mardi 16 février 2021

Flash-back de février - Benoit Rittaud

 Après avoir passé en revue quelques chapitres de la bible francophone du « scepticisme » climatique avec Jacques Duran (voir Flash-back de janvier - Jacques Duran), l'un des premiers prophètes nationaux (avec Claude Allègre) du climato-irréalisme, étudions aujourd'hui le cas du messager et aruspice Benoit Rittaud, celui qui s'est apparemment donné pour mission de propager la bonne parole un peu partout et par tous les moyens possibles, ses livres bien sûr, mais aussi son blog et ses (trop) nombreuses apparitions sur des chaines TV périphériques ou dans des vidéos YouTube qui, comme chacun le sait, sont les endroits où maintenant se fait la science, que ce soit d'ailleurs sur le climat ou sur le Covid-19 comme nous le verrons plus loin.

Rittaud semble par contre complétement absent sur Facebook et Twitter, ce dont je ne pourrais en aucun cas le blâmer, mais par contre il est abondamment cité par d'autres, comme par exemple chez Réseau International quand on fait sa promotion pour un de ses passages sur CNews où il était opposé à l'immense scientifique...Laurent Joffrin !

Notons également qu'il a son rond de serviette chez Contrepoints et Valeurs Actuelles, des organes de presse « libres » dont la mission est bien sûr de « réinformer » les pauvres moutons que nous sommes, nous qui croyons bêlement (sic) aux institutions scientifiques comme le GIEC, l'OMM ou l'OMS pour ne citer que ces trois-là. On aura compris que Benoit Rittaud est surtout un pourfendeur de tout ce qui est « institutionnel », pour lui seule compte la parole d'« indépendants » qui sont les Galilée de notre temps, les moutons noirs vilipendés par les méchants qui tirent les ficelles depuis leurs bureaux cossus en fumant leurs gros cigares.

Rittaud est probablement celui que j'ai le plus souvent mentionné sur mon blog, et cela essentiellement pour deux raisons : tout d'abord il est celui qui s'expose le plus médiatiquement dans la sphère francophone, donc il est normal que je porte mon attention sur lui afin de démonter les fadaises qu'il aligne comme une grenouille de bénitier fait défiler les perles sur son chapelet ; ensuite il y a une raison toute personnelle à mon « acharnement » à son égard, bien que depuis quelque temps je me sois un peu lassé de lui je dois bien avouer. En effet, il y a de cela quelques années, une dizaine peut-être tout au plus, j'ai commencé à m'intéresser à la chose climatique en prenant la petite porte du climato « scepticisme », notamment après avoir lu quelques livres de Claude Allègre, que je prenais alors pour quelqu'un de sérieux (tout le monde peut se tromper). J'étais passé naturellement chez Jacques Duran et son site Pensée unique, qui m'avait impressionné au premier abord (tout le monde peut s'illusionner dans un moment de faiblesse), puis sur des sites comme Skyfall et bien entendu Mythes, Mancies § Mathématiques, que je prenais alors pour des références en la matière (tout le monde peut se planter lamentablement), mais cela n'a pas duré très longtemps. Comme je suis curieux et ne me contente pas de ce que l'on me raconte, j'avais la mauvaise habitude d'aller vérifier ce que je voyais écrit et qui était présenté pareillement qu'une parole d'évangile, parfois avec comme seule référence un site tel que Pensée unique ou alors un obscur blog anglophone citant lui-même d'autres blogs du même tonneau ;  bref ça tournait en boucle, en circuit fermé, avec pour point commun principal le dénigrement systématique des scientifiques « officiels » ainsi que de l'organisme chargé de recenser et résumer leurs travaux, à savoir le GIEC.

Ajoutez à tout cela des délires complotistes et idéologiques (les deux vont très souvent ensemble) selon lesquels « on » nous mentirait afin de nous asservir et nous taxer, plus quelques petites douceurs que j'ai oubliées.

Toutes ces « anomalies » dans mon parcours vers un peu plus de connaissances sur le sujet de climat m'ont assez vite convaincu que j'avais affaire soit à de parfaits crétins, soit à des charlatans qui poursuivaient un but particulier, par exemple vendre sa camelote, pardon je voulais dire ses bouquins, ce qui est notamment le cas de Benoit Rittaud ; je ne sais pas évidemment combien Rittaud touche en droits d'auteur pour ses bouses, pardon ses livres, mais on peut se livrer à une estimation à partir des indications fournies par iggybook :

entre 1 et 1,5€ pour chaque livre vendu en grand format.

Sur le poche les droits d'auteurs descendent autour de 5%, sur un prix de vente plus faible, donc l'auteur touchera plutôt 30 à 40 centimes par livre.

 Pour faire simple prenons 1€ par livre vendu, et au vu du nombre de livres écrits par Rittaud (voir Edistat, statistiques des ventes de livre en France) estimons qu'il en aurait vendu au total 100 000, ce qui lui ferait un revenu de 100 000 euros qui viendrait s'additionner à sa maigre solde d'enseignant-chercheur, ce qu'on appelle mettre un peu de beurre dans ses épinards ; on me retorquera que ses livres sur le climat sont minoritaires, mais je répondrais que sa visibilité médiatique, essentiellement liée à son climato « scepticisme », est susceptible de lui apporter des lecteurs y compris sur ses livres traitant d'autres sujets, les mathématiques par exemple ! Et notons au passage une chose qui a une certaine importance, c'est que si Rittaud s'était rangé du côté de la science, la vraie, il aurait eu beaucoup moins de succès, et cela pour une simple raison, c'est qu'il est totalement incompétent et donc illégitime pour parler du climat, personne ne se serait donc intéressé à lui et il n'aurait pas pu faire la promotion de toute sa littérature. Capisci ?

Alors on me demandera comment je sais que Rittaud raconte des idioties, eh bien nous allons pour cela faire un petit retour en arrière sur quelques déclarations du monsieur nous montrant de manière évidente que nous sommes bien en présence soit d'un imbécile faisant le jeu des désinformateurs professionnels (qui doivent bien rigoler en le lisant), soit d'un maquignon cherchant uniquement à vendre sa marchandise afin d'arrondir ses fins de mois, soit...si quelqu'un à une autre hypothèse qu'il veuille bien nous le faire savoir, ma porte est grande ouverte.

Benoit Rittaud en extase va vous révéler les grands mystères du climat (source YouTube)

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The big freeze

Dans Benoit Rittaud, le mathématicien égaré, mon tout premier article consacré à notre héros du jour, je mentionnais une magnifique prédiction qui semblait tout droit sortie d'un chapeau de prestidigitateur ; Rittaud avait en effet commis le 11 janvier 2010 (retenez bien cette date) un article sur Skyfall intitulé Prophétie de cauchemar. Il y mettait en scène, dans ce qu'il appellera plus tard (nous verrons plus loin) un pastiche, un « représentant de l'Union Européenne au sein du GIEO » interrogé par un journaliste qui de toute évidence n'a pas inventé l'eau chaude ; ah oui, précision importante, ladite scène est censée se dérouler le 12 octobre 2014, soit près de quatre ans plus tard ; et voici un extrait de cette interview imaginaire :

Monsieur Untel, vous êtes représentant de l’Union Européenne au sein du GIEO, qui s’est réuni pour la première fois cette semaine, à Paris. Quelle est la mission du GIEO ?

Le GIEO est le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution de l’Océan. Sa mission est d’informer sans parti pris les décideurs sur l’évolution actuelle des océans à l’échelle du globe, déterminer la part d’origine humaine de cette évolution, en discerner les conséquences potentielles et proposer des stratégies d’adaptation.

Dès le premier échange on voit que Benoit Rittaud croyait (je n'ose pas dire pensait) qu'un organisme international, le GIEO, serait créé pour étudier uniquement les océans. Premier plantage, aucun organisme de ce genre n'a été créé à l'heure actuelle (je rappelle que nous sommes en 2021) ; à ma connaissance il n'existe que l'OMI créée en 1982, soit 6 ans avant le GIEC, en prenant la suite de l'OMCI qui datait, elle, de 1948 ! 

Un peu comme le défunt GIEC, le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat ?

Tout à fait. La mission du GIEC ayant pris fin avec son cinquième et dernier rapport remis cette année (après ses rapports de 1990, 1995, 2001 et 2007, NdlR), nous avons estimé qu’il aurait été dommage de perdre toute l’expérience accumulée par ce groupe. Au sein du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, il a donc été décidé de lui donner une nouvelle vie. Le phénix qui figure sur le logo du GIEO est là pour le rappeler.

Deuxième plantage, et de taille, le GIEC est toujours bien vivant et nous attendons son 6ème rapport qui devrait paraitre, si tout va bien, en 2022 ;  entretemps plusieurs rapports auront été publiés, notamment un sur les océans en septembre 2019, intitulé Rapport spécial du GIEC sur les océans et la cryosphère dans le contexte du changement climatique.

Le GIEC avait tout de même été très critiqué, dans ses méthodes comme dans ses résultats…

Honnêtement, je ne comprends pas les reproches faits au GIEC. Le GIEC a défendu l’idée que les émissions humaines de gaz carbonique étaient dangereuses pour l’avenir de la planète : le GIEO reprend mot pour mot cette thèse, la replaçant dans un contexte océanique plutôt que climatique.

Du grand n'importe quoi, on ne parlera plus de plantage mais simplement de gros délire.

Il reste que, contrairement aux prévisions du GIEC, la température de la Terre a brutalement chuté depuis trois ans, au point que l’on prévoie désormais d’en revenir d’ici quinze ans aux niveaux de l’ère préindustrielle…

Le nom anglais du GIEC était International Panel on Climate Change : il s’agissait de s’intéresser aux changements climatiques, et non au réchauffement. Qui peut nier, précisément en raison de l’évolution actuelle de la température, que le climat se modifie ? Quoi qu’il en soit, je ne souhaite pas m’attarder sur des polémiques stériles. Il me semble bien plus important et plus urgent de me tourner vers l’avenir.

Troisième plantage, encore plus phénoménal que le deuxième, avec cette « révélation » que la température de la Terre aurait « brutalement chuté » à partir, donc, de l'année 2011 (trois ans avant octobre 2014 et un an après la prophétie rittaudesque de janvier 2010), et que de plus d'ici 2030 on en reviendrait « aux niveaux de l'ère préindustrielle » ! Mais d'où Rittaud avait-il sorti cette fadaise de la taille d'un mammouth (Claude Allègre sors de ce corps de pachyderme !) ? Ma thèse est qu'il se serait inspiré des élucubrations d'un certain Don Easterbrook qui avait d'ailleurs présenté en mai 2010 le graphique suivant lors d'une conférence du Heartland Institute :

Les projections de refroidissement de Don Easterbrook (source Heartland Institute)

A ce sujet voir la déconstruction de cette imbécillité ici : Don Easterbrook's Heartland Distortion of Reality (skepticalscience.com)

Comme je l'ai mentionné dans le Fadaisier de la semaine 4 la température actuelle est parfaitement en ligne avec les projections...du GIEC !

on remarquera au passage qu'aujourd'hui la température est bien en phase avec les projections du GIEC mentionnées sur ce graphique : +0,5°C en 2020 par rapport à 2009 selon Roy Spencer lui-même. Bien joué Easterbrook !

C'est donc en 2020 un écart de près d'un degré que l'on peut constater entre le réel et ce que prédisait Easterbrook, lequel était repris bêtement en 2010 par Benoit Rittaud qui sur le coup aurait été davantage inspiré de faire confiance à un organisme « officiel ». Mais notre animal a du répondant et ne s'en laisse pas compter, ainsi sur Contrepoints, en 2016, voici une partie des échanges entre lui et moi :

Géd11 nov. 12h36

Une fois de plus Benoit Rittaud prend ses désirs pour des réalités.

Il s’est déjà planté à plusieurs reprises en prévoyant notamment en 2010 une chute brutale des températures pour les années 2011 et suivantes, on a vu ce qu’il en était [...]

Benoît Rittaud11 nov. 15h17

Une fois de plus, Géd me fait dire ce que je ne dis pas. Je n’ai jamais « prévu une chute brutale de la température en 2010 pour les années 2011 et suivantes » [...] 

Géd11 nov. 15h47

Benoit Rittaud pris en flagrant délit de mensonge.

Ce que j’affirme est parfaitement documenté, chacun peut s’en assurer en consultant son site Skyfall où il a écrit de sa main que les températures allaient brutalement chuter après 2010 (il le fait dire en fait à un journaliste censé parler en 2014 : « Il reste que, contrairement aux prévisions du GIEC, la température de la Terre a brutalement chuté depuis trois ans, au point que l’on prévoie désormais d’en revenir d’ici quinze ans aux niveaux de l’ère préindustrielle…» ; l’article date de janvier 2010 et le journaliste en question n’est personne d’autre que Benoit Rittaud incarné) [...]

Benoît Rittaud11 nov. 15h50

Géd, l’article que vous citez est un pastiche. Je sais que vous me détestez, mais faites quand même un effort pour comprendre, quand vous me lisez…

Ainsi Rittaud se défend en prétendant que son article de janvier 2010 ne serait qu'un simple pastiche et qu'il n'aurait jamais eu l'intention de faire passer le message que les températures allaient chuter incessamment sous peu. Sauf que nous avons vu que le refroidissement en question était bien prévu au même moment par les charlatans/désinformateurs du genre de Don Easterbrook, ne serait-donc que pure coïncidence ? Que nenni, si l'on en croit le tout premier commentaire de l'article sur Skyfall :

1.  Laurent Berthod | 12/01/2010 @ 0:14 

Je cite l’article :

« Il reste que, contrairement aux prévisions du GIEC, la température de la Terre a brutalement chuté depuis trois ans »

C’est-ce que, dans son article du Mail Online, dit Richard North à propos des derniers hivers en Grande-Bretagne. J’ai moi-même observé un hiver un peu plus froid chaque année ces trois dernières années dans le nord Vaucluse. J’en ai fait un petit article humoristique sur mon blog, avec quand même dans l’idée de susciter quelques doutes chez mes lecteurs sur ce que racontent les réchauffistes.

[...]

Vous pouvez lire le reste des commentaires, à aucun moment vous n'en trouverez un seul qui viendra relever que le billet de Rittaud aurait été un pastiche, tous les lecteurs d'alors étaient bien évidemment persuadés que le refroidissement allait se produire ! Mais continuons la lecture de notre interview fantasmée par le chamane Rittaud :

Cet avenir, il réside donc pour beaucoup dans l’Océan ?

Une grosse part de nos émissions de gaz carbonique est absorbée par l’Océan, abaissant ainsi son pH, c’est-à-dire que cela le rend plus acide. Les conséquences de cette acidification sont multiples, et potentiellement très graves à l’échelle du globe. Tous les modèles s’accordent à dire que, d’ici cinquante ans, la biodiversité marine risque de s’effondrer. Le patrimoine naturel de la planète est en danger, et il nous revient, à nous humains qui en sommes la cause, de prendre les mesures qui s’imposent.

Nous abordons ici le problème de l'acidification des océans, d'où la suite...


L'acidification de la boule de cristal

Quatre ans après le précédent foirage sur un hypothétique refroidissement de la planète, voilà que notre mathématimancien chéri se fend sur Skyfall d'un article intitulé L’Organisation météorologique mondiale enterre le réchauffement climatique ;  ici pas question de pastiche puisque c'est la boule de cristal de Benoit Rittaud qui est affirmative :

Je ne pensais pas que ma boule de cristal était si efficace. Ce qui vient de se passer, je l’ai annoncé il y a quatre ans, en ne me trompant que d’un mois. Mais commençons par le commencement — ce qui, en l’occurrence, requiert paradoxalement de prendre les choses dans l’ordre chronologique inverse.

« Il y a quatre ans », Rittaud fait donc référence à son billet de janvier 2010 que nous avons relaté plus haut en terminant sur l'acidification des océans. On notera au passage la grande efficacité de la boule de cristal, si une voyante extra-cupide en cherche une d'occasion elle pourra toujours contacter son propriétaire actuel qui la conserve soigneusement dans le formol.

Ainsi notre magicien d'opérette en arrive à la conclusion suivante :

En bon promoteur du développement durable, l’OMM est donc en train de recycler le gaz carbonique : la Terre ne se réchauffant plus, l’OMM passe aussi discrètement que possible à autre chose. Les +6°C en 2100 dont on nous parlait encore il y a peu sont passés par pertes et profits : la « Pause » dans la hausse des températures qui dure depuis plus de 15 ans est passée par là.

Ainsi, qu’on se le dise : les carbocentristes ont désormais déserté le terrain du réchauffement climatique, au profit de l’acidification des océans. Et, je vous le disais en introduction, ma boule de cristal me l’avait prédit en janvier 2010.

Sublime n'est-ce pas ? Nous avons donc ici même le quatrième plantage, de dimension pharaonique, de notre élucubrateur patenté.

Il est bien évident que l'OMM n'a jamais « déserté le terrain du réchauffement climatique au profit de l'acidification des océans », si Benoit Rittaud avait lu des livres sérieux sur le climat il saurait que les deux sont intimement liés selon la correspondance suivante :

  • Emissions anthropiques de CO₂ => augmentation des températures de l'atmosphère + acidification des océans.
En effet, les océans captent environ 30% de nos émissions de CO₂ :

Les océans, puits de carbone© L'Esprit Sorcier (source Ifremer)

Donc le pH des océans s'abaisse, tendant ainsi vers l'acide, d'où le terme d'acidification.

Mais voilà, les océans se réchauffent aussi comme nous l'explique Johan Lorck dans Océans : un réchauffement de plus en plus profond :
une très grande part de la chaleur excédentaire piégée par les émissions de gaz à effet de serre est stockée dans les océans : environ 93%. 
Et les océans se réchauffant cela entraine une plus grande difficulté à absorber le CO₂...comme nous l'explique l'Ifremer :
Avec le réchauffement climatique, les océans eux aussi se réchauffent, rendant plus difficile la dissolution du CO2 dans les mers. Si moins de CO2 est absorbé par l’océan, ce gaz à effet de serre va stagner dans l’atmosphère, ce qui accentuera d’autant le réchauffement de la planète.

Et pour ce qui est de l'Organisation Météorologique Mondiale, censée selon Benoit Rittaud abandonner le réchauffement climatique au profit de l'acidification des océans, voici un communiqué récent datant du 23 novembre 2020 dans lequel on peut lire dès les premières lignes :
Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le ralentissement industriel dû à la pandémie de COVID-19 n’a pas permis de freiner l’augmentation record des niveaux de gaz à effet de serre, lesquels emprisonnent la chaleur dans l’atmosphère, font monter les températures et intensifient les conditions météorologiques extrêmes, la fonte des glaces, l’élévation du niveau de la mer et l’acidification des océans.
Ce qui nous amène naturellement au troisième chapitre de ce Flash-back de février.


Benoit Rittaud ne voit pas une exponentielle quand il en a une sous les yeux

Ici nous allons atteindre plus que le sublime, quasiment le nirvana, car il est impossible de faire mieux en matière d'incompétence que ce que nous a montré Benoit Rittaud en mars 2020, à l'orée de ce qui allait s'avérer être une simple grippette faisant moins d'accidents que les trottinettes à roulettes pour gens bêtes.

Il faut à ce stade rappeler une fois de plus que Benoit Rittaud est supposé être mathématicien, spécialiste qui plus est des exponentielles puisque c'est apparemment un sujet qu'il a longuement bossé si l'on en croit sa propre présentation sur le site de l'université de Paris-13 :

Représentations de la croissance exponentielle (présentation)

        Benoît Rittaud & Jean-Marc Rohrbasser, Les modèles de croissance de population jusqu'au XVIIIe siècle, une archéologie des suites à croissance exponentielle, Éditions de l'INED (à paraître).

        Benoît Rittaud, La Peur exponentielle, Presses universitaires de France (2015).

        Benoît Rittaud, "Une approche de la croissance exponentielle par l'introduction d'une virgule glissante", Annales de didactique et de sciences cognitives 18 (2013), 91-113.

        Benoît Rittaud, "Les utopies exponentielles", Actes des 4e rencontres internationales Jules Verne (2012).

        Benoît Rittaud, "Les grains sur l'échiquier : entre intuition, calcul et mystique", Short proceedings du colloque "La didactique des mathématiques : approches et enjeux. Hommage à Michèle Artigue" (2012). Lire l'article.

Difficile de trouver plus expert que Rittaud en matière d'exponentielle, n'est-ce pas ?

Pourtant au début de la pandémie il a consacré une série de pas moins de 5 articles sur le sujet du Covid-19, et dans le dernier billet, intitulé Coronavirus : décès et pyramide des âges, il nous montre le graphique suivant :

L'exponentielle à la mode de Benoit Rittaud.

Et de conclure benoitement, à partir de ce simple graphique :

ce sont les trois derniers jours qui sont en-dessous de l’interpolation exponentielle (il n’y en avait que deux hier), ce qui renforce l’éventualité que nous soyons désormais assez près du point d’inflexion de la logistique, selon un rythme normal. En un sens, il ne s’est donc rien passé aujourd’hui, seulement une évolution de l’épidémie qui n’a rien d’imprévisible et ne se prépare pas à atteindre des sommets catastrophiques.

Si Benoit Rittaud avait été épidémiologiste on aurait pu éventuellement lui accorder une certaine confiance, sur le moment, mais on se serait vite rendu compte qu'il s'agissait d'un très mauvais épidémiologiste ; en effet, voici la courbe à ce jour des décès dus au Covid-19 en France :

Décès en France dus au Covid-19 (source data.gouv.fr)

Mais laissons la parole finale à un véritable épidémiologiste, le professeur Antoine Flahault, qui s'exprimait dans Les prévisions de Ferguson, qui ont conduit de nombreux pays à se confiner, étaient-elles fantaisistes ? – Libération (liberation.fr) :

La phase initiale d'une épidémie, c'est une fonction mathématique exponentielle. Or une exponentielle, ça va à l'infini. On sent très bien qu'en fonction des scénarios que vous allez avoir, certains paramètres vont laisser courir l'exponentielle beaucoup plus loin que d'autres, et donc vous allez avoir une forme de catastrophisme presque inhérent à ces modèles mathématiques.

Benoit Rittaud, lui, est plutôt du genre « rassuriste », et s'il avait été en charge de prendre des décisions politiques suite à ses divagations exponentielles, on peut se demander combien de morts supplémentaires nous aurions aujourd'hui à comptabiliser dans le graphique ci-dessus. Je vous laisse réfléchir.


Il en va en matière de climat comme en matière de santé, il y a ceux qui voient plus loin que le bout de leur nez et savent correctement extrapoler ce qu'ils constatent au présent, et puis il y a les autres qui regardent le passé pour en conclure qu'il ne faut surtout rien changer, puisqu'il est évident que notre niveau de vie a singulièrement augmenté depuis les débuts de l'ère industrielle, alors pourquoi donc cela s'arrêterait-il ?

Mais ne vous inquiétez pas, Benoit Rittaud vous montre la voie :

Benoit Rittaud, l'homme qui arrive à entrevoir le bout de son nez.


2 commentaires:

  1. Bah. Rittaud est fini. Tout ce qu’il a entrepris est un échec. Il n’a plus rien à dire sur le climat. Il laisse ses pages à tous ses admirateurs idiots inutiles (et autres complotistes hors d’âge et bouchonnés). Son asso perd des membres à tout va. Même Courtillot ne publie plus rien sur le climat. Il n’y a plus que Valeurs Actuelles qui ose publier ses billets insignifiants.
    Dissonance cognitive ; égo surdimensionné … je n’aimerais pas être à sa place.
    Mais je suis d’accord : il faut continuer de tirer sur l’ambulance.

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    1. « il faut continuer de tirer sur l’ambulance. »

      Dois-je vous avouer que j'éprouve un malin plaisir (pas si tango celui-là) à mettre mon pied sur la tête de Rittaud et de l'enfoncer encore davantage dans la gadoue ?

      Car vous avez raison, Rittaud est fini, mais il ne le sait pas encore, ni d'ailleurs ses rares sympathisants qui se pressent pour lui cirer les pompes en croyant avoir affaire à un génie incompris.

      J'avais effectivement remarqué que l'on n'entendait plus les Allègre et Courtillot, le premier certainement pour des raisons de santé qui l'empêchent de s'exprimer, le second peut-être parce qu'il s'est rendu compte (on ne sait jamais) qu'il valait mieux pour lui d'arrêter de se ridiculiser en public (et surtout devant ses pairs qui ne doivent pas se gêner pour ricaner et le lui faire savoir)

      En tout cas tant qu'il restera un climatosceptique pour faire entendre sa voix je continuerai mon petit travail de fourmi qui consiste à bien me f... de leur g... (car comme le dit la pub l'Oréal, ils le valent bien)

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