L'ineffable Jacques Henry se permet de donner des conseils pour cultiver ses légumes, dans un hilarant article intitulé Le CO2 toxique ? Vous voulez rire ! (merci à Komyo d'avoir attiré mon attention sur ce moment d'anthologie)
On ne sait pas trop quel but il poursuit, mais on se doute un peu qu'il tente de nous « prouver » que le CO2 est inoffensif et donc qu'on peut en produire autant qu'on veut puisque, d'après lui, il n'est pour rien dans la montée des températures.
Ainsi il nous raconte des banalités telles que :
Là aussi, si je comprends bien il n'est pas recommandé de dépasser 40 000ppm...
Donc oui, le CO2 est bien un gaz toxique, mais cela dépend de sa concentration dans l'atmosphère ; et le problème du CO2 n'est pas sa toxicité pour l'humain, mais son impact sur l'« effet de serre », ce que notre scientifique fantoche publiant ses études sur Contrepoints se garde bien de souligner dans son billet.
On rajoutera, pour conclure, que l'ajout de CO2 dans une serre de maraicher pour booster la production de légumes est une chose, l'ajout de CO2 dans l'atmosphère en est une autre en ce qui concerne son impact sur les plantes de plein champ ; de nombreuses études ont été publiées pour casser le mythe du « CO2 is food for plants », par exemple ceci, publié en 2014 : Increasing CO2 threatens human nutrition (L'augmentation du CO2 menace la nutrition humaine), titre qui parle de lui-même.
Enfin, car il faut bien finir, je terminerai sur cet article de l'INRA (ils sont plutôt bien placés, non ?) intitulé Simuler les effets des températures et les concentrations de CO2 sur les rendements des cultures dans lequel on peut voir ces graphiques :
Avec les commentaires suivants :
Et comme tout n'est jamais ni blanc ni noir, je laisse la conclusion à l'INRA qui nous dit :
On ne sait pas trop quel but il poursuit, mais on se doute un peu qu'il tente de nous « prouver » que le CO2 est inoffensif et donc qu'on peut en produire autant qu'on veut puisque, d'après lui, il n'est pour rien dans la montée des températures.
Ainsi il nous raconte des banalités telles que :
- Tous les maraîchers produisant des légumes sous serre le savent : quand l’atmosphère de leur serres est enrichie en gaz carbonique les plantes poussent mieux et plus vite, se défendent mieux contre les ravageurs, résistent à des sécheresses imposées par manque d’arrosage et sont d’un aspect plus satisfaisant. Ça fait beaucoup d’arguments pour installer des générateurs à CO2 dans une serre qui permettent d’atteindre des teneurs – non toxiques pour les travailleurs – de 1500 ppm (parties par million).
- Il existe au Japon des gros radis parfaitement sphériques excellents. Je n’en ai jamais vu sur les étals des marchands de légumes en France …
...cela fait réagir notre ami Tsih qui lui balance dans les gencives :
- Le , windchaser
- Bien voyons. Les radis japonais ( « daikon ») sont plus gros que les radis roses ou rouges européens parce que c’est une variété différente, pas besoin de CO2 ajouté. Les radis noirs européens sont aussi beaucoup beaucoup beaucoup plus grands qu’un abricot, toujours sans CO2 ajouté. Avec CO2 ajouté, le consommateur est évidemment le dindon de la farce quelle que soit la variété, plus de poids et donc plus cher pour acheter les mêmes quantités de vitamines, minéraux etc …Il n’y a pourtant pas de miracle avec la même quantité d’engrais sauf pour les vieux blaireaux à la retraite qui n’ont pas lu la littérature sur le sujet. Quand on fera danser les couillons Jacques Henry ne sera pas à l’orchestre.
En ce qui me concerne je n'ai pas d'avis sur la question, les radis ce n'est pas mon domaine, mais j'aurais plutôt tendance à faire confiance au « chasseur de vent » contre le défenseur de la chasteté du second principe de la thermodynamique qui serait soi-disant violée par l'effet de serre.
Quant à la toxicité du CO2 personne n'a jamais prétendu qu'en travaillant dans une serre de jardin on risquait d'être intoxiqué, les proportions de CO2 devant dépasser les 20 000ppm pour commencer à se faire du souci ; sur le sujet, plutôt que de lire les âneries de Jacques Henry il est préférable de se référer à de véritables spécialistes, notamment l'INRS :
- L’exposition à de fortes concentrations est rapidement mortelle. Les effets sont d’abord une augmentation de l’amplitude et de la fréquence respiratoire, puis cardiovasculaires et vasomoteurs pour évoluer vers des troubles neurologiques graves (convulsion, coma). L’inhalation peut causer une bronchodilation chez l’asthmatique en crise. A basse température, le contact avec le CO2 peut provoquer des brûlures (neige carbonique). Les expositions prolongées peuvent provoquer des signes respiratoires, cardiovasculaires et neurologiques, sans modification des performances psychomotrices. Il n'y a pas de données sur d'éventuels effets cancérogènes ou toxiques pour la reproduction.
- Les effets sur l’homme du dioxyde de carbone ont été largement étudiés, du fait des nombreuses circonstances d’intoxications par ce gaz, normalement présent en faible concentration dans l’atmosphère.
- Les premières manifestations apparaissent lors de l’inhalation d’une atmosphère contenant 2 % (20 000ppm) de CO2 ; elles se traduisent par une augmentation de l’amplitude respiratoire.
- À partir de 4 % (40 000ppm), la fréquence respiratoire s’accélère et la respiration peut devenir pénible chez certains sujets.
- À partir de 5 % (50 000ppm), s’y ajoutent des céphalées, une sensation de vertige ainsi que les premiers effets cardiovasculaires et vasomoteurs (augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle, vasodilatation périphérique).
- À 10 % (100 000ppm), on peut observer des troubles visuels (parfois associés à une dégénérescence rétinienne), des tremblements, une hypersudation et une hypertension artérielle avec perte de connaissance, chez certains sujets, si l’exposition dure une dizaine de minutes.
- Lorsque l’on avoisine 20 % (200 000ppm), des troubles graves d’apparition rapide peuvent survenir : dépression respiratoire, convulsion, coma et mort. Ces intoxications peuvent se compliquer d’une lyse musculaire. Il existe de nombreux cas de morts accidentelles brutales, liés à l’inhalation de fortes concentrations de CO2 accumulé dans des lieux confinés (silos, caves) ou à des catastrophes environnementales.
Dans un autre article sur un site Canadien on trouve les valeurs suivantes concernant la toxicité pour l'homme :
- ACGIH® TLV® – TWA : 5 000 ppm
- ACGIH® TLV® – STEL [C] : 30 000 ppm
Si je comprends bien, on ne doit pas dépasser 30 000ppm sur une courte durée ou 5 000ppm étalés dans le temps ; et si l'on veut « travailler avec le CO2 » certaines protections sont recommandées :
- Protection des yeux et du visage : Porter des lunettes de protection contre les produits chimiques. (gelures).
- Protection de la peau : Toujours porter des vêtements de protection isolants lorsqu'il y a risque de contact avec des gaz réfrigérés.
- Protection des voies respiratoires :
Jusqu'à 40 000 ppm :
(FP = 10) Tout appareil de protection respiratoire à adduction d'air.
(FP = 50) Tout appareil respiratoire autonome avec masque complet.
Donc oui, le CO2 est bien un gaz toxique, mais cela dépend de sa concentration dans l'atmosphère ; et le problème du CO2 n'est pas sa toxicité pour l'humain, mais son impact sur l'« effet de serre », ce que notre scientifique fantoche publiant ses études sur Contrepoints se garde bien de souligner dans son billet.
On rajoutera, pour conclure, que l'ajout de CO2 dans une serre de maraicher pour booster la production de légumes est une chose, l'ajout de CO2 dans l'atmosphère en est une autre en ce qui concerne son impact sur les plantes de plein champ ; de nombreuses études ont été publiées pour casser le mythe du « CO2 is food for plants », par exemple ceci, publié en 2014 : Increasing CO2 threatens human nutrition (L'augmentation du CO2 menace la nutrition humaine), titre qui parle de lui-même.
Enfin, car il faut bien finir, je terminerai sur cet article de l'INRA (ils sont plutôt bien placés, non ?) intitulé Simuler les effets des températures et les concentrations de CO2 sur les rendements des cultures dans lequel on peut voir ces graphiques :
Seuils limites de température et de concentrations en CO2 sur les rendements des cultures. Illustration pour le maïs, le blé et le riz. |
Avec les commentaires suivants :
- Les résultats montrent que, pour le blé, une augmentation de la concentration en CO2 pourrait probablement compenser une augmentation de la température de 2°C. Les augmentations de concentration en CO2 requises pour le riz et surtout pour le maïs sont supérieures. Pour toutes les cultures, l’incertitude des projections de rendement est élevée et augmente plus avec la température qu’avec la concentration en CO2.
Et comme tout n'est jamais ni blanc ni noir, je laisse la conclusion à l'INRA qui nous dit :
- Lorsqu’ils tiennent compte de l’effet positif qu’aura l’augmentation de la concentration atmosphérique en CO2 et de l’augmentation de l’efficience de l’eau qui en résulterait (liée à la régulation stomatique), les modèles de simulation de culture montrent que, malgré le raccourcissement du cycle, le rendement potentiel des cultures ne serait pas forcément en diminution, à condition que leur alimentation hydrique et/ou minérale ne soit pas modifiée. Mais une variabilité accrue du climat (canicules, sécheresses, précipitations intenses) pourrait faire chuter les rendements certaines années, et de manière de plus en plus fréquente après 2050.
Merci pour cette brillante étude.
RépondreSupprimerReste plus qu'à appliquer votre démonstration pour démontrer la toxicité de l'eau (noyade, brûlure, etc...). vous arriverez surement à nous prouver que l'eau est dangereuse pour la santé.
En ce qui concerne le CO2 :
Conclusion : Jacques Henry a raison. L'augmentation de CO2 n'est pas mauvaise pour la production agricole voir est bénéfique. (l'INRA le stipule en clair pour qui sait lire).
Le seul danger étant la prédiction apocalyptique de fin du monde. Effectivement si il fait 50° sur terre si il ne pleut plus, ou si il fait -20° et si il neige à tout va, ou si il pleut matin midi et soir et que les terres sont gorgées d'eau, voir si des ouragans avec des rafales à 500km/H saccage les champs, alors les rendements agricoles chuteront brutalement.
Bigre ça fait peur, l'apocalypse nous guette.....
Et encore les criquets génétiquement modifiés dévoreur de champs à la puissance 10 et ce sous toutes les latitudes ne sont pas évoqués.
Parce que alors là cela ferait encore plus peur...
Il va falloir apprendre à lire mon cher troubaa.
Supprimer« l'INRA le stipule en clair pour qui sait lire » ; moi je sais lire, voici ce que dit l'INRA : « à condition que leur alimentation hydrique et/ou minérale ne soit pas modifiée » et « Mais une variabilité accrue du climat (canicules, sécheresses, précipitations intenses) pourrait faire chuter les rendements certaines années, et de manière de plus en plus fréquente après 2050 » ; ce qui, en clair, signifie qu'en conditions optimales il peut y avoir hausse de rendement (et encore ce n'est pas vrai pour toutes les cultures) mais que comme les conditions ne seront pas optimales il est plus que probable que les rendements seront en diminution, surtout à partir de 2050.
Il n'est pas question de faire peur mais de regarder la réalité en face.
Quant à l'eau vous avez raison, trop d'eau peut tuer, c'est exactement pareil que pour le CO2 ainsi que pour beaucoup d'autres choses.
Comme la plupart des convaincus de l'absence de problèmes liés à l'activé humaine, troubaa ne lit que ce qu'il veut bien lire ! Il blinde l'ensemble de sa réflexion sur le sujet avec quelques mythes. Du coup, la littérature scientifique n'a d'intérêt pour lui que quand elle valide ses théories, sinon elle fait partie d'un vaste complot. Du coup, les échanges virent vite au dialogue de sourds ! :(
RépondreSupprimerNous sommes donc d'accord Ged, le CO2 est bénéfique (effet positif) tant que les plantes sont correctement irriguées et nourries. C'est ce que dit l'INRA. Après il est évoqué les conséquences de variations climatiques supposées et non d'effet du CO2 sur les plantes.
RépondreSupprimerNon, ce n'est pas tout à fait ce que dit l'INRA, il faut tenir compte du CO2 ET de la température, donc certaines plantes peuvent, en conditions normales, trouver un bénéfice à l'augmentation du CO2, et d'autres pas.
SupprimerPar ailleurs retenez ce passage qui est peut-être le plus important : « Pour toutes les cultures, l’incertitude des projections de rendement est élevée et augmente plus avec la température qu’avec la concentration en CO2. » ; ce qui veut dire que si la température n'augmentait pas, les rendements seraient probablement plus importants pour certaines plantes (donc pas toutes) avec une augmentation du CO2 ; problème, les températures augmentent elles aussi, ainsi que divers stress que n'aiment pas du tout les plantes : sécheresses, pluies et vents violents, fortes chaleurs, etc.
Pour en savoir plus sur le sujet vous avez un excellent article ici : https://skepticalscience.com/co2-plant-food.htm
« variations climatiques supposées » ; non, elles ne sont pas "supposées", elles sont prédites avec un degré élevé de confiance en se basant sur le proche passé et le présent (c'est déjà en train d'arriver) et en se basant sur les projections des modèles climatiques : d'ici 2100 on devrait sur notre lancée atteindre les 3°C supplémentaires, les 2°C maxi de la COP21 sont déjà très fortement compromis (sans parler des 1,5°C qui sont hors-jeu)
Tiens au fait, Jacques Henry vient de faire sur Contrepoints un copié/collé du billet qu'il avait écrit sur son blog, mais en changeant le titre qui devient...Engrais ou CO2 pour augmenter la production agricole ? (https://www.contrepoints.org/2018/02/18/309915-engrais-co2-augmente-production-agricole)
RépondreSupprimerPour faire plus sérieux...?
Ah et j'oubliais, il a aussi, sur son blog, supprimé le commentaire de Tsih (alias windchaser) qui lui faisait un peu trop de tort...
SupprimerNe comptez pas sur moi pour l'effacer de mon billet !