mardi 18 mai 2021

Les mots sont importants

John Kerry s'est récemment fait remarquer dans une récente interview à la BBC dont le compte-rendu est visible ici : 16052104.pdf (bbc.co.uk)

Un passage a notamment fait l'objet de « certaines » critiques :

I am told by scientists, not by anybody in politics but by scientists, that 50% of the reductions we have to make to get to net zero by 2050 or 2045, as soon as we can, 50% of those reductions are going to come from technologies that we don’t yet have. 

On me dit par des scientifiques, pas des politiciens, mais des scientifiques, que 50 % des réductions que nous devons faire pour arriver à un taux net zéro d'ici 2050 ou 2045, dès que nous le pourrons, 50% de ces réductions viendront de technologies que nous n'avons pas encore.

Cela a fait par exemple réagir Greta Thunberg qui s'est fendue d'un tweet ironique comme elle en a l'habiture :

"50% of the carbon reductions needed to get to net zero will come from technologies that have not yet been invented" Great news! I spoke to Harry Potter and he said he will team up with Gandalf, Sherlock Holmes & The Avengers and get started right away!
"50 % des réductions de carbone nécessaires pour atteindre le niveau zéro proviendront de technologies qui n'ont pas encore été inventées" Grande nouvelle ! J'ai parlé à Harry Potter et il m'a dit qu'il allait faire équipe avec Gandalf, Sherlock Holmes et les Avengers et commencer tout de suite !
Plus sérieusement Michael Mann a twitté de son côté :
Such pernicious technophilia has infected our public discourse over climate change in the wake of
@BillGates book & his dismissive take on the potential to decarbonize w/ existing (renewable energy) technology (see: https://newsweek.com/right-path-forward-climate-change-opinion-1571169… )
Une telle technophilie pernicieuse a infecté notre discours public sur le changement climatique dans le sillage du livre de @BillGates et de sa prise de position dédaigneuse sur le potentiel de décarbonisation avec la technologie existante (énergie renouvelable) (voir : https://newsweek.com/right-path-forward-climate-change-opinion-1571169... ).
Bill Gates est effectivement critiquable non sur son supposé objectif d'éradiquer l'humanité à l'aide des vaccins (il a bien mieux réussi à foutre le bordel avec son système d'exploitation pourri qu'il a imposé à l'ensemble de la planète) mais sur les solutions qu'il préconise pour contrer le réchauffement climatique (voir par exemple Sweden axes Bill Gates-funded Harvard experiment aiming to DIM THE SUN to fight climate change amid outcry from activists, La Suède met fin à une expérience de Harvard financée par Bill Gates visant à atténuer les effets du soleil pour lutter contre le changement climatique, face au tollé des militants.)

Ce que Mann, Thunberg et tous les gens compétents mettent en avant c'est qu'il faut agir dès maintenant sur nos émissions sans compter sur d'hypothétiques solutions technologiques non maitrisées ou inexistantes à l'heure actuelle, solutions qui au demeurant pourraient se révéler pires que le mal qu'elles seraient susceptibles de combattre. Atténuer l'impact du rayonnement solaire ne réglerait pas le problème de l'acidification des océans et obligerait de plus l'humanité à entretenir constamment le mécanisme, autrement le résultat est très facile à prédire : dès que le « bouclier » cesserait d'agir pour une raison ou pour une autre (on le voit mal perdurer pendant des siècles ou des millénaires...) alors les températures feraient un gigantesque bon en avant avec une espèce d'effet ressort (vous savez, quand vous étirez un élastique au maximum puis que vous le relâchez brusquement et qu'il vous claque dans les doigts !)

Tout cela sans compter que la solution exigerait, en principe, l'agrément de tous les pays sans exceptions puisque tout le monde serait concerné ; passer outre serait perçu par ceux qui ne seraient pas d'accord comme un « fait du prince » avec des réactions que l'on peine à imaginer mais qui ne seraient pas vraiment positives...

Mais pour en revenir à la déclaration de John Kerry il semble qu'il se soit un peu emmêlé les pinceaux et qu'il ait retransmis une information d'une manière maladroite ; en effet, il apparait que ses sources proviendraient en fait du directeur exécutif de l'IEA qui aurait récemment déclaré (voir Executive Director Speech at the Leaders Summit on Climate - News - IEA) :

However, IEA analysis shows that about half the reductions to get to net zero emissions in 2050 will need to come from technologies that are not yet ready for market. 

Toutefois, l'analyse de l'AIE montre qu'environ la moitié des réductions nécessaires pour parvenir à des émissions nettes nulles en 2050 devront provenir de technologies qui ne sont pas encore prêtes à être commercialisées.

Ainsi les technologies existeraient actuellement, mais ne seraient pas commercialisées, bref elles seraient à l'état de projets à partir de concepts connus mais difficilement exploitables à grande échelle, pour le moment. Et le directeur de l'IEA d'ajouter, pour positiver un peu :

Make no mistake – this is a herculean task.
Ne vous méprenez pas, il s'agit d'une tâche herculéenne.

Bon, nous savons qu'Hercule était bien arrivé à nettoyer les écuries d'Augias qui en avaient bien besoin, alors trouver des solutions pour régler nos petits problèmes de thermostat ça ne devrait pas être la mer à boire.

Hercule, mon grand, reviens, on a besoin de toi pour nettoyer le climat !


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