vendredi 27 octobre 2023

Où l'on reparle de Kerry Emanuel (Et toutes les fois où j'ai parlé de lui.)

 Le cyclone Otis vient de frapper la ville d'Acapulco avec une force extraordinaire jamais vue de mémoire d'homme dans une ville de cette importance.

Ce n'est peut-être pas l'ouragan le plus puissant que l'on ait connu, mais il faut dire que la plupart de ces puissantes dépressions se forment et évoluent puis se meurent uniquement au-dessus des océans, ne faisant donc ainsi aucun dégât sur terre.

Avec le réchauffement climatique les climatologues prévoient que les cyclones, s'ils ne deviendront pas nécessairement plus nombreux, gagneront par contre en intensité. Et c'est normal puisqu'il y a la loi de Clausius-Clapeyron qui nous l'explique :   

Une augmentation de température de 1 °C est associée une augmentation globale de l’humidité de l’atmosphère d’environ 7 % conformément à la loi de Clausius-Clapeyron qui régule la quantité d’eau dans l’atmosphère en fonction de la température. Dans ses scénarios RCP, le GIEC estime l’augmentation des précipitations de 1 à 3 % °C−1 pour les RCP 4.5RCP 6 et RCP 8.5, et 0,5 à 4 % °C−1 pour le RCP 2.614

Qui dit augmentation de l'humidité dit aussi instabilité de l'atmosphère accrue, par conséquent il n'y a aucun mystère à ce que ce genre d'événement catastrophique tel que Otis survienne de plus en plus fréquemment.

Michael Mann nous rappelle dans un tweet :

Folks talk alot about how prophetic @DrJamesEHansen's early predictions of surface warming have been--and they should!

But there's not enough discussion of how prophetic Kerry Emanuel's predictions of hurricane intensification have proven: journals.ametsoc.org/view/journals/

Les gens parlent beaucoup du caractère prophétique qu'ont eu les premières prédictions de @DrJamesEHansen sur le réchauffement de la surface - et ils ont raison !

Mais on ne parle pas assez du caractère prophétique des prévisions de Kerry Emanuel sur l'intensification des ouragans: https://journals.ametsoc.org/view/journals/

Ceux de mes lecteurs qui me suivent depuis longtemps savent que j'ai évoqué Kerry Emanuel à de nombreuses reprises, il ne s'agit donc pas d'un inconnu pour eux ; et j'invite tout le monde à garder son nom en mémoire car l'avenir viendra très probablement confirmer le "caractère prophétique de ses prévisions" !

Faisons un flash-back chronologique sur mes quelques articles consacrés à Kerry Emanuel ainsi que ceux où son nom a été mentionné.


Le 30 août 2017 : Harvey : quelques informations pour ceux qui veulent bien écouter...

Il s'agit ici probablement du tout premier article dans lequel j'ai mentionné Kerry Emanuel, que je ne connaissais pas auparavant. Voici quelques extraits (je donne directement la traduction en français) de ce qu'il disait alors au sujet de l'ouragan Harvey qui avait alors dévasté la ville de Houston :

  • Kerry Emanuel, professeur de science atmosphérique au MIT, a convenu avec les autres scientifiques que la température accrue du Golfe n'était pas suffisante pour expliquer les précipitations record du Sud-Est.
  • Emanuel a déclaré que l'autre changement notable dans la région est l'effondrement assez soudain de la vitesse des courants dans le golfe du Mexique. Les courants atteignaient 35km/h jusqu'en 2010, avant de diminuer fortement, à moins de 26km/h en 2016, la dernière année entièrement calculée.
  • Emanuel qualifie de «probable» le fait que la diminution des vitesses des courants soit responsable de la probabilité accrue de tempêtes plus lentes, ce qui entraine de fortes précipitations dans la région. (Ses simulations informatiques se sont centrées sur Rockport, au Texas, où Harvey a atterri.)
  • Mais le déclin des vitesses actuelles n'a été enregistré que sur six ans, contrairement aux changements climatiques provoqués par l'homme qui remontent à plus d'un siècle. Selon l'analyse d'Emanuel, cette soudaineté "met en balance" la théorie selon laquelle la crise climatique serait à l'origine de l'avancement léthargique des tempêtes comme Harvey.
  • Stefan Rahmstorf, le collègue d'Emanuel à l'Université de Potsdam, en Allemagne, a déclaré par courrier électronique que des recherches récentes ont montré que la région où Harvey a atterri est située entre une région où le jetstream circule vers le sud et une autre où il se dirige vers le nord. Cette partie de la côte du Texas "manquait constamment de flux de direction dans la haute atmosphère qui aurait pu le faire s'éloigner".

Ainsi pour Harvey le réchauffement climatique lui-même ne serait pas particulièrement en cause selon Kerry Emanuel. Au passage on remarque que Stefan Rahmstorf, un océanographe de renommée mondiale, mentionne le jet-stream comme élément perturbateur ayant eu une influence sur l'ouragan Harvey en l'empêchant de s'éloigner rapidement de la ville de Houston, provoquant ainsi des dégâts considérables dus non pas à la force des vents mais à l'intensité des pluies qui se sont abattues sur la ville de Houston. Ce dernier paragraphe est une spéciale dédicace à tous ceux qui prétendent que le jet stream n'a aucune influence sur notre météo et qui lui préfèrent de fumeux anticyclones mobiles polaires, fruits de feu le géographe Marcel Leroux qui se prenait pour un climatologue.


Le 1er septembre 2017 : Que dit Kerry Emanuel sur Harvey ?

Dans ce billet, comme indiqué dans le titre je fais un focus sur ce que Kerry Emanuel pense du cyclone Harvey déjà discuté dans l'article précédent. Je ne reprendrai pas tout ce qui est dit mais me contenterai de lister quelques points importants :

  • La théorie et la modélisation prédisent que l'intensité des ouragans devrait augmenter avec l'augmentation des températures moyennes mondiales [...] la fréquence [...] ne montre aucune tendance.
  • Cette tendance est due à la fois à une durée de vie plus longue et à une intensité accrue des tempêtes.
  • [...] l'enregistrement de la dissipation nette du pouvoir de l'ouragan est fortement corrélé à la température de la surface de la mer tropicale [...]
  • [...] le réchauffement futur peut conduire à une tendance à la hausse du potentiel destructeur des cyclones tropicaux [...]
Et au sujet de la tempête Sandy qui avait durement touché New York en 2012 voici quelques réflexions de Kerry Emanuel qui avait été interrogé sur le sujet (c'est moi qui mentionne en rouge les passages à mémoriser...) :
  • [...] l'ouragan Sandy est une tempête hybride, un phénomène rare que les scientifiques ne connaissent pas bien. [J']affirme que ce genre de précipitations diluviennes et dévastatrices risque de se répéter à l'avenir, à cause du changement climatique.
  • Il est exact de dire que vous ne pouvez attribuer aucun phénomène [météo] individuel à quoi que ce soit, ni au changement climatique, ni à El Niño, ni encore à la visite matinale de votre grand-mère chez le dentiste. C'est tout bonnement impossible, dès que vous êtes face à un phénomène unique. Voilà, c'est la règle du jeu. Maintenant, Sandy est un exemple de ce que nous appelons des tempêtes hybrides.
  • Ces phénomènes fonctionnent selon les mêmes principes que les ouragans, mais ont aussi à voir avec les tempêtes hivernales. Les ouragans et les tempêtes hivernales sont alimentés par des sources d'énergie totalement différentes. Les ouragans tirent leur énergie de l'évaporation de l'eau de mer. Les tempêtes hivernales, des contrastes thermiques horizontaux de l'atmosphère. Les tempêtes hybrides sont donc capables d'exploiter ces deux sources d'énergie –d'où leur potentielle puissance.
  • Non, je ne pense pas [que la saison des ouragans va [...] durer plus longtemps avec le changement climatique]. En vrai, les données vont dans les deux directions, mais à ma connaissance, rien n'indique de bouleversement majeur. Ce qui ne veut pas dire que rien ne va changer, mais les meilleurs modèles ne font état que d'infimes modifications dans la saisonnalité des tempêtes.
  • Avec Sandy, un gros facteur ce sont les eaux côtières. Pour une raison quelconque, les eaux côtières sont cette année plus chaudes que la normale. Ce qui veut dire davantage de vapeur d'eau dans l'atmosphère. Si nous n'avions pas eu ces eaux chaudes près des côtes, Sandy aurait probablement généré moins de précipitations.
  • L'une des prédictions les plus robustes de la recherche climatique, c'est que toutes les tempêtes, quelles qu'elles soient, vont produire à l'avenir davantage de précipitations, car il y aura tout simplement davantage de vapeur d'eau dans l'atmosphère, à mesure qu'elle se réchauffera. Et c'est très important, compte-tenu des inondations que la pluie peut provoquer.

Voilà, nous étions prévenus dès 2012, il y a donc 11 ans déjà...


Le 26 septembre 2017 : Que dit Kerry Emanuel sur Harvey, Irma, Maria, et les autres...?

Ici je réagissais aux propos quasi-climatosceptiques d'un de mes commentateurs du billet précédent, et j'en profitais pour faire état d'une conférence de Kerry Emanuel en montrant une série de diapos (dans le jargon on dit des slides) qui illustraient ses explications. Je n'en reprendrai qu'une seule :

Déductions à partir de la théorie de base.

Voici la traduction des points mentionnés :

  • Augmentation de l'intensité potentielle avec le réchauffement climatique
  • L'incidence des ouragans de haute intensité devrait augmenter
  • Des augmentations de l'intensité potentielle devraient être plus rapides dans les sous-tropiques
  • Les ouragans génèreront beaucoup plus de pluie ; Clausius-Clapeyron produit une augmentation de 7% environ de la vapeur d'eau par degré Celsius de réchauffement


Le 28 septembre 2017 : Pot-pourri d'impressions cycloniques côté scientifiques

Il est intéressant de noter que nous pouvons remonter à l'année 2010 quand Kerry Emanuel s'exprimait dans Exploring the Links Between Hurricanes and Ocean Warming :

  • En 2005, quelques semaines seulement avant que l'ouragan Katrina dévastât la Nouvelle-Orléans, le météorologue du MIT, Kerry Emanuel, a publié un article dans Nature, disant que les coups portés par les ouragans augmentaient à mesure que les températures de la surface de la mer grimpaient. Ses recherches ont été citées par beaucoup comme preuve que le monde pourrait s'attendre à plus de Katrinas au 21ème siècle. Mais en 2008, dans le Bulletin de la Société météorologique américaine, Emanuel semblait dire: "Whoa. Pas si vite. "Alors que les ouragans pourraient devenir plus puissants, Emanuel a déclaré qu'il y aurait probablement moins d'ouragans au cours de ce siècle et que les tendances des ouragans varieraient considérablement dans le monde.
On peut même remonter jusqu'en 2005 (il y a presque 20 ans...) pour voir Kerry Emanuel dans l'article de Nature Increasing destructiveness of tropical cyclones over the past 30 years :
  • Je constate que le bilan de la dissipation nette du pouvoir des ouragans est fortement corrélé à la température de la surface de la mer tropicale, ce qui reflète des signaux climatiques bien documentés, y compris des oscillations multi décennales dans l'Atlantique Nord et le Pacifique Nord et le réchauffement climatique. Mes résultats suggèrent que le réchauffement futur pourrait entraîner une tendance à la hausse du potentiel destructeur des cyclones tropicaux et, compte tenu d'une augmentation de la population côtière, une augmentation substantielle des pertes liées aux ouragans au XXIe siècle.

Acapulco était donc déjà au courant en 2005 !


Le 2 octobre 2017 : Pot-pourri d'impressions cycloniques côté climato(faux)sceptiques

Je ne m'étendrai pas ici, comme le titre le dit clairement je donnais alors la parole aux climato-crétins en contrepoint de ce qu'expliquais Kerry Emanuel. Inutile de préciser que ce dernier n'est pas particulièrement "compris" par la secte des dérangés du climat, sans parler de ceux qui vivent de la désinformation qui est leur fonds de commerce.


Le 17 décembre 2017 : Deux minuscules grains de sable dans ma chaussure

Dans ce billet consacré à Benoit Rittaud et Alain Madelin, ce dernier répétant bêtement comme un perroquet décérébré ce qu'il a dû entendre de la bouche du premier cité, je ne mentionnais qu'une seule fois Kerry Emanuel dans le passage suivant :

Par la suite Benoit Rittaud divague sur les cyclones, je n'en parlerai pas davantage ici de peur de l'enfoncer encore plus en lui donnant une note plus basse, mais on se reportera si on le souhaite à mon billet intitulé Que dit Kerry Emanuel sur Harvey, Irma, Maria, et les autres...? afin de constater que notre mathématicien médiatique raconte vraiment n'importe quoi.


Le 13 mai 2018 : Ivar Giaever, ou la déchéance d'un prix Nobel qui prend les gens pour des cons

Qu'un prix Nobel de physique montre à ce point son ignorance de phénomènes totalement hors de son champ de compétences est quelque chose que l'on peut trouver navrant, c'est pourtant plus courant qu'on ne pense (voir par exemple la déchéance d'un Luc Montagnier...)

Voici ce que Giaever avait montré lors de sa conférence tenue en 2015 (voir Nobel Laureate Smashes the Global Warming Hoax sur YouTube) :

Les ouragans aux USA de 1851 à 2005.

Je précisais à la suite de cette diapo :

Giaever a choisi de ne montrer que les ouragans touchant les côtes américaines, « oubliant » tous les autres qui se sont perdus dans l'océan Atlantique mais qui auraient pu eux-aussi toucher terre si les vents leur avaient été plus favorables ; on notera aussi que Kerry Emanuel a l'honnêteté de reconnaître qu '« avant 1970 on a raté beaucoup de tempêtes » qui n'ont pas été enregistrées, les satellites n'ayant fait leur apparition que récemment ; on notera également que le graphique de Giaever s'arrête en 2005, le pauvre ne pouvait pas prévoir ce qui s'est passé par la suite...

Parce qu'il faut quand même préciser que c'est en grande partie une question de chance, ou de malchance si l'on préfère, qu'un ouragan décide de toucher ou non une côte et de dévaster les populations qui y vivent. Otis aurait très bien pu passer au large d'Acapulco, on n'en aurait pas fait tout un fromage et les climato-niais auraient pu continuer à claironner, comme Ivar Giaever, qu'il n'y a pas plus d'ouragans aujourd'hui qu'aux siècles passés.


Le 19 mai 2018 : Fred Singer dans ses (basses) oeuvres

Fred Singer n'a jamais été prix Nobel, il a seulement choisi de laisser sa carrière de scientifique de côté pour se dédier à la désinformation au service de grands groupes industriels, notamment pour les cigarettiers, en niant les effets du tabagisme passif sur la santé des non-fumeurs, puis pour ceux que l'on nomme Big Oil en s'évertuant à réfuter de manière malhonnête les études des climatologues démontrant l'impact du réchauffement climatique d'origine anthropique.

Dans le billet que je lui ai consacré je commençais par une affirmation de sa part selon laquelle la hausse du niveau des mers n'était pas due au changement climatique, ce qui il faut bien le dire pose d'entrée le personnage comme un ami de la science (je rigole bien sûr)

En fait les cyclones n'étaient pas au programme, je n'ai fait que citer Kerry Emanuel, parmi bien d'autres, comme faisant partie des réviseurs du site Climate Feedback, en charge de réfuter, en argumentant, toutes les âneries pouvant passer à leur portée, et celles de Fred Singer concernant le niveau des océans ont eu droit à leur moment de gloire avec Wall Street Journal commentary grossly misleads readers about science of sea level rise, l'un des intervenants étant Stefan Rahmstorf déjà vu plus haut.


Le 30 mai 2018 : Du nouveau sur les cyclones

Dans ce billet je relayais un article paru sur le site RealClimate intitulé Does global warming make tropical cyclones stronger? et cosigné par Stefan Rahmstorf, Mike Mann, Kerry Emanuel et Jim Kossin. Je précisais également ceci :

Il y a plus de 30 ans Kerry Emanuel a développé ce qu'il a appelé l'« intensité potentielle » (a quantity called potential intensity) fixant une limite supérieure à la vitesse des vents cycloniques ; en principe, quand la température augmente cette vitesse limite augmente elle-aussi, générant ainsi des tempêtes plus fortes que par le passé.
« Il y a plus de 30 ans », en 2018 cela nous emmène en 1988 et avant, donc avant la création du GIEC et même avant la mise en garde de James Hansen. On ne peut donc pas vraiment dire que tout cela est nouveau...


Le 30 septembre 2018 : Florence, pas la ville, l'autre phénomène...

Ici encore c'est le site Climate Feedback qui s'y colle avec USA Today op-ed ignores evidence to claim climate change had no role in Hurricane Florence ; Kerry Emanuel fait partie des réviseurs qui éclatent en petits morceaux l'article de Roy Spencer qui s'aventurait à parler du cyclone Florence alors qu'il n'est en rien spécialiste du sujet. Alors que le clown Spencer prétend que « [s]i les humains ont une influence sur les ouragans, cela ne sera probablement pas évident avant plusieurs décennies » Kerry Emanuel répond :

Dans de nombreux paramètres, cela est déjà évident (par exemple pour la pluie *). Attendre que le signal émerge sans ambiguïté avant d’agir serait insensé, en particulier lorsque, d’ici là, il serait trop tard. Aucun général du champ de bataille ne prendrait jamais une telle position. Les dommages et les pertes de vie dus aux aléas climatiques sont principalement causés par des événements suffisamment rares pour que la société humaine ne s'y soit pas adaptée. L'incidence de tels événements rares est affectée de manière disproportionnée par le changement climatique, même si les changements dans de tels événements rares sont, par définition, difficiles à détecter dans les données historiques. Atténuer les risques signifie agir sur les meilleures données disponibles, et les meilleures preuves scientifiques disponibles suggèrent que les risques d’ouragans augmenteront considérablement avec le réchauffement climatique.


Le 2 juin 2019 : Leçon de désinformation sur les tornades par Roy Spencer

Encore Roy Spencer à la manoeuvre sur un territoire qu'il ne connait pas vraiment, et encore une fois une réfutation dans les formes de la part de Kerry Emanuel.

Pour Spencer « Les tornades récentes sont dues à un temps exceptionnellement froid », quand Kerry Emanuel, de son côté, explique dans Daily tornado streak has U.S. approaching ‘uncharted territory’ :

La façon de considérer les tornades et les changements climatiques est très compliquée, il y a relativement peu de papiers qui traitent des tornades et du climat parce qu'il est presque impossible de voir le moindre signal dans les données ; de plus, les données de la génération actuelle de la technologie radar ne datent que de 1990 environ, une période plus courte que celle des bonnes données pour les ouragans.
D'un côté les affirmations hasardeuses d'un créationniste revendiqué (je vous laisse deviner de qui il s'agit) et de l'autre un véritable scientifique qui se garde bien de conclure de manière catégorique sur un sujet que pourtant il maitrise particulièrement bien, lui.


Le 9 janvier 2019 : François Gervais passé à la moulinette de François-Marie Bréon

Voici un de mes billets ayant attiré le plus grand nombre de lecteurs. On y voit François Gervais se faire démonter dans les règles de l'art par François-Marie Bréon, avec l'aide de Kerry Emanuel pour ce qui concerne les ouragans comme vous pouvez vous en douter.

Gervais ose nous monter le graphique suivant :

L'énergie cyclonique serait à la baisse selon François Gervais...

Ce graphique a été construit par un climatosceptique notoire, le dénommé Ryan Maue, mais il est contredit par Kerry Emanuel qui lors d'une présentation montrait cette diapo :

Voir Que dit Kerry Emanuel sur Harvey, Irma, Maria, et les autres...?

  • La théorie de l'intensité potentielle démontre que la limite thermodynamique de l'intensité de l'ouragan augmente avec la température
  • Les observations montrent que cette limite augmente effectivement
  • La physique peut être utilisée pour modéliser le risque d'ouragan dans les climats actuels et futurs

Entre le couple Gervais/Maue d'un côté et de l'autre Kerry Emanuel j'ai choisi, je ne sais pas trop pourquoi, mais quelque chose me dit qu'il y en a deux qui essaient de prendre les gens pour des abrutis.


Le 13 mars 2021 : Flash-back de mars - Jean-Pierre Bardinet

Nous finissons cette revue en beauté avec l'inénarrable Jean-Pierre Bardinet, le VRP du climatoscepticisme franchouillard, celui qui est allé se faire démonter aux US chez nul autre qu'Anthony Watts, ce qui nous montre le niveau du bonhomme ; parce que quand un climatosceptique se fait retoquer par d'autres climatosceptiques un peu plus doués que lui cela devrait l'inciter à plus de prudence ou de modération.

Dans mon billet je reprenais une perle dont Bardinet a le secret :

Dérèglement climatique ? Il y aurait un « bon » climat de référence, qui aurait perdu la boule ? Ridicule, d’autant que l’indice ACE, qui mesure l’énergie cumulée des ouragans/typhons/cyclones/tempêtes est en diminution et il est revenu à son niveau des années 1975. Décidément les alarmistes nous racontent n’importe quoi.

Je me permettais alors de réfuter assez facilement son affirmation sur l'ACE qui aurait été en 2018 au même niveau qu'en 1975, il suffisait de montrer les graphiques suivants :

Énergie cumulée des cyclones tropicaux de l'Atlantique 1950-2018 (source noaa)


Énergie cumulée des cyclones tropicaux du Pacifique Est 1970-2018 (source noaa)


Et je faisais intervenir Kerry Emanuel pour rappeler les points suivants :

  • Augmentation de l'intensité potentielle avec le réchauffement climatique
  • L'incidence des ouragans de haute intensité devrait augmenter
  • Des augmentations de l'intensité potentielle devraient être plus rapides dans les sous-tropiques
  • Les ouragans génèreront beaucoup plus de pluie ; Clausius-Clapeyron produit une augmentation de 7% environ de la vapeur d'eau par degré Celsius de réchauffement
  • L'enregistrement des données concernant les ouragans est trop court avec trop de bruit (statistique) et d'une trop faible qualité pour en déduire de solides signaux climatiques
  • Les données satellitaires montrent une migration de l'intensité maximale vers des latitudes plus élevées et une indication d'une plus grande portion de tempêtes intenses
  • La récupération des proxies des ouragans à partir des archives géologiques commence à montrer quelques signaux climatiques
  • La théorie de l'intensité potentielle démontre que la limite thermodynamique de l'intensité de l'ouragan augmente avec la température
  • Les observations montrent que cette limite augmente effectivement
  • La physique peut être utilisée pour modéliser le risque d'ouragan dans les climats actuels et futurs
  • Des pluies de l'ampleur de celles de Harvey au Texas étaient un événement de probabilité annuelle d'environ 1% en 1990 et devraient augmenter jusqu'à 18% d'ici 2090. Une augmentation linéaire de la fréquence donne une probabilité de 6% en 2017
  • Les vents de pointe d'Irma de 298km/h dans les 300 km autour de la Barbade sont estimés avoir eu une probabilité annuelle de 0,13% en 1990, passant à 1,3% en 2090
  • Le MIT a un risque d'inondation non négligeable aujourd'hui, et cela peut augmenter considérablement au cours de ce siècle


Maintenant il reste à voir ce que Kerry Emanuel a à dire au sujet du récent cyclone Otis qui a dévasté une grande partie de la station balnéaire d'Acapulco au Mexique. Pour l'instant je n'ai pas vu grand-chose de sa part (voir par exemple Forecasters were caught off guard by Otis’ growth. But warming means more hurricanes like it, dans The Washington Post) mais je pense que nous devrions bientôt avoir des éclaircissements un peu plus solides et argumentés.


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