mardi 10 juillet 2018

Leçon de cherry-picking avec Ross McKitrick

Le cherry-picking est cette technique qui consiste à sélectionner soigneusement ses données afin de montrer les résultats que l'on souhaite montrer.

Le climatosceptique canadien Ross McKitrick, celui-là même qui avait pensé « réfuter », avec son collègue et compatriote Stephen McIntyre, la courbe en crosse de hockey de Michael Mann, est un redoutable spécialiste de la cueillette de cerises et il nous le montre dans All those warming-climate predictions suddenly have a big, new problem (Toutes ces prédictions de réchauffement climatique ont soudainement un gros problème nouveau)

Je ne vais pas faire la critique de son article, je me contenterai de laisser la parole à Climate Feedback qui décortique le tissu de contrevérités de McKitrick dans Financial Post commentary misleads about warming effect of greenhouse gas emissions by cherry-picking studies (Le commentaire du Financial Post est trompeur sur l'effet de réchauffement des émissions de gaz à effet de serre en sélectionnant certaines études)

Un seul thème peut être relevé pour montrer à quel point McKitrick est peu digne de confiance et prend ses lecteurs pour des demeurés, c'est celui de la sensibilité climatique (la hausse de la température pour un doublement de la concentration en CO2, abrégée en ECS) ; en effet il affirme :
  • Their ECS estimate is 1.5 degrees, with a probability range between 1.05 and 2.45 degrees. If the study was a one-time outlier we might be able to ignore it. But it is part of a long list of studies from independent teams (as this interactive graphic shows), using a variety of methods that take account of critical challenges, all of which conclude that climate models exhibit too much sensitivity to greenhouse gases.
    • Leur estimation ECS est de 1,5 degrés, avec une gamme de probabilité comprise entre 1,05 et 2,45 degrés. Si l'étude était une aberration ponctuelle, nous pourrions peut-être l'ignorer. Mais elle fait partie d'une longue liste d'études menées par des équipes indépendantes (comme le montre ce graphique interactif), en utilisant une variété de méthodes qui tiennent compte des défis critiques, qui concluent que les modèles climatiques présentent trop de sensibilité aux gaz à effet de serre.
Il fait ici référence à une étude de Nicholas Lewis and Judith Curry, The Impact of Recent Forcing and Ocean Heat Uptake Data on Estimates of Climate Sensitivity (L'impact des données récentes sur le forçage et l'absorption de chaleur par les océans sur les estimations de la sensibilité au climat), publiée le 3 juillet dernier.

Ainsi d'après tout ce petit monde la sensibilité climatique ne serait que de 1,5°C, avec un généreux maximum de 2,45°C, et cette sensibilité somme toute modeste serait, d'après eux, confirmée par « une longue liste d'études menées par des équipes indépendantes » ; à l'appui de cette affirmation on nous propose de regarder un graphique qui nous dit tout sur le sujet :

SOURCES: CM1:ROE-BAKER 2007. EB1: ALDRIN ET AL 2012. EB2: RING ET AL 2012. EB3: LEWIS 2013. EB4: OTTO ET AL 2013. EB5. MASTERS 2014. EB6: LOEHLE 2014. EB7:SKELE ET AL 2014. EB8: JOHANNSEN ET AL 2015. EB9: LEWIS & CURRY 2015. EB 10: BATES 2016. EB11:CHRISTY & MCNIDER 2017. EB12: LEWIS & CURRY 2018.

On voit clairement dans ce graphique que le point le plus haut se situe à environ 2,5°C, la majorité étant dans la fourchette 1-2°C.

On serait tenté de leur faire confiance avec un tel graphique issu d'une équipe de choc et publié dans une revue scientifique à comité de lecture, sauf que…

Sauf que Climate Feedback n'est pas tout à fait d'accord avec cette présentation, car Andrew Dessler nous dit :
  • While several groups have indeed done this calculation, and they all get the same answer, these groups are basically doing versions of the same calculation with the same data. Thus, their agreement means much, much less than is suggested here. If there is a problem with the methodology, which several recently published papers have suggested, then all of them are wrong.
    • Alors que plusieurs groupes ont effectivement fait ce calcul, et ils obtiennent tous la même réponse, ces groupes font fondamentalement des versions du même calcul avec les mêmes données. Ainsi, leur accord signifie beaucoup, beaucoup moins que ce qui est suggéré ici. S'il y a un problème avec la méthodologie, ce que plusieurs articles publiés récemment ont suggéré, alors tous ont tort.
Donc les études mentionnées par Lewis et Curry et reprises par McKitrick sont le fait d'un nombre restreint de chercheurs ayant utilisé les mêmes données et fait les mêmes calculs qui, selon Dessler, se sont révélés douteux.

Mark Zelinka, lui, nous montre une liste impressionnante d'études ayant évalué l'ECS, et on ne peut pas vraiment dire que cette dernière se limiterait à un petit 1,5°C selon « une longue liste d'études menées par des équipes indépendantes »...


Voilà ce que j'appelle une « longue liste d'études menées par des équipes indépendantes », et on voit bien la différence avec la maigre sélection opérée par nos pieds nickelé (ils étaient trois)

Et pour bien se rendre compte en une image plus synthétique, Zeke Hausfather nous dit, avec graphique à l'appui :
  • This is only true if you selectively pick studies with low sensitivity. We recently looked at all climate sensitivity studies published using all different methods and found no evidence of an overall decline in estimated ECS in recent years:
    • Ceci n'est vrai que si vous choisissez sélectivement des études avec une faible sensibilité. Nous avons récemment examiné toutes les études de sensibilité au climat publiées en utilisant toutes les différentes méthodes et nous n'avons trouvé aucune preuve d'un déclin global de l'ECS estimée au cours des dernières années :

J'ouvre bien mes yeux et je constate que la toute dernière barre va de 3°C à 4,5°C à vue de nez, avec peu avant une autre barre allant de 4°C à 7,5°C !

Et il y a en tout 10 barres qui atteignent les 9°C !

Quant aux fameux 1,5°C qui seraient l'ECS moyenne d'après nos trois lascars, on s'aperçoit qu'en fait il s'agit plutôt d'un minimum…

Pour terminer sur ce sujet de l'ECS, le même Zeke Hausfather nous montre un dernier graphique encore plus synthétique :



Toutes les études résumées dans ce graphique nous montrent une ECS moyenne de 3°C, soit le double que celle avancée par nos climatosceptiques appointés (devinez par qui), et même s'il est bien précisé que toutes les études prises en compte ne sont pas parfaitement comparables il n'en reste pas moins que bien rares sont celles qui tournent autour des 1,5°C (on peut même en voir avec une ECS inférieure, en plissant bien les yeux)

Bref, sans surprise la note attribuée à McKitrick n'est pas fameuse :

Crédibilité scientifique = -1.0 !

Comme par hasard, nos pieds nickelés frenchies ne sont pas d'accord avec les appréciations données par Climate Feedback, en voici quelques exemples tirés du dernier bulletin climato-irréaliste :
  • La chasse aux fake news, c’est aussi bon pour le climat nous dit Theconversation.com. Le mécanisme est le suivant : Climate Feedback, un site créé par des scientifiques, évalue la crédibilité des informations dans le domaine du changement climatique. Les articles suspects les plus influents (identifiés en fonction de leur viralité sur les réseaux sociaux) seront revus et corrigés par les scientifiques réchauffistes experts du domaine, qui leur donneront une note de « crédibilité scientifique ». En somme, les milieux autorisés s’autorisent, comme le disait Coluche.
Ben voyons, ce sont des scientifiques « réchauffistes » qui notent les articles douteux dont se repaissent les fatigués du bulbe qui meublent leur longues journées d'inactivité (ils sont pour la plupart retraités) en tenant des discussions de café du commerce sur un site supposé être LA référence française en matière de climatologie, à égalité avec pensée unique.

Et comme le dit un habitué qui a son rond de serviette à la table commune :
2. Hug | 20/06/2018 @ 23:23
Usbek (#1),
Climate Feedback, ça vaut son pesant de partialité…

Ben voyons, parce que Skyfall est impartial, c'est bien connu !

Et un autre poivrot qui n'a pas fini de dégriser d'enchainer :
3. AntonioSan | 21/06/2018 @ 8:02

The Conversation est soutenu financierement par les Fondations vertes de milliardaires americains, les memes qui sont impliques dans l’astroturf avec Tides, Hewlett Foundation, Pew etc… et qui sabotent entre autres les projets energetiques canadiens.
Voir le site de Vivian Krause en anglais qui recense grace aux documents d’imposition americains l’influence deletere de ces fondations.
Aussi l’article d’Emmanuel Vincent, qui recoit d’ailleurs un soutien financier d’un centre nomme CITRIS initie par le tres verdatre Brown, Gouverneur de Californie est un essai afin de decredibiliser en francais Susan Crockford, une biologiste de l’Universite de Victoria dont les analyses exposent la pensee unique des pontes faisant carriere alarmiste sur le statut des ours polaires. Les specialistes comme Mitch Taylor qui ne suivirent pas la ligne dure furent fichus a la porte et les autres font attention… comme les temoignages recueillis par Crockford le montrent.

Climate feedback est la nieme incarnation de la propagande rechauffarde en pretendant offrir un regard neutre purement scientifique mais en impliquant bien sur les plus rechauffistes et alarmistes… Il suffit de voir comment The Conversation permit a certains auteurs de l’attaque de Crockford dans Biosciences d’en remettre une couche.
Ben voyons, là aussi c'est bien connu que Susan Crockford (qui ça ?) est une sommité en matière d'ours polaires, comme on peut le constater ici.

Mais le meilleur est pour la fin avec un retardataire (dans tous les sens du terme ?) qui s'enfonce en pensant faire un trait d'esprit :
8. Tamise | 29/06/2018 @ 9:18

Parmi les relecteurs de Climate Feedback figure un certain Michael Mann.
On n’est jamais mieux servi que par soi-même.
A propos des abeilles: l’erreur pourrait être derrière la ruche.
Ben voyons, puisque Michael Mann fait partie des relecteurs c'est donc que ça ne vaut rien, et c'est quelqu'un qui accuse les apiculteurs d'être les responsables de leurs malheurs (là aussi, quand on nie le réchauffement climatique il y a de fortes chances pour que l'on nie que les néonicotinoïdes soient responsables de la mortalité des abeilles, tout se tient) qui pense également que Mann a été réfuté. Non il n'a pas été réfuté, sa courbe en crosse de hockey tient toujours la route, elle figure dans le dernier rapport du GIEC et j'en ai également montré quelques exemplaires dans un de mes articles récents.


L'exercice de révision des fake news est périlleux, car on peut se demander qui juge les réviseurs, qui évalue leur pertinence ; mais quand il s'agit de scientifiques reconnus, comme c'est le cas pour les relecteurs de Climate Feedback, alors la position la plus raisonnable est de leur faire confiance et de partir du principe que c'est plutôt de leur côté que la vérité a des chances de se trouver.

Ou alors il faut avoir un sacré bagage scientifique, et peut-être aussi un sacré culot, pour les contester en apportant des éléments d'argumentation solides et pas seulement des opinions émanant de son idéologie, quelle que soit cette idéologie.

Choisis ton camp camarade.


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