dimanche 19 août 2018

Caramba, encore raté !

Copyright Hergé

Hier je narrais les élucubrations de deux olibrius qui croient dur comme fer que c'est uniquement le soleil qui commande au climat et que les températures vont bientôt baisser pendant les dix ans qui viennent (au moins)

Aujourd'hui penchons-nous sur une autre divagation que l'on peut admirer dans la même source, à savoir l'indépassable site Skyfall, qui dans un billet de l'ineffable Usbek daté de juillet 2016 (deux ans déjà) et intitulé abusivement Bulletin des climato-réalistes n° 38 (ce qui est abusif c'est l'emploi du mot réaliste qui n'a pas sa place dans ce site) nous affirmait sérieusement :
2016 ne sera pas l’année la plus chaude

C’est le pronostic de Roy Spencer : du fait du refroidissement rapide de la troposphère moyenne (une chute de 0,37 °C en 2 mois), 2016 ne sera probablement pas l’année la plus chaude enregistrée.
Belle prédiction qui se révéla...foireuse !

En effet, après 2015 qui fut en son temps la plus chaude, 2016 lui a ravi la première place, et peu après 2017 lui a contesté la deuxième ; comme le précisait ONU Info en janvier 2018 dans L’OMM confirme que 2017 se classe parmi les trois années les plus chaudes jamais observées :
Il est désormais confirmé que les années 2015, 2016 et 2017, qui s'inscrivent clairement dans la tendance au réchauffement sur le long terme causée par l'augmentation des concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre, sont les trois années les plus chaudes jamais enregistrées. C'est toujours 2016 qui se trouve en tête de liste, alors que 2017 décroche le record de l'année sans Niño la plus chaude jamais constatée, ce dernier phénomène étant connu pour pousser à la hausse la moyenne mondiale des températures.
Avec 1,2 °C de plus qu'à l'époque préindustrielle, 2016 conserve le statut d'année la plus chaude. En 2015 et 2017, l'écart de la température moyenne par rapport aux valeurs préindustrielles était de 1,1 °C. Il est quasiment impossible de départager ces deux années car la différence de température est inférieure au centième de degré, soit moins que la marge d'erreur statistique.
Ainsi début 2018 nous en étions au classement suivant :
  1. 2016
  2. 2015-2017 ex-aequo
Donc non seulement 2016 fut l'année la plus chaude en son temps, mais deux ans plus tard elle conserve toujours sa première place et ne sera certainement pas détrônée par 2018 qui devrait se retrouver aux environs de la troisième place.

Voilà ce qui arrive quand on se fie aveuglément à un climatosceptique notoire tel que Roy Spencer et qu'on le suit avec confiance quand il fait un pas en avant au bord du précipice.

Mais que voulez-vous, quand dans le même billet on rend hommage à un certain Marcel Leroux (Marcel qui ?) qui fut l'inventeur des célèbres anticyclones mobiles polaires (AMP pour les fainéants) et dont la notoriété n'a guère dépassé les limites du département du Rhône, alors tout est possible, comme par exemple prévoir un âge glaciaire pour les décennies à venir (bon d'accord, je force un peu le trait, mais pas tant que ça à la réflexion)

Evidemment 2016 sera bientôt battue et la prédiction de Roy Spencer deviendra alors réalité, quand il disait, si l'on en croit Usbek, que « 2016 ne sera probablement pas l’année la plus chaude enregistrée » !

C'est comme les montres qui ne fonctionnent plus, elles donnent l'heure exacte deux fois par jour.

Ah oui quand même, pour expliquer l'erreur d'appréciation (pour être gentil) du sieur Usbek qui se référait à Roy Spencer, ce dernier ne s'est effectivement pas trompé, car ses courbes, « comme par hasard », montrent 2016 largement distancée par...1998 !
UAH, source woodfortrees
L'explication est simple, il s'agit de la température de la basse troposphère, et tout le monde sait que dans ces données les événements El Niño sont largement amplifiés, comme on peut également le voir chez le concurrent de Roy Spencer, qui ne montre pas exactement la même chose cependant :

RSS, source woodfortrees
Comme on peut le constater chez RSS 2016 arrive en deuxième position après 1998, alors que chez Spencer-UAH elle est en troisième position juste avant semble-t-il 2012 ; et pourtant ces deux organismes, UAH et RSS, utilisent exactement les mêmes données provenant des satellites, mais qu'ils traitent différemment puisqu'ils arrivent à des résultats peu concordants ; cerise sur le gâteau il existe de nombreuses versions des données issues de ces deux organismes (davantage je pense de la part d'UAH qui a fait l'objet de sévères critiques)

Différentes versions des données UAH, source wikipedia

Evidemment RSS n'est pas en reste si l'on en croit le numéro de la dernière version : RSS V4.0

Et c'est normal qu'il y ait des versions différentes, car les températures issues des satellites ne sont évidemment pas mesurées avec un thermomètre, les organismes en charge de les calculer utilisent des modèles et de complexes équations que je serais bien en peine d'expliquer ici, et en tenant compte du fait que les satellites dérivent et que leurs instruments peuvent éventuellement « délirer » on comprend qu'au final la confiance qu'on peut avoir dans ces températures ne peut qu'être toute relative.

Mais les données de surfaces, qui sont, elles, issues de véritables instruments de mesure fournissant par conséquent des chiffres directs non calculés, font cependant elles-aussi l'objet d'ajustements nécessités (et parfaitement justifiés) par exemple par le déplacement d'une station météo ou par un changement d'instrument de mesure (certains thermomètres sont plus précis que d'autres) ; on parle aussi d'homogénéisation des températures (comme expliqué ici), ce que les climatosceptiques à tendance complotiste (bel oxymore) traduisent par manipulation des températures.

Alors voyons ce que nous disent les températures de surface pour la même période (afin de rester cohérent) :

Températures de surface, source woodfortrees

Sans surprise, chacun des trois organismes (NASA gistemp, Hadcrut et Best) donnait 2016 vainqueur pour les températures de surface, c'est-à-dire là où nous vivons, là où nous mesurons les températures avec des instruments appelés thermomètres, bien qu'il soit nécessaire parfois de corriger certaines données brutes, mais apparemment de manière coordonnée puisque ces trois organismes arrivent aux mêmes conclusions.

Ah oui c'est vrai, j'oubliais, ces trois organismes font partie du gouvernement mondial dirigé par les Illuminati et les hommes-lézards, où avais-je la tête ?

Le véritable visage du GIEC.

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