mercredi 27 janvier 2021

Encore un exemple de désinformation de la part de Pierre Gosselin

 Puisque nous sommes lancés pourquoi s'arrêter en si bon chemin ?

Précédemment nous avons vu dans Pierre Gosselin (No Trick Zone) lance un message à l'attention des gogos comment un charlatan s'y prenait pour gruger les gros naïfs du genre de monsieur Antoine qui, sur Skyfall, « informe » ses con-génères en leur fournissant gracieusement et régulièrement des liens vers NoTricksZone, l'église de désinformation dans laquelle officie le prêtre Pierre Gosselin.

Au passage signalons que la traduction de « no tricks zone » est, vous ne le devinerez jamais, « zone de non-tricherie », comme quoi les charlatans peuvent avoir de l'humour en se foutant ouvertement de la tronche de ceux qu'ils empapaoutent.

Pour les autres articles que j'ai pu écrire sur Gosselin et son site de désinformation vous pouvez aller voir ici.

Aujourd'hui nous allons considérer un article récent datant du 22 janvier dernier dans lequel, vous n'allez jamais le croire, c'est le soleil qui explique tout !

Dans Japanese Climate Scientist Kyoji Kimoto: “Climate Change Governed By The Sun”, CO2 Lesser Role! Gosselin introduit (rappelez-vous qu'il est spécialisé en empapaoutage) ainsi son sujet du jour :

Hundreds of publications show how climate in many regions around the world varies in sync with solar activity. More evidence is provided by Japanese climate scientist Kyoji Kimoto.

Des centaines de publications montrent comment le climat varie dans de nombreuses régions du monde en fonction de l'activité solaire. Le climatologue japonais Kyoji Kimoto en fournit d'autres preuves.
Je tiens à vous rassurer immédiatement, je ne vais pas passer en revue les « centaines de publications » qui selon Gosselin nous prouveraient que quand c'est le jour quelque part dans le monde il y a davantage de soleil qu'ailleurs où c'est la nuit, nous savons pertinemment de quoi il retourne, il nous a chanté à plusieurs reprises la même mauvaise rengaine (voir par exemple Bientôt un consensus à 100% ?) avec les « nombreuses » publications qui remettraient (d'après lui bien sûr) en cause le rôle de l'homme dans le réchauffement climatique ; non cette fois je me concentrerai uniquement sur un seul graphique qui nous montrera que ce gars pue la manipulation à plein nez et que seuls les enrhumés du cerveau croient que ça sent la rose.

Regardons le chapitre 3 qui nous dit ceci :

3. Arctic sea ice extent

Connolly et al. (2017) showed the variation of Arctic sea ice extent due to solar activity change in line with the climate periods above.

Connolly et al. (2017) ont montré la variation de l'étendue de la glace de mer arctique due au changement de l'activité solaire en fonction des périodes climatiques ci-dessus.

 

Fig. 4: Variation of Arctic sea ice extent, Connolly et al., 2017)


On remarquera qu'un bon charlatan tel que Pierre Gosselin se garde bien de fournir un lien vers l'étude d'où est soi-disant tiré ce graphique, on ne sait jamais, ses lecteurs pourraient avoir l'idée idiote d'aller vérifier d'un coup de click, c'est bien trop dangereux ! Il se contente de mentionner « Connolly et al., 2017 » en se doutant que personne n'ira rechercher le papier en question.

Sauf que je suis moins fainéant que le lecteur lambda de Pierre Gosselin, je ne m'appelle pas AntonioSan et ne suis pas apprenti monsieur météo chez Skyfall ; je suis donc en mesure de vous donner le lien dans lequel vous trouverez la véritable figure non trafiquée, il s'agit de Re-calibration of Arctic sea ice extent datasets using Arctic surface air temperature records (sealevel.info) et la figure en question se trouve à la page 1336 du Hydrological Sciences Journal, la voici :

Figure 11. Comparison of our all-Arctic summer sea ice extent reconstruction with several other estimates in the literature: (a) Walsh dataset-derived summer extents; (b) Pirón and Pasalodos (2016) September extents; (c) Alekseev et al. (2016) September extents; (d) CMIP5 modelled September extents; (e) our summer reconstruction.

Traduction de la légende :

Figure 11. Comparaison de notre reconstruction de l'étendue de la glace de mer d'été dans tout l'Arctique avec plusieurs autres estimations de la littérature : (a) Étendues estivales dérivées de l'ensemble de données de Walsh ; (b) Étendues de septembre de Pirón et Pasalodos (2016) ; (c) Étendues de septembre d'Alekseev et al. (2016) ; (d) Étendues de septembre modélisées par CMIP5 ; (e) notre reconstitution de l'été.

Il est également possible de consulter le papier lui-même : Full article: Re-calibration of Arctic sea ice extent datasets using Arctic surface air temperature records (tandfonline.com) 

Ainsi notre clown Pierre Gosselin a choisi de ne montrer, on se demande bien pourquoi, que le graphique (c) provenant de l'étude d'Alekseev datant de 2016 ; et on remarquera plusieurs choses :

  • la légende du graphique de Gosselin est trompeuse puisqu'elle fait croire que le graphique serait celui de Connolly alors qu'il est d'Alekseev ;
  • le graphique habilement sélectionné par Gosselin est de manière très surprenante celui qui fait apparaitre autour de l'année 1940 une étendue de banquise arctique identique à celle d'aujourd'hui... 
  • le véritable graphique de Connolly est celui du bas, reproduit dans la figure 12 ci-après :
Figure 12. Comparison of annual Arctic sea ice extent trends during the pre-satellite era with the satellite era. Periods of general sea ice growth and periods of general sea ice melt are indicated at the bottom of the figure.

Traduction de la légende :
Figure 12. Comparaison des tendances annuelles de l'étendue de la glace de mer arctique pendant l'ère présatellite avec l'ère des satellites. Les périodes de croissance générale de la glace de mer et les périodes de fonte générale de la glace de mer sont indiquées au bas de la figure.
Et là oh surprise, le pic de l'année 1943 se situe légèrement au-dessus de l'année 2005 après laquelle la banquise n'a cessé de se réduire comme peau de chagrin.

Maintenant se pose la question de savoir si ce graphique est cohérent avec les fameuses « périodes climatiques ci-dessus » évoquées par Pierre Gosselin dans son article ; les voici ces fumeuses périodes :

Fig. 1: aa-index graph: Zebro, J-L et al., Journal of Advanced Research (2013),4, 265-274

Là encore aucun lien, à la place une vague référence au Journal of Advanced Research dans lequel vous êtes priés d'aller chercher vous-même l'info dans la botte de foin ; je n'ai pas pris cette peine me doutant que l'ami Gosselin avait de ses petits doigts musclés rajouté des segments rouges sur un graphique soigneusement choisi en ignorant tout ce qui pourrait ébranler tout l'édifice (on  n'est jamais trop prudent), quoi qu'il en soit même en faisant confiance à ce graphique je défie quiconque de trouver un parallélisme avec celui de Connolly, le vrai Connolly bien entendu. 

Quant au papier de 2016 d'Alekseev, je n'ai réussi à trouver que ce lien : (PDF) IMPACT OF ATMOSPHERIC HEAT AND MOISTURE TRANSPORT ON ARCTIC WARMING IN WINTER (researchgate.net) ; mais comme c'est écrit en russe et que de surcroit je ne vois nulle part dans le papier la moindre mention du graphique dont il est question je passe mon tour et me contenterai de citer ce que dit Connolly dans ce passage :

because the Alekseev et al. (2016) reconstruction is essentially an inverse Arctic summer temperature index, it cannot be used for studying the relationship between Arctic sea ice extent and surface air temperatures outside the satellite era (as that would lead to circular logic). Also, it discards all of the pre-satellite era direct observations of Arctic sea ice incorporated in the Walsh and Zakharov datasets.

Comme la reconstruction d'Alekseev et al. (2016) est essentiellement un indice inverse de la température estivale de l'Arctique, elle ne peut être utilisée pour étudier la relation entre l'étendue de la glace de mer arctique et les températures de l'air à la surface en dehors de l'ère des satellites (car cela conduirait à une logique circulaire). En outre, elle écarte toutes les observations directes de la glace de mer arctique de l'ère présatellite incorporées dans les ensembles de données de Walsh et Zakharov.

J'en déduis donc que les données pré-1979 figurant dans le graphique d'Alekseev faussement attribué à Connolly par Pierre Gosselin sont à prendre avec des pincettes tellement longues qu'on ne peut même pas les tenir. C'est clair et net, ce graphique ne tient même pas compte des observations directes avant la période des satellites, c'est dire...

Qu'ajouter de plus ?

Ah oui, Gosselin nous montre également un journal de 1971 dans lequel un scientifique aurait prédit un futur âge de glace :

Fig. 2: Washington Post, July 9, 1971.

C'est bien joli mais le scientifique n'avait pas tout à fait tort !

En effet, si on lit avec attention l'article on s'aperçoit qu'il prévoyait une baisse des températures qui serait due aux fines particules (fine dust) que l'humanité envoyait dans l'air depuis le début de la révolution industrielle ; peut-être que la chute de 6 degrés (Celsius ou Fahrenheit ? On ne sait pas) causée par le « voilage » de la lumière du soleil était un peu exagérée, c'est possible, mais ce qui est certain c'est que les normes environnementales ont permis de réduire drastiquement la pollution atmosphérique ; comme par hasard le Clean Air Act date de 1970 et la majorité des réglementations environnementales date des années 1970, ce qui au passage est cohérent avec la reprise de la hausse des températures à la fin de cette décennie :

Evolution des températures des deux hémisphères et globale (source HadCRUT)

On remarquera assez aisément que la reprise de la hausse des températures est nettement plus marquée dans l'hémisphère nord que dans le sud, puisque c'est au nord que la pollution atmosphérique sévissait le plus !

C'est donc grâce à des scientifiques tels que ce S.I. Rasool que des réglementations ont été mises en place afin de limiter la pollution de l'air, ce qui a eu l'effet kiss-cool de nettoyer le ciel (et nos poumons) mais de permettre aux gaz à effet de serre de fonctionner à merveille.

Ainsi Pierre Gosselin se tire une balle dans le pied en apportant lui-même ce genre d'information, mais je ne suis pas sûr que ses lecteurs habituels aient bien entendu la détonation pourtant assourdissante.

Molière avait très justement remarqué que « Il n’y a point de pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre. »


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