Dans un récent billet Marc Girard se permet de donner sa définition personnelle du lanceur d'alerte.
On savait déjà le désamour qu'il porte à Irène Frachon (qui ne lui a pourtant rien fait) mais on ne se doutait pas qu'il en arriverait à tordre la définition de termes qu'on pensait reconnus et admis dans tous les milieux (autorisés ou non)
Dans Être ou ne pas être "lanceur d’alerte" voici donc sa définition à lui :
On savait déjà le désamour qu'il porte à Irène Frachon (qui ne lui a pourtant rien fait) mais on ne se doutait pas qu'il en arriverait à tordre la définition de termes qu'on pensait reconnus et admis dans tous les milieux (autorisés ou non)
Dans Être ou ne pas être "lanceur d’alerte" voici donc sa définition à lui :
- Un « lanceur d’alerte », ce n’est pas un présumé héros, ce n’est pas quelqu’un qui a raison avant tout le monde, c’est encore moins quelqu’un fait ça sur tout ou de façon chronique. C’est quelqu’un qui se trouve – momentanément – broyé dans un conflit de loyautés : typiquement, un salarié coincé entre ce qu’il doit (par contrat) à son entreprise et ce que lui dicte sa morale (ou encore : un juré qui dénonce la façon dont on a délibéré alors qu’il s’était formellement engagé à ne pas le faire, sous peine de sanctions judiciaires).
Je ne sais pas où il est allé chercher qu'on considèrerait que le lanceur d'alerte serait un héro (type Scwharzie ?) ou qu'il/elle « aurait raison avant tout le monde », ou encore qu'il/elle ferait « ça sur tout ou de façon chronique » ; et pourquoi ce lanceur d'alerte devrait obligatoirement se trouver « broyé dans un conflit de loyautés » selon les deux exemples donnés du salarié et du juré.
Je suis allé chercher la définition du lanceur d'alerte sur plusieurs sources (j'ai surligné en rouge les passages intéressants) :
Wikipédia : Un lanceur d'alerte est toute personne, groupe ou institution qui, ayant connaissance d'un danger, un risque ou un scandale, adresse un signal d'alarme et, ce faisant, enclenche un processus de régulation, de controverse ou de mobilisation collective. [...] Il s'agit généralement d'une personne ou d'un groupe qui estime avoir découvert des éléments qu'il considère comme menaçants pour l'homme, la société, l'économie ou l'environnement et qui, de manière désintéressée, décide de les porter à la connaissance d'instances officielles, d'associations ou de médias, parfois contre l'avis de sa hiérarchie.
L'Humanité : L’article 6 de la loi Sapin II définit le lanceur d’alerte (la lanceuse d’alerte) comme « une personne physique qui révèle ou signale, de manière désintéressée et de bonne foi ( c’est-à-dire sans intention de nuire par exemple à l’employeur) :
- - un crime ou un délit,
- - une violation grave et manifeste d’un engagement international régulièrement ratifié ou approuvé par la France,
- - un acte unilatéral d’une organisation internationale pris sur le fondement d’un tel engagement, de la loi ou du règlement,
- - une menace ou un préjudice grave pour l’intérêt général dont elle a eu personnellement connaissance.
Sont exclus : les faits, informations ou documents couverts par le secret de la défense nationale, le secret médical ou le secret des relations entre un avocat et son client. »
Transparency International France : En résumé, le lanceur d’alerte est toute personne physique, citoyen, agent public ou salarié, signalant ou révélant une grave atteinte à l’intérêt général. La loi Sapin 2 exclut donc de la définition et par conséquent du régime général de protection les personnes morales (ex. une association, un syndicat, une entreprise).
Le Monde : Le lanceur d’alerte est une personne physique qui révèle ou signale, un crime ou un délit, une violation grave et manifeste d’un engagement international, d’un acte unilatéral d’une organisation internationale, de la loi ou du règlement, ou une menace ou un préjudice graves pour l’intérêt général. Il agit de manière désintéressée et de bonne foi. Il doit avoir eu une connaissance personnelle des faits dénoncés. Il ne peut agir par procuration, en rapportant des informations transmises par un tiers. Le lanceur d’alerte peut être soit salarié de l’entreprise soit un collaborateur extérieur et occasionnel.
Lanceurs d'alerte : Quel est le point commun entre l’amiante, l’engrais Gaucho, le Mediator et la NSA ? [...] Si les objets d'alertes sont parfois connus du grand public, les auteurs d'alertes, eux, ne le sont presque jamais : Irène Frachon, qui a alerté officiellement sur des dangers du médicament Mediator, reste inconue (sic) de la plupart du grand public alors même qu'il a entendu parler du Mediator et de ses victimes. [...] un lanceur d’alerte est une personne ou un groupe de personnes qui détecte un danger potentiel et tire un signal d’alarme, le plus souvent contre l’avis dominant. Cette dernière précision explique pourquoi leur situation est très souvent difficile : l'opinion publique ne les croit pas, leurs détracteurs tentent de les décrédibiliser.
Comme on le voit la définition du lanceur d'alerte est bien plus étendue que celle, restrictive, qu'en donne Marc Girard.
Par exemple un salarié n'a pas à être « coincé » par quoi que ce soit, il lui suffit d'avoir connaissance d'un fait qu'il pense dommageable pour la collectivité et il peut le dénoncer, même si effectivement parfois cela peut lui poser quelques problèmes (mais il est protégé par la loi Sapin) ; on remarquera cependant qu'aucun des deux exemples cités par Marc Girard ne s'applique à Irène Frachon, qui n'est pas salariée chez Servier (et ne l'a jamais été) et n'a à ma connaissance jamais été juré (ou si c'est le cas elle n'a pas lancé d'alerte dans le cadre d'un procès) ; Irène Frachon entre bien par conséquent entièrement dans la définition de la lanceuse d'alerte, titre que personne autre que Marc Girard ou les représentants de Servier ne lui conteste.
Et on se perd en conjectures quand on lit les « arguments » de Marc Girard pour dénier à Irène Frachon le titre de lanceuse d'alerte :
- On pense ce qu’on veut d’Irène Frachon, mais elle n’a jamais vendu Médiator, ni été salariée de Servier. Dans un long reportage que lui avait consacré le journal suisse Sept Info, elle admettait d’ailleurs n’avoir pris aucun risque financier dans cette histoire – dont on ne sache pas, par ailleurs, qu’elle lui ait coûté quoi que ce soit professionnellement (le CHU de Brest n’ayant pas de participation dans les affaires de Servier)…
On serait tenté de rétorquer à Marc Girard : oui et alors ?
Et Girard de conclure :
- Ne pas comprendre ça, c’est brouiller les enjeux d’une protection juridique effective à l’endroit des vrais lanceurs d’alerte : parce que le lanceur d’alerte se met objectivement en tort, juridiquement, ce qui, à ma connaissance, n’a jamais été le cas avec Sainte Irène.
Rien dans la définition du lanceur d'alerte ne permet de déduire qu'il/elle « se met objectivement en tort, juridiquement », même si cela peut parfois être le cas ; en vérité, juridiquement le lanceur d'alerte est le plus souvent parfaitement dans son droit puisqu'il dénonce un fait en principe répréhensible et puni par la loi, même si, encore une fois, il n'est pas toujours facile de condamner le responsable/coupable de faits délictueux, mais cela c'est une autre histoire.
A noter que le laboratoire Servier a été condamné et que cela a été rendu possible grâce à l'intervention d'Irène Frachon, et certainement pas par une mise en garde de Marc Girard.
Alors pourquoi tant de haine envers Irène Frachon de la part de quelqu'un qui a pourtant beaucoup de choses à dire sur le sujet de la santé (à condition de supporter son exécrable style) ?
La réponse peut-être dans ce billet intitulé Élargissement des obligations vaccinales : mystérieuse épidémie chez les lanceurs d’alerte :
- 22/08/2015 : " On conclut sur une nouvelle mise en garde concernant l’évident objectif de nos autorités, à savoir élargir des obligations vaccinales déjà bien problématiques.
(...) Depuis lors et nonobstant les manœuvres de diversion menées sous la houlette niaise ou perverse des Frachon, Bapt et autres « lanceurs d’alerte » éventuellement auto-proclamés, je le dis depuis des années : il est en train de se préparer quelque chose de terrible avec les vaccinations." - Qui peut nier, aujourd’hui, que mes vaticinations apparemment incongrues sur l’élargissement des obligations vaccinales ont bien fini par se réaliser ? [...] L’excitation regrettablement contagieuse d’Irène Frachon autour de ce thème [des conflits d’intérêts] déjà recuit illustrait simplement que (comme elle l’a d’ailleurs reconnu depuis) elle n’avait encore jamais réfléchi au problème jusqu’alors. [...] Je n’ai pas la moindre animosité à l’endroit d’Irène Frachon qui m’indiffère totalement comme personne ; en revanche, j’estime – et je démontre – que son action publique a été extrêmement profitable aux lobbies pharmaceutiques initialement ridiculisés par les développements imprévus de leur mystification H1N1 (une fausse alerte, une rentabilité honteuse, des narcolepsies catastrophiques pour les victimes comme pour les contribuables…)
Je laisse à chacun le soin de déchiffrer la prose Girardienne, j'en retiens en ce qui me concerne que pour l'illustre expert Marc Girard Irène Frachon aurait été une espèce de cheval de Troie ayant permis aux lobbies pharmaceutiques d'imposer l'obligation vaccinale, ou quelque chose comme ça.
Il n'a peut-être pas tort, mais il s'y prend vraiment très mal pour plaider sa cause.
Oups....
RépondreSupprimer"M...." alors, moi qui ai failli t'avouer que j'adorais ton style qui me rappelait celui de Marc Girard justement ... (!) ....
Euh... Bon ben voilà quoi :D
Allez j'ai rien dit, oublie ;)
Non non, ça ne m'embête pas d'être comparé à Marc Girard, au contraire ça aurait tendance à me flatter, car il est extrêmement compétent dans son domaine, comme je le suis...en comptabilité !
SupprimerJe regrette simplement un style un peu trop recherché, qui fait un peu penser à celui de Frédéric Lordon dans un registre un peu différent mais assez proche tout de même, fait de phrases compliquées et de diversions qui perdent souvent le lecteur peu attentif et pas assez concentré, en ce qui me concerne j'essaie d'être plus direct, même si parfois je m'amuse à essayer de perdre mon lecteur avec des tours et des détours.
Tu remarqueras que dans le titre je précise que Marc Girard « ne raconte pas toujours des conneries », ce qui en fait est une litote qui signifie qu'il peut en dire de temps en temps ; et en ce qui concerne sa définition du lanceur d'alerte je pense qu'il se fiche dedans.
Je ne comprends pas trop non plus sa fixette sur Irène Frachon, même s'il justifie ses critiques à son encontre en argumentant qu'en se focalisant sur le médiator on oublierait de parler d'autres choses plus importantes, ce qui est peut-être vrai, mais en attendant c'est Irène Frachon et pas Marc Girard qui a levé l'affaire du médiator.
Oui j'avoue aussi que si j'adore vraiment me plonger dans sa mare - comme dans la tienne d'ailleurs -... Je suis un peu attristé aussi que la verve de son verbe si cinglant s'exerce également contre Irène (et accessoirement contre d'autres militants qui lui semble un peu moins performants et excellents que lui :'( )...
RépondreSupprimerMais bon, personne n'est parfait hein.
Même dans mon propre métier où je crois pourtant être assez bon, il m'arrive aussi parfois de faire des conneries ... :/ .... Le tout est de progresser toujours, ou du moins tenter de progresser et s'améliorer constamment ...
« il m'arrive aussi parfois de faire des conneries »
SupprimerComme on le dit si bien, seuls ceux qui ne font rien ne font pas de conneries.