dimanche 6 octobre 2019

Les merveilleux résultats de Trump

Je suis le plus grand, le plus beau, le plus intelligent et le maitre de la planète, je suis, je suis, je suis...

A Question pour un champion la réponse ne ferait aucun doute si le candidat sur la sellette était...Donald Trump !

Paul Krugman remet les pendules à l'heure régulièrement, et notamment dans son dernier article intitulé Here Comes the Trump Slump (Et voilà l'effondrement de l'atout), jeu de mot sur trump qui signifie atout, le verbe to trump signifiant...prendre le dessus !

Mais to trump c'est également falsifier, et même...péter, lâcher des gaz ou péter un plomb comme il le fait de toute évidence ces jours-ci avec ce qui lui tombe sur la tête (et qu'il a bien cherché)

Krugman nous donne un lien vers un graphique qui nous indique que le plus grand, le plus beau, le plus intelligent homme de la planète n'est vraiment pas pour grand chose dans les résultats de l'économie de son pays :
Total des employés, en milliers de personnes et hors secteur agricole, aux Etats-Unis de 2010 à aujourd'hui (source Bureau of Labour Statistics)

Je ne suis pas arrivé à retrouver ce graphique sur le site du Bureau of Labour Statistics qui est un véritable labyrinthe, mais je pense qu'on peut faire confiance à Paul Krugman qui ne s'aventurerait pas à produire un graphique trafiqué sur son site...

Donc que constate-t-on à la lecture de cette courbe ? Que l'emploi (non agricole) a commencé à augmenter à partir de 2011 pour continuer jusqu'à aujourd'hui avec une pente très régulière ; or qui était président en 2011 ? Je vous le donne en mille, Barack Obama ! Obama a été président de 2009 à 2017, donc s'il faut créditer quelqu'un c'est bien lui...sauf que ce n'est pas si évident que cela !

Si l'on regarde le PIB (GDP = Gross Domestic Product) des Etats-Unis de 2006 jusqu'à aujourd'hui voici ce que l'on obtient :
Evolution du taux de croissance du PIB américain de 2006 à 2018 (source thebalance)

On remarque tout de suite le gros creux de la crise de 2008 qui a eu lieu à la fin du mandat de George W. Bush, donc juste avant l'arrivée au pouvoir d'Obama, par conséquent la remontée spectaculaire en 2009-2010 peut difficilement lui être attribuée, il s'agissait simplement de la reprise d'activité. Par la suite et jusqu'à maintenant le PIB a fait le yoyo sous les deux mandats d'Obama ainsi que les premières années de Trump, donc aucun des deux n'a visiblement maitrisé la bête, ils se sont contentés de gérer les affaires courantes en faisant plus ou moins de bêtises chacun, le pompon revenant à Trump sans doute aucun.

En vérité les Etats-Unis n'ont fait que suivre le courant de l'économie mondiale, quand celle-ci se porte bien, ils vont bien, quand elle flanche, ils font de même, pas nécessairement en accord parfait car il existe des inerties et donc forcément des décalages dans le temps.

Si l'on regarde les statistiques au niveau mondial voici ce que l'on peut trouver :
Croissance du Produit intérieur brut (PIB) mondial de 2010 à 2020 (par rapport à l'année précédente) (source statista)

On note qu'après le creux de 2015 le PIB mondial s'est redressé (donc sous l'ère Obama) pour plafonner à partir de 2018, et la hausse de 2016 correspond peu ou prou à la hausse visible aux Etats-Unis sous Obama.

Un autre site nous donne un graphique depuis l'an 2000 :
PIB mondial de 2000 à 2016 (source lafinancepourtous)

Ici on ne voit plus les % de croissance annuelle du graphique précédent mais les valeurs du PIB en milliers de milliards de dollars ; on remarque tout de suite la faiblesse de 2008-2009 causée par la crise financière, puis la reprise par la suite « comme si de rien n'était ».

Le même site nous fournit d'ailleurs le taux de croissance annuel juste après :
Evolution du PIB mondial en taux de croissance annuel (source lafinancepourtous)

Ce dernier graphique devrait faire réfléchir...

On y voit une « pente » parfaitement plate, il s'agit du taux de croissance moyen en tendance longue, ce qui ne présage rien de « bon » pour le PIB dans le futur, que ce soit pour les Etats-Unis ou pour tout autre pays dans le monde ; et on rigole quand on entend un dirigeant parler de reprise de la croissance ou, pire, de croissance plus forte !

Un dernier graphique pour la route, celui de la Banque Mondiale :
PIB (en dollars US courants) de 1960 à 2018 (source banquemondiale)

Dans une économie mondialisée comme celle que nous nous sommes fabriquée il est normal que l'activité mondiale se reflète dans l'économie des pays qui profitent du libre-échange, et les Etats-Unis sont les rois en la matière ; quand le monde va bien ils vont bien, mais le retour de baton ce sera pour bientôt, et Trump ou un autre n'y pourra rien y changer.

Ainsi Krugman précise :
There has always been a deep unfairness about the relationship between economics and politics: Presidents get both credit and blame for events that usually have little to do with their actions. Jimmy Carter didn’t cause the stagflation that put Ronald Reagan in the White House; George H.W. Bush didn’t cause the economic weakness that elected Bill Clinton; even George W. Bush bears at most tangential responsibility for the 2008 financial crisis.
Il y a toujours eu une profonde injustice dans la relation entre l'économie et la politique : Les présidents obtiennent à la fois le crédit et le blâme pour des événements qui n'ont généralement pas grand-chose à voir avec leurs actions. Jimmy Carter n'a pas causé la stagflation qui a mis Ronald Reagan à la Maison-Blanche ; George H.W. Bush n'a pas causé la faiblesse économique qui a élu Bill Clinton ; même George W. Bush porte au plus la responsabilité secondaire de la crise financière de 2008.
Et ce qui explique le léger décrochage visible en 2015 dans le graphique de la Banque Mondiale :
More recently, the “mini-recession” of 2015-16, a slump in manufacturing that may have tipped the scale to Trump, was caused mainly by a plunge in energy prices rather than any of Barack Obama’s policies.
Plus récemment, la " mini-récession " de 2015-2016, un effondrement de l'industrie manufacturière qui pourrait avoir fait pencher la balance en faveur de Trump, a été causée principalement par une chute des prix de l'énergie plutôt que par l'une des politiques de Barack Obama.
Et Krugman nous informe qu'actuellement le commerce globalisé se détériore rapidement, sapant l'économie mondiale (Global Trade Is Deteriorating Fast, Sapping the World’s Economy) ce qui entraine une récession d'un cinquième de l'économie américaine malgré la bonne tenue de l'emploi et de la production.

Mais Trump, à la différence des autres présidents qui étaient juste « malchanceux » d'être là au moment de la crise, a activement œuvré à sa perte en déclenchant une véritable « guerre commerciale » qu'il était persuadé de gagner facilement du haut de sa fatuité.

En ce qui concerne l'agriculture le lien est évident entre la politique inepte de Trump et les malheurs des agriculteurs américains :
America’s farmers are deeply dependent on export markets, China in particular. So they’re hurting badly, despite a huge financial bailout that is already more than twice as big as the Obama administration’s auto bailout. (Part of the problem may be that the bailout money is flowing disproportionately to the biggest, richest farms.)
Les agriculteurs américains sont très dépendants des marchés d'exportation, la Chine en particulier. Ils souffrent donc durement, malgré un énorme renflouement financier qui est déjà plus de deux fois plus important que le renflouement du gouvernement Obama dans le secteur de l'automobile. (Une partie du problème tient peut-être au fait que l'argent du plan de sauvetage est versé de façon disproportionnée aux exploitations agricoles les plus grandes et les plus riches).
Et même l'industrie manufacturière, que Trump croyait « aider », ne tire aucun bénéfice des droits de douane imposés aux produits importés, au contraire, elle semble plutôt souffrir de sa politique :
the trade war has clearly hurt U.S. manufacturing. 
la guerre commerciale a clairement nui au secteur manufacturier américain.
Et voici l'analyse de Krugman sur ce dernier point :
First, many U.S. manufacturers depend heavily on imported parts and other inputs; the trade war is disrupting their supply chains. Second, Trump’s trade policy isn’t just protectionist, it’s erratic, creating vast uncertainty for businesses both here and abroad. And businesses are responding to that uncertainty by putting plans for investment and job creation on hold.
Premièrement, de nombreux fabricants américains dépendent fortement des importations de pièces et d'autres intrants ; la guerre commerciale perturbe leurs chaînes d'approvisionnement. Deuxièmement, la politique commerciale de Trump n'est pas seulement protectionniste, elle est erratique, créant une grande incertitude pour les entreprises d'ici et d'ailleurs. Et les entreprises réagissent à cette incertitude en mettant en veilleuse leurs plans d'investissement et de création d'emplois.
Le plus ironique dans l'histoire est un peu plus loin, avec :
the pain in manufacturing seems to be falling especially hard on those swing states Trump took by tiny margins in 2016, giving him the Electoral College despite losing the popular vote.
la douleur dans l'industrie manufacturière semble tomber particulièrement durement sur ces « États charnières » que Trump a pris avec de minuscules marges en 2016, lui donnant le collège électoral en dépit de la défaite au suffrage populaire.
C'est un peu ce que l'on appelle « se tirer une balle dans le pied », et ces Etats-charnières sont particulièrement bien armés avec plein de munitions à leur disposition.

Mais finalement Trump essaiera de s'en sortir en accusant les organismes produisant les statistiques officielles de « fake news » et en tentant de les « inciter » à donner des chiffres davantage en sa faveur, après tout c'est bien ce qu'il a fait récemment avec la NOAA !

Dans la liste des plus mauvais présidents de l'histoire américaine on se doute que Donald Trump occupera aux yeux des historiens une place de choix ; c'est pour moi une évidence qu'il fait tout son possible « à l'insu de son plein gré » pour parvenir à la plus haute marche du podium, en tout cas il lui reste très peu à parcourir pour arriver à son but.

Sans surprise ce président est l'idole des climato-gogos, y compris ceux qui ne sont pas Américains mais qui voient en lui un visionnaire juste parce qu'il s'est retiré des accords de Paris.

Et il faut quand même être un crétin parfait pour se retirer d'un accord qui n'a rien de contraignant, surtout en justifiant ce vrai-faux retrait avec des arguments à tomber le cul par terre !

Il en ira de toute façon de Trump comme des climato-irréalistes qui déversent des flots de haine sur Greta Thunberg à défaut de trouver des justifications intelligentes à leur idéologie, tout cela finira dans les poubelles de l'Histoire.


1 commentaire:

  1. En complément : https://www.quora.com/Has-President-Trump-performed-better-than-President-Obama-thus-far

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