jeudi 10 octobre 2019

Comment se tirer une balle dans le pied avec un seul graphique

La leçon d'aujourd'hui c'est cet individu qui va nous la prodiguer :
Le 9 octobre 2019 à 21 h 50 min, paulaubrin a dit :

La plus ancienne série mensuelle de températures « instrumentales » est la série CET (Central England Temperatures) publiée par le CRU qui remonte au milieu du 17ème siècle.
On peut donc calculer les tendances sur 10 ans depuis cette époque là jusqu’à nos jours. Les tendances du passé sont tout à fait comparable à celles d’aujourd’hui, et parfois plus rapides.


En rouge, les tendances sur 10 ans, en bleu les températures mensuelles.

NB: On ne peut comparer les vitesses de variations que pour des séries qui ont la même fréquence d’échantillonnage (un signal HI-FI est plus nerveux, plus clair, que celui d’une radio en ondes moyennes). Comparer des séries mensuelles, avec des séries annuelles ou décennales est une tromperie. Ajouter un tronçon d’une série instrumentale mensuelle à la fin d’une reconstruction de basse fréquences est une escroquerie.
Evidemment vous l'aurez compris c'est sur le blog à Rittaud, là où les têtes pensantes du climato-irréalisme franchouillard se réunissent régulièrement pour pondre de telles merveilles.

Pas besoin d'épiloguer, il suffit de regarder ce graphique avec un minimum d'attention et on s'aperçoit assez vite que les températures du centre de l'Angleterre ont nettement...augmenté depuis le 17ème siècle !

Bien sûr le fait de montrer des températures absolues dans un graphique qui part du zéro degré Celsius (-5°C en fait mais c'est du pareil au même) a pour effet immanquable de ratatiner la courbe afin de donner l'illusion qu'elle est parfaitement plate.

Mais non, les températures ont bien tendance à monter, monter, monter au fil du temps, il n'y a que ce malheureux Paul Aubrin, un habitué et inconditionnel du site climatomancique de notre mathématimancien national, à ne pas avoir mis ses lunettes pour ne pas voir ce qui finalement crève les yeux.

Je dirais même qu'à vue d'oeil le 1°C d'augmentation est carrément enfoncé, on a plutôt l'impression d'être plus proche des 2°C, alors allons vérifier immédiatement.

Comme je n'ai pas accès aux données de températures de la Royal Meteorology Society (il faut payer) et que monsieur Paul n'a pas daigné fournir la moindre source à l'appui de son graphique, ce qui fait que le lecteur lambda est obligé de lui faire confiance (hum…), et étant donné que le site du Climate Research Unit ne semble fournir des information que pour l'ensemble de la planète, lesquelles donnent déjà plus d'un degré depuis 1850, j'en suis réduit à utiliser le site tools.ceit.uq.edu.au afin de calculer moi-même ce qu'a pu être l'évolution de la température du centre de l'Angleterre afin de vérifier ce que donne réellement la tendance depuis le 17ème siècle.

Je ne sais pas exactement où se situe le centre de l'Angleterre, j'ai donc choisi les stations météo un peu au pif, à vous de juger :
Sélection (en vert) de la station de Birmingham approximativement située au centre de l'Angleterre (source tools.ceit.uq.edu.au)

Et voici ce que cela donne pour cette station :
Tendance depuis 1950 : 0,156/décennie = 1,56 par siècle.

Malheureusement le site ne semble pas avoir de données avant 1950, mais rien que sur cette période de 70 ans la tendance est très clairement à la hausse : un degré et demi sur un siècle.

Essayons avec Oxford qui non seulement est au centre de l'Angleterre mais est aussi le nombril du monde civilisé :
Sélection (en vert) de la station d'Oxford approximativement située au centre de l'Angleterre (source tools.ceit.uq.edu.au)
Tendance depuis 1900 : 0,043/décennie = 0,43 par siècle.

Cette fois-ci les températures sont disponibles depuis 1900, bref entre deux stations situées « au centre de l'Angleterre » nous avons des tendances qui vont du simple au triple !

Alors regardons tout simplement les températures de l'ensemble du Royaume-Uni :
Sélection (en vert) des stations du Royaume-Uni (source tools.ceit.uq.edu.au)
Tendance depuis 1900 : 0,086/décennie = 0,86 par siècle.

Voyons maintenant plus grand et regardons l'ensemble de la planète :
Sélection de toutes les stations de la planète (source tools.ceit.uq.edu.au)
Tendance depuis 1900 : 0,105/décennie = 1,05 par siècle.
Et que nous dit woodfortrees en prenant les données HadCRUT depuis 1850 ?
Evolution des températures mondiales depuis 1850.

A vue de nez, on part de -0,5 pour arriver à +0,4, donc une augmentation de 0,9 sur 170 ans, soit 0,53 par siècle, mais on constate que de 1850 à 1900 la température est restée plutôt stable, en vérité le véritable départ de la hausse fulgurante date des années 1970 et cela nous donne ceci qu'il faut considérer plutôt que tout le reste qui ne sert qu'à s'embrouiller les idées :
Evolution des températures mondiales depuis 1970.
Cette fois-ci nous avons une augmentation d'environ 0,9°C (de -0,2 à +0,7) sur une période de 50 ans, soit 1,8°C sur un siècle !

Finalement, quand on regarde bien le graphique de monsieur Paul, on se rend compte que ces 1,8°C d'augmentation sont assez bien représentés dans l'évolution de la température du centre de l'Angleterre, je me suis amusé à un exercice à main levée pour voir ce que cela donnait pour la période 1970-2019, admirez mes talents de dessinateur :
Variation d'environ 1°C entre 1970 et 2019 dans le centre de l'Angleterre.

Bon okay, la précision est aux abonnées absentes, mais après tout c'est monsieur Paul qui m'a montré la voie, s'il est capable de se divertir avec un graphique qu'il sort de sa manche en ne s'apercevant pas que ce qu'il nous enseigne va à l'opposé de ce qu'il croit faire passer comme message, à savoir que les températures dans la campagne anglaise n'auraient pas bougé en trois siècles, alors moi aussi je peux délirer un petit peu, non ?

Mais que disait-il déjà monsieur Paul ? Ah oui, ceci :
Les tendances du passé sont tout à fait comparable à celles d’aujourd’hui, et parfois plus rapides.
Une tendance rapide, je dois avouer que j'ai appris quelque chose ce soir.

Mais au fait il voulait prouver quoi monsieur Paul ? Ah oui, il répondait au prof de SVT qui est donc la référence scientifique de Skyfall :
Le 9 octobre 2019 à 21 h 15 min, Murps a dit :

« voir si un réchauffement aussi rapide s’est déjà produit »
A-t-on des éléments factuels pour parler de « réchauffement si rapide » et surtout, cette notion a-t-elle un sens ???
Rien que la question fait débat.
Alors la réponse…
Mais non mais non, il n'y a pas de « réchauffement si rapide », d'ailleurs quel réchauffement ?

Ah oui, il faut préciser, pour ceux qui ne connaissent pas Murps, que ce monsieur nie l'effet de serre et donc tout réchauffement d'origine anthropique ; eh oui, ce monsieur parait-il enseigne la science, cela fait réfléchir n'est-ce pas ?


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