Kerry Emanuel est l'un des experts mondialement reconnus sur les phénomènes extrêmes que sont les ouragans ; voici ce que Wikipédia nous dit de lui :
Au passage on notera que Kerry Emanuel est aussi Républicain, ce qui n'est pas anodin quand on sait que c'est dans ce parti que l'on trouve une majorité de climatosceptiques qui nient le réchauffement climatique (anthropique ou pas) ; on lira avec intérêt l'article sur Desmogblog intitulé Who’s Afraid of Kerry Emanuel? Why Republicans Are Attacking a Republican Climate Scientist (Qui a peur de Kerry Emanuel? Pourquoi les Républicains attaquent un climatologue Républicain), mais ce n'est qu'une parenthèse, revenons au véritable sujet de ce billet.
Ce qui est bien plus important est ce que Kerry Emanuel a à nous dire sur les ouragans.
Premier reflexe, du moins en ce qui me concerne, consulter Google Scholar et regarder ce que le bonhomme a sous le capot.
On ne prendra que le premier résultat apparaissant à l'écran, il s'agit d'un article du 4 août 2005 cité 3009 fois et dont le titre est Increasing destructiveness of tropical cyclones over the past 30 years (Augmentation de la capacité de destruction des cyclones tropicaux au cours des 30 dernières années)
N'ayant pas accès à la totalité de l'article je ne montre que le début qui est suffisamment parlant (impossible de faire un copier/coller, donc vous n'avez droit qu'à une image) :
Les passages importants :
Il faut croire que Michael Mann a lu et compris Kerry Emanuel quand il disait le 24 août à 18 heures ET (25 août 8:04 heure australienne)
En effet Michael Mann, comme on l'a vu, n'impute pas l'ouragan Harvey au réchauffement climatique et ne prétend pas qu'il y en a ou aura davantage, il dit simplement qu'ils sont et seront plus violents à cause de leur plus grand potentiel destructeur dû au réchauffement climatique ; et Jean Jouzel ne dit pas autre chose quand il est interrogé sur le sujet.
Déjà en 2012, après que Sandy ait fait les dégâts énormes que l'on connaît, Kerry Emanuel, interrogé par Slate sur la question fin octobre de cette année, peu après que l'ouragan se soit dissipé, disait ceci :
Et que disait l'ami Tsih déjà ? Ah oui :
Dans la vie tout est relatif et dépend du point de vue où l'on se place ; vu depuis le côté de la science nous sommes fixés et le doute n'est pas permis.
Kerry Emanuel en juillet 2016 |
- Kerry Andrew Emanuel (né le 21 avril 1955) est un chercheur en météorologie des États-Unis qui travaille présentement au Massachusetts Institute of Technology de Cambridge (Massachusetts). Sa spécialité est la convection atmosphérique et la cyclogénèse tropicale. Son expertise est reconnue internationalement. Il a été nommé l'un des cent plus influentes personnes de 2006 par le magazine Time [1] et élu membre de l'Académie des Sciences des États-Unis en 2007 [2].
Au passage on notera que Kerry Emanuel est aussi Républicain, ce qui n'est pas anodin quand on sait que c'est dans ce parti que l'on trouve une majorité de climatosceptiques qui nient le réchauffement climatique (anthropique ou pas) ; on lira avec intérêt l'article sur Desmogblog intitulé Who’s Afraid of Kerry Emanuel? Why Republicans Are Attacking a Republican Climate Scientist (Qui a peur de Kerry Emanuel? Pourquoi les Républicains attaquent un climatologue Républicain), mais ce n'est qu'une parenthèse, revenons au véritable sujet de ce billet.
Ce qui est bien plus important est ce que Kerry Emanuel a à nous dire sur les ouragans.
Premier reflexe, du moins en ce qui me concerne, consulter Google Scholar et regarder ce que le bonhomme a sous le capot.
On ne prendra que le premier résultat apparaissant à l'écran, il s'agit d'un article du 4 août 2005 cité 3009 fois et dont le titre est Increasing destructiveness of tropical cyclones over the past 30 years (Augmentation de la capacité de destruction des cyclones tropicaux au cours des 30 dernières années)
N'ayant pas accès à la totalité de l'article je ne montre que le début qui est suffisamment parlant (impossible de faire un copier/coller, donc vous n'avez droit qu'à une image) :
Extrait de search.proquest.com |
Les passages importants :
- Theory and modeling predict that hurricane intensity should increase with increasing global mean temperatures [...] frequency [...] shows no trend.
- La théorie et la modélisation prédisent que l'intensité des ouragans devrait augmenter avec l'augmentation des températures moyennes mondiales [...] la fréquence [...] ne montre aucune tendance.
- This trend is due to both longer storm lifetime and greater storm intensity.
- Cette tendance est due à la fois à une durée de vie plus longue et à une intensité accrue des tempêtes.
- [...] the record of net hurricane power dissipation is highly correlated with tropical sea surface temperature [...]
- [...] l'enregistrement de la dissipation nette du pouvoir de l'ouragan est fortement corrélé à la température de la surface de la mer tropicale [...]
- [...] future warming may lead to an upward trend in tropical cyclone destructive potential [...]
- [...] le réchauffement futur peut conduire à une tendance à la hausse du potentiel destructeur des cyclones tropicaux [...]
Il faut croire que Michael Mann a lu et compris Kerry Emanuel quand il disait le 24 août à 18 heures ET (25 août 8:04 heure australienne)
Source hotwhopper |
En effet Michael Mann, comme on l'a vu, n'impute pas l'ouragan Harvey au réchauffement climatique et ne prétend pas qu'il y en a ou aura davantage, il dit simplement qu'ils sont et seront plus violents à cause de leur plus grand potentiel destructeur dû au réchauffement climatique ; et Jean Jouzel ne dit pas autre chose quand il est interrogé sur le sujet.
Déjà en 2012, après que Sandy ait fait les dégâts énormes que l'on connaît, Kerry Emanuel, interrogé par Slate sur la question fin octobre de cette année, peu après que l'ouragan se soit dissipé, disait ceci :
- [...] l'ouragan Sandy est une tempête hybride, un phénomène rare que les scientifiques ne connaissent pas bien. [J']affirme que ce genre de précipitations diluviennes et dévastatrices risque de se répéter à l'avenir, à cause du changement climatique.
- Il est exact de dire que vous ne pouvez attribuer aucun phénomène [météo] individuel à quoi que ce soit, ni au changement climatique, ni à El Niño, ni encore à la visite matinale de votre grand-mère chez le dentiste. C'est tout bonnement impossible, dès que vous êtes face à un phénomène unique. Voilà, c'est la règle du jeu. Maintenant, Sandy est un exemple de ce que nous appelons des tempêtes hybrides.
- Ces phénomènes fonctionnent selon les mêmes principes que les ouragans, mais ont aussi à voir avec les tempêtes hivernales. Les ouragans et les tempêtes hivernales sont alimentés par des sources d'énergie totalement différentes. Les ouragans tirent leur énergie de l'évaporation de l'eau de mer. Les tempêtes hivernales, des contrastes thermiques horizontaux de l'atmosphère. Les tempêtes hybrides sont donc capables d'exploiter ces deux sources d'énergie –d'où leur potentielle puissance.
- Non, je ne pense pas [que la saison des ouragans va [...] durer plus longtemps avec le changement climatique]. En vrai, les données vont dans les deux directions, mais à ma connaissance, rien n'indique de bouleversement majeur. Ce qui ne veut pas dire que rien ne va changer, mais les meilleurs modèles ne font état que d'infimes modifications dans la saisonnalité des tempêtes.
- Avec Sandy, un gros facteur ce sont les eaux côtières. Pour une raison quelconque, les eaux côtières sont cette année plus chaudes que la normale. Ce qui veut dire davantage de vapeur d'eau dans l'atmosphère. Si nous n'avions pas eu ces eaux chaudes près des côtes, Sandy aurait probablement généré moins de précipitations.
- L'une des prédictions les plus robustes de la recherche climatique, c'est que toutes les tempêtes, quelles qu'elles soient, vont produire à l'avenir davantage de précipitations, car il y aura tout simplement davantage de vapeur d'eau dans l'atmosphère, à mesure qu'elle se réchauffera. Et c'est très important, compte-tenu des inondations que la pluie peut provoquer.
Et que disait l'ami Tsih déjà ? Ah oui :
- L’argument le plus débile avancé étant: température plus élevée => humidité plus élevée => plus grand volume de précipitation
Dans la vie tout est relatif et dépend du point de vue où l'on se place ; vu depuis le côté de la science nous sommes fixés et le doute n'est pas permis.
Premierement Mr Kerry Emanuel est tout a fait respectable ( republicain ou democrate etc ) . Ethique scientifique et appartenance politique sont décorrélés.
RépondreSupprimerIl est dommage de ne pas avoir l'intégralité de l'article . Ma comprehension est qu'il definit un nouvel index de destruction et que celui ci montre une hausse corrélée avec le rechauffement des eaux de surface ( mesurable) et donc le rechauffement climatique ( a qui est attribué le rechauffemetn des eaux de surface) .
Quel est la difference avec l'index ACE ?
https://en.wikipedia.org/wiki/Accumulated_cyclone_energy
Etes vous d'accord pour dire que l'index ACE ne montre pas de tendance sur la periode considérée ?
« Il est dommage de ne pas avoir l'intégralité de l'article »
SupprimerMon blog n'a pas la prétention d'être ni scientifique ni exhaustif sur un sujet, j'essaie de citer ce qui me parait important et je pense l'avoir fait ici.
L'index ACE d'après ce que je comprends se lit de 2 façons : 1) individuellement (Ioke a apparemment le plus fort indice jamais enregistré avec 82, en 2006) ; et 2) collectivement pour une année ; dans ce cas on ne voit pas d'augmentation de l'indice ACE qui joue en fait au yoyo d'une année à l'autre, mais si la fréquence des cyclones diminue (ce qui semble être le cas dans le proche passé) alors cela veut dire que l'intensité d'un ouragan isolé peut parfaitement être au-dessus de la normale ; cela a été le cas de Sandy et c'est de toute évidence le cas pour Harvey ; pour Irma nous verrons bien.
Ce n'etait pas une critique.
RépondreSupprimerVous avez ecrit : "frequency [...] shows no trend "
et maintenant "mais si la fréquence des cyclones diminue (ce qui semble être le cas dans le proche passé)" ... Est ce compatible ?
Si l'on regarde la page wiki qui liste l'activité par année , personnellement je ne vois aucune tendance (ni en frequence , ni en intensité).
Etant donné que le titre de votre billet est : "Que dit Kerry Emanuel sur Harvey ? " , je me permet de retranscrire ce que dit vraiment Mr Emanuel sur Harvey
RépondreSupprimerhttps://www.nbcnews.com/news/weather/blame-climate-change-harvey-s-huge-rainfall-not-its-slow-n797151
" Kerry Emanuel, a professor of atmospheric science at MIT, agreed with the other scientists that the increased temperature of the Gulf was not enough to explain the record rainfall pelting the Southeast.
"Emanuel said the other notable change in the region is the fairly sudden “collapse” of the speed of currents in the Gulf of Mexico. Currents ran as high as 19 knots through 2010, before dipping sharply, to less than 14 knots in 2016, the last year fully calculated. Emanuel calls it “likely” that the decreased current speeds are responsible for the increased probability of slower storms, which drop big rainfall in the region. (His computer simulations centered on Rockport, Texas, where Harvey made landfall.)
But the decline of current speeds has been recorded over just six years, in contrast to human-caused climate change that dates back more than a century. By Emanuel’s analysis, that suddenness “weighs against” the theory that the climate crisis is the cause of the torpid advance of storms like Harvey. "
Je trouve les propos de Kerry Emanuel sur Harvey assez en ligne avec ceux de Mr Mass et plutot eloignés de ce que la teneur de votre billet reflete .
Etes-vous en train de tester ma patience ?
SupprimerSachez que la poubelle page de ce blog n'attend que vos prochains commentaires dans le même style que celui-ci.
Vous vous contentez de citer un lien que je vous ai moi-même fourni dans mon billet http://sogeco31.blogspot.fr/2017/08/harvey-quelques-informations-pour-ceux.html, quelle originalité !
Si c'est pour me paraphraser et reprendre ce que j'ai déjà dit pour en tirer des conclusions erronées vous pouvez passer votre chemin.
Les propos de Kerry sont davantage en ligne avec ceux de Mann ou de Trenberth plutôt qu'avec ceux de Mass, lequel est un météorologue, pas un climatologue (et c'est bien pour cela que j'ai rajouté son site dans la catégorie "à consulter à vos risques et périls", là où l'on trouve Spencer et Watts, entre autres)
Si vous etes d'accord avec ceci :
RépondreSupprimer" Kerry Emanuel, a professor of atmospheric science at MIT, agreed with the other scientists that the increased temperature of the Gulf was not enough to explain the record rainfall pelting the Southeast."
que je traduis comme suit :
"Kerry Emanuel ... est d'accord avec d'autres scientifiques sur le fait que l'augmentation de temperature dans le Golfe (du Mexique) n'est pas suffisante pour expliquer le record de pluie frappant le Sud-Est"
Si nous sommes d'accord sur cela , c'est quand meme un grand point commun dans notre approche de la catastrophe Harvey. Et comme vous vous referez á Mr Emanuel , je prejuge (peut etre a tort) que cela est votre position.
C'est exactement ce que je pense, Kerry Emanuel ne fait que confirmer ce qui est dit par bien d'autres scientifiques, à savoir que le fait que Harvey ait stagné au-dessus de Houston explique le record de précipitations sur cette ville ; cela ne veut en aucune manière dire que le RCA n'a pas amplifié l'ouragan.
SupprimerPour résumer, le RCA ne peut être invoqué sur le fait que Harvey se soit formé, c'est impossible à "prouver", par contre le RCA à sûrement amplifié le phénomène (dixit tous les scientifiques sérieux) et les fortes précipitations sur Houston sont dues à sa stagnation au-dessus de la ville ; cela-dit s'il s'était déplacé vers le nord au lieu de stagner il aurait arrosé des zones avec des cours d'eau qui se dirigent vers...Houston, où les infrastructures et le bétonnage à outrance ont à leur tour amplifié le phénomène.
A noter que la responsabilité humaine se retrouve à plusieurs niveaux : 1) émissions de CO2 => RCA => montée des eaux + force accrue du cyclone ; 2) subsidence provoquée par pompages excessifs => montée relative des eaux ; 3) infrastructures en dépit du bon sens (sauf celui de ceux qui en tirent profit) ; voilà si vous voyez une autre cause humaine que j'aurais oubliée merci de me le faire savoir ; quant à la nature elle a un rôle de figurante dans la catastrophe, elle a joué sa partition, mais elle n'est pas sur le devant de la scène.
C'est donc ici que se trouve notre desaccord :
RépondreSupprimerMon raisonnement est le suivant ( et merci de ne pas m'insulter pour cela) :
Amplitude des precipitations exceptionnelles non liée á la temperature des eaux du Golfe ( donc non lié au RC(A) ) . Aucun element pour attribuer la "stagnation" au dessus de Houston au RC(A) ... COnclusion : Catastrophe et ampleur de la catastrophe non lié au RC(A).
En revanche votre lien causal "RCA => ... force accrue du cyclone" est très discuté et l'indice ACE qui mesure l'energie cyclonique ne montre aucune tendance depuis ...toujours ; C'est donc un point qui peut etre discuté ...
« non liée á la temperature des eaux du Golfe »
SupprimerFaux : https://www.wired.com/story/what-are-the-odds-of-a-super-storm-like-harvey/ : « As Harvey approached the Texas coast last week, the Gulf ocean temperature rose 2.7 to 7.2 degrees Fahrenheit above average. “That provided a deep, warm pool of water used as fuel,” says Dalia Kirschbaum, a research scientist at NASA’s Goddard Space Flight Center who studies hurricane hydrology. »
ainsi que https://www.theverge.com/2017/8/25/16207190/hurricane-harvey-category-four-intensity-warm-water-gulf : « Warm ocean waters intensify hurricanes because they provide more heat — therefore, more energy — to the storm. And the Gulf of Mexico has been unusually warm this year, the Associated Press reports. But that's not the only reason why Hurricane Harvey has become such a monster storm. Another culprit is an ocean phenomenon called a warm core eddy, says Nick Shay, a professor of meteorology and oceanography at the University of Miami »
Vous devriez faire un peu moins confiance à ce que vous raconte Mass.
Seule chose correcte dans vos affirmations : « Aucun element pour attribuer la "stagnation" au dessus de Houston au RC(A) »
« lien causal "RCA => ... force accrue du cyclone" est très discuté »
Discuté par qui ? Non, pas la peine de me répondre, je sais.
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerCommentaire sans intérêt envoyé à la poubelle là où est la place qu'il mérite : https://sogeco31.blogspot.fr/p/poubelle.html
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