mardi 18 février 2020

Si ce n'est pas El Niño et si ce n'est pas le Soleil, alors c'est quoi ?

Je m'interroge.

La NOAA, l'administration nationale américaine qui gère les océans et l'atmosphère (on espère en bonne mère de famille), publie January 2020 was Earth’s hottest January on record (Janvier 2020 a été le mois de janvier le plus chaud jamais enregistré sur Terre) pour nous informer que ce mois de janvier qui vient de s'achever a été (et pourtant nous n'y sommes pas encore) le plus chaud qui ait jamais été enregistré (oui je sais c'était déjà écrit dans le titre mais j'aime bien insister à l'attention des malcomprenants)

Mais le plus important c'est que ce record est tombé alors que l'enfant Jésus (aka El Niño) fait dodo dans sa chambre, ainsi, après l'année 2017 qui fut surnommée l'année la plus chaude en l'absence d'El Niño nous avons maintenant le mois de janvier le plus chaud débarrassé de la présence de ce sale gosse turbulent auquel on prête souvent des méfaits (i.e. des hautes températures) imaginaires :
the temperature departure from average was the highest monthly departure ever recorded without an El Niño present in the tropical Pacific Ocean.
l'écart de température par rapport à la moyenne a été le plus grand écart mensuel jamais enregistré sans la présence d'un El Niño dans l'océan Pacifique tropical.
La NOAA nous précise que ce mois de janvier 2020 a été
  • le 44ème mois de janvier consécutif
  • et le 421ème mois consécutif
avec des températures supérieures à la moyenne du 20ème siècle.

Ainsi janvier 2020 dépasse cette moyenne du 20ème siècle de 1,14°C, battant janvier 2016 de 0,02°C.

On va me dire que 0,02°C ce n'est pas significatif, c'est vrai mais on s'en fout, car on en déduit que les mois de janvier 2016 et 2020 ont été les mois de janvier les plus chauds depuis le début des enregistrements à 0,02°C près, ce qui nous fait une belle jambe.

Mais il y a mieux, les quatre mois de janvier les plus chauds sont tous survenus...depuis 2016 ! Et les dix mois de janvier les plus chauds...depuis 2002 !

De nombreux records de températures ont été battus ce mois de janvier 2020 :
Record-warm temperatures were seen across parts of: Scandinavia, Asia, the Indian Ocean, the central and western Pacific Ocean, the Atlantic Ocean, and Central and South America. No land or ocean areas had record-cold January temperatures.
Des températures exceptionnellement chaudes ont été enregistrées dans certaines régions : Scandinavie, Asie, Océan Indien, Pacifique central et occidental, Océan Atlantique, Amérique centrale et du Sud. Aucune région terrestre ou océanique n'a connu de températures avec des records de froid en janvier.
Même l'Antarctique est en surchauffe, comme nous l'explique Météo France dans Douceur en Antarctique et bonne extension des glaces en Arctique :
Le record de la température maximale quotidienne sur l'Antarctique continentale a été battu le 6 février. On a relevé 18,4 °C à Esperanza, base argentine proche de Marambio située à l'extrémité de la péninsule Antarctique.
On aurait même relevé plus de 20°C sur l'ile de Seymour, mais cet enregistrement n'a apparemment pas (encore ?) été validé :
On a relevé 20,75 °C sur l'île de Seymour, située au large de la péninsule antarctique, également appelée île Marambio, nom de la base argentine qu'elle accueille. Mais cette valeur n'a pas été enregistrée dans les conditions de mesure conformes aux normes internationales de l'OMM, elle ne peut donc pas être reconnue.
Effectivement l'OMM (WMO en anglais, World Meteorological Organization) émet un bémol dans New record for Antarctic continent reported (Nouveau record pour le continent antarctique) :
WMO is seeking to obtain the actual temperature data for a monitoring station on Seymour Island, part of a chain of islands off the Antarctic peninsula. Media reports say that researchers logged a temperature of 20.75°C. Mr Cerveny cautioned that it is premature to say that Antarctica has exceeded 20°C for the first time. 
L'OMM cherche à obtenir les données de température réelles pour une station de surveillance située sur l'île Seymour, qui fait partie d'un archipel au large de la péninsule Antarctique. Selon les médias, les chercheurs ont enregistré une température de 20,75°C. M. [Randall] Cerveny a averti qu'il est prématuré de dire que l'Antarctique a dépassé 20°C pour la première fois.
Pour l'instant le record « officiel » appartient toujours à l'ile Signy qui enregistra 19,8°C en janvier 1982.

L'OMM nous indique également que
The Antarctic Peninsula (the northwest tip near to South America) is among the fastest warming regions of the planet, almost 3°C over the last 50 years.
La péninsule Antarctique (la pointe nord-ouest proche de l'Amérique du Sud) est l'une des régions de la planète qui se réchauffe le plus rapidement, avec près de 3°C au cours des 50 dernières années.
Par conséquent même si le record de 20,75°C n'était pas homologué d'une part la température serait très proche des 19,8°C de janvier 1982 et d'autre part il ne fait guère de doute que dans le (très proche) futur des températures de cet ordre seront de plus en plus fréquentes et que les 20°C seront de tout manière assez vite dépassés.

Et cela sans l'aide d'aucun El Niño...

Bon d'accord l'effet de foehn a joué dans le cas présent comme nous le dit Météo France :
Ces températures exceptionnelles sont liées à des remontées successives d'une masse d'air chaud jusqu'aux hautes latitudes dans un flux de nord-ouest. À cela se rajoute un effet de foehn en aval du relief local, permettant de gagner quelques degrés supplémentaires côté est, par compression de la masse d'air.
Mais l'effet de foehn a bon dos, il amplifie certes la température sur les côtés sous le vent des montagnes, mais il n'explique pas les records qui tombent.

La carte présentée par Météo France permet de se faire une idée de ce début de mois de février 2020 un peu particulier :


Anomalie de température à 850 hPa (environ 1 500 m) par rapport aux normales 1981-2010, sur le monde entre le 1er et le 13 février 2020. La péninsule Antarctique, qui s'étire en direction de l'Amérique du Sud, présente un excédent entre 4 et 5 °C. © Modèle du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme, développé en partenariat avec Météo-France.

Evidemment la projection de Mercator amplifie l'importance des basses latitudes, rendant les pôles équivalents à l'équateur en longueur alors qu'ils ne représentent qu'un point sur le globe, donc l'Antarctique est démesuré par rapport à sa taille réelle, mais au moins cette présentation a le mérite d'être claire ; on voit bien qu'une grande partie du continent glacé est plus chaude (ou moins froide si vous préférez) que la moyenne, avec des anomalies positives allant jusqu'à 6 à 7°C si je ne me trompe pas dans les couleurs (à vous de vérifier)

On remarque aussi que l'Europe et la Russie sont majoritairement dans le rouge, ce que nous savions déjà puisqu'il n'aura j'espère échappé à personne que les températures de cet hiver ont été très douces dans ces régions ; quelques climatosceptiques vivant en Alaska prétendent bien que le réchauffement climatique est un canular, mais ils sont minoritaires, alors on va les ignorer superbement.

Donc Janvier 2020 a battu tous les records et février 2020 est en passe de faire de même, tout cela sans aucun El Niño, comment se fait-ce ?

Le Soleil ?

Il est en berne, c'est Jacques Henry qui nous le dit, donc c'est une information fiable qu'on ne peut en aucun cas remettre en question (tout juste peut-on la remettre en réponse)

Alors c'est quoi si ce n'est ni le Niño ni le patron qui nous réchauffe la couenne depuis près de cinq milliards d'années (moi j'étais pas né mais on m'a raconté) ?

Non, ce ne peut...je n'y crois pas...possible ce n'est pas...

CO₂ atmosphérique à l'observatoire de Mauna Loa (source noaa)

Je ne vois pas d'autre explication


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