lundi 3 décembre 2018

Faut tout leur expliquer, mais ils n'écoutent même pas

Sur skyfall ce commentaire d'une touchante naïveté :
2307. shayabe | 2/12/2018 @ 18:57

On n’avait pas encore entendu : un automne « anormalement froid »
Le dénommé shayabe n'avait jamais entendu ça, il va peut-être falloir qu'il s'habitue.

Il faisait référence à actu.orange où il est question de températures « anormalement froides » au Canada pour cet automne ; et il est secondé par un autre naïf qui a oublié de s'informer lui aussi :
2308. jdrien | 2/12/2018 @ 19:57

shayabe (#2307), pas de problème, c’est surement dû au réchauffement climatique :

Les scientifiques ont démontré dans plusieurs modèles que l’accélération du changement climatique pourrait avoir comme conséquence paradoxale, à terme, de refroidir le nord-est nord-américain, en raison de la fonte des glaces de l’Arctique et de la calotte du Groenland.
Et shayabe de confirmer qu'il a bien compris le message :
2310. shayabe | 2/12/2018 @ 21:04
jdrien (#2308), Ca va je suis rassuré alors.
Cette phrase est typique de l’alarmisme climatique : contre vérités, conditionnel.
C'est toujours utile d'agrémenter ses commentaires d'un émoti-con, surtout quand on écrit de grosses bêtises.

Je ne vais pas faire un long discours mais montrer tout d'abord deux graphiques, le premier tiré de mes climactualités de novembre :

Source data.giss.nasa.gov

Comme par hasard le Canada est largement en anomalie négative pour le mois d'octobre, mais qu'en est-il pour l'année 2018 de janvier à octobre ?

Source skepticalscience

Là-aussi, comme par hasard, sur les dix premiers mois de l'année le Canada est l'une des rares régions à se trouver dans le négatif.

Et comme par hasard le Canada se trouve pas très éloigné de l'Arctique et du Groënland qui fondent d'année en année.

Et il y a encore des gens pour s'étonner que le réchauffement climatique, qui est global et non régional, puisse entrainer des refroidissements anormaux dans certaines régions, pour des raisons qui commencent à être connues même s'il y a beaucoup encore à apprendre.

Pour s'assurer que ces anomalies sont bien réelles et non le fruit de l'imagination débridée des climatologues, le site wmo.maps.arcgis nous donne quelques indications intéressantes, par exemple les endroits où des vagues de froid inhabituelles ont eu lieu en 2018, accrochez-vous à votre chaise :

Vagues de froid en 2018.

Eh oui, des vagues de froid au Maghreb, en Iran et en Inde ; pour plus d'info vous pouvez cliquer sur les symboles (pas sur mon site, sur le leur !) et vous verrez par exemple ceci concernant l'Inde :

Dégâts occasionnés par la vague de froid en Inde d'avril à mai 2018.

Mais il y a mieux avec les épisodes de froid extrême (j'imagine que la différence avec les vagues de froid, c'est que les froids extrêmes sont des épisodes plus courts durant lesquels on enregistre des records de froid…) :

Froids extrêmes
Ainsi le Nigéria a enregistré trois records de froid en 2018.

Je vous laisse regarder par vous-même toutes les statistiques, c'est assez instructif.

Mais il ne faut pas se faire d'illusion, vous rencontrerez toujours de gros bêtas qui iront vous dire que quand il fait chaud c'est le climat et quand il fait froid c'est la météo.

Pour en revenir à la situation au Canada, Jennifer Francis nous en donne une explication plus que plausible avec l'illustration du jet stream ondulant de plus en plus (tout en ralentissant également de plus en plus) suite à la diminution du gradient de température causé par le réchauffement accéléré de l'Arctique :

Source youtube

Donc quand le jet stream provoque un froid exceptionnel sur l'est des Etats-Unis cela dure plus longtemps que la « normale », et de manière identique quand le même jet stream provoque exactement au même moment des températures plus élevées que la « normale » (dans le centre des Etats-Unis dans l'exemple ci-dessus) cela dure également plus longtemps.

Tout ceci n'est pas nouveau, on peut en effet trouver en 2014 une interview de Jennifer Francis expliquant ce qu'est le vortex polaire dans rutgers.edu ; à la question « Le changement climatique est-il à blâmer pour ce méandre ? » Jennifer Francis répondait alors :
We can’t say these extremes are happening because of climate change, but we can say that they’re more likely because of climate change. Note that when a big trough occurs in one place, there is almost always a big northward swing of the jet stream -- called a ridge -- on either side. That is certainly the case now, and it is causing an unusually warm winter in Alaska, drought conditions in California and a particularly warm winter in Scandinavia as well.
Nous ne pouvons pas dire que ces extrêmes se produisent en raison du changement climatique, mais nous pouvons dire qu’ils sont plus susceptibles de se produire en raison du changement climatique. Notez que lorsqu'un grand creux se produit à un endroit, il y a presque toujours un grand basculement du jet stream vers le nord - appelé une arête - de chaque côté. C’est certainement le cas actuellement, et cela cause un hiver exceptionnellement chaud en Alaska, des conditions de sécheresse en Californie et un hiver particulièrement chaud en Scandinavie.

L'« alarmisme climatique » relevé par shayabe n'a pas grand chose à voir là-dedans, cela s'appelle simplement de la science et c'est quelque chose de totalement inconnu de lui.


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