mercredi 15 novembre 2023

Andrew Dessler nous dévoile son scénario climatique

 Andrew Dessler n'est pas le premier venu. Avec Zeke Hausfather il est le créateur du site The Climate Brink et son dernier article, The scariest climate plot in the world (Le scénario climatique le plus effrayant au monde), ne semble pas vraiment d'un optimisme débridé... 

Pourtant j'ai comme l'impression qu'il est encore bien trop optimiste, je vous expliquerai pourquoi après la traduction en français que je vous offre généreusement.


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Le scénario climatique le plus effrayant au monde

ne laissez pas les jeunes enfants lire ceci

Lorsque je donne des conférences sur le changement climatique, je commence par un scénario particulier qui résume mieux que tout autre la gravité de notre trajectoire climatique actuelle.

C'est ce que j'appelle le scénario le plus effrayant du monde :

Pour comprendre pourquoi ce graphique est si effrayant, examinons ce qu'il nous apprend sur le changement climatique passé et futur.

Un voyage à travers 30 000 ans

Le graphique montre l'évolution du climat, qui commence il y a 20 000 ans et se termine 10 000 ans dans le futur :

Tout commence au plus profond de la dernière période glaciaire, généralement appelée "dernier maximum glaciaire" dans le langage des climatologues. Les températures se sont ensuite réchauffées jusqu'à la fin de la période glaciaire, il y a 10 000 ans. C'est le début de l'Holocène, la période interglaciaire chaude et agréable que nous connaissons actuellement, caractérisée par un climat chaud et stable qui a permis à la civilisation humaine de s'épanouir.

L'ère des combustibles fossiles : Une brève étincelle qui provoque des incendies durables


La trajectoire de notre climat fait un brusque détour il y a environ 250 ans, coïncidant avec l'aube de la révolution industrielle. C'est l'ère des combustibles fossiles - la bande rose sur le graphique. Dans la grande fresque de l'histoire de l'humanité, l'ère des combustibles fossiles n'est qu'une brève étincelle, qui ne dure que quelques siècles, mais dont les répercussions sont immenses. Pendant les quelques siècles où nous brûlerons des combustibles fossiles, nous devrions réchauffer le climat d'environ 3°C, compte tenu des politiques climatiques actuelles.


Lorsque l'ère des combustibles fossiles prendra fin, que ce soit en raison de leur épuisement ou d'un passage concerté à des sources d'énergie durables, le climat ne reviendra pas rapidement à son état préindustriel. Au contraire, les conséquences de notre flambée de carbone, brève mais intense, perdureront, avec des températures élevées pendant 100 000 ans.


C'est l'un des aspects les plus inquiétants du changement climatique : Les décisions que nous prendrons au cours des prochaines décennies détermineront le climat des 5 000 prochaines générations. Si nous faisons des choix imprudents, les générations futures seront à juste titre furieuses contre nous, car nous savons ce que nous faisons, mais nous le faisons quand même.

3°C est une mauvaise nouvelle

Si vous pensez qu'un réchauffement de 3°C n'a pas d'importance, vous vous trompez. Votre opinion est basée sur votre expérience personnelle des températures locales, qui varient effectivement beaucoup. Mais la température moyenne mondiale est très stable, de sorte qu'un changement de 3°C est monumental.




Le graphique ci-dessus en est la preuve. La dernière période glaciaire, au cours de laquelle des calottes glaciaires colossales recouvraient de grandes parties des continents de l'hémisphère nord et où le niveau de la mer était inférieur de 300 pieds à celui d'aujourd'hui, était plus froide d'environ 5°C. Ainsi, un réchauffement de 3°C représente 60 % du changement de température qui nous a fait passer d'une période glaciaire à une période interglaciaire. Un réchauffement de 3°C reformatera littéralement la surface de la Terre.

La chaleur est déjà là


Nous avons déjà constaté une augmentation de la température moyenne mondiale d'environ 1,2°C, et les conséquences sont tangibles. Et compte tenu de la nature non linéaire des impacts climatiques, le prochain réchauffement sera bien pire que le précédent.


Mais ne désespérez pas, notre avenir n'est pas encore gravé dans le marbre. Nous contrôlons encore largement le destin de notre climat. Mais pas pour longtemps. Si nous voulons éviter la catastrophe évidente que représente un réchauffement moyen de la planète de 3°C, nous devons nous attaquer au problème dès maintenant.


La bonne nouvelle, c'est que nous n'avons pas besoin d'une solution magique. Le défi du changement climatique ne relève pas de la science ou de la technologie. Nous savons comment le résoudre. Il s'agit plutôt d'une question politique. Ce qui nous manque, c'est une décision collective pour affronter et gérer ce risque. Heureusement, c'est un problème que nous pouvons résoudre par les urnes.


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Je vous ai dit en introduction que je trouvais ce texte un peu trop optimiste, en fait pour moi il est totalement irréaliste, et cela essentiellement pour deux raisons.

Tout d'abord Dessler évoque une hausse des températures de 3°C d'ici la fin de ce siècle par rapport à la période préindustrielle, or il n'en sait rien et il se trouve qu'un scientifique de haut niveau, James Hansen, suggère, lui, une sensibilité climatique suite à un doublement de la concentration en CO₂ dans l'atmosphère non pas de 3°C mais plutôt proche de 5°C (voir Et si James Hansen avait encore une fois raison ?)

Hansen a peut-être tort, mais il peut aussi avoir parfaitement raison et pourquoi pas être encore au-dessous de ce qui va se passer, avec certes une faible probabilité, mais un assureur vous expliquera que ce sont les événements ayant la plus faible probabilité de se produire qui provoquent les plus gros dommages...

Si vous n'en êtes pas persuadés pensez à la disparition des dinosaures (non aviaires) il y a 65 millions d'années !

Par conséquent si la hausse des températures est supérieure aux 3°C annoncés par Dessler alors les choses seront encore plus catastrophiques que ce qu'il laisse entrevoir.

Ensuite, deuxième preuve d'irréalisme de Dessler, bien plus flagrante que la première parce que tangible au point que nous pouvons dès à présent la ressentir, c'est quand il croit naïvement que nous arriverons à trouver les solutions au problème du réchauffement climatique « par les urnes ».

D'ailleurs plusieurs lecteurs lui font part en commentaires de leur scepticisme à ce sujet.

En ce qui me concerne cela fait bien longtemps que je ne me fais plus guère d'illusion à ce sujet. Je sais qu'il ne s'agit pas d'une démarche scientifique, mais ma lecture des réseaux sociaux, même si j'ai conscience que tout y est amplifié parfois de manière caricaturale, me porte à penser que comme on dit familièrement nous ne sommes pas près d'avoir le cul sorti des ronces.

On voit par exemple assez souvent ce genre de considération venant d'un crétin représentant à merveille la caste de ceux que l'on appelle gentiment les climatosceptiques (vu dans Pays-Bas: Greta Thunberg rejoint des dizaines de milliers de personnes à une manifestation d'ampleur sur le climat) :

Jean-Pierre Bardinet

13 novembre 2023

« Nous ne sommes pas au bord d’une catastrophe, nous la vivons ». Comme tous ces fadas d’alarmistes climatiques, la petite Greta confond météo et climat et elle se garde bien de fournir les informations sur les mesures de TMAG (température moyenne annuelle globale), car alors elle avouerait que, depuis 20 ans, il n’y a plus de réchauffement global significatif.
Avouez que c'est cocasse, Bardinet, qui n'y connait rien en climatologie ou météorologie, se permet de reprocher à Greta Thunberg de confondre météo et climat, alors que justement ce travers est la marque de fabrique des idiots tels que lui.

Mais il n'y a pas que mon ressenti personnel à la lecture de pareilles inepties, il y a également le constat que chacun peut faire sans trop de risque de se tromper, à savoir que les politiques de tous bords ne font pas vraiment de gros efforts pour suivre les recommandations des scientifiques, autrement on se demande bien pourquoi ces derniers se plaignent qu'on ne les écoute pas suffisamment !

Un scientifique a d'ailleurs assez bien résumé la situation dans Réchauffement climatique, les climatologues entrevoient une prise de conscience, contredisant au passage le titre de l'article :
Même agacement chez Wolfgang Cramer, directeur de recherche à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie. «L’idée fondamentale derrière la création du Giec est de respecter les décideurs. Nous ne donnons pas de leçons et nous ne prenons pas de décisions à leur place, rappelle celui qui fait partie du groupe d’experts depuis 1995. Mais quand un homme politique nous donne raison et, cinq jours plus tard, prend une décision à l’encontre de tout ce que la science explique… »
Je répète au cas où cela n'aurait pas bien imprimé sur votre écran ou dans votre cerveau :
quand un homme politique nous donne raison et, cinq jours plus tard, prend une décision à l’encontre de tout ce que la science explique…
Passage dédié par la même occasions à tous les politiques et lobbyistes de tout poil en faveur de l'A69.


Ben oui, il passera, le climat on s'en fout, ce qui compte c'est la croissance économique.



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