mercredi 30 juin 2021

Jean Jouzel nous l'avait bien dit il y a quatre ans déjà

 Le 15 août 2017 Jean Jouzel était interviewé sur France Inter par Pierre Weill. La vidéo est disponible en suivant ce lien : Jean Jouzel : "En France, nous pourrions aller, en cas de canicule, à des températures supérieures à 50 degrés" (franceinter.fr)

A un moment Pierre Weill demande à Jean Jouzel :

Décrivez-nous ce monde qui serait un désastre.

Voici la réponse du scientifique :

Oui un désastre, même en France. Prenons la France, une récente étude, avec des collègues de Météo France, ils ont regardé les températures journalières en cas de canicule dans la deuxième partie du vingt-et-unième siècle, dans le cas où rien ne serait fait pour lutter contre le réchauffement climatique. Disons qu'on ne va pas en France au-delà de températures maximales de quarante cinq degrés même ponctuellement. Eh bien cette étude montre qu'à la fin du siècle, dans cette hypothèse, nous pourrions aller vers des températures, alors certaines journées de canicule, bien sûr très ponctuellement, supérieures à cinquante degrés voire jusqu'à cinquante cinq degrés [...]

En juillet 2018 le site Lorraine Actu, dans Canicule : en 2050, il pourrait faire jusqu'à 55°C dans l'est de la France, s'alarme un climatologue, se mélangeait les pinceaux en annonçant :

La canicule pourrait toucher la France ces prochains jours. Le climatologue Jean Jouzel s'inquiète des températures des prochaines années. Il prévoit plus de 50 degrés d'ici 2050.
Et plus loin de le citer :
Les températures record en France ne dépassent pas actuellement 42 ou 43°C. Mais dans un contexte de réchauffement climatique, dans la deuxième partie de ce siècle, on pourrait craindre 50°C, voire 55°C sur l’est de la France.
Jouzel parlait donc bien, en 2017 et 2018, de « la deuxième partie de ce siècle », soit des années 2051-2100 ; il avait donc apparemment seulement ajusté les températures « actuelles », allant de 45°C (en 2017) à 42 ou 43°C (en 2018), mais pour la fin de ce siècle il maintenait la prévision de températures ponctuelles extrêmes de 50 à 55°C ; et il précisait en 2018 que ces hautes températures concerneraient l'est de la France et non tout le territoire.

Il n'en fallait pas plus pour que certains abrutis se réveillent comme je l'ai mentionné dans mon sottisier du 15 août 2020 :
https://www.skyfall.fr/2020/04/08/bistrot-a-corona/#comment-337418
1803. the fritz | 14/08/2020 @ 15:38
8sup (#1802),
En voilà une de plus ; vous parliez de modèles sur un autre fil; c’est vrai que vous en êtes un bon parmi les climato rechaucatastrophiste ; mais il il y en a plein ; on se demande quel est le bon qui travestit le moins la vérité future ; en tout cas il faudra encore grimper quelques échelons pour rattraper Jouzel qui nous prévoit 55°C en Alsace dans 10 ans 
L'émoti-con rigolard est là pour bien faire comprendre au lecteur qu'une température de 55°C en Alsace en 2100 c'est « réchaucatastrophiste » et que Jean Jouzel ne serait donc en fait qu'un demeuré ou un charlatan ; on remarquera que l'idiot qui se moque de Jouzel a compris que celui-ci annonçait ce genre de température extrême...« dans 10 ans », soit d'ici 2030 !

Or qu'avons-nous vu depuis ces déclarations de Jouzel ?

En juin 2019, il y a deux ans donc, la France battait son record toutes catégories à quelques jours d'intervalle dans la même région (voir Wikipédia) en dépassant à de multiples reprises les 45°C :
  • le 28 juin 2019 :
    • Héraut :
      • Vérargues : 46,0°C
      • Marsillargues : 45,1°C
    • Gard :
      • Gallargues-le-Montueux : 45,9°C
      • Villevieille : 45,4°C
      • Vestric-et-Candiac : 45,4°C
Le fait qu'une température supérieure à 45°C, le même jour, ait été enregistrée dans cinq villes différentes montre bien qu'il ne s'agit pas d'un problème de station météo qui aurait « déconné » ; le 28 juin 2019 il a fait vraiment très très chaud, et pas seulement dans ces deux départements où des records ont été établis.

Et nous voici en juin 2021. La situation est quelque peu différente, ici en France les températures sont plutôt basses pour la saison, mais il faut quand même se souvenir du mois de mars qui a été exceptionnellement chaud ; Météo France nous disait, dans Mars 2021 : très peu arrosé avec des températures très contrastées, que 
Le 31 a été la journée la plus chaude enregistrée en mars depuis 1900 avec une température maximale moyenne sur la France de 24,1 °C soit 9,5 °C de plus que la normale, battant le record de la veille (23,7 °C) et celui du 30 mars 2017 (23,2 °C).
On notera le « depuis 1900 » que les abrutis habituels traduiront par « ça veut dire qu'en 1899 il a fait plus chaud », sauf que non, cela signifie seulement qu'avant 1900 les données n'étaient peut-être pas suffisamment fiables pour être prises en considération ; en témoigne cet article de Météo France, Réchauffement climatique : évolution du climat mondial et en France, dans lequel on nous montre ce graphique :

Anomalie de la température moyenne annuelle de l'air, en surface, par rapport à la normale de référence : température moyenne en France (l'indicateur est constitué de la moyenne des températures de 30 stations météorologiques. Le zéro correspond à la moyenne de l'indicateur sur la période 1961-1990, soit 11,8 °C).

Il est fort peu probable, à la vue de la courbe et des barres présentées, qu'en 1899 et avant les températures aient été plus élevées que de nos jours...d'ailleurs on nous présente également le même graphique, pour la Terre entière, allant jusqu'en 1850 :

Anomalie de la température moyenne annuelle de l'air, en surface, par rapport à la normale de référence : température moyenne du globe (données du Climatic Research Unit, University of East Anglia. Le zéro correspond à la moyenne de l'indicateur sur la période 1961-1990, soit 14,0 °C).


Sans commentaire.

Mais revenons en 2021 et plus précisément en juin de cette année, avec quelques témoignages glanés sur Twitter :
Scott Duncan on Twitter:
I didn't think it was possible, not in my lifetime anyway. +49.6°C in Canada That is 121°F! This is the story of the Canadian heat record that was crushed on 3 consecutive days by an unfathomable margin of +4.6°C (+8°F).

This moment will be talked about for centuries.
Je ne pensais pas que c'était possible, pas de mon vivant en tout cas. +49,6°C au Canada C'est-à-dire 121°F ! C'est l'histoire du record canadien de chaleur qui a été battu pendant 3 jours consécutifs avec une marge insondable de +4,6°C (+8°F). On parlera de ce moment pendant des siècles.


#Canada just had a temperature of nearly 50°C (Lytton, 49.6°C) "Without human-induced climate change, it would have been almost impossible ...as the chances of natural occurrence is once every tens of thousands of years," says
@metoffice scientist Details https://bit.ly/3w7MUUk
#Le Canada vient de connaître une température de près de 50°C (Lytton, 49,6°C). "Sans le changement climatique induit par l'homme, cela aurait été presque impossible... car les chances d'occurrence naturelle sont d'une fois toutes les dizaines de milliers d'années", déclare un scientifique du @metoffice. Détails https://bit.ly/3w7MUUk


wxcharts - a MetDesk Company on Twitter:
Canada has now broken their all-time temperature record for a THIRD day running, with a staggering 49.6C (121.3F). In just three days, the highest temp ever recorded on earth north of 50N latitude has been shattered by just over 5 degrees. This is a #climateemergency.

Le Canada a battu son record de température pour la TROISIÈME journée consécutive, avec une température stupéfiante de 49,6°C (121,3°F). En trois jours seulement, la température la plus élevée jamais enregistrée sur terre au nord de la latitude 50N a été battue d'un peu plus de 5 degrés. C'est une #climateemergency.

Ah, au fait, la ville de Lytton, au Canada, est située juste au-dessus du 50ème parallèle, soit à peu de choses près la même latitude...que Lille dans le nord de la France !

Autre chose bonne à savoir, la Colombie-Britannique n'est pas particulièrement connue pour son climat tropical ; sur Wikipédia on apprend que

Les températures les plus élevées enregistrées tournent autour de 43,3 °C.

Avec les 49,6°C enregistrés à Lytton Wikipédia va devoir mettre à jour ses informations...

Maintenant si l'on fait un point rapide et que l'on constate que

  • en juin 2019 il a fait plus de 45°C en plusieurs endroits en France ;
  • en juin 2021 il a fait près de 50°C dans une ville située à la même latitude que Lille.

Est-ce si déraisonnable de penser qu'avant 2100 il pourrait y avoir de manière ponctuelle des températures dépassant en France les 50°C et pouvant même aller jusqu'à 55°C ?

Tout en sachant que nous n'en sommes aujourd'hui qu'à un peu plus de un degré supplémentaire par rapport à la période préindustrielle et que nous sommes bien capables de prendre deux ou trois degrés de plus dans les 80 ans qui viennent vu notre détermination à réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

Seuls les abrutis ne parviennent pas à se l'imaginer, c'est trop dur pour eux, probablement à cause de quelques déficiences neuronales dues à une éducation complétée par une expérience professionnelle qui n'aident pas à saisir les enjeux qu'une petite Suédoise de 15 ans avait réussi à percevoir malgré son autisme.

Climactualités - juin 2021


ENSO

Le 30/06/2021 : climate.gov/enso

The central tropical Pacific Ocean is in a neutral climate state and is likely to remain that way through the summer. A return to the cool, dry conditions of La Niña is slightly more likely than neutral in late fall and early winter. The chance of El Niño (warm, rainy conditions) is less than 10%.

Le centre de l'océan Pacifique tropical est dans un état climatique neutre et devrait le rester tout au long de l'été. Un retour aux conditions fraîches et sèches de La Niña est légèrement plus probable que la neutralité à la fin de l'automne et au début de l'hiver. La probabilité d'un El Niño (conditions chaudes et pluvieuses) est inférieure à 10 %.
Index ENSO de 2012 à 2021 (source weather.plus)

Index ENSO de 1950 à 2021 (source weather.plus)

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GISS L-OTI anomalies de températures vs 1881-1910

Le 30/06/2021 : data.giss.nasa.gov

Anomalies de températures pour le mois de mai 2021 par rapport à la période de référence 1881-1910.

Rappel des années précédentes (à partir de 2016, année la plus chaude) avec leur classement :

  • année 2020 : 1.24 => 2
  • année 2019 : 1.21 => 3
  • année 2018 : 1.08 => 5 
  • année 2017 : 1.17 => 4 
  • année 2016 : 1.26 => 1

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Polar Science Center

Le 30/06/2021 : psc.apl.uw.edu

Anomalie du volume de la glace de mer arctique

Le volume de la glace de mer est calculé à l'aide du système pan-arctique de modélisation et d'assimilation de l'océan glacé (PIOMAS, Zhang et Rothrock, 2003) développé à l'APL/PSC. Les anomalies pour chaque jour sont calculées par rapport à la moyenne sur la période 1979 -2016 pour ce jour de l'année afin de supprimer le cycle annuel. Le cycle annuel moyen du modèle du volume de la glace de mer sur cette période va de 28 000 km3 en avril à 11 500 km3 en septembre. La ligne bleue représente la tendance calculée à partir du 1er janvier 1979 jusqu'à la date la plus récente indiquée sur la figure 1. Les zones ombrées représentent un et deux écarts types des résidus de l'anomalie par rapport à la tendance de la figure 1 et des écarts types par rapport à la moyenne journalière 1979-2017 de la figure 2.

Fig.1 Anomalie du volume de la glace de mer arctique de PIOMAS mise à jour une fois par mois. Les anomalies quotidiennes de volume de la glace de mer pour chaque jour sont calculées par rapport à la moyenne de 1979 à 2020 pour ce jour de l'année. Les points de repère sur l'axe des temps se rapportent au premier jour de l'année. La tendance pour la période de 1979 à aujourd'hui est indiquée en bleu. Les zones ombrées indiquent un et deux écarts-types par rapport à la tendance. Les barres d'erreur indiquent l'incertitude de l'anomalie mensuelle tracée une fois par an.


Fig. 2 Volume total de la glace de mer arctique d'après PIOMAS montrant le volume du cycle annuel moyen, ainsi que de 2011 à 2020. Les zones ombrées indiquent un et deux écarts types par rapport à la moyenne.


Mise à jour annuelle

L'année 2020 s'est terminée avec un volume moyen annuel de glace de mer qui était le troisième plus faible jamais enregistré avec 13 500 km³, avec des chiffres de volume très similaires pour les années récentes de faible volume annuel (2011, 2012, 2016, 2019). 2017 détient toujours le record de volume annuel avec 12.800 km³

Mise à jour mensuelle de mai 2021

Le volume moyen de la glace de mer arctique en mai 2021 était de 21 500 km3. Cette valeur est la 7e plus faible jamais enregistrée pour le mois de mai, soit environ 1 700 km^3 de plus que le record établi en 2017. Le volume de glace mensuel était 38% inférieur au maximum de 1979 et 25% inférieur à la valeur moyenne pour 1979-2020. Le volume de glace moyen de mai 2021 était de 1 sigma au-dessus de la ligne de tendance de 1979-2020. La croissance de la glace en mai était normale pour ces dernières années (Fig 4), avec un ralentissement de la croissance dans la seconde moitié de juin.

Fig 4 Comparaison des anomalies quotidiennes du volume de glace de mer par rapport à 1979-2019.

La carte des anomalies de l'épaisseur de la glace pour mai 2021 par rapport à 2011-2020 (Fig 6) montre des anomalies divisées en deux moitiés, l'une positive et l'autre négative.

Fig 6. Anomalie de l'épaisseur de la glace PIOMAS pour avril 2021 par rapport à 2011-2020.


Les anomalies négatives s'étendent du nord du Groenland à l'est de la mer de Beaufort. De fortes anomalies positives existent le long de la côte sibérienne, mais de fortes anomalies négatives existent à proximité, ce qui indique une source dynamique de variabilité. Les données du satellite CS2 du mois précédent (le CS2 ne fonctionne pas entre avril et octobre) (Fig 7.) montrent un modèle d'anomalie similaire.

Fig 7. Anomalie d'épaisseur de la glace de mer multi-capteurs CryoSat-2/SMOS (AWI) pour avril 2021 par rapport à 2011-2020 (version 2.3 préliminaire)


Les séries temporelles d'avril (Fig 8) pour les deux ensembles de données ne présentent aucune tendance apparente sur les 11 dernières années. La comparaison avec la série chronologique de 43 ans 1979-2021 souligne l'importance de la variabilité naturelle dans les séries chronologiques relativement courtes telles que celles actuellement disponibles dans le CS2.

Fig 8. Séries chronologiques de l'analyse multi-capteurs CryoSat-2/SMOS (AWI/ESA) et de l'anomalie du volume de la glace de mer PIOMAS pour le mois d'avril.


Fig 11. Volume moyen annuel de la glace de mer selon PIOMAS

A noter que le site n'a pas actualisé certains graphiques qui datent toujours d'avril.


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Arctic Data archive system (ADS)

Le 30/06/2021 : ads.nipr.ac.jp/vishop/#/extent)

Evolution de la banquise arctique.

Evolution de la banquise antarctique.

Evolution globale des deux banquises arctique et antarctique.

Historique des Climactualités (l'Arctique est mentionné en premier ; en bleu les valeurs minimalesen jaune les maximales ; la valeur entre parenthèses est la variation par rapport à l'année précédente)


Moyenne des années 1980 à la même date : 11,33 + 14,57 = 25,89

Juin 2021 : 9,09 + 14,81 = 23,90 (+0,33) 
Mai 2021 : 11,29 + 11,66 = 22,95 (+0,54)
Avril 2021 : 12,82 + 8,48 = 21,3 (+0,78)
Mars 2021 : 13,62 + 5,53 = 19,15 (+0,65)
Février 2021 : 13,73 + 3,02 = 16,75 (-0,35)
Janvier 2021 : 13,43 + 3,50 = 16,92 (-0,13)
Décembre 2020 : 12,07 + 7,07 = 19,14 (+0,23)
Novembre 2020 : 9,71 + 14,19 = 23,90 (+0,77)
Octobre 2020 : 6,02 + 17,94 = 23,95 (-0,33)
Septembre 2020 : 4,08 + 18,81 = 22,88 (+0,22)
Août 2020 : 4,06 + 18,43 = 22,48 (+0,26)
Juillet 2020 : 5,78 + 16,51 = 22,29 (-0,17)
Juin 2020 : 9,18 + 14,39 = 23,57 (+0,80)
Mai 2020 : 10,83 + 11,58 = 22,41 (+1,35)
Avril 2020 : 12,60 + 7,92 = 20,52 (+1,30)
Mars 2020 : 13,56 + 4,94 = 18,50 (+0,94)
Février 2020 : 14,30 + 2,81 = 17,10 (+0,64)
Janvier 2020 : 13,63 + 3,42 = 17,05 (+0,56)
Décembre 2019 : 12,26 + 6,65 = 18,91 (+0,99)
Novembre 2019 : 9,85 + 13,27 = 23,13 (-0,67)
Octobre 2019 : 7,06 + 17,21 = 24,28 (+0,01)
Septembre 2019 : 4,31 + 18,35 = 22,66 (-0,03)
Août 2019 : 4,34 + 17,89 = 22,23 (-0,27)
Juillet 2019 : 6,08 + 16,39 = 22,46 (-0,65)
Juin 2019 : 9,09 + 13,68 = 22,77 (-1,01)
Mai 2019 : 10,88 + 10,18 = 21,06 (-0,61)
Avril 2019 : 12,56 + 6,66 = 19,22 (+1,07)
Mars 2019 : 13,73 + 3,83 = 17,56 (+0,19)
Février 2019 : 14,02 + 2,44 = 16,46 (+0,47)
Janvier 2019 : 13,48 + 3,01 = 16,49 (+0,35)
Décembre 2018 : 11,85 + 6,07 = 17,92 (-0,97)
Novembre 2018 : 10,54 + 13,26 = 23,8 (+0,48)
Octobre 2018 : 7,18 + 17,09 = 24,27 (-0,82)
Septembre 2018 : 4,68 + 18,01 = 22,69
Août 2018 : 4,8 + 17,7 = 22,5
Juillet 2018 : 6.67 + 16.44 = 23.11
Juin 2018 : 9.19 + 14.59 = 23.78
Mai 2018 : 11.02 + 10.65 = 21.67
Avril 2018 : 12.82 + 6.33 = 18.15
Mars 2018 : 13.87 + 3.50 = 17.37
Février 2018 : 13.68 + 2.31 = 15.99
Janvier 2018 : 12.68 + 3.46 = 16.14
Décembre 2017 : 11.76 + 7.13 = 18.89
Novembre 2017 : 10.07 + 13.25 = 23.32
Octobre 2017 : 7.82 + 17.27 = 25.09
Septembre 2017 : pas de stats


vendredi 25 juin 2021

Le gendarme à la dérive

 Cela aurait pu être le titre d'un énième opus avec de Funès dans le rôle premier.

Le gendarme en question, qui dérive carrément en direction de récifs où il finira un jour pas se viander, est celui qui tient le blog Profession Gendarme.

J'ai déjà évoqué ce loulou dans Skyfall, la gendarmerie, la fachosphère, suivez les pointillés... ; rien qu'avec le titre que j'avais donné à mon billet vous aurez deviné de quel côté penche notre pandore retraité, pas vraiment vers Jean-Luc Mélenchon ou Philippe Poutou.

Dans Quand la meute lynche un général le voilà qui prend la défense d'un des généraux auteurs d'une tribune appellant pratiquement à un coup d'état, un peu à la manière d'un Donald Trump juste avant le 6 janvier, si vous voyez de quoi je cause.

Ce pince-sans-rire, qui a dû probablement conserver dans son fondement le balai qui lui a servi pour se tenir au garde-à-vous durant sa période d'active, nous dit le plus sérieusement du monde :

Tous les moyens seront bons pour faire taire nos généraux. Le fait que plus de 80% de nos concitoyens soient favorables à cette tribune n’y changera rien.

« Plus de 80% de nos concitoyens » auraient approuvé la tribune ? Sans blague ! A ma connaissance le seul pourcentage connu, si l'on en croit par exemple Tribune des militaires : 58% des Français soutiennent l'initiative des signataires, serait déjà très élevé, mais bien au-dessous du chiffre fantaisiste avancé par notre carabinier déclassé :

Au total, 58 % des personnes interrogées soutiennent les militaires ayant signé la tribune, selon notre sondage, réalisé sur un échantillon de 1613 personnes.

Mais on se fout de combien de Français soutiennent la tribune de ganaches rêvant d'autres temps où l'on pouvait par les armes déposer un pouvoir légitimement élu, aujourd'hui on ne trouve çà que dans les républiques bananières ou en Birmanie, ce merveilleux pays où les militaires sont les rois, un paradis pour l'ex général Dominique Delawarde, l'auteur de propos plus que douteux. Mais cet humaniste a trouvé un défenseur en la personne de notre gardien des pets pensionné :

Dans son ITW le général Delawarde déclare :

« Vous savez bien qui contrôle la meute médiatique dans le monde et en France », « Qui contrôle le Washington Post, le New York Times, chez nous BFMTV et tous les journaux qui viennent se grouper autour, qui sont ces gens… ? »

« Qui ? », insiste M. Posternak.

« C’est la communauté que vous connaissez bien », répond M. Delawarde.

Avec cette simple réponse, ne désignant personne de façon précise, ceux qui se prétendent journalistes interprètent cette réponse comme désignant la communauté juive et pousse des hauts cris en affirmant qu’il s’agit de propos antisémites…

Non sans blague ! Et il insiste :

Où sont les propos antisémites ???

« C’est la communauté que vous connaissez bien » !

Personnellement je connais la communauté des gens du voyage, je connais la communauté des Forces de l’ordre, je connais la communauté Militaire, je connais aussi la communauté des Sœurs de la Charité ou des Petits Frères des Pauvres, je connais encore la communauté d’Emmaüs…

Petit rigolo, va ! Et de retourner la probléma-trique en véritable acrobate qu'il a appris à être quand il verbalisait le pauvre automobiliste mal garé en laissant les voyous faire tranquillement leur business :

De quelle communauté voulait parler le général Delawarde ?

Il semblerait à mon avis que c’est le journaliste Posternak qui est antisémite pour interpréter aussi rapidement les propos du général…

Ben voyons ! C'est donc le journaliste qui est antisémite car il a deviné, lui, à quelle communauté le généralissime faisait allusion.

En effet, tout le monde sait parfaitement que les médias sont contrôlés par les gens du voyage, ou les forces de l'ordre, ou les militaires...ah ben oui dans certains pays c'est effectivement le cas, au temps pour moi ! Je parle des militaires, hein, pas des gens du voyage, essayez de suivre un peu nom d'un chien !

Mais les petites sœurs des pauvres ou les petits frères de la charité, sans parler des odieux emmaüsiens, eux-aussi ont des actions dans les médias et tirent les ficelles actionnant les journalistes qui, tout le monde est au courant, ne sont que des marionnettes racontant le texte qu'on leur a demandé de lire, contrairement aux bénévoles de tous les sites de « réinformation » qui ne savent que dire la vérité, eux.

Et notre brigadier « vospapierssilvousplait » qui nous donne gracieusement un lien vers un site de toute confiance : ripostelaique !

Ne riez pas, soyez indulgent envers un vieux gendarme à qui le port du képi pendant autant d'années a de toute évidence été fatal aux neurones qu'il était censé protéger de la pluie.

Pourtant il aurait été simplissime, pour notre général en goguette, de lever toute ambiguïté en désignant nommément ceux à qui il faisait allusion en parlant de « la communauté que vous connaissez bien » ; s'il ne s'était pas agi de la communauté...que nous connaissons bien, qu'est-ce qui l'aurait empêché de la nommer ?

Est-ce que poser la question ce n'est pas y répondre un tout petit peu ?

Question subsidiaire : est-ce le képi qui rend con, ou bien est-ce parce qu'on est con qu'on porte un képi ?



Une explication des hautes températures dans le nord-ouest des Etats-Unis

 Vu sur Twitter :

Given the potential historic nature of the upcoming Pacific NW heatwave, though it might be a useful exercise to trace back the antecedent synoptic pattern. It starts w/ enhanced moisture off Asia enhancing NPAC jet, kicking off persistent ridge building over British Columbia.
Étant donné le caractère potentiellement historique de la vague de chaleur qui s'annonce dans le nord-ouest du Pacifique, il pourrait être utile de retracer le modèle synoptique antérieur.
Tout commence avec une humidité accrue provenant de l'Asie, qui renforce le jet NPAC et déclenche la formation d'une dorsale persistante sur la Colombie britannique.

Je pense que Philippe Papin voulait dire le nord-est du Pacifique, ce qui correspond au nord-ouest des Etats-Unis. Il montre cette animation :

Une cyclogenèse rapide en aval perturbe le schéma d'écoulement, conduisant à une crête fortement amplifiée qui se replie sur l'ouest de l'Amérique du Nord.

 
Cette configuration donne lieu à une dorsale de blocage à 250 hPa très inhabituelle et amplifiée, centrée sur la Colombie-Britannique. Stationné sur place, le flux perpendiculaire aux Rocheuses produira un réchauffement adiabatique du côté de la pente descendante.  

Il s'agit ici d'un effet de foehn, le vent descendant se comprimant et donc se réchauffant fortement.



Dorsale 500-hPa à 3-4 sigma. Si la dorsale persiste au-delà de 2 ou 3 jours, les températures augmenteront en aval des Rocheuses, ce qui entraînera une chaleur potentiellement sans précédent dans le nord-ouest du Pacifique.

Encore une fois, je pense qu'il s'agit plutôt du Pacifique nord-est...


La convection le long du front Meiyu contribue à resserrer la PV zonale dans tout le Pacifique Nord.

La PV zonale, késaco ? Si quelqu'un a une idée.


Il s'agit d'un jet anormalement fort qui ouvre la voie à une cyclogenèse en aval, à l'origine d'un événement majeur de rupture des ondes de Rossby (RWB). 

Inutile de dire que pour moi c'est un peu comme si on me parlait Chinois...Tout ce que je sais c'est que les ondes de Rossby sont intimement liées au jet stream, faut pas m'en demander plus.

Plus loin Philippe Papin nous explique :

The "persistent" amplified ridge over British Columbia is key, b/c it takes multiple rounds of downslope mixing to boost sensible heat fluxes resulting in this heatwave. Each successive day 850-hPa temps increase over the heat dome until max anomalies are +25C above normal!
La dorsale amplifiée "persistante" sur la Colombie-Britannique est la clé, car il faut plusieurs cycles de mélange descendant pour augmenter les flux de chaleur sensible, ce qui entraîne cette vague de chaleur.
Chaque jour successif, les températures à 850 hPa augmentent au-dessus du dôme de chaleur jusqu'à ce que les anomalies maximales soient de +25°C au-dessus de la normale !
Jusqu'à +25°C au-dessus de la moyenne !

Et pour bien montrer à « certains » que ce qui se passe au sol est grandement similaire à ce qui se passe à 10 kilomètres au-dessus de nos têtes :

Régime des vents à la surface (source nullschool)

Le rond vert est situé au centre de l'anticyclone au large des côtes américaines ; dans les images qui suivent je n'ai pas changé la position de ce repère afin de bien constater qu'il se retrouve peu ou prou à tous les étages troposphériques.

Régime des vents au géopotentiel 1000 hPa (source nullschool)

Surface ou géopotentiel 1000 hPa, pas beaucoup de différences, et c'est normal. Montons un peu plus haut en altitude.

Régime des vents au géopotentiel 850 hPa (source nullschool)

Ici nous sommes à environ 1500 mètres d'altitude, et le rond vert est toujours au centre de l'anticyclone.

Régime des vents au géopotentiel 700 hPa (source nullschool)

A 3000 mètres d'altitude le rond vert s'est très légèrement déplacé vers le sud-ouest.

Régime des vents au géopotentiel 500 hPa (source nullschool)


A plus de 5000 mètres d'altitude le rond vert s'est encore déplacé un peu plus au sud-ouest.

Régime des vents au géopotentiel 250 hPa (source nullschool)

Nous sommes ici arrivés à l'altitude du jet stream, environ 10000 mètres au-dessus de nos têtes, et le rond vert n'est pas très loin du centre anticyclonique bien visible sur l'image (il est entouré d'un magnifique cercle rouge figurant le courant jet). Mais continuons quand même à monter un peu.

Régime des vents au géopotentiel 70 hPa (source nullschool)


Etonnant, non ? Même à plus de 15 kilomètres au-dessus du plancher des vaches nous distinguons encore faiblement le même anticyclone situé tout près de notre petit rond vert fétiche !

Bon cela dit j'y connais que dalle, je me contente de regarder le paysage et de faire quelques constatations sommaires qui demanderaient certainement quelques développements, mais pour cela il faudrait que j'aie un spécialiste sous la main (ou sous le sabot de mon cheval)

Des volontaires ?


mercredi 23 juin 2021

Le jet stream, encore et toujours (et ce n'est pas moi qui le dis)

 Mes lecteurs fidèles (oui vous les deux au fond, c'est de vous que je parle) connaissent ma marotte concernant le jet-stream (ou courant-jet pour les francophiles) ; je ne compte plus les fois où j'ai fait référence à ce courant d'air d'altitude en expliquant qu'il avait un impact majeur sur ce qui se passe à la surface, là où nous posons régulièrement les pieds pour vaquer à nos occupations.

Certains, que je ne nommerai pas afin de ne pas leur accorder plus d'importance qu'ils s'imaginent avoir, prétendent que la météo serait influencée par les vaporeux anticyclones mobiles polaires créés de toute pièce par un géographe qui se prenait pour un climatologue, feu Marcel Leroux.

Pourtant aucun livre sérieux traitant de la météo ou du climat n'évoque ces AMP, et le jet-stream tient une grande place, pour ne pas dire une place significative dans les explications du temps qu'il fait au-dessus de nos parapluies.

Ainsi voici ce que l'on peut lire de Scott Duncan, un météorologue britannique (personne n'est parfait) qui twitte ceci : Historic heat in the east and unseasonably cool in the west. Europe has been split over the summer solstice, with enormous thunderstorms acting as the boundary between hot and cold. ; traduction : Une chaleur historique à l'est et une fraîcheur inhabituelle à l'ouest. L'Europe a été divisée au cours du solstice d'été, avec d'énormes orages servant de frontière entre le chaud et le froid. Et de montrer une animation allant du 21 au 24 juin :

Mise en parallèle des températures et de la position du jet stream le 22 juin au matin (source Twitter)

Plus bas il précise :

A mesmerising meridional jet stream helps explain why the west-east contrasts exists. Parts of Scotland had a frost last night while Finland nearly broke its all-time June heat record today.
Un jet stream méridional hypnotisant aide à expliquer l'existence des contrastes ouest-est.
Certaines parties de l'Écosse ont connu des gelées la nuit dernière, tandis que la Finlande a presque battu son record de chaleur en juin aujourd'hui.

Températures le 21 juin.

Le jet stream à la même date.

Il ne faut pas s'attendre dans les prochains jours à une réelle amélioration des conditions météorologiques que nous connaissons actuellement si j'en crois la projection au 28 juin de la position du jet stream :

Prévision pour le 28 juin prochain (source nullschool)

Il ne m'est pas possible d'aller plus loin que le 28 juin, pourtant j'aurais bien aimé savoir ce qu'il en serait pour début juillet...

Nous voyons très nettement que le 28 juin risque d'être encore très « agité » sur notre territoire, et de manière générale sur une grande partie de l'Europe de l'ouest. Plus à l'est les Eurasiatiques, et plus particulièrement les Moscovites, devraient se munir dans les plus brefs délais de crème solaire et de climatiseurs. Pour le moment il fait très chaud à Moscou, la température la nuit ne tombant pas au-dessous des 20°C :

Prévisions moscovites pour les jours à venir (source Météo (msn.com))

L'été risque donc d'être chaud, pour certains, et frisquet, pour d'autres ; devinez où se trouveront les climatosceptiques.