samedi 6 mars 2021

Retour vers le passé

 Il n'y a pas que Gilles Ramstein qui soit paléoclimatologue et qui pourrait donner des leçons à certains (voir mon Fadaisier de la semaine 9 pour savoir de quels ânes il s'agit), il y en a bien d'autres, que je serai bien incapable de tous citer ici, mais il y a aussi des journalistes scientifiques de qualité pouvant instruire les climato-crétins à condition bien sûr que ceux-ci soient disposés à ouvrir en grand leurs synapses, ce qui n'est pas gagné il faut bien avouer.

Ainsi Peter Brannen, qui est un « animal placentaire » selon son profil, mais également, d'après ce même profil, un « journaliste scientifique primé dont les travaux ont été publiés dans le New York Times, The Atlantic, The Washington Post, Wired, Aeon, The Boston Globe, Slate et The Guardian, entre autres publications », nous expose dans un long fil Twitter l'historique des températures depuis les 65 derniers millions d'années ; le dernier graphique qu'il nous montre est tout simplement impressionnant :

Graphiques adaptés de Burke et al. 2018 https://pnas.org/content/115/52/13288 et Westerhold et al. 2020 https://science.sciencemag.org/content/369/6509/1383 (source Peter🌲Brannen on Twitter)

Attention ! L'échelle des abscisses est trompeuse, je vous laisse deviner pourquoi (cela permet de constater la fulgurance du changement climatique actuel, mais est-ce que tout le monde arrivera à le comprendre...?)

Mais avant d'en arriver à ce graphique de synthèse, Brannen a procédé par étapes successives en allant des périodes les plus récentes aux plus anciennes. Voici un petit aperçu avec les graphiques utilisés, la partie rouge désignant chaque fois la période précédente :

C'est notre contexte climatique immédiat : En rouge, la période de temps qui couvre l'histoire enregistrée. Stable. Mais au bas de la pente se trouvent les profondeurs de la dernière période glaciaire, lorsque le niveau de la mer était plus bas de + 400 pieds, une quantité de glace équivalente à celle de l'Antarctique recouvrait l'Amérique du Nord et des icebergs étaient répertoriés au large de Miami.

Mais nous vivons simplement dans le dernier interglaciaire d'un monde de l'ère glaciaire. Tout ce qui figurait sur le graphique précédent est maintenant en rouge, mais si vous remontez 120 000 ans en arrière, la terre a émergé de nouveau de la glace, les températures étaient similaires à celles d'aujourd'hui (bien que plus chaudes aux pôles) et le niveau de la mer était de 20 à 30 pieds plus haut.

Voici les 2 derniers millions d'années, alors que la planète a oscillé entre ~180 et ~280 ppm de CO2 et des changements mineurs de la lumière du soleil. La planète est extrêmement dynamique.

Mais lorsque le CO2 est suffisamment élevé, vous pouvez vous échapper de ce monde glaciaire/interglaciaire. Aujourd'hui, nous sommes en dehors de la zone dans laquelle nous avons évolué. Pour trouver un analogue dans le passé de la Terre pour notre atmosphère actuelle, nous devons remonter plus de 3 millions d'années au Pliocène.

Tout ce qui a précédé est en rouge, et nous sommes maintenant à 16 millions d'années de l'histoire de la Terre. Le CO2 est d'environ 500 ppm et la planète est de 4 à 8° plus chaude qu'aujourd'hui. Il y a des forêts marécageuses en Islande, des perroquets en Sibérie et des conifères sur la côte de l'Antarctique. Le niveau de la mer est plus élevé de 150 pieds.

Tout ce qui a été décrit jusqu'à présent (16 millions d'années de changement climatique) se trouve maintenant sur la droite du graphique. Avec l'augmentation du CO2 et le réchauffement de la planète, nous arrivons enfin à l'Eocène précoce, il y a 50 millions d'années, l'une des périodes les plus chaudes de l'histoire de la vie animale. Le CO2 se situe entre 600 et 1400 ppm.

Si l'on considère l'ensemble de l'ère des mammifères, il devient évident que l'expérience moderne en cours sur le climat est vraiment radicale. Les lignes verticales à la fin du graphique représentent la gamme complète des scénarios de réchauffement du GIEC jusqu'à 2300.

Le dernier graphique est peut-être celui qu'il faut retenir : même avec un scénario « médian », donc ni trop pessimiste ni trop optimiste, c'est-à-dire situé quelque part dans le vert ou l'orange, on distingue nettement le mur auquel on fait actuellement face, car oui, de 2021 à 2300 on parle bien d'un mur si on se réfère aux échelles géologiques qui se calculent en millions d'années !

Ainsi nous, l'humanité, sommes sur le point d'atteindre en 2300, soit demain après-midi, des températures que n'ont jamais connu, ni même approché, nos très lointains ancêtres ; et si par malheur c'est le scénario du pire qui devait se réaliser (il y a peu de « chances » pour cela, mais le risque est loin d'être nul) alors la température serait égale ou supérieure à celle qui prévalait du temps des dinosaures.

Mais il est vrai que certains sont persuadés que les dinosaures et les humains ont cohabité il y a quelques milliers d'années, alors...

La preuve !

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