samedi 27 avril 2019

Le commissaire est vexé d'avoir été pris la main dans le pot de confiture

Allons-nous comme l'an dernier (voir le début ici) assister à une nouvelle série que nous pourrions appeler « Les tribulations d'un commissaire égaré au milieu des anticyclones mobiles polaires  » ?

Après s'être régulièrement ridiculisé en s'ensablant du côté des crêtes algales et en se faisant décoiffer par les vents catabatiques, le voici qui insiste en se déclarant expert ès glaciers et en tentant de me faire la leçon une fois de plus :

3301.  AntonioSan | 27/04/2019 @ 16:13
AntonioSan (#3289), Ah Têtard… Mister Straw Man dans sa grandeur et décadence. Et bien évidemment le mépris pour « un géographe et un géologue » s’exprimant dans leur domaine…
Allons voici le site de Mr Coutterand
Je vais même montrer à quel point il faut sacrifier au politiquement correct pour survivre
Cela évitera au comptard de triompher en accusant les autres de ce qu’il pratique lui-même!
Mais offrons ce bijou à la sagacité du lecteur:
Là il faut le faire: oser presenter ce graphique et en conclure:

Ici l’échelle est différente et la période considérée plus étendue que dans le graphique précédent ; en remontant à l’époque romaine, si cela était possible, on s’apercevrait que le front du glacier était plus en retrait qu’aujourd’hui, mais on verrait aussi que les variations seraient très certainement plus graduelles : ici le front a reculé de 2000 mètres en seulement un siècle environ…

D’autant que la variation brutale maximale d’amplitude de 1000m du front de la Mer de Glace eut lieu à la fin du XIXème siècle!!!!! A l’époque « bénie » d’un CO2 à 290 ppm et en une quinzaine d’années alors que la même distance fut perdue sur plus d’un siècle alors que la concentration du gaz satanique augmentait de 42%… Notons en outre que les variations de 500m y compris lors du LIA sont brutales… Mais bon, croyons l’oracle sur parole: si sa tante en avait eu on l’aurait appelé son oncle… « très certainement plus graduelles »… rofl
Enfin parodiant Mike Mann en un sanglot :

Nous attendons tous avec une infinie impatience votre prochaine publication non pas dans un blog mais dans une revue à comité de lecture, je vous promets que je relaterai l’événement ici sur mon blog.
En attendant ce jour merveilleux où tout s’illuminera, pour le moment vous n’êtes qu’un tartuffe parmi tant d’autres qui refait la science sur un coin de la nappe de sa cuisine.

Miroir, miroir… Non, cher tout, éclairez-nous et relatez vous aussi dans une revue à comité de lecture O druide, car les blogs, hein, on sait ce que cela vaut, puisque c’est vous qui le dites… dash

J'ai tenu à conserver les émoti-cons de son message juste pour le fun, mais examinons quelques passages de sa diarrhéique diatribe à mon encontre.

Tout d'abord où est-il aller chercher ceci :
Et bien évidemment le mépris pour « un géographe et un géologue » s’exprimant dans leur domaine…
Voici ce que j'ai exactement écrit :
Le mieux est d'écouter les spécialistes plutôt que des charlots qui contrefont la réalité et ne citent de leurs lectures que les passages qui leur siéent, comme ce pitre déguisé en commissaire de roman de gare qui fait remarquer ce passage dans le papier d'un géographe et d'un géologue […]
Il est évident que les spécialistes auxquels je fais allusion sont « un géographe et un géologue » alors que le pitre est nul autre que notre commissaire-friseur habitué à déformer les propos qui lui font mal à l'ego ; d'ailleurs dans mon billet précédent, Nouveau plantage chez Skyfall, je ne disais que le plus grand bien de l'article de Sylvain Coutterand, et il faut avoir l'esprit vraiment tordu pour trouver du mépris de ma part à son encontre.

Mais ensuite que veut dire notre bien-aimé monsieur Antoine quand il écrit :
Je vais même montrer à quel point il faut sacrifier au politiquement correct pour survivre
Cela évitera au comptard de triompher en accusant les autres de ce qu’il pratique lui-même!
Qu'est-ce que je suis supposé pratiquer moi-même en accusant les autres ? Mystère. Et où se trouve le mépris pour les auteurs de la présentation fournie en lien, dont Sylvain Coutterand, si ce dernier, d'après monsieur Antoine, a « sacrifié au politiquement correct pour survivre », sous-entendant par là qu'il aurait effectué des travaux de recherche dans l'unique objectif de satisfaire les décideurs politiques afin d'obtenir des crédits ? Je vous laisse réfléchir quelques secondes avant de passer à la suite.

En vérité si je regarde attentivement le document (très instructif) dont monsieur Antoine nous fournit le lien dans son commentaire ci-dessus, je ne constate que des choses que je ne peux qu'approuver puisque c'est exactement le genre de ce que je rapporte moi-même ici sur mon blog ; par exemple quand je vois les graphiques suivants :

Variabilité du climat à l'échelle des temps géologiques.

Où l'on voit que l'Holocène, tout à droite du graphique, présente un profil quasiment plat, ce qui confirme ce que Sylvain Coutterand a écrit dans l'article déjà évoqué :
[…] la période holocène, qui a débuté il y a 11 700 ans […] a été marquée par une variabilité climatique faible : l’amplitude thermique n’y aurait pas dépassé 2°C.
Ce qui, incidemment, explique pourquoi on ne peut pas comparer ce qui s'est passé avant l'Holocène avec la période actuelle, les conditions climatiques étant radicalement différentes : il y a un avant et un après l'Holocène, sachant que même durant l'Holocène on ne peut pas non plus tout comparer, ce que nous allons vérifier plus loin…

Mais continuons :
Evolution de la température au cours des âges de la Terre.

Remercions chaleureusement monsieur Antoine pour nous avoir fait découvrir ce document, c'est un véritable bijou (le document, pas monsieur Antoine) et on ne lui en saura jamais assez gré !

Sur ce graphique très visuel on s'aperçoit que notre température actuelle d'environ 15-16°C est comprise entre les -20 à -50°C de la « boule de neige » qu'était la Terre à plusieurs lointaines époques et les +40°C qu'elle a atteint il y a 1 milliard d'année ; il nous est dit également que le volcanisme a été un « pourvoyeur de CO₂ » qui a produit un « effet de serre considérable » entrainant (ce n'est pas écrit mais on le comprend aisément) une hausse des températures tout aussi considérable (c'est peu après la dernière « boule de neige » que la température a atteint 40°C...), bref encore une fois la confirmation que l'on ne peut pas comparer le lointain passé avec ce qui se passe aujourd'hui.

Après un rappel des paramètres de Milankovitch expliquant les grandes variations du climat causées par les variations d'ensoleillement de la Terre selon sa position par rapport au Soleil, nous arrivons dans le vif du sujet avec ce graphique bien connu :
Co-variation du CH₄, du CO₂ et de la température.

On y voit un parfait parallélisme entre d'une part les concentration de CH₄ et de CO₂, et la température mesurée à partir des isotopes de deutérium δD d'autre part ; et lisez bien la remarque au bas du tableau : « A l'époque où le contrôle orbital forçait le CO₂ atmosphérique… », les trois points de suspension étant destinés à l'attention des « sceptiques » du genre de monsieur Antoine qui déduisent hâtivement de ce genre de graphique qu'aujourd'hui encore ce serait la température qui piloterait le CO₂ et non l'inverse…

Après quelques autres graphiques où il ne sera jamais question du moindre anticyclone mobile polaire nous arrivons à celui-ci :
Détail de l'Holocène, ses périodes de froid et de chaud et l'extension des glaciers alpins.

Ce qui est à observer dans ce graphique ce n'est pas tant l'amplitude de l'extension des glaciers que la vitesse de leur avance ou de leur retrait ; pendant l'optimum romain il s'est écoulé 500 ans entre le maximum d'extension (peu avant -500) et le minimum (peu avant JC) puis 1200 autres années pour arriver à l'extension maximale ayant précédé l'optimum médiéval ; durant cet optimum on s'aperçoit qu'il y eut des hauts et des bas relativement rapides, deux siècles séparant deux pics bien distincts, puis ce fut le « petit âge glaciaire » qui ne fut qu'un léger refroidissement tout comme les deux optima furent de légers réchauffements (je rappelle, 2°C d'amplitude maximale durant l'Holocène) ; nous arrivons sur ce graphique à l'an 2000 avec une extension des glaciers qui ressemble à celle de l'époque romaine, les fronts glaciaires ayant apparemment été encore plus en retrait en 1000 avant JC, donc bien avant l'optimum romain.

Cependant regardez bien la pente actuelle et comparez-là avec la pente de l'optimum romain, rien ne vous frappe ?

Tout de suite après, sacrilège suprême, Sylvain Coutterand nous présente une courbe qui va provoquer de nombreux haut-le-cœur chez quelques uns de mes lecteurs (le sac à vomi est juste devant vous) :
Evolution des températures au cours des deux derniers millénaires.

Comment pourrais-je mépriser quelqu'un qui montre la même courbe que moi !?

On remarquera que contrairement à ce que certains prétendent tant l'optimum médiéval que le mal nommé « petit âge glaciaire » sont bien visibles sur cette courbe.

On remarquera également la partie droite de la courbe, qui monte quasiment à la verticale, tiens, tiens...cela ne vous rappelle-t-il pas le graphique de mes billets précédents qui reprenait celui de Sylvain Coutterand en lui adjoignant une extension jusqu'en l'an 2100 :
Fig. 2 - Evolution des températures estivales et de la longueur des glaciers depuis 14 000 ans, d’après Magny (1995) et Schlüchter et Joerin (2004) avec continuation de la courbe allant jusqu'en 2100 avec +3°C. (source glaciers-climat)

Ces deux graphiques n'ont-ils pas un air de famille ?

Mais le suivant va vous plaire, j'en suis sûr :
Evolution des glaciers depuis mille ans.

Nous pouvons dire qu'une grande partie du retrait des glaciers depuis 1850 est due à la fin du « petit âge glaciaire », donc que sans la révolution industrielle et ses gaz à effet de serre d'origine humaine balancés dans l'atmosphère nous aurions assisté à un retrait des glaciers, tout comme cela s'est produit dans le passé, mais de là à affirmer que ce retrait des glaciers ne nous doit rien, pouvons-nous l'affirmer ? On notera la « tendance dans le XXIe siècle » avec une flèche résolument tournée vers le haut, Sylvain Coutterand ne semble donc pas penser à une stabilisation des glaciers alors qu'ils ont atteint un minimum à peu près équivalent à celui de l'optimum romain…

Plus loin il nous est fait un rappel, de ce qu'est l'« effet de serre », on notera que Saussure avait dès 1780 imaginé ce que pouvait être cet effet en empilant des caisses de verre les unes sur les autres et en constatant que plus on allait vers le centre et plus la température montait ; c'est à peu près l'explication que donnait Jean-Louis Dufresne dans une vidéo que monsieur phi avait commentée comme suit :
Anonyme26 avril 2019 à 17:06

[…]

Après vos vidéos Oui-Oui explique l'effet de serre, vous passez à Oui-Oui et les glaciers. Navrant !

[…]

phi
Donc, pour phi, Saussure et Dufresne sont de la bonne littérature pour enfants, on fera simplement remarquer que d'après le commentaire de phi on en déduit qu'il n'est même pas capable de comprendre ce que contient un album Oui-Oui, on est vraiment navrés pour lui, cela s'appelle un retard mental et c'est assez difficilement rattrapable.

Je passe sur les graphiques suivants qui montrent tous de magnifiques crosses de hockey (ça commence à sentir mauvais chez nos amis, pas la peine d'en rajouter, d'ailleurs le sac à vomi est plein) pour terminer avec une projection vers l'an 2100, comme celle que j'ai faite avec mes petits doigts :
Evolution de la température projetée à l'an 2100 selon les différents scénarios du GIEC.

Oups ! j'aurais pas dû, ce qui restait dans l'estomac est maintenant parti, vous me direz que maintenant on est tranquilles.

Et dire que je m'étais limité à +3°C, là on parle d'aller jusqu'à +5°C, je vous dis pas la claque si ça arrive (cependant rassurez-vous, non seulement le scénario le plus pessimiste est aussi le moins probable, mais aussi vous serez morts bien avant)

Quant à la prochaine glaciation que certains sceptiques nous promettent quand ils ont lu un article sur WUWT leur prédisant un prochain refroidissement, elle est prévue...dans 50 000 ans !
Prévisions des volumes de glace dans l'hémisphère nord pour les 130 000 prochaines années.

Cela laisse un peu de temps à nos descendants pour se préparer, à conditions qu'ils n'aient pas cramé d'ici là.

Il n'y a pas d'explications à ce graphique, probablement que Sylvain Coutterand a dû en donner en le présentant, ce que je pense personnellement c'est que la courbe verte représente ce qu'aurait dû être la situation sans influence humaine, la rouge en tenant compte de l'influence humaine, quant à la bleue je n'en ai aucune idée ; on voit que la courbe rouge atteint le zéro glace dans l'hémisphère nord aux alentours de +10 000 ans à partir d'aujourd'hui et qu'alors ce sera la même situation qu'il y a 70-130 000 ans, bel exploit qu'aura réalisé l'espèce humaine à laquelle monsieur Antoine appartient.

Je ne commenterai pas le reste de ses divagations à mon sujet, il suffit de se souvenir qu'il m'accusa d'avoir du mépris pour Sylvain Coutterand et son collègue géologue.

Soit monsieur Antoine est un menteur éhonté qui cherche à sauver la face auprès de ses petits copains de chez Skyfall, soit c'est un abruti, soit il est un peu des deux, à chacun de se faire sa propre opinion.


2 commentaires:

  1. "Donc, pour phi, Saussure et Dufresne sont de la bonne littérature pour enfants..."

    Je n'ai évidemment rien prétendu de tel. Saussure est un savant du XVIIIème qui avait déjà démoli les explications idiotes type Oui-Oui de Dufresne :

    "C'est un fait tout aussi certain, que quand le corps sur lesquels ils agissent est exposé en plein air, la chaleur dont ils le pénètre lui est en partie dérobée par les courants qui règnent dans l'air, & par ceux que cette chaleur produit elle même."

    Saussure avait déjà compris que le modèle des plaques ne pouvait pas expliquer la température de surface, que pour cela il fallait tenir compte de la convection. Nous sommes au XXIème siècle, nous utilisons des super-calculateurs et nous ne savons toujours pas résoudre le problème. Les spécialistes en restent donc au principe des plaques pour le calcul des transferts de chaleur. C'est ce que l'on nomme pudiquement l'équilibre radiatif convectif, la convection n'y joue qu'un rôle annexe totalement incompatible avec la thermodynamique.

    Hilarant.

    phi

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    1. Saussure avait donc réfuté Dufresne, c'est effectivement hilarant, mais peut-être avait-il inventé la machine à voyager dans le temps.

      Autrement c'est tout ce que vous avez trouvé concernant mon article ?

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