samedi 19 février 2022

Le dernier round de Raoult ?

 Il y a près de deux ans, c'était en août 2020, dans Raoult pieds nus sur des charbons ardents j'écrivais notamment :

je pense effectivement qu'il y en a beaucoup qui suivront l'affaire de près et ne la lâcheront pas facilement ; il est en effet possible que des familles endeuillées portent plainte suite au décès d'un « patient Raoult », tout serait alors mis sur la table, il y aurait des investigations fouillées, des révélations pouvant susciter des dépôts de plaintes supplémentaires pour en arriver à une affaire du genre « Médiator » ou « Vioxx » (pour n'en citer que deux parmi d'autres)

Ce commentaire de ma part faisait suite à un article de Futura Santé intitulé Covid-19 : combien de morts si la prescription d'hydroxychloroquine avait été généralisée ? qui se terminait ainsi :
On sait aussi que ce traitement, diffusé à grande échelle, a certainement entraîné un préjudice sur la qualité du soin. En effet, le soin prodigué a certainement entraîné des effets secondaires non nécessaires chez certains individus. Aussi, les futures études épidémiologiques de pharmacovigilance pourront nous renseigner sur le préjudice en terme de vies humaines. Le traitement a-t-il aggravé la santé de patients au point d'avoir été un facteur de leur décès ? Nous ne le savons pas encore, mais nous suivrons l'affaire de près.
On se doute donc depuis belle lurette que le sieur Raoult aurait un jour ou l'autre à rendre des comptes, et il semblerait bien que ce jour-là approche à grands pas.

En juillet 2021 on nous avertissait déjà, dans Pourquoi Didier Raoult est maintenant dans le viseur de l’ANSM, que le druide de la Canebière avait commencé à intéresser l'agence de sécurité du médicament (ANSM) 
pour de possibles "manquements à la réglementation"
Eh bien voilà, c'est aujourd'hui que nous obtenons quelques résultats révélés par Médiapart dans Les inspecteurs de l’Agence de sécurité du médicament épinglent les pratiques de Didier Raoult  ; comme il faut s'abonner pour avoir accès à l'intégralité de l'article, on peut se reporter sur France Bleu qui nous résume la chose ainsi dans son sous-titre :
Après son enquête au sein de l'IHU de Marseille, l'Agence nationale de sécurité du médicament rédige un rapport préliminaire. Le document pointe des dysfonctionnements graves, notamment dans les protocoles de recherche.

L'ANSM, qui a été reçue à l'IHU comme un chien dans un jeu de quilles (étonnant non ?), relève pas moins de 15 dysfonctionnements :
l'ANSM a enquêté une semaine, en novembre 2021, au sein de l'IHU de Marseille, dirigé par le professeur Raoult. L'agence note 15 dysfonctionnements. Plus de la moitié sont jugés "totalement inacceptables" et peuvent déboucher sur des sanctions administratives, voire des poursuites pénales.
Je parlais pour ma part de plaintes que d'éventuels patients auraient déposées suite à des « soucis » après le traitement chloroquinien, je ne sais pas si l'ANSM a diligenté son enquête suite à ce genre de plaintes mais de toute façon il y a suffisamment d'éléments, et ce depuis le tout début, pour savoir que les pratiques de l'IHU laissaient à désirer sur de nombreux points.

Ce qui est cocasse c'est que Didier Raoult avait, lui, dans l'idée...d'attaquer l'ANSM en justice ! En novembre 2020 nous apprenions dans Didier Raoult veut attaquer en justice le directeur de l'Agence de sécurité du médicament que 
Le professeur Raoult s'inquiète ces derniers jours de voir son stock d'hydroxychloroquine se réduire. L'ANSM refuse de lui accorder une recommandation temporaire d'utilisation du médicament, bloquant les nouvelles commandes faites à Sanofi.
On nous dit donc que 
le microbiologiste a assuré mercredi [4 novembre 2020] qu'il allait déposer un recours devant le conseil d'Etat contre l'Agence nationale de Sécurité du médicament (ANSM), et même attaquer en justice son directeur.
Alors je ne sais pas où en est ce recours devant le conseil d'Etat, cependant je pense savoir vers quoi il est susceptible de tendre si j'en crois cet article de mars 2020 intitulé Hydrochloroquine: Le Conseil d’Etat rejette les requêtes de syndicats de médecins qui nous montre la voie en quelque sorte :
Jeudi [26 mars 2020], en deux recours déposés respectivement par le syndicat des infirmiers libéraux et par différents syndicats de médecins du sud de la France, le juge des référés du conseil d’État était saisi. Il vient, ce samedi, de rejeter leurs requêtes.
Et que souhaitaient les infirmiers libéraux et ces médecins ? Je vous le donne en mille :
Saisi par des médecins libéraux souhaitant pouvoir prescrire de la choroquine pour soigner leurs patients atteints du coronavirus, le Conseil d’Etat a tranché ce samedi dans le sens du gouvernement.
Ben voilà, nous sommes fixés. Ce que le conseil d'Etat pensait en mars 2020 devait en principe être la même chose en novembre de la même année ; apparemment Didier Raoult n'était pas au courant, ou alors il a cru qu'en insistant il allait finir par les faire céder. Il faut dire que s'il a été conseillé par Fabrice Di Vizio on peut comprendre l'égarement...

Pour rappel, et à toutes fins utiles, voici un petit florilège uniquement pour l'année 2020 :

La boussole qui pointe effectivement vers...Marseille !

Si quelqu'un connait la source de cette hilarante infographie qu'il se manifeste ou se taise à jamais (moi je l'ai prise ici mais je ne suis pas certain que cela en soit l'origine)


Histoire à suivre.


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