéler ici, d'autant plus qu'avec le Moscou-Paris qui va arriver en gare en début de semaine prochaine ils auront encore plus de grain à moudre pour produire leurs âneries.

Ainsi vous n'entendrez pas parler des températures extrêmement...chaudes pour cette période de l'année dans l'est des Etats-Unis :

Les thermomètres ont atteint des sommets dans l'est des États-Unis à la mi-février. La carte montre les températures en degrés Fahrenheit le fév. 21, 2018, à 13 heures. EST. Crédit: National Weather Service

Ainsi 76°F (24,4°C) à Central Park, ou 80°F (26,7°C) dans quelques villes de Virginie et du Vermont, c'est sûrement normal pour un 20 février, en ajoutant que les habitants sont souvent les pieds dans l'eau à cause des inondations causées par...la fonte des neiges !

Vous n'entendrez donc pas parler de tous ces records qui viennent de tomber comme des mouches :

Cela c'était pour le 20 février, mais pour le 21 ça continue :

Pour information, les températures s'échelonnent de 51°F (10,6°C) à Caribou (ça ne s'invente pas) dans le Maine (record de 1994 battu d'un degré F), jusqu'à 86°F (30°C) à Augusta en Georgie (record de 2011 battu de 6°F)

Mais il n'y a pas que la côte est des Etats-Unis, ainsi vous n'entendrez pas parler des températures anormalement douces en Alaska et dans l'Arctique :

Avec en Alaska des températures au-dessus de 45°F (7°C) de  la moyenne 1979-2000, sans parler du nord du Groenland montrant des températures au-dessus de 0°C une grande partie de la journée du 20 février.

Vous n'entendrez pas non plus parler des niveaux de neige au plus bas en Californie :

Début février le manteau neigeux dans les Sierras californiennes était de 27% par rapport à la normale à cette période de l'année, cependant il n'y a pas encore trop d'inquiétude pour l'approvisionnement en eau, grâce à l'hiver précédent qui fut plutôt pluvieux, il n'est donc pas certain que le gouverneur Jerry Brown demande cette année à ses concitoyens, comme en 2015, de gros efforts afin de limiter leurs consommations en eau.

Ce dont vous n'entendrez pas non plus parler c'est que les chauves-souris entament leur migration deux semaines plus tôt qu'il y a deux décennies ; quel est le problème me direz-vous ? Eh bien c'est expliqué dans cette étude intitulée Ongoing changes in migration phenology and winter residency at Bracken Bat Cave dans laquelle on peut lire notamment : « Nos observations révèlent la plasticité comportementale de la capacité des chauves-souris à s'adapter à l'évolution de la disponibilité des ressources et fournissent la première quantification à long terme de leur réponse à un climat changeant. En tant qu'insectivores aériens, ces changements dans la phénologie des chauves-souris et leur propension à hiverner indiquent des changements probables dans la disponibilité des proies, avec des implications claires pour la gestion des ravageurs dans les agrosystèmes régionaux plus larges. » ; en langage clair, un météorologiste (Phillip Stepanian) explique : « Nous sommes en mesure de voir qu'il y a ce modèle (pattern) qui avance. Le printemps arrive plus tôt, l'hiver se termine plus tôt. Au printemps, les insectes remontent du Mexique, atteignent le Texas, atteignent le Kansas et, soudainement, les chauves-souris ont quelque chose à manger. »

Le problème est donc que le cycle biologique existant entre les chauves-souris et leur nourriture (les insectes) est tellement bouleversé que cela pourrait avoir des effets désastreux sur la gestion des nuisibles en agricultures, entrainant de facto une utilisation élevée de pesticides (pitié, ne parlez pas de phytosanitaires...) ; par ailleurs la population des chauves-souris pourrait également en souffrir, puisque les femelles n'élèvent qu'un seul petit à la fois et que durant la période d'alimentation de ce petit ces animaux sont extrêmement dépendants d'un seul et unique insecte, le « ver de l'épi de maïs » (corn-earworm moth) ; l'écologiste Jennifer Krauel explique que « le cycle des papillons nocturnes qui se manifeste juste quand les chauves-souris en ont besoin est susceptible d'être perturbé à cause du changement climatique. » ; mais chut, il ne faut surtout pas en parler.

Comme il ne faut surtout pas regarder cette carte :

Anomalie de l'indice foliaire du printemps, 22 février 2018, source usanpn

Non il ne faut pas la regarder car cela pourrait faire penser que le réchauffement climatique y serait pour quelque chose.

Ah et bien sûr vous n'entendrez pas parler, ou si peu, et de manière déformée, de l'année 2018 qui va peut-être battre le record de 2012 concernant l'étendue de la banquise arctique :

Mais soyons patients et attendons septembre pour décerner une éventuelle médaille à 2018, je ne manquerai pas de vous en parler, moi.

Enfin, il est peu probable que vous entendiez parler des records de précipitations à South Bend, dans l'Indiana, qui en a battu un certain nombre :

• deux records de précipitations sur une journée (lundi et mardi)
• record de tous les temps pour le jour de février le plus humide (mardi)
• nouveau record pour le mois de février le plus humide avec une semaine à écouler

Le maire de South Bend a parlé d' « inondation de 500 ans », c'est-à-dire que cette inondation avait 1 chance sur 500 de se produire cette année, ce qui ne veut pas dire que la prochaine aura lieu dans 500 ans, mais que l'année prochaine il y aura toujours 1 chance sur 500 qu'il y ait une inondation semblable ; évidemment si cela devait se produire un peu trop souvent la probabilité augmenterait.

Un météorologue local, Matt Rudkin, a déclaré que « South Bend a vu près de 8 pouces (20 cm) de précipitations liquides ce mois-ci. Le mois de février le plus humide jamais enregistré en 1976 a vu 5,23 pouces (13 cm). »

Mais vous n'entendrez parler de rien de tout cela.