jeudi 31 mai 2018

Quand Blogger joue des tours à ses clients

Blogger est la plateforme logicielle, propriété de Google, qui sert notamment à éditer des blogs, dont celui que vous êtes en train de lire (pauvres de vous)

Les tekos (ou techies en anglais) de Blogger ont effectué dernièrement ce qu'ils appellent un nettoyage de printemps (It’s spring cleaning time for Blogger) en ajoutant des fonctionnalités et en en retirant d'autres (comme les sondages ou la possibilité de naviguer vers un autre blog au hasard...), fort bien, pas de souci avec ça, faut bien changer un peu de temps en temps et faire évoluer le bouzin.

Le problème, car il y en a un, c'est que maintenant on ne reçoit plus les notifications de commentaires sur la messagerie que l'on a paramétrée, exemples :
Arlene Grimm a dit : For the last two days, I have had no comments which is unusual. Would some of these changes be the issue? I am technically challenged and I have always loved the ease of use of your platform.
A mon avis cette personne n'a pas dû remarquer qu'elle a quand même des commentaires, mais qu'elle n'est simplement plus notifiée par mail, ce qui lui fait supposer qu'elle n'en reçoit plus...
corinne colomar a dit : C'est la grosse merde, je ne peux plus voir mes commentaires sur mon blog et je n'y comprends rien !!!!
Idem pour cette personne au style direct.
minozamarie a dit : Je ne reçois plus les commentaires à modérer sur ma boîte mail..."imagesetmotsminozamarie@gmail.com" ...pourtant elle est toujours notée dans les paramètres de mon blog.
Voilà, là c'est clair, c'est exactement mon cas à moi !
Saila Routio a dit : I'm not getting comment notifications to my email despite that setting being turned on. Could you please fix this asap. Must have something to do with your spring cleaning, I've tried searching for help & checking settings but to no avail.
Idem.
Frazzled in 'Frisco a dit : Hi Kelly! I didn't see it in full blog post, but might the following be part of the changes Blogger is making? My blog stopped emailing my posts to email addresses I had listed in the "email posts to" section, per this product question I posted in the Help Forum. There are a number of us impacted by this issue. Might you or someone on your team be able help us? -Your former manager ;)
Là c'est plus comique, l'ancien manager de la nana qui gère le forum vient se plaindre gentiment du gros bordel qui pourrit la vie des blogueurs depuis quelques jours.

A part cela beaucoup se demandent aussi ce que veulent dire les jargonneurs quand ils parlent par exemple d'OpenID, entre autres choses limpides comme l'eau d'un torrent pyrénéen (Changes to features: G+ widget integrations, OpenID, and Localization & Blogspot ccTLDS.) :
Gordon Barlow a dit : I don't mean to be sarcastic, or smarty-pants, but do you have this in English? I see that the following things are going to be changed: "Changes to features: G+ widget integrations, OpenID, and Localization & Blogspot ccTLDS". Now I am not a techie, and not one of those three (or is it four?) things makes sense to me. What in God's name is a "widget integration"? The stats page of my blogsite is warning me that my "Open ID" is finished, but what is that, and how will any change affect me? As for "ccTLDS", I haven't a clue. The thing is, that there must be plenty of simple bloggers who don't speak "Techie". We speak - and read - "standard English". I realise - most of us out here realise - that many techies don't speak or write standard English! Is there any way this gap can be bridged? Please...?
C'est un bon résumé, en anglais, de toutes les complaintes diverses que l'on peut lire plus bas :
Ms.Slater a dit : I don't know what to do about this. Had a notice that open ID was being scratched on comments. I use pop up window and allow the public to read or post so perhaps Open ID elimination will eliminate some of my readers. Who knows.
Oui, qui sait ? Si quelques lecteurs se sentent exclus et qu'ils ne peuvent plus lire ces lignes, qu'ils me la fassent savoir ! (ça me fait penser au gars qui dit à un aveugle « vous voyez bien ! »)
Paul Mealing a dit : Like a lot of others I don't know what you mean when you say Blogger no longer supports OpenID. Does that mean people can't comment on blog posts under another name or under 'anonymous'? Does it mean they need a Google account to post a comment on my blog?
Oui, bonne question isn't it?
sylvian coudène a dit : Effectivement, on reçoit un message concernant notre Open ID, sans doute important, mais quand on ne maîtrise pas la langue on s'expose à des difficultés.
Et même quand on la maîtrise un peu (j'ai la fatuité de le penser en ce qui me concerne) la langue ne sert pas à grand chose, à part coller des timbres-poste sur les nombreuses lettres de réclamation virtuelles qu'il va falloir envoyer à Google.
sophieil a dit : What about openID? Can everyon see my email and password??
Ce serait effectivement un souci si tout le monde pouvait via cette « ouverture d'identité » lire jusque dans les pensées des gens !
Linda Newton-Perry a dit : OpenID: does this mean no one can comment on a blog spot blog?
Je ne connaissais pas le « blog spot », peut-être un endroit branché où je n'ai pas mes entrées ?
wild1952 a dit : https://blogger.googleblog.com/2018/05/its-spring-cleaning-time-for-blogger.html OpenID: Blogger previously allowed users to comment on blogs using an existing third party OpenID identity provider and has also acted as an OpenID identity provider when interacting with other systems on the internet. Due to the low usage of this feature, Blogger will no longer support OpenID as a provider or for making comments, and all comments that previously used OpenID will be anonymized. New comments can be posted either from a Google account or labeled as “Anonymous” on blogs that allow it.
Ici, comme par miracle, tout s'éclaire, mais quand on s'appelle Sauvage et qu'on est né en 1952 on a suffisamment d'expérience pour dompter la bête qui sommeille en Blogger.
Ada D a dit : Bonjour, Peut-on trouver la traduction de cette page en français ? ou quelqu'un pourrait-il me dire que faire pour cela : "Blogger n'est plus compatible avec OpenID. Les commentaires OpenID existants et vos paramètres OpenID risquent d'avoir été modifiés." Je vous remercie
Je termine avec cette fort civile personne qui dit bonjour et remercie tout le monde alors qu'elle n'aura probablement pas la réponse à ses légitimes questions avant longtemps (en tout cas je ne me vois pas lui fournir la moindre explication à ce sujet)

Bon, voici ce que dit Blogger sur OpenID :
OpenID: Blogger previously allowed users to comment on blogs using an existing third party OpenID identity provider and has also acted as an OpenID identity provider when interacting with other systems on the internet. Due to the low usage of this feature, Blogger will no longer support OpenID as a provider or for making comments, and all comments that previously used OpenID will be anonymized. New comments can be posted either from a Google account or labeled as “Anonymous” on blogs that allow it.
Mouais, mais cela ne nous dit pas pourquoi les commentaires n'apparaissent plus sur la messagerie, me trompé-je ?

Et pour le moment, silence radio de la part de Blogger...
Karen Hasheckil y a 3 jours How can we get the comments from our blogs sent to us via email again?
Liz Ackert P.S. I'm noticing there are no replies to this from the Blogger team
Et certain ont déjà trouvé des solutions de fortune, à défaut de mieux :
Liz Ackert To all who miss having email notifications of new comments, here's my work-around: I copied the link to the Comments section of my Blogger dashboard and added it to my browser toolbar (where I keep links to internet sites that I visit daily). I just click the Comments link periodically to respond to incoming comments (and tag spam of course). Not ideal, but it works for now.
Sarah Craig OK, folks, I think I've found a work-around that's really easy! After you write a post and publish it, click like you want to write a comment - you could even leave a simple "TEST" comment, then CLICK the NOTIFY ME of followup comments box. You should then start getting all the comments sent to your email box. And apparently, from something I read in the help forum, this is a temporary problem Blogger is trying to fix (but I'm not holding my breath...) Does anyone else wish they'd public a phone number so you could reach someone who works there?
Affaire à suivre.

Utilisateur de Blogger devant se débrouiller après le nettoyage de printemps (bien entendu l'échelle est trop courte, autrement ce serait trop facile)
Cheminement du novice en informatique face aux multiples innovations sorties des cerveaux surchauffés de Silicon Valley.

mercredi 30 mai 2018

Du nouveau sur les cyclones

Le 1er juin prochain marque le début officiel de la saison des ouragans dans l’Atlantique, ce qui n'a pas empêché Alberto de prendre un peu d'avance sur le calendrier, il s'est déjà à l'heure actuelle largement enfoncé, et affaibli, dans les terres :

Source cnn
La NOAA prédit une saison 2018 « près ou légèrement au-dessus » de la normale (avec une probabilité de 75%) ; elle va plus loin en prédisant le nombre et l'intensité des ouragans :
NOAA’s forecasters predict a 70-percent likelihood of 10 to 16 named storms (winds of 39 mph or higher), of which 5 to 9 could become hurricanes (winds of 74 mph or higher), including 1 to 4 major hurricanes (category 3, 4 or 5; with winds of 111 mph or higher). An average hurricane season produces 12 named storms, of which 6 become hurricanes, including 3 major hurricanes.
Donc il pourrait y avoir « un peu plus » de tempêtes nommées, d'ouragans et d'ouragans majeurs.

Nous verrons bien.

Hurricane season probability and numbers of named storms. (NOAA)

A noter qu'un faible épisode El Niño est prévu pour la fin de l'année et qu'actuellement nous sommes en situation neutre, ce qui semble expliquer une certaine incertitude dans les prévisions, car les forts ouragans se produisent essentiellement en période La Niña, El Niño étant un atténuateur, du moins dans l'Atlantique Nord.

La question qui fâche (les climatosceptiques, surtout) est de savoir si les ouragans vont devenir plus puissants et/ou plus nombreux avec le réchauffement climatique.

Le dernier article de Real Climate, intitulé Does global warming make tropical cyclones stronger? (Est-ce que le réchauffement climatique global produit des cyclones tropicaux plus puissants ?) nous apporte quelques éléments de réponses.

Cet article est co-signé par Stefan Rahmstorf, Mike Mann, Kerry Emanuel et Jim Kossin, les deux derniers étant spécialisés dans les phénomènes atmosphériques que sont les ouragans, Rahmstorf étant lui un océanographe, donc concerné par les cyclones qui prennent naissance au-dessus des océans, quant à Mann il a une position plus généraliste, étant surtout connu pour ses reconstructions des températures du passé (validées par d'autres, au passage...) mais aussi pour ses travaux de modélisation du couple océan-atmosphère, donc tout à fait légitime pour participer à des travaux sur le sujet.

Nous apprenons dès le début de l'article que Michael Mann, en compagnie de deux autres chercheurs (Michael Kozar et Sonya Miller), ont fourni leurs propres prédictions sur le site essc.psu.edu :
The prediction is for 10.2 +/- 3.2 total named tropical cyclones, which corresponds to a range between 7 and 13 storms with a best estimate of 10 named storms.
Cependant :
If no El Niño develops, then the prediction will be very slightly higher: 11.1 +/- 3.3 storms (range of 8-14 storms with a best guess of 11).
Donc une estimation de 10 tempêtes nommés (ou 11 en l'absence d'El Niño) contre 12 pour la NOAA ; par ailleurs le site fournit un historique intéressant sur les prédictions depuis 2007 :

Prédictions passées, meilleures estimations, fourchette et décompte final.
On voit que pour 2017, par exemple, la meilleure estimation était de seulement 15 alors qu'il y a eu au final 17 tempêtes nommées ; dans l'ensemble, à deux exceptions près (2012 et 2015), le décompte final se situe dans la fourchette prévue. On remarquera également qu'en 2009 la fourchette de prévision était de 8-15 sans El Niño et 6-13 avec, ce qui confirme qu'en présence d'El Niño les « chances » que des cyclones se forment dans l'Atlantique Nord se réduisent de manière significative (pour le Pacifique je ne sais pas, pour le moment...)

Ce décompte de 2007 à nos jours est basé sur les travaux de Mann, Sabbatelli et Neu (Evidence for a modest undercount bias in early historical Atlantic tropical cyclone counts) qui étudiaient la fiabilité des données à long terme concernant les cyclones tropicaux (TC) de l’Atlantique Nord ; leur conclusion était :
Our analyses indicate that an undercount in early TC counts approaching three storms per year is inconsistent with the observed statistical relationships between annual TC counts and the underlying climate factors that condition them. We conclude that the long-term record of historical Atlantic tropical cyclone counts is likely largely reliable, with an average undercount bias at most of approximately one tropical storm per year back to 1870. This conclusion supports other work [e.g., Webster et al., 2005; Emanuel, 2005a; Mann and Emanuel, 2006] suggesting that increases in frequency, as well as powerfulness, of Atlantic TCs are potentially related to long-term trends in tropical Atlantic SST, trends that have in turn been connected to anthropogenic influences on climate
En clair (d'après ce que j'ai compris de l'étude) :
  • la sous-estimation pré-1944 d'environ 3 cyclones tropicaux n'est pas cohérente avec les données sous-jacentes tirées de la climatologie, par conséquent cette sous-estimation est probablement plus faible, de l'ordre de l'unité, et donc négligeable ;
  • les enregistrements passés (depuis 1870) sont considérés comme suffisamment fiables, malgré ce biais initial (de 1870 à 1943) de sous-évaluation dû à des systèmes de détection basés sur des observations depuis les côtes ou les bateaux, donc moins efficaces que les outils dont nous nous sommes ensuite dotés, notamment avec les avions de reconnaissance et les satellites ;
  • l'étude confirme d'autres études « suggérant » que les augmentations en fréquence et en puissance des cyclones tropicaux de l'Atlantique Nord sont « potentiellement » liées aux tendances à long terme de l'évolution des températures de surface qui sont connectées à l'influence humaine sur le climat.
On peut notamment voir cet ensemble de courbes illustrant les corrélations entre décompte des cyclones tropicaux, températures et oscillations Pacifique (Niño) et Atlantique (NAO) :
Figure 1. Time series (1870 –2006) of (a) annual Atlantic TC counts, (b) MDR ASO SST time series, (c) Nin˜o3.4 DJF SST index, and (d) NAO DJFM SLP index. Red (blue) indicates positive (negative) anomalies in TC counts and hurricanefavorable (unfavorable) conditions in the three indices (MDR SST, Nin˜o3.4, and NAO). Note that year convention applies to the ‘D’ in DJF and DJFM for both Figures 1c and 1d.

On remarque que bien que le décompte des cyclones soit légèrement sous-estimé de 1870 à 1943, les températures, elles, semblent cependant correspondre assez bien...

Mais revenons à l'article de Real Climate.

La « fâcheuse question » trouve un début de réponse :
In the long term, whether we will see fewer or more tropical cyclones in the Atlantic or in other basins as a consequence of anthropogenic climate change is still much-debated. There is a mounting consensus, however, that we will see more intense hurricanes. 
Donc, pour ce qui est du nombre de cyclones, que ce soit dans l'Atlantique ou ailleurs, le lien avec le réchauffement climatique anthropogénique n'est pas définitivement établi : c'est encore très débattu !

A mon avis le mot « anthropogénique » semble de trop, car ce qui compte c'est le réchauffement tout court, qu'il soit d'origine humaine ou pas cela ne fait pas de différence si on se place du point de vue du cyclone...

Par contre on nous confirme qu'il y a bien un « consensus » parmi les chercheurs pour dire que les ouragans seront plus intenses.

Il y a plus de 30 ans Kerry Emanuel a développé ce qu'il a appelé l'« intensité potentielle » (a quantity called potential intensity) fixant une limite supérieure à la vitesse des vents cycloniques ; en principe, quand la température augmente cette vitesse limite augmente elle-aussi, générant ainsi des tempêtes plus fortes que par le passé.

Mais certains facteurs peuvent venir contrecarrer cette augmentation de puissance, par exemple une augmentation du cisaillement des vents (wind shear) venant affaiblir l'ouragan, voire empêcher sa formation, ou une modification de l'humidité de l'atmosphère, ou l'augmentation des aérosols (d'origine naturelle ou humaine)

En définitive, il semblerait que, à cause du réchauffement climatique, on ne s'attend pas forcément à davantage de tempêtes tropicales, mais plutôt à une augmentation du nombre des tempêtes particulièrement puissantes en catégories 4 et 5 ; cela a d'ailleurs été noté dans les deux derniers rapports du GIEC (2007 et 2013) ainsi que dans un article publié dans Science (Sobel et al. 2016) :
We thus expect tropical cyclone intensities to increase with warming, both on average and at the high end of the scale, so that the strongest future storms will exceed the strength of any in the past.
Donc nous pourrions avoir à peu près le même nombre de tempêtes dans le futur qu'actuellement, mais avec quelques tempêtes bien plus dévastatrices que ce que nous avons connu jusqu'à présent, les Antillais sont prévenus et feraient mieux de se préparer sérieusement à faire face à d'autres Irma ou Maria !

Par ailleurs l'article nous rappelle que la pollution atmosphérique par les aérosols a pu affaiblir les tempêtes tropicales et masquer les effets du réchauffement climatique pendant plusieurs décennies, ce qui rend les tendances plus difficiles à détecter ; à ce sujet je suis tombé sur cette vidéo très instructive dans laquelle Edouard Bard explique les effets des particules atmosphériques, avec par exemple cette image très révélatrice :

Evolution du carbone-suie dans l'atmosphère depuis 200 ans.

La parties A représente l'évolution de deux traceurs (pris dans des carottes glaciaires du Groenland ouest), le carbone-suie d'un côté, et de l'autre l'acide vanillique qui provient de la combustion des conifères ; il y a parfaite adéquation des deux courbes tant que l'homme n'est pas trop intervenu, mais on voit bien que dès la fin du 19ème siècles il y a un découplage montrant l'influence des activités industrielles humaines produisant un surplus de carbone-suie, ce découplage demeurant pendant toute la première moitié du 20ème siècle avant d'être grandement atténué par la suite avec l'utilisation de combustibles fossiles moins générateur de carbone-suie.

Dans la partie B nous voyons l'effet que peuvent avoir les émissions de soufre dues à l'activité humaine ; les deux pics sur la gauche sont naturels et causés par des éruptions volcaniques (Tambora ou Krakatoa entre autres) et n'ont pas eu de conséquences sur le carbone-suie, par contre on voit la nette corrélation qui existe à partir de la fin du 19ème siècle entre les deux courbes (avec un autre pic correspondant à une éruption volcanique) et le déphasage de la deuxième moitié du 20ème siècle quand des changements technologiques sont intervenus et ont eu pour conséquence de limiter les émissions de suies alors que celles de soufre ont continué de grimper, jusqu'à ce que des réglementations viennent limiter les émissions de soufre, faisant à nouveau concorder les deux courbes peu avant l'an 2000.

Autant le carbone-suie a un effet réchauffant, autant le soufre a lui un effet inverse, au point que certains pensent que la pollution de l’atmosphère par le soufre expliquerait le ralentissement de la hausse des températures à partir de 1998, avec à l'appui de leur thèse ce graphique :

Consommation de charbon en Chine de 1965 à 2010 (source BP). © Bruno Scala / Futura-Sciences 

Evidemment on n'a pas attendu les Chinois pour balancer du soufre en grandes quantités dans l’atmosphère, mais ce qui peut nous faire réfléchir c'est de penser que soit on pollue avec du soufre et on limite la hausse des températures, soit on lutte contre la pollution de particules soufrées et dans ce cas on n'a aucun « bouclier » contre le réchauffement anthropique...

Quoi qu'il en soit, nous voyons qu'il est compliqué d'expliquer les tendances à long terme concernant les cyclones tropicaux alors qu'il y a eu tant de changements, pour ne pas dire de bouleversements dans notre façon d'« exploiter » nos ressources avec des impacts divers et parfois contradictoires, amplificateurs ou modérateurs selon les cas.

Real Climate continue en nous informant que les observations supportent les prévisions des modèles selon lesquelles les plus grosses tempêtes deviennent de plus en plus fortes.

En se focalisant sur la période post-1979, c'est-à-dire à partir des observations satellitaires qui ne ratent aucun phénomène météorologique, et qui de plus représente les 3/4 du réchauffement constaté sur la planète, les données montrent une augmentation des tempêtes tropicales les plus fortes dans la plupart des bassins (Kossin et al. 2013) ; on apprend que la plus forte augmentation se trouve dans l'Atlantique Nord où la tendance a été probablement stimulée par la diminution des aérosols sulfatés.

La conséquence de tout cela c'est que les tempêtes avec les vents les plus forts ont été observées durant les années récentes :

The strongest storms for the major storm regions Western and Eastern North Pacific, North Indian, South Indian and South Pacific, Caribbean/Gulf of Mexico and open North Atlantic. Of these seven regions, five had the strongest storm on record in the past five years, which would be extremely unlikely just by chance. Irma was added by personal communication from Chris Velden, and a tie of two storms with equally strong winds in the South Indian was resolved by selecting the storm with the lower central pressure (Fantala). (Graph by Stefan Rahmstorf, Creative Commons License CC BY-SA 3.0.)

Par ailleurs Real Climate nous rappelle également d'autres tempêtes « remarquables » :
  • Sandy (2012) le plus grand ouragan jamais observé dans l'Atlantique ;
  • Harvey (2017) qui a déversé davantage de pluies que n'importe quel autre cyclone aux USA ;
  • Ophelia (2017) qui est le cyclone de catégorie 3 à s'être formé le plus à l'est de l'Atlantique ;
  • Septembre 2017 ayant battu tous les records d'énergie cumulée dans l'Atlantique ;
Kerry Emanuel s'est livré à une analyse des tendances linéaires dans les données de cyclones tropicaux de 1980 à 2016, de laquelle il a tiré ce graphique :

Percentage increase 1980 to 2016 (as a linear trend) in the number of tropical storms worldwide depending on their strength. Only 95% significant trends are shown. The strongest storms are also increasing the most. Red colors show the hurricane category on the Saffir-Simpson scale. Graph by Kerry Emanuel, MIT.

 Par exemple, les tempêtes avec des vents de +200km/h ont plus que doublé ; et celles avec des vents de +250km/h ont triplé.

Mais ce n'est pas tout.

La localisation des tempêtes atteignant leur maximum d'intensité se déplace lentement en direction des pôles (Kossin et al. 2014) et la surface où se produisent les tempêtes s'étend (Benestad 2009, Lucas et al. 2014)

Pour finir, les dommages les plus importants ne sont en fait pas causés par les vents violents mais plutôt par l'eau : celle qui tombe du ciel, la pluie, mais aussi celle qui vient de la mer via les « ondes de tempêtes » (storm surges) qui sont rendues plus dangereuses encore avec la montée du niveau des océans qui s'accélère (actuellement plus de 3 mm par an, soit 30 cm par siècle, mais les mers ont monté de « seulement » 20 cm durant le 20ème siècle...)

Une étude récente (Garner et al. 2017) a montré que la probabilité d'une certaine onde de tempête à New York passera de 25 ans aujourd'hui à 5 ans dans les trois prochaines décennies ; ce qui au passage entraîne de sérieuses réflexions chez les New-Yorkais...

Mais pendant que les New-Yorkais ou les Hollandais réfléchissent à la question et se préparent activement, d'autres préfèrent ignorer le problème :

Source theierecosmique

Ne doutons pas un instant que pour ces grands esprits l'année 2018 sera une année normale, aussi ne les dérangeons surtout pas dans leur long sommeil (mais quelle idée de pratiquer l'hibernation dans une telle position acrobatique...)



mardi 29 mai 2018

Climactualités - mai 2018

Mars 2018 : Drivers of 2016 record Arctic warmth assessed using climate simulations subjected to Factual and Counterfactual forcing
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2212094717301019


Abstract
A suite of historical atmospheric model simulations is described that uses a hierarchy of global boundary forcings designed to inform research on the detection and attribution of weather and climate-related extremes. In addition to experiments forced by actual variations in sea surface temperature, sea ice concentration, and atmospheric chemical composition (so-called Factual experiments); additional (Counterfactual) experiments are conducted in which the boundary forcings are adjusted by removing estimates of long-term climate change. A third suite of experiments are identical to the Factual runs except that sea ice concentrations are set to climatological conditions (Clim-Polar experiments). These were used to investigate the cause for extremely warm Arctic surface temperature during 2016.
Much of the magnitude of surface temperature anomalies averaged poleward of 65°N in 2016 (3.2 ± 0.6 °C above a 1980–89 reference) is shown to have been forced by observed global boundary conditions. The Factual experiments reveal that at least three quarters of the magnitude of 2016 annual mean Arctic warmth was forced, with considerable sensitivity to assumptions of sea ice thickness change. Results also indicate that 30–40% of the overall forced Arctic warming signal in 2016 originated from drivers outside of the Arctic. Despite such remote effects, the experiments reveal that the extreme magnitude of the 2016 Arctic warmth could not have occurred without consideration of the Arctic sea ice loss. We find a near-zero probability for Arctic surface temperature to be as warm as occurred in 2016 under late-19th century boundary conditions, and also under 2016 boundary conditions that do not include the depleted Arctic sea ice. Results from the atmospheric model experiments are reconciled with coupled climate model simulations which lead to a conclusion that about 60% of the 2016 Arctic warmth was likely attributable to human-induced climate change.

Fig. 1. (Top) Time series of observed globally averaged annual SST (black curve; °C) and its 1880–2011 linear trend (red curve). (Bottom) Time series of annual Arctic sea ice extent (solid curve; 106 km2) and its 1979–1989 climatology (dashed curve).


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Le 3 mai 2018 : Increasing Magnitude of Hurricane Rapid Intensification in the Central and Eastern Tropical Atlantic

Abstract 
Rapid intensification (RI) of hurricanes is notoriously difficult to predict and can contribute to severe destruction and loss of life. While past studies examined the frequency of RI occurrence, changes in RI magnitude were not considered. Here we explore changes in RI magnitude over the 30‐year satellite period of 1986–2015. In the central and eastern tropical Atlantic, which includes much of the main development region, the 95th percentile of 24‐hr intensity changes increased at 3.8 knots per decade. In the western tropical Atlantic, encompassing the Caribbean Sea and the Gulf of Mexico, trends are insignificant. Our analysis reveals that warming of the upper ocean coinciding with the positive phase of Atlantic Multidecadal Oscillation, and associated changes in the large‐scale environment, has predominantly favored RI magnitude increases in the central and eastern tropical Atlantic. These results have substantial implications for the eastern Caribbean Islands, some of which were devastated during the 2017 hurricane season.

Hurricane track locations where rapid intensification (RI) occurred during (a) 1986–2000 and (b) 2001–2015. RI is defined as an intensity change of 25 knots or higher in 24 hr. Locations with RI magnitude between 25 and 35 knots are shown in green, between 35 and 50 knots are shown in yellow, and greater than 50 knots are shown in red. In panel (b), black stars indicate locations of RI during the 2016 hurricane season. Locations denoted by magenta diamonds are where hurricanes Harvey, Irma, Jose, and Maria underwent RI during the recent 2017 hurricane season.

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Le 18 mai 2018 :The projected effect on insects, vertebrates, and plants of limiting global warming to 1.5°C rather than 2°C
http://science.sciencemag.org/content/360/6390/791

Abstract
In the Paris Agreement on Climate Change, the United Nations is pursuing efforts to limit global warming to 1.5°C, whereas earlier aspirations focused on a 2°C limit. With current pledges, corresponding to ~3.2°C warming, climatically determined geographic range losses of >50% are projected in ~49% of insects, 44% of plants, and 26% of vertebrates. At 2°C, this falls to 18% of insects, 16% of plants, and 8% of vertebrates and at 1.5°C, to 6% of insects, 8% of plants, and 4% of vertebrates. When warming is limited to 1.5°C as compared with 2°C, numbers of species projected to lose >50% of their range are reduced by ~66% in insects and by ~50% in plants and vertebrates.

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Le 9 mai 2018 : Hurricane Harvey Links to Ocean Heat Content and Climate Change Adaptation
https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1029/2018EF000825

Abstract
While hurricanes occur naturally, human‐caused climate change is supercharging them and exacerbating the risk of major damage. Here using ocean and atmosphere observations, we demonstrate links between increased upper ocean heat content due to global warming with the extreme rainfalls from recent hurricanes. Hurricane Harvey provides an excellent case study as it was isolated in space and time. We show that prior to the beginning of northern summer of 2017, ocean heat content was the highest on record both globally and in the Gulf of Mexico, but the latter sharply decreased with hurricane Harvey via ocean evaporative cooling. The lost ocean heat was realized in the atmosphere as moisture, and then as latent heat in record‐breaking heavy rainfalls. Accordingly, record high ocean heat values not only increased the fuel available to sustain and intensify Harvey but also increased its flooding rains on land. Harvey could not have produced so much rain without human‐induced climate change. Results have implications for the role of hurricanes in climate. Proactive planning for the consequences of human‐caused climate change is not happening in many vulnerable areas, making the disasters much worse.

Ocean heat content anomalies for the monthly (black) and annual (red) for (a) the top 2,000 m for the global ocean and (b) for the top 160 m in the Gulf of Mexico (dashed box in Figure 2), in 108 J m−2. (c) The sea surface temperature anomalies in the Gulf of Mexico. For all time series, the last month is October 2017 and the last red dot is for January to October 2017. The baseline is 1961–1990.


Ocean heat content (OHC) and rainfall in the Gulf of Mexico with Harvey. OHC for upper 160 m as departures from the mean for 1961–1990 for (top) 1–20 August, (middle) 1–20 September, and (bottom) 1–20 September to 1–20 August 2017 in 108 J m−2. The tropical cyclone track for Harvey is included. The box indicates the region where the statistics related to the Gulf of Mexico in this study were computed.


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ENSO
Le 29/05/2018 : climate.gov/enso

April average sea surface temperatures in the key monitoring regions of the tropical Pacific were cooler than average, but no longer cool enough to meet the threshold for La Niña. The La Niña-driven wind and rainfall anomalies have also subsided. Models are pointing to El Niño developing in fall/winter, but forecast uncertainty is high in the spring. The next update will be June 14.


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GISS L-OTI anomalies de températures vs 1951-1980
29/05/2018 : data.giss.nasa.gov

Note: Gray areas signify missing data.
Note: Ocean data are not used over land nor within 100km of a reporting land station.

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Coral Reef Watch
29/05/2018 : coralreefwatch.noaa.gov

NOAA Coral Reef Watch's most recent Four-Month Coral Bleaching Heat Stress Outlook is below. This figure shows the distribution of the lowest heat stress levels predicted by at least 60% of the model ensemble members. In other words, there is a 60% chance that the displayed heat stress levels will occur.

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Climate Prediction Center
29/052018 : cpc.ncep.noaa.gov

Global Tropics Benefits / Hazards 

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Polar Science Center
29/05/2018 : psc.apl.uw.edu

Average Arctic sea ice volume in April 2018 was 22,250 km3. This value is the second lowest on record tied with 2016 and about 1500 km3 above the previous April record that was set in 2017 with 22,600 km3 . Ice volume was 32% below the maximum in 1979 and 19% below the mean value for 1979-2017. April 2018 ice volume sits right on the long term trend line.

Fig.1  Arctic sea ice volume anomaly from PIOMAS updated once a month. Daily Sea Ice volume anomalies for each day are computed relative to the 1979 to 2017 average for that day of the year. Tickmarks on time axis refer to 1st day of year. The trend for the period 1979- present  is shown in blue. Shaded areas show one and two standard deviations from the trend. Error bars indicate the uncertainty of the  monthly anomaly plotted once per year.

Fig. 2 Total Arctic sea ice volume from PIOMAS showing the volume of the mean annual cycle, and from 2010-2018. Shaded areas indicate one and two standard deviations from the mean.


Fig.3 Monthly Sea Ice Volume from PIOMAS for April and Sep


Fig 8 Comparison of Daily Sea Ice Volume anomalies relative to 1979-2016.

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Arctic Data archive system (ADS)

29/05/2018 : ads.nipr.ac.jp

Arctic sea ice extent.
Antarctic sea ice extent.

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C'est si vrai, en riant avec What on earth? comics !


Il parait que 2018  s'annonce prometteuse en matière de cyclones, qui vivra verra (et tant pis pour les morts)

Donald Trump, niveau 6 sur l'échelle de Saffir-Simpson.

Une solution comme une autre.

En France remplacer Pruitt par, au choix : Rittaud, Bardinet, Gervais, Allègre, Courtillot, etc.


dimanche 27 mai 2018

Bruno Painvin, quatre ans après

Dans la série « x années après, contemplons la bouffonnerie de M. ou Mme Y » je vous présente aujourd'hui monsieur Bruno Painvin, qui se définit lui-même sur son blog comme « Nouvelliste et spectateur engagé », ce qui ne veut pas dire grand chose mais essaie d'en mettre plein la vue au lecteur occasionnel ; le plus beau quand même c'est sa biographie que je vous livre in-extenso :
Anciennement dirigeant d'entreprises, ex consultant, écrivain et philosophe à mes heures, toujours à la recherche d'une gauche qui reste à inventer dans le sillage de PMF et de Chevènement, anarchiste le temps qu’elle arrive, méfiant à l'égard de tous les pouvoirs, ennemi déclaré du néo-libéralisme ambiant, je pourfends la connerie sous toutes ses formes. La mienne aussi, la mienne d'abord !
Quand on prétend « pourfendre la connerie » il faut bien faire attention à ce que cela ne se retourne pas contre vous, style arroseur arrosé. Et ce n'est pas une excuse d'ajouter dans la foulée « la mienne aussi, la mienne d'abord ! », vaine tentative de couper l'herbe sous le pied de tout contradicteur.

Et quand on se dit « ennemi déclaré du néo-libéralisme » on évite surtout de se tirer une rafale dans les pieds, notamment avec ce magnifique exemple intitulé Ni climato-sceptique ni GIEC, la ni-ni prudence s'impose.

Je dois dire immédiatement que je renonce à faire la liste des âneries que comporte ce billet écrit avec des moufles, où les fautes d’orthographe voisinent avec les incohérences et les affirmations gratuites évidemment non vérifiées par notre « philosophe à ses heures ».

Je vous laisse donc, si vous avez quelques minutes à perdre, lire la prose insipide de notre philosophe en papier mâché, je ne relèverai que ce commentaire qui résume un peu l'insignifiance de son propos :
J'ai du mal m'exprimer : tout n'est pas à jeter dans les travaux du GIEC ; en revanche ce qui me semble contestable c'est de placer l'homme au centre du dérèglement climatique, c'est cette espèce de certitude qui me gêne et cela me gêne tout simplement parce que sur 40 000 grands scientifiques que compte la planète il n'y a que cette "communauté" pour oser affirmer cela.
De toute façon attendons encore 4 ans, en 2018 cette thèse risque de s'écrouler...elle est déjà remise en cause à 80 % ; lisez dans ces colonnes l'article d'un grand chimiste au Collège de France et ce qu'il dit du C0et de son présumé rôle dans le réchauffement...suffit de lire
Oui, effectivement, il a dû mal s'exprimer, on lui concédera volontiers cet éclair de lucidité bien isolé dans un océan de stupidité.

On ne sait pas où il a trouvé ces « 40 000 grands scientifiques que compte la planète » et surtout ce que cela vient faire dans la question du réchauffement climatique, en tout cas nous sommes aujourd’hui en 2018 et il n'était nul besoin d'attendre cette année pour s'apercevoir que « cette thèse » n'avait aucune chance de s'écrouler mais qu'au contraire elle ne ferait que se renforcer.

Et admirez les 80% de remise en cause (en 2014) que notre ami sort de son chapeau de prestidigitateur ! A ma connaissance le consensus a toujours été, depuis qu'il est calculé, compris entre 91% et 100% (voir mon billet), ce qui nous donne de zéro à 9%  de remise en cause au grand maximum.

Enfin je terminerai avec cette perle : « lisez dans ces colonnes l'article d'un grand chimiste au Collège de France et ce qu'il dit du C02 et de son présumé rôle dans le réchauffement ».

Nous sommes d'accord, si ce chimiste au Collège de France (et de Navarre ?) remet en cause le rôle du CO2 dans le réchauffement, alors oui il doit bien mesurer au moins dans les 1 mètre 90, ce qui en fait de toute évidence un grand chimiste pour notre bouffon du jour.


dimanche 20 mai 2018

Il va faire froid, il fait déjà froid, Jacques Duran nous l'avait bien dit !

Nous n'avons plus de nouvelle de Jacques Duran, depuis bientôt deux ans, son site n'indique plus aucune mise à jour depuis le 29 juillet 2016 :

Calme plat depuis bientôt 2 ans sur le site de Jacques Duran.

Certains pensent qu'il a des problèmes de santé, si c'est vrai on espère qu'il les surmontera vite afin de pouvoir nous gratifier à nouveau des excellents articles dont lui seul a (avait ?) le secret.

Jacques Duran, qui a maintenant 76 ans, fait partie de ces « retraités » remettant en cause la littérature scientifique alors qu'ils ne sont en rien spécialistes du sujet dont ils causent, tels que Claude Allègre ou Fred Singer que j'ai évoqué pas plus tard qu'hier.

Je souhaite à tous ces vieux barbons de vivre encore très longtemps, si possible centenaires et en possession de toutes leurs facultés mentales, aussi altérées fussent-elles à l'instant présent (elles ne risquent pas de s'arranger avec le passage du temps...), afin de profiter pleinement de la dure réalité qu'ils se seront escrimés à nier durant tant d'années ; dussent-ils souffrir de nombreuses canicules à répétitions alternant avec des brusques coups de froid venant d'un air polaire amené ici à cause de l'affaiblissement du jet-stream, je pense que cela ne serait que justice à leur rendre pour leurs bons et loyaux services au profit des industries fossiles en particulier et de la société de consommation en général (et vive le libéralisme économique !)

Pour constater que quelqu'un comme Jacques Duran s'est laissé emporter à dire un peu n'importe quoi, c'est simple, pas besoin d'être un bac+25, il suffit de consulter son site, par exemple ici quand, en 2009, il balançait à ses lecteurs éblouis par tant de science le graphique suivant :

Prédiction d'un coup de froid imminent, tiré de Akasofu.

La petite flèche verte est censée indiquer l'année 2008, ou le début de 2009, on ne sait pas trop, mais on s'en fiche un peu...

Et Duran de conclure son article par
[...] Akasofu explique que "L'échec du GIEC vient du fait que de (sic) dernier a beaucoup exagéré l'effet du CO2 tout en minimisant les causes naturelles du changement des températures"
On ne saurait mieux dire !

Sans blague !

Mais il est vrai que Duran a toujours prêché que l'augmentation de température constatée (pas si terrible d'ailleurs d'après lui) ne serait due principalement qu'à l'action du soleil.

Il écrivait un peu plus haut dans le même article :
Comme chacun le sait, le soleil est la source principale qui réchauffe notre planète. L'autre étant la géothermie. Le soleil, autour duquel orbite notre planète et nos consœurs n'émet pas un flux d'énergie constant dans l'espace et dans le temps. Il n'émet pas seulement des rayons lumineux UV, visibles et IR, mais aussi des champs magnétiques intenses et des vents de particules qu'on appelle "solaire". Compte tenu des lois de la mécanique céleste, et des influences externes que subit notre galaxie, elles-mêmes soumises aux mêmes lois, il est assez logique d'imaginer que la température peut et doit subir une variation plus ou moins cyclique dans le temps.
Tout cela pour dire, donc, avec l'appui du graphique d'Akasofu, que nous allions, à partir de 2010, plonger dans un cycle « refroidissant » et qu'il nous fallait prévoir d'acheter quelques petites laines en prévision.

Maintenant que nous sommes en 2018, soit 8 ans seulement après cette terrible prédiction semi-apocalyptique, nous pouvons faire le bilan et voir ce qu'il en est de la réalité ; comme les satellites n'ont commencé à cracher leurs données qu'à partir de 1979, voici tout ce que l'on peut trouver depuis cette date jusqu'à aujourd'hui avec l'aide de woodfortrees :

Source woodfortrees
Deux constatations :
  1. La petite flèche verte de Jacques Duran indiquait approximativement la même température qu'en 1998, ce qui est confirmé par l'ensemble de ces données ( en 2008-2009 on a sensiblement la même température que durant (sic) le pic El Niño de 1998) ;
  2. Par contre, même en écarquillant bien les yeux, on cherche encore le « plongeon » des températures qui était supposé se produire à partir de 2010, si vous le voyez faites-moi signe.
A toutes fins utiles je rappellerai une énième fois que Benoit Rittaud, comme je l'ai démontré ici, se basait sur ce genre de prédiction fantaisiste « à la Akasofu » pour proférer ses énormités ; un autre exemple avec cet article daté de fin 2009, donc contemporain des élucubrations de Rittaud et Duran, intitulé Geology professor forecasts abrupt cooling (Un professeur de géologie prédit un brusque refroidissement) dans lequel on pouvait admirer cette petite merveille :

Figure 4.  Projection of climate changes of the last century and past 500 years into the future.  The black curve is temperature variation from 1900 to 2009; the red line is the IPCC projected warming from the IPCC website in 2000; the blue curves are several possible projections of climate change to 2040+ based on past global cooling periods (1945-1977; 1880 to 1915; and 1790 to 1820). The lack of sun spots during the past solar cycle has surpassed all records since the Dalton Minimum and some solar physicists have suggested we may be headed for a Dalton or Maunder type minimum with severe cooling.

Evidemment Benoit Rittaud s'était « inspiré » de la littérature climatosceptique de l'époque pour pondre sa fumeuse prédiction, mais en bon négateur qui se respecte il est allé jusqu'à refuser d'admettre qu'il s'était planté et n'avait trouvé pour me répondre que cette piteuse justification :
Benoît Rittaud le 11 novembre 2016 à 15 h 50 min

Géd, l’article que vous citez est un pastiche. Je sais que vous me détestez, mais faites quand même un effort pour comprendre, quand vous me lisez…
Alors que le tout premier commentateur de son article disait exactement :
1. Laurent Berthod | 12/01/2010 @ 0:14 Je cite l’article :
« Il reste que, contrairement aux prévisions du GIEC, la température de la Terre a brutalement chuté depuis trois ans »
C’est-ce que, dans son article du Mail Online, dit Richard North à propos des derniers hivers en Grande-Bretagne. J’ai moi-même observé un hiver un peu plus froid chaque année ces trois dernières années dans le nord Vaucluse. J’en ai fait un petit article humoristique sur mon blog, avec quand même dans l’idée de susciter quelques doutes chez mes lecteurs sur ce que racontent les réchauffistes. [...]
Ainsi Laurent Berthod confirmait naïvement que l'article de Benoit Rittaud n'avait rien d'un pastiche puisqu'il le prenait au premier degré et n'a à aucun moment été contredit par la suite par qui que ce soit dans le fil des commentaires.

Faut-il rappeler que c'est approximativement à partir de cette date (novembre 2016) que j'ai été interdit chez Skyfall et Mythes et Mancies ?

Tant il est vrai que quand on titille Benoit Rittaud sur ses incohérences et ses à-peu-près (et il y en a à la pelle) on finit par l'agacer sérieusement et que la seule solution qu'il ait trouvée c'est de vous couper le micro et de demander au service d'ordre de vous faire sortir de la salle.