Nous le savons tous depuis longtemps maintenant, pour Roy Spencer il n'y a pas de réchauffement climatique important et de toute façon celui-ci est essentiellement d'origine divin…, pardon, naturelle, donc l'homme n'en est absolument pas responsable par l'utilisation qu'il fait des énergies d'origine fossile que Dieu, pardon, que la nature a mis des millions d'années à constituer (en vérité je vous le dis, Dieu a mis beaucoup moins de temps que cela, il est tellement plus efficace que la nature, ne nous a-t-il pas créés seulement au bout de six jours ?)
Mais Roy Spencer est omniscient, il sait tout des phénomènes climatiques qu'il observe attentivement depuis son bureau situé en Alabama, cet Etat progressiste qui fut l'un des premiers à développer la culture du coton avec l'aide désintéressée de milliers d'esclaves, il en est resté quelques relents encore aujourd'hui et ce n'est pas étonnant qu'on dénombre dans la région un nombre impressionnant de créationnistes dont Roy Spencer pour qui « Les tornades récentes sont dues à un temps exceptionnellement froid. »
Pourquoi pas ? Bien que certains de ses lecteurs ne semblent pas partager son point de vue, surtout quand il affirme :
Ce graphique semble parfaitement correct, il est même actualisé par rapport à celui qu'on peut visualiser sur le site de la NOAA qui s'arrête en 2014 :
Bravo donc à Roy Spencer de nous donner des informations jusqu'en 2018, même s'il faudra attendre la fin de 2019 pour avoir une idée plus précise de la situation (il y a eu en mai un nombre impressionnant de tornades, et c'est bien pour cela que notre ami Spencer a cru bon d'intervenir…) ; seulement il y a un hic, le graphique ne représente (vous vous en seriez peut-être un peu douté) qu'une partie de l'histoire, celle que Roy Spencer veut nous montrer, en passant sous silence le reste, par exemple ce graphique tiré du site de la NOAA qu'il aurait pu montrer également à ses lecteurs :
Le premier graphique représente les tornades qualifiées de « fortes à violentes » sur l'échelle Fujita (Enhanced Fujita scale), au-dessus de EF3 (vents supérieurs à 135 mph), ce sont les moins nombreuses chaque année (heureusement) puisque Spencer lui-même nous dit que leur moyenne annuelle est de 56 de 1954 à 1985 pour passer à 34 de 1986 à 2018 ; par contre le deuxième graphique nous montre toutes les tornades au-dessus de EF1 (vents supérieurs à 85 mph) en omettant donc les tornades de très faible intensité nommées EF0 (vents de 65 à 85 mph), et là nous voyons que le nombre de tornades n'est pas du tout en diminution comme essaie de nous le faire croire notre prêcheur alabamesque.
Je serai bien intéressé de savoir quel est l'historique à aujourd'hui des tornades de classe EF0, les plus faibles, pour l'instant je n'ai trouvé que ce graphique tiré de cette étude :
L'étude datant de 2002 ou 2003 l'échelle Fujita était l'ancienne qui a fait place en 2007 à l'échelle améliorée, cependant cela ne change rien à la constatation suivante : toutes les tornades sont sur la période 1970-2002 en nombre constant, sauf celles de faible intensité qui ont fait un bond à partir des années 1990 !
D'ailleurs en introduction l'étude nous montrait la fréquence de toutes les tornades aux Etats-Unis :
Dans ce graphique sont donc représentées toutes les tornades, sans exception, et on aimerait que Roy Spencer nous montre le même graphique actualisé jusqu'en 2018, lui qui a su trouver sur le site de la NOAA un graphique qui l'arrangeait bien.
Assez étrangement cette étude de la NOAA ne faisait à aucun moment allusion au réchauffement de la planète… cependant il est vrai qu'il existait dans le passé ce que l'on pourrait appeler un biais de comptage :
Mais un article écrit par quelqu'un peut-être un peu plus qualifié (ou plus honnête ?) que Roy Spencer nous dit que « La fin est en vue pour une période de conditions météorologiques extrêmes époustouflantes » en nous montrant ce graphique :
Ici aussi il me semble que l'on parle du total des tornades recensées, sans tenir compte de leur intensité, et l'auteur de ce graphique, le météorologue Patrick Marsh, twitte :
Et si notre gourou alabamien nous dit que toutes ces tornades ont été causées par « un temps exceptionnellement froid », de façon à bien nous faire comprendre que le réchauffement climatique n'a pas à être invoqué (puisqu'un temps exceptionnellement froid disqualifie d'office le réchauffement climatique, hein !), nous avons une autre explication fournie par des gens un peu plus compétents qui nous disent dans « Étendue du nombre de tornades, temps violent depuis la fin avril, l'une des plus prolifiques en 8 ans » :
Cela dit cette situation « anormale » nous permet tout de même de profiter de magnifiques points de vue :
Mais ne tirons pas de conclusions hâtives et écoutons Kerry Emanuel qui, dans « La série quotidienne de tornades a fait approcher les États-Unis d'un " territoire inexploré " », nous dit :
On devrait présenter Kerry Emanuel à Roy Spencer, ce dernier aurait certainement beaucoup à apprendre, un petit problème étant bien sûr que cela risquerait de heurter sa sensibilité de bon crét…, pardon, de bon chrétien.
Eh oui, il ne faut pas trop demander à Roy Spencer, il a dû être biberonné aux images pieuses dans le culte du péché originel d'il y a 6 000 ans, alors les tornades pour lui c'est du pipi de chat.
PS - désolé d'avoir succombé à la petitchatomanie, mais je ne le ferai plus, promis juré !
Mais Roy Spencer est omniscient, il sait tout des phénomènes climatiques qu'il observe attentivement depuis son bureau situé en Alabama, cet Etat progressiste qui fut l'un des premiers à développer la culture du coton avec l'aide désintéressée de milliers d'esclaves, il en est resté quelques relents encore aujourd'hui et ce n'est pas étonnant qu'on dénombre dans la région un nombre impressionnant de créationnistes dont Roy Spencer pour qui « Les tornades récentes sont dues à un temps exceptionnellement froid. »
Pourquoi pas ? Bien que certains de ses lecteurs ne semblent pas partager son point de vue, surtout quand il affirme :
To claim that global warming is causing more tornadoes is worse than speculative; it is directly opposite to the clear observational evidence.
En effet, on lui fait remarquer :Prétendre que le réchauffement de la planète cause plus de tornades est pire que spéculatif ; c'est tout à fait contraire aux évidentes observations.
Entropic man says:
May 29, 2019 at 12:12 PM
“To claim that global warming is causing more tornadoes is worse than speculative; it is directly opposite to the clear observational evidence.”
I dont recall any claims by climate scientists that global warming is causing more tornadoes. Is this another denier straw man?
Je passe sur les autres commentaires de lecteurs ayant un sens critique plus prononcé que le climatosceptique lambda qui fréquente le site de Roy Spencer avec assiduité, je me contenterai de seulement reprendre le graphique qu'il montre afin de nous « prouver » que le réchauffement climatique n'a rien à voir avec les tornades dont les Etats-Unis sont coutumiers (du moins une partie du territoire) :"Prétendre que le réchauffement climatique cause plus de tornades est pire que spéculatif, c'est tout à fait contraire aux preuves d'observation."
Je ne me souviens pas que les climatologues prétendent que le réchauffement de la planète cause plus de tornades. C'est un autre homme de paille négationniste ?
Tornades fortes à violentes (F3+) aux États-Unis, de 1954 à 2018 (source NOAA reprise par drroyspencer) |
Ce graphique semble parfaitement correct, il est même actualisé par rapport à celui qu'on peut visualiser sur le site de la NOAA qui s'arrête en 2014 :
Nombre annuel de tornades fortes à violentes (F3+) aux États-Unis, 1954 à 2014 (source noaa) |
Bravo donc à Roy Spencer de nous donner des informations jusqu'en 2018, même s'il faudra attendre la fin de 2019 pour avoir une idée plus précise de la situation (il y a eu en mai un nombre impressionnant de tornades, et c'est bien pour cela que notre ami Spencer a cru bon d'intervenir…) ; seulement il y a un hic, le graphique ne représente (vous vous en seriez peut-être un peu douté) qu'une partie de l'histoire, celle que Roy Spencer veut nous montrer, en passant sous silence le reste, par exemple ce graphique tiré du site de la NOAA qu'il aurait pu montrer également à ses lecteurs :
Nombre annuel de tornades EF-1+ aux États-Unis, de 1954 à 2014 (source noaa) |
Le premier graphique représente les tornades qualifiées de « fortes à violentes » sur l'échelle Fujita (Enhanced Fujita scale), au-dessus de EF3 (vents supérieurs à 135 mph), ce sont les moins nombreuses chaque année (heureusement) puisque Spencer lui-même nous dit que leur moyenne annuelle est de 56 de 1954 à 1985 pour passer à 34 de 1986 à 2018 ; par contre le deuxième graphique nous montre toutes les tornades au-dessus de EF1 (vents supérieurs à 85 mph) en omettant donc les tornades de très faible intensité nommées EF0 (vents de 65 à 85 mph), et là nous voyons que le nombre de tornades n'est pas du tout en diminution comme essaie de nous le faire croire notre prêcheur alabamesque.
Je serai bien intéressé de savoir quel est l'historique à aujourd'hui des tornades de classe EF0, les plus faibles, pour l'instant je n'ai trouvé que ce graphique tiré de cette étude :
Représentation graphique des dommages causés par les tornades sur l'échelle de Fujita (source noaa) |
L'étude datant de 2002 ou 2003 l'échelle Fujita était l'ancienne qui a fait place en 2007 à l'échelle améliorée, cependant cela ne change rien à la constatation suivante : toutes les tornades sont sur la période 1970-2002 en nombre constant, sauf celles de faible intensité qui ont fait un bond à partir des années 1990 !
D'ailleurs en introduction l'étude nous montrait la fréquence de toutes les tornades aux Etats-Unis :
Fréquence des tornades depuis 1970. La ligne noire représente l'analyse des tendances sur 5 ans (source noaa) |
Dans ce graphique sont donc représentées toutes les tornades, sans exception, et on aimerait que Roy Spencer nous montre le même graphique actualisé jusqu'en 2018, lui qui a su trouver sur le site de la NOAA un graphique qui l'arrangeait bien.
Assez étrangement cette étude de la NOAA ne faisait à aucun moment allusion au réchauffement de la planète… cependant il est vrai qu'il existait dans le passé ce que l'on pourrait appeler un biais de comptage :
Tornado reports have been on a general increase since the late 1980s. Part of this is due to an aggressive effort to establish a large network of storm spotters.
Il y avait dans le passé des tornades non reportées, faussant ainsi les statistiques pour les périodes les plus anciennes, et c'est pour cela que le décompte ne commence qu'en 1970, car comme il est expliqué dans l'introduction :Les rapports de tornades sont en augmentation générale depuis la fin des années 1980. Cela s'explique en partie par les efforts énergiques déployés pour établir un vaste réseau d'observateurs de tempêtes.
This period does not include the tornado growth period that occurred as official records began to be kept in Tornado Data (through 1957) and Storm Data (in subsequent years.) Also, the years 1950-1969 were a growth period because it was the start of the public awareness and communication revolution that gave tornadoes increased publicity due to television news coverage and graphic depictions of tornadoes and tornado damage.
On peut donc considérer que le graphique des années 1970-2002 représente bien la réalité et il est étrange que Roy Spencer ignore totalement le fait que les tornades dans leur ensemble semblent montrer une courbe légèrement ascendante, on se demande bien pourquoi…Cette période [1970-2002] ne comprend pas la période de croissance des tornades qui s'est produite lorsque les données officielles ont commencé à être conservées dans Tornado Data (jusqu'en 1957) et Storm Data (dans les années subséquentes). De plus, les années 1950-1969 ont été une période de croissance parce que c'était le début de la révolution de la sensibilisation du public et des communications qui a donné aux tornades de la visibilité grâce aux reportages télévisés et aux descriptions graphiques des tornades et de dommages qu'elles ont occasionnées.
Mais un article écrit par quelqu'un peut-être un peu plus qualifié (ou plus honnête ?) que Roy Spencer nous dit que « La fin est en vue pour une période de conditions météorologiques extrêmes époustouflantes » en nous montrant ce graphique :
Comptage des tornades en cours (source pmarsh) |
Ici aussi il me semble que l'on parle du total des tornades recensées, sans tenir compte de leur intensité, et l'auteur de ce graphique, le météorologue Patrick Marsh, twitte :
Just how "active" have the last 30 days been for tornadoes? We're currently sitting at 500 filtered *eyewitness tornado reports* during this time period.
Only four periods in the official database ever exceed 500 *observed* tornadoes in 30 days: 2003, 2004, 2008, and 2011.
Mais 500 tornades, pour Roy Spencer, cela doit être « normal » si c'est Dieu qui l'a voulu, n'est-ce pas ?Dans quelle mesure les 30 derniers jours ont-ils été " actifs " pour les tornades ? Nous en sommes actuellement à 500 rapports de tornade filtrés *témoins oculaires* pendant cette période.
Seulement quatre périodes de la base de données officielle dépassent 500 tornades *observées* en 30 jours : 2003, 2004, 2008 et 2011.
Et si notre gourou alabamien nous dit que toutes ces tornades ont été causées par « un temps exceptionnellement froid », de façon à bien nous faire comprendre que le réchauffement climatique n'a pas à être invoqué (puisqu'un temps exceptionnellement froid disqualifie d'office le réchauffement climatique, hein !), nous avons une autre explication fournie par des gens un peu plus compétents qui nous disent dans « Étendue du nombre de tornades, temps violent depuis la fin avril, l'une des plus prolifiques en 8 ans » :
The jet has taken a persistent southward dive over the western U.S., sending impulses into the central U.S., where warm, humid air was in place to generate the instability to ignite severe thunderstorms and tornadoes.
Nous voyons là qu'il ne s'agit pas de réduire ces multiples tornades à « un temps exceptionnellement froid », puisque ce qui est en fait exceptionnel dans l'affaire c'est la forme du jet-stream, et surtout sa persistance à demeurer dans cet état-là :Le jet a plongé en permanence vers le sud au-dessus de l'ouest des États-Unis, envoyant des impulsions vers le centre des États-Unis, où de l'air chaud et humide était en place pour générer l'instabilité nécessaire pour déclencher de violents orages et tornades.
Cela dit cette situation « anormale » nous permet tout de même de profiter de magnifiques points de vue :
Un orage de supercellules en rotation se déchaîne dans le ciel en fin de soirée près d'Imperial, au Nebraska, le lundi 27 mai 2019. La tempête a fait l'objet d'un échantillonnage exhaustif dans le cadre du projet de terrain TORUS, qui étudie les orages de supercellules ce printemps. Photo : Mike Coniglio, Laboratoire national des tempêtes violentes de la NOAA. (source wunderground) |
Mais ne tirons pas de conclusions hâtives et écoutons Kerry Emanuel qui, dans « La série quotidienne de tornades a fait approcher les États-Unis d'un " territoire inexploré " », nous dit :
Dealing with tornadoes and climate change is absolutely complicated, there are relatively few papers that discuss tornadoes and climate because it's almost impossible to see any signal in the data; what's more the data of the current generation of radar technology goes back to only about 1990, a shorter period than that for good hurricane data.
Que disait donc Roy Spencer au fait ?La façon de considérer les tornades et les changements climatiques est très compliquée, il y a relativement peu de papiers qui traitent des tornades et du climat parce qu'il est presque impossible de voir le moindre signal dans les données ; de plus, les données de la génération actuelle de la technologie radar ne datent que de 1990 environ, une période plus courte que celle des bonnes données pour les ouragans.
Prétendre que le réchauffement de la planète cause plus de tornades est pire que spéculatif ; c'est tout à fait contraire aux évidentes observations.
On devrait présenter Kerry Emanuel à Roy Spencer, ce dernier aurait certainement beaucoup à apprendre, un petit problème étant bien sûr que cela risquerait de heurter sa sensibilité de bon crét…, pardon, de bon chrétien.
Les créationnistes se déguisent en scientifiques, nous dit encyclotron |
Eh oui, il ne faut pas trop demander à Roy Spencer, il a dû être biberonné aux images pieuses dans le culte du péché originel d'il y a 6 000 ans, alors les tornades pour lui c'est du pipi de chat.
Une tornade dans son bac. |
PS - désolé d'avoir succombé à la petitchatomanie, mais je ne le ferai plus, promis juré !
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