lundi 31 octobre 2016

Follow the money, dixit Krugman

L'argent est le nerf de la guerre parait-il, il est surtout le moteur qui fait avancer une (grande) partie du monde.

Il s'agit évidemment d'un lieu commun, je n'ai pas sorti cela d'un chapeau et n'ai aucun mérite à le proclamer, pour moi c'est une évidence que l'expérience valide régulièrement.

Paul Krugman, en quelques mots bien sentis et de bien meilleure façon que je ne pourrais le faire, nous l'explique ici (entre « » mes traductions approximatives...)  :
  • [...] how can you even begin to talk about conservative intellectuals without discussing the founding of Heritage in 1973, or the roughly contemporaneous weaponizing of AEI as a political entity? Heritage in particular is flamboyantly incompetent on economics — remember the claim that the Ryan plan would reduce unemployment to 2.8 percent, or the chief economist’s complete botch on state job growth? But no matter: the foundation has plenty of money, because it advocates huge tax cuts for the rich, and the demand for that never goes away.  
    • [...] comment peut-on même parler des intellectuels conservateurs sans évoquer la création en 1973  de la Heritage Foundation, ou le quasi-contemporain « armement » de l'American  Enterprise Institute en tant qu'entité politique ? Heritage en particulier est « merveilleusement » incompétente en économie — rappelez-vous l'affirmation selon laquelle le plan Ryan réduirait le chômage à 2,8%, ou le « travail de cochon » du chef économiste sur la croissance des emplois publics ? Mais cela ne fait rien : la fondation [i.e. Heritage] a beaucoup d'argent, parce qu'elle prône d'énormes baisses d'impôts pour les riches et la demande pour cela ne fait jamais défaut.
  • Remember, too, that climate denial is essentially an industry, funded by interest groups with a stake in promoting bad science. And this means a market for conservative “intellectuals” who are basically anti-science. 
    •  Rappelez-vous aussi que le déni climatique est essentiellement une industrie, financée par des groupes ayant des intérêts à promouvoir de la mauvaise science. Et cela signifie un marché pour les « intellectuels » conservateurs qui sont simplement anti-science.
  • The point is that the intellectual side of movement conservatism has been a corrupt enterprise for around four decades. In its early years it could draw on right-wing intellectuals who had some prior reputation outside political work, but it has relied on home-grown hacks for a long time. I don’t see any reason to believe that such an enterprise is about to reform itself: if just being wrong and losing an election were enough, this would have happened in the 1990s.
    • Le fait est que le côté intellectuel du mouvement conservateur est une entreprise de corruption depuis environ 40 ans. Dans les premières années il pouvait faire appel aux intellectuels de droite qui avaient quelque réputation antérieure en dehors de la politique, mais il dépend de journalistes [ou écrivaillons...] « du cru » depuis longtemps. Je ne vois aucune raison de croire qu'une telle entreprise soit sur le point de se réformer d'elle-même : si être juste dans l'erreur et perdre une élection étaient suffisants, cela serait arrivé dans les années 90.

Tout est dit.



dimanche 30 octobre 2016

Les Hauts de Gaillac

Il faut croire que j'aime la région, mes trois dernières balades font un beau tir groupé :


Il y a eu les Suquets de Penne, au nord de la forêt de la Grésigne, puis le sentier des Moines, près d'Albi, et aujourd'hui c'étaient les Hauts de Gaillac, près de...Gaillac !

Le circuit proposé par le topo guide Le Tarn à pied (pourquoi le singulier, il me semble qu'on en a au moins deux...) disait « Difficile, 5 heures, 18 kilomètres », mais c'était une édition ancienne et le parcours m'a réservé quelques surprises sur la fin...

En fait de difficulté il s'agit seulement de la distance qui peut rebuter des randonneurs occasionnels, autrement il n'y a rien de particulièrement difficile dans cette balade qui se boucle largement dans les cinq heures prévues.

Le seul petit souci, mais c'est vraiment un détail, réside dans le fait que la fin mentionnée dans le livre ne correspond pas au parcours réellement balisé sur le terrain ; je suspecte qu'un propriétaire a dû se plaindre et exiger que la randonnée ne passe plus sur ses terres. La conséquence pour moi a été une erreur à un croisement de route, le topo disait d'aller tout droit, mais le trajet réel passait par le chemin venant de gauche, donc je suis allé tout droit et ai pris le chemin de droite alors qu'il fallait aller à gauche (si vous ne suivez pas c'est pas grave, la punition c'est simplement de se taper un kilomètre de route départementale au lieu de passer par le petit chemin des Cerisiers)

Pour mieux comprendre voici le trajet depuis mon GPS :


Le trait rouge correspond à l'itinéraire mentionné dans le topo, la première partie n'est plus balisée sur le terrain, la seconde partie, à compter du croisement avec le trajet réellement effectué, est le trajet du topo également balisé sur le terrain mais que j'ai raté à cause de l'indication « au croisement continuer en face » ; il devait y avoir une marque que je n'ai pas vue, j'ai seulement fait confiance à la prescription du topo.

Les indications donnent l'altitude (on voit qu'il s'agit d'un parcours en montagnes russes) ainsi que la distance et la température (à prendre avec des pincettes, le GPS étant dans la poche supérieure du sac à dos...)

La vue habituelle avec temps écoulé et vitesse est la suivante :


La pause casse-croute a duré moins d'une demi-heure, ce qui ne nous a pas empêché de boucler la boucle en un peu moins de quatre heures trente au lieu des cinq heures « normales » ; mais nous n'avons fait que 17,37 kilomètres au lieu des 18 mentionnés sur le topo.

Une fois n'est pas coutume je ne montrerai que l'empreinte humaine des lieux côtoyés, pleine de calme et peut-être, allez savoir, de volupté.







Vignes, ruines, pigeonniers, labours artistiques, ciel immaculé et températures quasi-printanières, tout se conjugue à merveille pour faire de cette balade un pur moment de félicité.





vendredi 28 octobre 2016

Dans la famille clowns je demande...Jacques Henry !

Je parle souvent de clowns, mais il faut dire que la climatonégatosphère en produit à la pelle, tel celui que je vais évoquer aujourd'hui, Jacques Henry, alias monsieur violation du second principe de la thermodynamique.

Dans son profil il indique :
  • Ancien chercheur en biologie au CNRS, dont il a démissionné avec fracas il y a plus de 15 ans, Jacques Henry profite de sa retraite pour porter un regard critique sur certains aspects de la biologie et de la médecine. Ayant travaillé pendant quelques années comme consultant auprès d’EDF dans le domaine nucléaire, il s'intéresse également aux problématiques énergétiques, en particulier l’électricité.
La « démission avec fracas » du CNRS s'apparente plutôt soit à un licenciement pour incompétence soit au fait que plus personne ne voulait travailler avec pareil énergumène et qu'il s'est trouvé ostracisé.

On admirera le grand écart dont il est capable entre la biologie-médecine d'une part et le conseil d'EDF en matière d'électricité ; nous avons affaire à un génie pour sûr, les deux domaines n'étant pas particulièrement reconnus pour être très proches l'un de l'autre...

Jacques Henry nie donc la moindre influence de l'activité humaine sur la hausse des températures et met celle-ci entièrement sur le compte du soleil, comme on peut le voir dans cet article daté d'août 2014 intitulé  Changement climatique ? Finalement c’est bien le Soleil…
  • Voilà enfin avancée une preuve irréfutable que c’est bien le Soleil qui commande les fluctuations climatiques que connait la Terre, et non l’activité humaine.
  • C’est ce qu’a fait avec des précautions extrêmes une équipe de géophysiciens de l’Université de Lund en Suède en rapprochant les trois observations, béryllium-10, carbone-14 et oxygène-18. Ils ont ainsi reconstitué l’activité solaire au cours des vingt mille années passées [...]

On remarquera d'abord que Jacques Henry, comme Benoit Rittaud, tient un blog personnel dont il se sert peut-être comme brouillon avant de balancer la purée par un simple copier-coller sur le site Contrepoints dont il est devenu un contributeur régulier. On en déduira donc que Jacques Henry, comme Benoit Rittaud, n'a rien trouvé de mieux, pour publier ses fadaises de manière plus étendue, qu'un site d'obédience (i.e. d'idéologie) libérale parfaitement en phase avec les « idées » qu'il prétend colporter ; la littérature scientifique à comité de lecture et revue par les pairs, connait pas.

On notera ensuite que Jacques Henry n'y va pas avec le dos de la cuillère, pour lui l'étude qu'il évoque apporte « la preuve irréfutable que c’est bien le Soleil qui commande les fluctuations climatiques que connait la Terre, et non l’activité humaine »...

A l'appui de sa « démonstration » Jacques Henry montre, dans son billet, un graphique représentant, d'après ses dires, les « vingt mille années passées », sauf que...

Sauf qu'on ne sait pas d'où il sort le graphique dans lequel on peut voir, sur deux couches, les années calendaires :
  • de -20 000 à -10 000 ans, en bleu
  • de 0 à -10 000 ans, en rouge
Sauf que...

Sauf que l'étude qu'il évoque ne parle que de la période allant de -20 000 à -10 000 ans en arrière !

Comme nous l'explique sciencedaily :
  • A new study from Lund University in Sweden has, for the first time, reconstructed solar activity during the last ice age. The study shows that the regional climate is influenced by the sun and offers opportunities to better predict future climate conditions in certain regions.
  • For the first time, a research team has been able to reconstruct the solar activity at the end of the last ice age, around 20,000-10,000 years ago, by analysing trace elements in ice cores in Greenland and cave formations from China. During the last glacial maximum, Sweden was covered in a thick ice sheet that stretched all the way down to northern Germany and sea levels were more than 100 metres lower than they are today, because the water was frozen in the extensive ice caps. The new study shows that the sun's variation influences the climate in a similar way regardless of whether the climate is extreme, as during the Ice Age, or as it is today.
  • "The study shows an unexpected link between solar activity and climate change. It shows both that changes in solar activity are nothing new and that solar activity influences the climate, especially on a regional level. Understanding these processes helps us to better forecast the climate in certain regions," said Raimund Muscheler, Lecturer in Quaternary Geology at Lund University and co-author of the study.
  • The sun's impact on the climate is a matter of current debate, especially as regards the less-than-expected global warming of the past 15 years. There is still a lot of uncertainty as to how the sun affects the climate, but the study suggests that direct solar energy is not the most important factor, but rather indirect effects on atmospheric circulation.
  • "Reduced solar activity could lead to colder winters in Northern Europe. This is because the sun's UV radiation affects the atmospheric circulation. Interestingly, the same processes lead to warmer winters in Greenland, with greater snowfall and more storms. The study also shows that the various solar processes need to be included in climate models in order to better predict future global and regional climate change," said Dr Muscheler.
Pour résumer :
    • l'étude reconnait « beaucoup d'incertitudes sur la façon qu'a le soleil d'influencer le climat »
On cherche donc la « preuve irréfutable » du rôle du soleil sur le climat de la planète Terre à l'époque actuelle...

Peut-être la trouvera-t-on avec l'abstract que l'on peut lire sur nature :
  • Changes in solar activity have previously been proposed to cause decadal- to millennial-scale fluctuations in both the modern and Holocene climates1. Direct observational records of solar activity, such as sunspot numbers, exist for only the past few hundred years, so solar variability for earlier periods is typically reconstructed from measurements of cosmogenic radionuclides such as 10Be and 14C from ice cores and tree rings2, 3. Here we present a high-resolution 10Be record from the ice core collected from central Greenland by the Greenland Ice Core Project (GRIP). The record spans from 22,500 to 10,000 years ago, and is based on new and compiled data4, 5, 6. Using 14C records7, 8 to control for climate-related influences on 10Be deposition, we reconstruct centennial changes in solar activity. We find that during the Last Glacial Maximum, solar minima correlate with more negative δ18O values of ice and are accompanied by increased snow accumulation and sea-salt input over central Greenland. We suggest that solar minima could have induced changes in the stratosphere that favour the development of high-pressure blocking systems located to the south of Greenland, as has been found in observations and model simulations for recent climate9, 10. We conclude that the mechanism behind solar forcing of regional climate change may have been similar under both modern and Last Glacial Maximum climate conditions.
Donc les auteurs « suggèrent » (et non « affirment ») que les minima solaires « pourraient »  (et non « ont » ni même « peuvent ») avoir induit des modifications dans la stratosphère qui favoriseraient (concordance des temps => conditionnel) le développement de hautes pressions bloquant les systèmes situés au « sud du Groenland » [...]

Notre ami le clown Jacques Henry traduit cela par :
  • Voilà enfin avancée une preuve irréfutable que c’est bien le Soleil qui commande les fluctuations climatiques que connait la Terre [...]
  • Ils [une équipe de géophysiciens de l’Université de Lund en Suèd] ont ainsi reconstitué l’activité solaire au cours des vingt mille années passées [...]
  • Au Groenland, mais pas seulement.
Ainsi Jacques Henry se permet de lire dans les pensées des auteurs de l'étude et d'y voir des choses qu'ils n'ont pas écrites dans leur papier !

Voici par ailleurs les graphiques présentés (dans l'étude, pas dans le torchon de Jacques Henry) avec les échelles de temps, de -22 000 à -10 000 ans :





La même étude peut être consultée dans researchgate avec possibilité de télécharger le papier en entier gratuitement (sur Nature c'est payant)

A aucun moment dans l'étude il n'est fait mention d'une quelconque comparaison avec l'activité humaine et son rôle dans la hausse des températures d'aujourd'hui, ce qui n'empêche pas Jacques Henry de nous asséner que
  • c’est bien le Soleil qui commande les fluctuations climatiques que connait la Terre, et non l’activité humaine.
Ce qui est comique c'est que l'un des auteurs de l'étude, Raimund Muscheler, a écrit en 2005 sur le site realclimate (oui oui, realclimate !) :
  • Did the Sun hit record highs over the last few decades? - Guest commentary by Raimund Muscheler
  • The solar influence on climate is a controversial topic in climate research (see previous posts here and here). The irradiance changes are assumed to be relatively small and the importance of potential amplifying mechanisms is still a matter of current debate. One reason for these uncertainties is that there are only approximately 25 years of satellite-based observations of the solar irradiance. Sunspot observations for the last 400 years clearly indicate that current levels of solar activity are very different from the state of the sun during the Maunder minimum (from approx. 1645 to 1715 AD) where almost no sunspots could be observed. [...] Regardless of any discussion about solar irradiance in past centuries, the sunspot record and neutron monitor data (which can be compared with radionuclide records) show that solar activity has not increased since the 1950s and is therefore unlikely to be able to explain the recent warming.
Donc « les modifications de l'irradiance solaire sont supposées être relativement faibles » et « l'activité solaire n'a pas augmenté depuis les années 1950 et n'est donc pas susceptible de pouvoir expliquer le récent réchauffement ».


Est-il besoin d'en rajouter ?

Si quand même, pour montrer quelques exemples de commentaires de quelques usual suspects que nous commençons maintenant à bien connaitre et qui montrent ainsi leur capacité à s'enfoncer encore plus dans le déni.
  • scaletrans
    « On ne peut effectivement pas prouver que l’activité humaine n’a pas d’impact sur le climat. »
    On en peut pas prouver l’inexistence de quelque chose qui n’existe pas.[scaletrans s'emmêle les pinceaux, si quelque chose n'existe pas son inexistence est prouvée de facto, c'est à celui qui voudrait prouver son existence de prouver celle-ci]
    Au début de la propagande des réchauffistes prébendés [il parle de quoi là...?] par l’ONU, je m’étais fait cette réflexion: si l’on raisonne selon les ordres de grandeur, en comparant la puissance gigantesque de la machine climatique et celle des activités humaines, on se rend compte tout de suite que l’écart est de plusieurs ordres de grandeur (il suffit de réfléchir à l’énergie déployée sur quelques secondes dans les échanges thermiques mer/air d’une tempête tropicale). Les observations confirment ce raisonnement, de même que la physique de l’atmosphère.[c'est bien évidemment le contraire...]
  • pragmat
    Il n’y a pas que les lois de la physique qui sont immuables … il y a aussi la bêtise humaine ! [quelle clairvoyance !]
    En fait, l’intelligence de l’homme – mais aussi sa bêtise n’ont vraissemblablement pas évolués [sic] depuis des centaines de milliers d’années. Ce qui progresse, c’est son savoir-faire. Et je dis savoir faire plutot que connaissances, car notre connaissance est en fait limitée en tout domaine [la connaissance de pragmat ça c'est certain]. Du coup, en savoir un peu ou pas beaucoup ne change pas grand-chose et en particulier dans des domaines infiniment complexes (comme le climat par exemple). Et la bêtise de l’homme [l'homme = pragmat pour pragmat !] est de toujours croire ceux qui prétendent savoir : c’est à cause de Râ ou une punission divine, ou les particules, ou les aérosols, et finalement le CO2 …[reductio ad religion]
    Quand comprendront [sic] nous qu’en fait on ne sait rien ! [pragmat ne sait pas, donc personne ne peut savoir !] Le savoir-faire en revanche est indiscutable, pratique, utile. Il est le produit d’essais et d’échecs innombrables au cours des siècles [pragmat, en plus d'être un grand philosophe, est un immense historien]. Le seul savoir faire que l’on possède dans la prédiction du temps est la meteo à 3 jours.[encore un qui confond météo et climat, prédictions à court terme et projections à long terme]
    J’ai vu hier un reportage montrant les expériences de comparaison de l’intelligence humaine par rapport aux singes : en fait, on ne serait pas plus malin qu’un singe [c'est fort possible en ce qui concerne pragmat]. Notre avantage serait de copier [pour copier ce qui se fait de mieux dans la négatosphère pragmat est un as] ce qui fonctionne et d’anticiper. Notre intelligence ne serait donc que l’acquis du savoir-faire des générations passées en prévision de besoins futurs. Sauf qu’il semble qu’on soit incapable de valoriser une certaine forme de connaissance : la longue liste des égarements de passé et des bêtises et croyances assumées par l’ensemble de l’humanité en tout temps, mais qui nous semblent aujourd’hui dérisoires avec le recul et devraient nous inciter à la prudence contre toute forme de certitude non matérielle.
    Que les chercheurs nous montrent leur savoir-faire en matière climatique. Alors et alors seulement je serait prêt à les croire. [les croire, pragmat ne pense pas, il croit]
  • fraserve
    J’avais oublié : à l’époque de la publication de son film et de son Prix Nobel, la maison d’Al Gore avait été analysée plus polluante, plus consommatrice d’électricité que celle de George Bush par des experts en énergie. [c'est vrai qu'il s'agit d'un argument massue qui fout toute la théorie du RCA par terre]
Il se trouve tout de même quelques lecteurs un peu plus sensés que la moyenne (vous me direz que ce n'est pas très compliqué) sur ce genre de site :
  • Binvoyons
    Joli procédé qui consiste à commenter une étude…qui n’est pas fournie en lien (ou autrement) au lecteur du commentaire. Sinon, sans « troll » , comme on dit, les commentaires sont d’une banalité et d’une tristesse…
  • hazère-tyuillope
    Je suis un climato sceptique [personne n'est parfait et pour cette fois il sera pardonné], mais ne faisons pas dire aux gens ce qu’ ils ne disent pas. L article de Muscheler est facile à trouver sur watt’upwiththat [j'avais bien dit, personne n'est parfait...] par exemple. Le Pr Muscheler précise bien qu’ il ne pense pas que le forçage solaire soit prédominant et précise même:  » Climate skeptics like to say the sun is causing more global warming than we think but i dont think so  » Ok c’ est peut-être la petite phrase nécessaire pour continuer à être financé [et là ça dégringole, pourtant il avait plutôt bien commencé] mais si on est pas adepte de la théorie du complot, il dit peut -être simplement ce qu’ il pense…[et si le « peut-être » était simplement insultant dans le cas présent ?]

Bref l'actitivité solaire influence le climat de la Terre, cela personne ne le nie, mais comme je le dis toujours :





mercredi 26 octobre 2016

Conditions initiales et conditions aux limites

Le dernier billet sur Skyfall a eu au moins le mérite de m'inciter à me replonger dans la littérature sur les modèles climatiques ; j'avais déjà lu les notions de conditions initiales et « aux limites », le temps est venu de faire un point là-dessus.

Évidemment pour les adeptes de Skyfall cela n'a pas de sens, pour eux les modèles climatiques sont inutiles, et ils prennent Lorenz à témoin pour essayer de justifier leur « raisonnement ».

Seulement il existe une abondante littérature expliquant les processus en jeu, et nous commencerons par Christophe Cassou, co-auteur d'un exposé très clair, même pour un non scientifique comme moi, intitulé Qu'est-ce qu'un modèle numérique de climat ?

 La première diapo (on évitera le mot slide...) dit pratiquement tout :


On voit nettement que les « conditions initiales » sont importantes pour la météo, alors que pour le climat ce sont les « conditions aux limites » qui sont prépondérantes ; on remarquera également que les conditions initiales ne s'appliquent que pour des prévisions à court-terme (100 jours maximum, ce qui est déjà beaucoup...) alors que les conditions aux limites s'appliquent pour les échéances annuelles, décennales et millénaires.

La deuxième diapo donne quelques exemples de conditions initiales prises en compte pour les prévisions météo : température, humidité, vent pour l’atmosphère ;  température, salinité, courants, hauteur de la mer pour les océans :



La diapo suivante se focalise sur les conditions aux limites prises en considération pour le climat : topographie, végétation, insolation, gaz à effet de serre, températures océaniques :


La quatrième diapo montre les lois physiques, communes pour les prévisions météo et les projections climatiques, qui sont entrées dans les modèles numériques :


La cinquième diapo insiste sur la distinction météo-climat :


La dernière diapo (que je montre, il y en a bien sûr davantage dans la présentation) enfonce le clou au cas où l'on n'aurait pas bien compris :


« Au-delà du mois, les conditions initiales ne sont plus importantes...» ; de là à dire que le papillon à court terme de Lorenz peut aller se rhabiller il n'y a qu'un pas que je franchis sans problème ! Les conditions aux limites sont de toute évidence d'une tout autre nature que les conditions initiales, pour s'en convaincre voyons les autres lectures à notre disposition.

Hervé Le Treut nous explique très clairement dans un papier intitulé Évolution climatique : les modèles et leurs limites
  • [...] l’utilisation des modèles pour les études climatiques s’est clairement séparée du domaine de la prévision météorologique. Dans ce dernier cas les modèles sont intégrés à partir d’un état initial observé aussi réaliste que possible, et on cherche à ce que l’écoulement simulé soit le plus réaliste possible, tout au long de la simulation. On sait que cet exercice n’est possible que pour une durée de quelques jours. Mais si l’on continue au delà de cette échéance, l’intégration dans le temps du modèle climatique va l’amener à construire sa propre climatologie, c’est-à-dire sa propre statistique d’événements météorologiques et océaniques, que l’on caractérise par des moyennes, des variabilités à des échelles intra-saisonnières, saisonnières ou interannuelles, par la récurrence de situations extrêmes. Ce climat simulé reflète l’impact sur l’écoulement de facteurs tels que l’ensoleillement, les gaz à effet de serre ou la rotation de la Terre, mais il est indépendant des conditions atmosphériques de départ, qui sont oubliées après quelques jours de simulation ; il dépend partiellement des conditions océaniques initiales, ce qui pose un problème, car on les connaît mal. 
    • ainsi ce qu'il faut retenir :
      • météo => état initial aussi réaliste que possible => durée de quelques jours seulement = conditions initiales
      • climat => moyennes, échelles de temps plus longues, ensoleillement, gaz à effet de serre, rotation de la terre, tout cela indépendant des conditions atmosphériques de départ = conditions aux limites
 Il termine ainsi :
  • Dans la démarche des modélisateurs on est ainsi passé d’une démarche purement académique destinée à bien comprendre le fonctionnement de notre environnement, à une approche plus large, nécessaire pour argumenter la prise de décisions. La complexité du monde naturel fixe des limites à cet exercice, mais elle indique aussi que nous ne serons probablement jamais en mesure de contrôler l’évolution de notre planète, si elle commence à nous échapper.
Et quand un climatosceptique entend « argumenter la prise de décisions » il comprend (réflexe pavlovien)  « tout ça c'est de la politique et pas de la science » !


On peut également voir cette distinction « conditions initiales et aux limites » dans cet article intitulé Quelle est la différence entre «météorologie» et «climatologie» ?
  • Pour les modélisateurs les simulations de l'évolution du temps (ou des phénomènes météorologiques) se différencient des simulations de l'évolution du climat par le jeu des "conditions initiales" et des "conditions aux limites". L'état de l'atmosphère observée à un instant donné sera pris comme l'état (ou condition) initial du système atmosphérique pour un modèle numérique qui calculera son évolution au cours du temps et fera ainsi une prévision météorologique. Notons que ces calculs s'appliquent à un système physique qui déborde un peu au-delà de l'atmosphère puisque un tel modèle «météorologique» doit obligatoirement simuler l'évolution de la température et de l'humidité des surfaces continentales qui, sur quelques heures ou quelques jours, sont des variables qui varient très vite (souvent plus vite que les températures atmosphériques elles-mêmes). On est là dans le domaine de la prévision du temps et de la météorologie. Mais pour cela le modèle devra cependant fixer l'état de la plupart des milieux extérieurs à l'atmosphère, comme l'océan et sa température de surface, la végétation, la composition des sols, etc..., qui l'encadrent et conditionnent son état moyen; ce sont les "conditions aux limites" du système météorologique. Dans une simulation du seul système météorologique, les "conditions aux limites" sont invariantes et fixées. 
  • Mais on sait que la prévision météorologique n'a plus de sens au bout d'une dizaine de jours car l'atmosphère, système physique chaotique, possède la propriété d' "oublier" rapidement ses conditions initiales. Ce sont alors ses "conditions aux limites" qui prennent de l'importance et qui déterminent l'état statistique moyen de l'atmosphère : son climat. On est là dans le domaine de la modélisation climatique et de la climatologie. Notons enfin qu'il n'y a pas de différence fondamentale entre un modèle de prévision météorologique et un modèle de simulation climatique même si la mise en œuvre pratique des calculs est très différente. Ce sont les mêmes lois physiques et les mêmes équations qui y pilotent l'évolution de l'atmosphère. Simplement, dans les modèles météorologiques, il y a beaucoup de variables d'état du système qui sont des conditions aux limites fixes, et qui deviennent une partie des conditions initiales (donc évoluant dans le temps) dans le même modèle étendu au système climatique.

Un autre document (de Sandrine Bony, Directrice de Recherche au CNRS) nous donne des exemples de conditions aux limites :
  • conditions aux limites (e.g. relief, orbite, constante solaire, CO2) 

Et voici encore un lien vers le Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement (LSCE) qui nous dit :
  • Pour simuler des climats différents de l’actuel, nous procédons en général par modification des conditions aux limites des modèles des fluides atmosphériques et océaniques et des forçages tels que les caractéristiques de l’énergie reçue du soleil, la teneur en gaz à effet de serre.
Je donne d'autres liens plus bas, il y en a des tonnes, émanant de chercheurs appartenant à des organismes tels que le CERFACS de Toulouse, le CNRS, Polytechnique, sans compter les nombreuses universités qui toutes ont le même langage ; difficile d'imaginer que tout ce petit monde se tromperait lourdement ou, pire, tenterait de tromper les gens pour des motifs idéologiques, politiques, économiques ou que sais-je encore.

Mais chez Skyfall on préfère faire référence à THE HOCKEY SCHTICK (en lettres capitales s'il vous plait)
  • 72.  yvesdemars | 25/10/2016 @ 17:47 tiens un article publié dans une revue respectée qui met à mal l’effet de serre par rapport à l’effet d’atmosphère [...]
 « Une revue très respectée » censée « mettre à mal l'effet de serre »...

Ouh là là, c'est vrai qu'il a mal l'effet de serre.

*****

Autres liens utiles concernant les modèles climatiques :



Jean Jouzel remet l'église au milieu du village, parait-il...

Je l'ai déjà dit à deux ou trois reprises, ce qu'il y a de bien avec Skyfall c'est que parfois un article ou un commentaire supposé mettre à bas le « réchauffisme » (c'est comme cela qu'ils appellent la science du climat, laissant penser qu'il s'agirait d'une idéologie) produit exactement l'effet inverse et apporte la preuve contraire, on appelle cela se tirer une balle dans le pied mais personne sur le site climatonégatocomplotiste ne voudra jamais l'admettre.

Ainsi dans le dernier billet de Skyfall censé « démontrer » que les modèles climatiques ne peuvent pas marcher à cause du chaos (le chaos dans la tête de ses lecteurs pour sûr) intitulé Lorenz validé (Lorenz n'a évidemment jamais validé que les modèles climatiques ne marchaient pas) le dénommé phi nous pond ceci sans que personne ne lui ait rien demandé :
  •  5.  phi | 24/10/2016 @ 17:10
    Je laisse Jouzel remettre l’église au milieu du village :
    Abandonnons les modèles. Vous savez ce qu’on est en train de faire en augmentant la quantité de gaz à effet de serre de façon manifeste à cause des activités humaines ? On augmente de façon très simple le chauffage du système climatique c’est à dire la quantité de chaleur qui est disponible pour chauffer l’atmosphère, les glaces et l’océan. On augmente ça. On a augmenté de 3 W/m2 supplémentaire. C’était 240 maintenant c’est plutôt 3 W supplémentaire et quand vous chauffez plus, excusez-moi, il n’y a pas besoin de modèles pour savoir que le climat va se réchauffer.
    (http://www.itele.fr/chroniques.....015-142159)
    Ben voilà, le réchauffement global à la sauce du GIEC est indépendant du caractère chaotique du climat, question d’échelle.
    Si les modèles climatiques n’ont rien à dire sur ce sujet particulier, c’est qu’ils n’intègrent pas de thermodynamique de l’effet de serre (ça, c’est pas du Jouzel).
    Bon, je suppose qu’un jour, on finira par le comprendre.
Comme d'habitude la conclusion que l'on peut tirer d'un tel commentaire c'est que
  1. soit phi prend les gens pour des crétins
  2. soit phi a de gros problèmes de compréhension
La citation de phi concernant ce que dit Jouzel (à 28:30) est correcte, à quelques mots près qu'il oublie mais sans changer le sens, seulement phi se trompe s'il croit vraiment que Jouzel pense que « les modèles climatiques n’ont rien à dire sur ce sujet particulier ».

La discussion sur les modèles climatiques a été initiée dans le débat par Olivier Postel-Vinay (à 18:57) qui remet en doute leur capacité à « prévoir » des événements comme la fumeuse « pause » du début du siècle (on verra dans le prochain rapport du GIEC ce qu'il faut penser de cette « pause »...) en comparant les modèles climatiques aux modèles économiques, ce qui fait réagir Jouzel (conversation un peu décousue à cause des interventions intempestives de Postel-Vinay qui tente de brouiller le discours de Jouzel) :
  • Non ça n'a rien à voir [les modèles économiques] excusez-moi, on ne fait pas de l'économie [...] le plateau de températures n'existe pas, il y a une augmentation des températures et surtout 93% de la chaleur supplémentaire vont dans l'océan et ce sont ces 93% qui sont largement à l'origine de l'élévation du niveau de la mer [...] c'est vous qui ignorez [Postel-Vinay venant de dire « on ignore tout ...»] les modèles sont justes avec les incertitudes que nous y attachons et qui sont bien exprimées dans le rapport du GIEC, par exemple ces modèles sont tout à fait capables de justement rendre compte du climat du dernier maximum glaciaire qui est très très différent de celui d'aujourd'hui, de rendre compte du climat des autres planètes, ce sont les mêmes modèles, de rendre compte de la variabilité du dernier millénaire [interruption de Postel-Vinay sur l'optimum médiéval] il n'y a pas d'optimum médiéval de quelques 3 dixièmes de degrés, la période la plus chaude qu'on ait connu de trente ans depuis un millier d'années [...] etc.
Comme on peut le constater c'est dans ce passage que Jouzel « remet l'église au milieu du village » et non dans celui cité par phi, lequel n'a pas compris pourquoi Jouzel disait « abandonnons les modèles » !

Il s'agissait en réalité de laisser un instant de côté, dans la conversation sur le plateau TV (et certainement pas sur le plan scientifique), ce que disent les modèles climatiques pour simplement se concentrer sur les observations ; pas besoin effectivement des modèles pour constater la hausse continue des températures (de l'atmosphère et des océans), la fonte des glaciers et des calottes glaciaires et la hausse du niveau des mers qui en résulte, la baisse du ph des océans (ce que l'on nomme « acidification »), la migration vers les pôles d'espèces animales et végétales qui cherchent à bénéficier de conditions climatiques plus bénéfiques pour leur survie, etc.

Phi n'a pas compris que les modèles climatiques ne servent pas à « prouver » le réchauffement climatique, celui-ci est déjà observé et il correspond à une réalité en accord avec les lois de la physique et de la chimie (rôle du CO2 dans l'effet de serre notamment) ; les modèles sont là pour donner des indications sur ce qu'il peut se passer dans l'avenir en fonction de scénarios d'émissions de CO2 d'origine humaine, avec les incertitudes qui leur sont attachées selon les propos de Jouzel lui-même sur le plateau TV.

Mais phi n'en a retenu que « le réchauffement global à la sauce du GIEC est indépendant du caractère chaotique du climat » et que « si les modèles climatiques n’ont rien à dire sur ce sujet particulier, c’est qu’ils n’intègrent pas de thermodynamique de l’effet de serre »...

Et quand il conclut que « bon, je suppose qu’un jour, on finira par le comprendre » on est en droit de douter en ce qui le concerne qu'il puisse un jour comprendre quoi que ce soit.

Parce que mélanger météo et climat est quelque chose qu'il fait très bien ; il confond le « caractère chaotique du climat », qui, comme l'explique Christophe Cassou, est essentiellement lié à ce qui se passe dans les océans et non dans l'atmosphère, celle-ci étant éminemment plus chaotique et empêchant que l'on puisse effectuer des prévisions météo au delà de quelques jours.
  • à 6:00 : [...] le chaos climatique n'est pas l'atmosphère mais l'océan [...] 
source : youtube
A partit de 23:22 environ Christophe Cassou explique sommairement (le temps lui est compté...) comment marche un modèle :
  • [...] on le force [le modèle] par les forçages externes qui sont la concentration des gaz à effet de serre, les éruptions volcaniques et le soleil, on lui met un peu de papillon [...] caractéristique intrinsèque du système climatique [...] la variabilité interne (papillon atmosphérique-papillon océanique) joue un rôle important [...]

On voit bien que contrairement à ce que les climatosceptiques essaient de faire croire aux gogos il n'y a pas que les gaz à effet de serre qui entreraient en compte dans les modèles, les volcans et le soleil sont également pris en considération, avec de plus la caractéristique « papillon » qui n'est rien d'autre que la composante chaotique (atmosphère plus océans) que les climatologues connaissent bien et que les climatosceptiques déforment et interprètent de travers.

Le dernier lien vers Cassou est fourni par Christial qui préfère se concentrer sur la forme (le tic de langage de Cassou) plutôt que sur le fond :
  • 10.  Christial | 24/10/2016 @ 21:07 phi (#5),
    On ne peut pas évacuer avec le seul mot « chaotique » le raisonnement de simple bon sens (dont il faut se méfier, je le reconnais) de Jouzel.
    L’effet de serre entraine un déséquilibre thermique du système entre flux thermiques entrants et sortants. L’équilibre est retrouvé par une augmentation de la température du système.
    Sur le thème « La variabilité naturelle du système climatique. Peut-elle moduler le forçage des gaz à effet de serre .. » on peut réécouter « Cassou en fait » (agaçant son tic de langage, déjà qu’il est médiocre orateur) lors de son audition à l’Académie des sciences.
    Selon lui, sur le long terme, le caractère chaotique du climat de sa composante variabilité naturelle s’efface devant les forçages externes.
    https://www.youtube.com/watch?v=Q8gcNHJ67pM
« Selon lui » signifie évidemment que Christial pense que Cassou dit n'importe quoi, symptôme d'un Dunning-Kruger bien installé qui lui ferait presque croire qu'il en connait davantage que le chercheur sur le sujet.

On voit aussi dans le même fil des commentaires la négation du rôle du CO2 par le créationniste scaletrans :
  • 11.  scaletrans | 24/10/2016 @ 22:32 Christial (#10),
    L’effet de serre entraine un déséquilibre thermique du système entre flux thermiques entrants et sortants. L’équilibre est retrouvé par une augmentation de la température du système.
    Je suis en désaccord. L’effet d’atmosphère est simplement ce qui nous évite d’être congelés ou carbonisés selon l’exposition. Quant aux soi-disant « gaz à effet de serre », si l’on considère le taux important d’augmentation de la concentration du fameux CO2 ces dernières décennies parallèlement à l’évolution de la température UAH ou RSS, on se rend bien compte qu’il n’y a pas d’effet.
    Quant à ce qu’a dit Cassou… sur le long terme… ça met à l’abri des vérifications comme le dit si bien Rémy Prudhomme.
En parlant de Rémy Prud'homme, que je n'avais encore jamais vu à l’œuvre, je dois dire que j'ai été servi, ce monsieur ayant le mot « idéologie » au bout des lèvres, prêt à bondir à chaque instant, est le symbole même du vieux crouton rétrograde sans intérêt qui tirera bientôt sa révérence comme Allègre ou Singer, et personne ne sera là pour le regretter et vanter ses « illuminations » ; j'en déduis que ses admirateurs, dont scaletrans, lui ressemblent et cela ne m'étonne pas, je me représente tous ces négateurs professionnels comme les petits vieux du Muppets show auxquels Gemenne faisait allusion dans l'émission en parlant de Prud'homme et Postel-Vinay :

Rémy Prud'homme et Olivier Postel-Vinay
On terminera avec un troisième papy qui fait de la résistance avec ses commentaires décalés :
  • 17.  lemiere jacques | 26/10/2016 @ 8:14 ce qui me frappe est l’acte de foi…climat simulé = climat….
    mais pour le reste c’est intéressant, et plus les commentaires qu’on trouve ici ue cette « découverte »…
    jouzel s’affranchissant des modèles ( sans s’en affranchir d’ailleurs) les commentaires excellents (mais pourtant si triviaux!) de tsih…
    les modèles numériques sont des objets à manipuler avec précaution…
    on peut le comprendre de façon simple..c’est un calcul livré en général sans incertitude… pour beaucoup ça suffit..
    ce qui est rigolo c’est que vous n’avez aucune idée de savoir si vous vous rapprochez de la réalité ou vous vous en éloignez en faisant un modèle qui vous semble plus réaliste, on peut imaginer d’ailleurs des effets d’échelle bizarres..
    mais parfois des paroles révélant le trouble dans la foi sont sidérante…

Plus décousu que ça tu meurs.





mardi 25 octobre 2016

Lévitation entre Tornheim et Suramar

Tous les joueurs de Légion le savent bien maintenant, chaque région a une entrée en matière qui lui est propre et celle qui concerne Tornheim est certainement la plus spectaculaire, avec une bataille aérienne et navale épique.


Mais quand on a conquis les terres de Tornheim et que l'on veut se rendre à Suramar, pour rendre une quête par exemple, et qu'il se trouve que l'on est un prêtre ou un mage, il suffit de se rendre en haut de la montagne et de se laisser tomber dans le vide, le trajet en vaut la peine, on part de très haut pour arriver très bas, donc on a le temps d'admirer le paysage.


Si l'on ne possède pas les sorts de chute lente ou de lévitation on peut évidemment utiliser un planeur gobelin, l'avantage c'est que l'on peut diriger sa chute, le gros inconvénient c'est que l'on n'a que deux minutes devant soi...


lundi 24 octobre 2016

Et ça continue de grimper, de grimper...

Il y a des courbes qui descendent (la superficie et le volume des calottes glaciaires) parce que d'autres montent, les températures et la teneur en CO2 dans l'atmosphère notamment.

Sur Skeptical Science, un site que les climatosceptiques évitent comme la peste (ou le diable, vade retro satana, and God bless Monckton & Watts & Duran), le dernier article de John Abraham (vade retro Abrahama) nous renseigne sur l'état de l'année 2016. L'article complet est disponible sur le Guardian (vade retro Guardiana)

Des courbes parlantes et donc intéressantes sont présentées, la première en provenance du NASA GISS (vade retro nasagissa), ce repaire de crypto-communistes habitués à truquer les données comme « ils » ont truqué les missions Apollo qui n'ont bien sûr jamais atteint la Lune :


Eh oui, l'étoile représente l'année 2016, comment croire pareille fadaise ? Benoit Rittaud va immédiatement mettre les points sur les i de tout le monde en décrétant cette courbe exponentielle, donc nulle et non avenue.

Et celle-ci mettant en perspective les données HadCRUT, Cowtan&Way, NOAA et GISTEMP avec les projections du GIEC (vade retro gieca et tous les autres) :



Comment croire que la courbe se décide enfin à se positionner en plein milieu des projections du GIEC, ce ne peut être qu'une arnaque qui sera dûment dénoncée chez WUWT (hosannah in excelsis Watts, chantons tous ensemble les louanges d'Antony)

Mais l'atmosphère c'est une chose et le réchauffement climatique ne se limite pas à elle, il y a aussi l'océan qui, d'après cette étude récente de Kevin E. Trenberth, John P. Abraham (le même satana) et al, se réchauffe comme les modèles climatiques le prévoient :
  • Greenhouse-gas emissions have created a planetary energy imbalance that is primarily manifested by increasing ocean heat content (OHC).
  • Since the beginning of the industrial revolution, increased emissions of long-lived greenhouse gases such as carbondioxide have resulted in an accumulation of thermal energy in the climate system (Trenberth et al., 2014; von Schuckmann et al., 2016) via the associated net energy imbalance atEarth’s top-of-atmosphere (TOA).
  • It is estimated that more than 90 % of the excess heat is stored in the ocean and is
    manifested by ocean warming (Loeb et al., 2012; Balmaseda et al., 2013; Rhein et al., 2013; Trenberth et al., 2014), i.e., an increase in global ocean heat content (OHC; Lyman etal., 2010; Levitus et al., 2012; Abraham et al., 2013).
  •  Prior to 2004, observations of the upper ocean were predominantly confined to the Northern Hemisphere and concentrated along major shipping routes; the Southern Hemisphere is particularly poorly observed. In this century, the advent of the Argo array of autonomous profiling floats (Roemmich et al., 2015; von Schuckmann et al., 2014) has significantly increased ocean sampling to achieve near-global coverage for the first time over the upper 1800m since about 2005.
  •  The lack of historical data coverage requires a gap-filling (or mapping) strategy to infill the data gaps in order to estimate the global integral of OHC.
Et les chercheurs expliquent comment ils s'y prennent pour « remplir les trous » provoqués par le manque de mesures, notamment dans l'hémisphère sud.

Mais cette étude, revue par les pairs, a été publiée en juillet de cette année, laissons donc aux génies et futurs Nobel climatoscepticonegatoconspirationnistes un peu de temps pour préparer leur contre-attaque et publier à leur tour un papier (une nappe de restaurant fera l'affaire) qui réfutera de manière définitive ces allégations sorties d'on ne sait où.

Pour les forts en maths (je ne parle pas de Rittaud qui n'est pas fort mais exceptionnel, que dis-je, exponentiel) ils peuvent essayer de déchiffrer les formules dans l'abstract :
  •  Abstract. Greenhouse-gas emissions have created a planetary energy imbalance that is primarily manifested by increasing ocean heat content (OHC). Updated observational estimates of full-depth OHC change since 1970 are presented that account for recent advancements in reducing observation errors and biases. The full-depth OHC has increased by 0.74 [0.68, 0.80]  ×  1022 J yr−1 (0.46 Wm−2) and 1.22 [1.16–1.29]  ×  1022 J yr−1 (0.75 Wm−2) for 1970–2005 and 1992–2005, respectively, with a 5 to 95 % confidence interval of the median. The CMIP5 models show large spread in OHC changes, suggesting that some models are not state-of-the-art and require further improvements. However, the ensemble median has excellent agreement with our observational estimate: 0.68 [0.54–0.82]  ×  1022 J yr−1 (0.42 Wm−2) from 1970 to 2005 and 1.25 [1.10–1.41]  ×  1022 J yr−1 (0.77 Wm−2) from 1992 to 2005. These results increase confidence in both the observational and model estimates to quantify and study changes in Earth's energy imbalance over the historical period. We suggest that OHC be a fundamental metric for climate model validation and evaluation, especially for forced changes (decadal timescales).

Tamino, lui, nous montre et démonte un exercice de cherry-picking extrême exécuté par un certain Christopher Booker, qui assène le plus sérieusement du monde :
  • It has long been apparent that the main reason why so many other official climate models got their predictions so hopelessly wrong was that they were similarly programmed to overlook the influence of such natural factors as ocean currents and solar radiation. Only gradually since 2007, when none of them predicted a temporary fall in global temperatures of 0.7 degrees, equal to their entire net rise in the 20th century, have they been prepared to concede that CO2 was not the real story.
On se frotte les yeux, « quand aucun d'eux [les modèles climatiques] n'a prédit une chute temporaire des températures globales de 0,7 degrés », cette phrase est supposée mettre à bas la validité des modèles climatiques qui seraient capables de se tromper aussi grossièrement !

Et le CO2 qui ne serait pas « la véritable histoire » (en référence à the real story) c'est à dire qui serait du pipeau, les véritables « coupables » étant les courants océaniques et les radiations solaires...

Pour démonter l'arnaque Tamino montre plusieurs graphiques dont je vous livre le dernier qui est le plus assassin pour le clown (encore un, faut croire qu'ils ne sont pas tous en représentation dans les cirques) Booker :



 Je pense que cela se passe de commentaires.



    samedi 22 octobre 2016

    Le sentier des Moines

    On connaissait les moines soldats et les moines copistes, mais il y avait aussi des moines défricheurs, tels ceux du monastère d'Hauterive (avec un H) près de Castres, si l'on en croit La Dépêche :
    • Nous disons le chemin des Moines, mais comment pourrait-il en être autrement quand on sait que ce sont les moines du monastère d'Hauterive qui ont en grande partie façonné ces terres du Tarn. S'installant près de Castres, ce monastère fut un des premiers en Gaule à se soumettre à la règle de Saint-Benoit. Pourtant au contraire de ce qu'elle préconise, ils n'ont pas tardé à s'étendre en défrichant un département du Tarn où régnait la forêt et découvrant ainsi des terres fertiles mais pas uniquement puisqu'ils tombèrent également sur des endroits stériles.
    Mais en consultant Google on ne trouve aucune mention à un quelconque monastère d'Hauterive, la première sélection concerne le château d'Hauterive :
    Nul monastère dans les environs n'est mentionné...

    Il y a bien une abbaye d'Hauterive, le problème c'est qu'elle est située en Suisse !

    Mais je trouve une référence lacunaire sur le site du Conseil Général du Tarn :
    •  Le christianisme s’implante au IVe siècle et, en 614, Hauterive (près de Castres), reçoit le premier monastère bénédictin de Gaule. Au VIIe siècle, Sainte-Sigolène, à Lagrave, est la première communauté moniale. Les abbayes donnent naissance à des villes, entre 950 et 1100 : Castres, Gaillac, Lavaur, Sorèze…
    On va donc faire confiance à La Dépêche, ils doivent avoir un expert en histoire de la région en leur sein, qui nous dit de surcroit :
    • Le résultat de ce traitement agricole donne un ensemble harmonieux composé de cultures, de bosquets, de vignes, de chemins ainsi que de bâtis traditionnels. C'est au cœur de ce charmant paysage que les moines de l'abbaye de Bonnecombe, du côté de Rouergue, qui cultivaient autour d'une grange au sud de Castanet, ont emprunté cinq siècles durant le « chemin des Moines » afin de transporter divers produits tels que l'anis, les céréales, la coriandre, le pastel ou encore le safran.
    Pour en savoir davantage sur le sujet il faudrait lire Sur le chemin des Moines Abbaye de Bonnecombe et ses possessions en Albigeois Moularés et Bernac et en Rouergue Albi Rodez Tarn Aveyron Midi-Pyrénées, mais le prix, 75 euros, est plutôt dissuasif... La description nous apprend notamment :
    • Ces pages d'Histoire Locale et Monastique, font honneur à L'Ordo Monasticus, en particulier l'Ordre de Citeaux, par le biais de l'Abbaye Notre-Dame de Bonnecombe, au pays des Euthènes. Ces "granges" du XIIe et XIIIe siècles furent habitées par de puissantes communautés de "religieux profès cisterciens", dits "Convers" ou "profès laïcs". Ces" religieux profès de l'Ordre", soumis aux obligations monastiques, vivaient sous la Règle de Saint Benoit, dirigé par un Père Abbé (celui de Bonnecombe) dont le représentant dans les Granges de Bar, Moulares et Bonnefon d'Aveyron, était soit le Cellerier ou le sous- Cellerier, soit le" Maitre de Grange" ou "Grangier". Leur vie monastique était faite d'obéissance, de prière, de silence et de travail manuel. Leurs biens étant nombreux, ils étaient généreux en aumônes , comme il était d'usage dans l'Ordre, par le biais des "hospitalias". [...] Un deuxième volets se présente aux lecteurs tarnais du "Chemin des moines", qui scrute l'histoire locale à fond: précision des textes, présentation des sources, titres et sous-titres fort clairs. Cependant, quelques pages, et non des moindres, sont si strictement locales que seul le lecteur du lieu ( le ségala) pourra vraiment s'y reconnaitre.[...]
    Donc il s'agissait de moines bosseurs, et ils ont dû en abattre du travail !

    D'abord la situation de la balade du jour :


    On distingue au sud-est la ville d'Albi et, plus à l'ouest, celle de Gaillac ; la rivière est le Tarn ; les forêts bien visibles à l'ouest sont celles de la Grésigne, au nord, et de Sivens, au sud.

    L'itinéraire fait 16 kilomètres parcourus par monts et par vaux avec départ du petit village de Castanet (parking à côté de l'église) :


    Comme nous sommes en automne c'est la saison des labours et ça se voit, par exemple :

    Labours profonds en terre grasse.

    Labours plus superficiels en terre « ingrate »

    Il a fallu en enlever des caillasses...
    Mais la terre se prête bien à la vigne (nous sommes tout près de Gaillac !)


    Labours et vignes se mêlant au retour sur le village de Castanet :


    En chemin, en restant attentifs, on peut éventuellement épier les hôtes des lieux en train de se restaurer de bonnes baies des haies bordant le chemin :


    Au départ de la maison la température était proche de zéro (il a fallu dégivrer les vitres de la voiture), à l'arrivée à Castanet, peu avant 10 heures, elle était montée à une dizaine de degrés pour atteindre un peu plus de 20 degrés à l'abri en fin de balade peu après 14 heures.

    Un petit vent froid soufflait qui m'a fait supporter ma polaire durant tout le parcours, bien que dans les côtes et à l'abri j'étais proche de la transpiration, mais j'avais la flemme de l'enlever, j'aurais dû la remettre peu après, alors...




    vendredi 21 octobre 2016

    Gros problèmes de compréhension chez Skyfall (5)

    Petit rappel des gros problèmes de compréhension chez nos amis de Skyfall :
    1. Gros problèmes de compréhension chez Skyfall - où Nicias ne sait pas faire la différence entre un hiatus et une pause
    2. Gros problèmes de compréhension chez Skyfall (2) - où miniTAX prend Guillaume Séchet et les livres d'Emmanuel Le Roy Ladurie (mais pas Le Roy Ladurie lui-même) pour des climatosceptiques
    3. Gros problèmes de compréhension chez Skyfall (3) - où Nicias n'a pas compris que c'est l'augmentation du CO2 qui précède celle des températures et non l'inverse
    4. Gros problèmes de compréhension chez Skyfall (4) - où miniTAX s'échine à nier la réalité du recul des glaciers
    Dans ce billet nous allons voir que c'est en bande que les adeptes de Skyfall nient que la hausse des températures puisse avoir un effet sur les risques d'incendies de forêts.

    Tout est parti de cet article (Bulletin des climato-irréalistes n° 46) que j'ai déjà évoqué dans un précédent billet : Par Usbek : comment prendre les gens pour des cons en une leçon (et en plus c'est gratuit)

    J'y montrais très rapidement comment il était facile de prendre les gens pour des crétins en tronquant une information ; dans le cas présent Usbek, l'auteur présumé du billet, relatait brièvement un article de Stéphane Foucart en prétendant, ou en laissant très lourdement sous-entendre, que le journaliste aurait exprimé des regrets qu'il n'y ait pas davantage d'incendies dans le sud de la France, ce qui évidemment est entièrement faux puisqu'il suffit de lire l'article du Monde pour s'en convaincre et avoir en plus des informations importantes non reportées par Usbek (pour décrédibiliser quelqu'un il ne faut citer qu'une petite partie de ce qu'il a dit, si possible en déformant cette partie, et le tour est joué) ; voici pour mémoire l'extrait du billet d'Usbek :
    • Et pourtant, reconnaît presque à regret Stéphane Foucart auteur de l’article, la forêt méditerranéenne française brûle moins aujourd’hui qu’à la fin des années 1980.
    Pour ce qu'a réellement écrit Stéphane Foucart se reporter à mon billet sur le sujet ou lire directement l'article du Monde.

    Mais tout cela ce ne sont que des préliminaires pour en arriver à la grande incompréhension portant sur le lien entre températures et risques d'incendies ; et il faut être clair sur la ligne adoptée par les négateurs patentés du RCA : pour eux soit il n'y a pas d'augmentation des températures et donc pas de risque accru d'incendies, soit le lien entre augmentation des températures et risques d'incendies n'existe pas ; dans le premier cas c'est nier les observations des températures à la surface qui ne cessent de monter et sont prévues de continuer à monter dans le futur, dans le second cas c'est nier le fait que quand un objet, quel qu'il soit, est réchauffé, il brûle plus facilement, et un végétal ne fait pas exception à la règle comme nous le verrons plus bas.

    Je passe sur la plupart des commentaires afin de ne pas surcharger ce billet, j'avais notamment écrit :
    • 10.  Géd | 16/10/2016 @ 0:47 tsih (#8),

      [...]Par exemple qu’avez-vous à dire concernant mon analyse de l’information biaisée sur les incendies ? Pensez-vous que ma façon de voir les choses n’est pas meilleure que celle présentée ici ? Et si c’est le cas pouvez-vous expliquer ?
      [...]
    Après un échange sans intérêt il y a enfin un lecteur un peu moins fainéant que les autres qui me répond en me donnant en plus des références paraissant sérieuses, quoique...
    • 24.  Richard | 17/10/2016 @ 15:58 Géd (#10)
      Je note que la forêt française (en métropole) a compté 15,3 millions d’hectares en 2011 et la surface des forêts a doublé depuis 1850. Donc l’été caniculaire de l’année 2003, qui détient le record avec 70 000 hectares partis en fumée représente 0,46%.
      La thèse beaucoup a déjà brûlé et ce qui reste est dispersé et proche des humains qui veillent au grain et limitent ainsi les dégâts paraît un peu réducteur.
    • 26.  Richard | 17/10/2016 @ 16:56 Géd (#10)
      Les incendies de forêt dans l’histoire
      Enfin, si l’on considère les statistiques des incendies depuis quelques centaines d’années, la forêt méditerra­néenne devrait être actuellement un espace désertifié. Il n’en est rien.
    Je lui réponds ceci :
    • 30.  Géd | 18/10/2016 @ 3:03 Richard (#26),

      la forêt méditerra­néenne devrait être actuellement un espace désertifié
      Pas du tout, si elle n’est pas un espace désertifié c’est qu’elle est surveillée et entretenue ; pensez-vous que les moyens employés (Canadairs, surveillance, coupe-feu, pompiers etc.) ne sont pour rien dans le fait qu’il y ait moins d’incendies ? Par ailleurs vous ignorez totalement le fait que ce qui a brûlé peut difficilement brûler à nouveau et que ce qui reste est davantage surveillé (plus les campagnes de prévention, cf interdiction de circuler, même à pied, pendant certaines périodes)
      Richard (#25),

      c’est notre perception du phénomène
      On parle de quelques décennies et vous parlez de millénaires…Pensez-vous que notre « perception du phénomène » ait tant changé que cela entre les années 1980 et aujourd’hui ?
    A la relecture je m'aperçois que je ne lui ai pas répondu concernant son message #24, mais cela a peu d'importance, car le fait que la forêt ait doublé en surface entre 1850 et aujourd'hui n'a pas de rapport avec le lien entre températures et risques d'incendies, c'est un peu comme si on disait qu'entre 1900 et aujourd'hui le nombre de voitures a été multiplié par x millions et qu'on en tirerait comme conséquence qu'il y aurait pourtant moins de risques d'accidents en 2016 qu'en 1900 (ou l'inverse, peu importe) ; les choses sont bien plus complexes qu'une simple tentative de corrélation entre une évolution de surfaces et un risque accru.

    Manifestement Richard n'a pas bien compris, puisqu'il me répond plus loin :
    • 44.  Richard | 18/10/2016 @ 22:35 Ged (#30)
      Je vous invite à lire les documents que j’ai fait référence #25 et #26 concernant les lieux qui brûlent régulièrement et la durée de temps de notre perception des incendies.
    Alors pour préciser je lui dis :
    • 50.  Géd | 20/10/2016 @ 3:49 Richard (#44),
      Votre document de Marcel Faure semble daté de 1986, il faudrait trouver plus récent…
      Quant à l’autre lien on peut voir un graphique sur les feux de forêts en France (ce n’est pas la région méditerranéenne mais bon…) dans lequel on constate que de 1991 à 2002 inclus les superficies incendiées ainsi que le nombre des incendies étaient très en dessous de la moyenne de la période 1977-2003, puis en 2003, subitement, on passe très largement au-dessus de cette moyenne, et le commentateur explique :
      À partir de 1991 et jusqu’à 2002, tous les bilans ont été inférieurs à la moyenne. En cela, l’été 2003 interrompt une accalmie de plus d’une décennie. Il est difficile de savoir s’il s’agit d’un changement de régime durable. Il faudra pour cela attendre quelques années avant d’apporter des conclusions définitives et d’en expliquer les causes.
      Comme cet article a été publié en 2004 vous me permettrez donc de ne pas vous suivre dans vos conclusions hâtives…
      Quand il fait chaud et sec les risques d’incendies sont accrus, et s’il fait plus chaud et plus sec les risques sont amplifiés, je me demande comment on peut nier cette évidence ; peut-être devriez-vous en discuter avec un pompier travaillant dans le sud-est…
    Et voici ce que Richard trouve comme « argument » :
    • 54.  Richard | 20/10/2016 @ 16:44 Géd (#50),
      Mais pendant les années 1980 c’était plus ‘froid’ mais il y avait plus d’incendies.
     A ce stade-là il n'est plus utile de continuer, Richard veut absolument croire que la hausse des températures n'entraine pas de risques accrus d'incendies, ce n'est pas la peine d'insister.

    Entre temps d'autres intervenants sont venus mettre leur grain de (gros) sel.
    • 32.  Nicias | 18/10/2016 @ 7:33 Géd (#30),
      Pensez-vous que notre « perception du phénomène » ait tant changé que cela entre les années 1980 et aujourd’hui ?
      Vous n’avez visiblement pas entendu parler du réchauffement climatique ni lu des publications sur l’évolution des incendies ou il est omniprésent.
      Au Canada, un pays un peu trop grand pour que l’homme agisse partout, les incendies ont diminué y compris dans les endroits ou l’on ne fait pas de prévention.
    Nicias tente un peu d'ironie, à moins que ce ne soit du premier degré, avec lui on peut s'attendre à tout. Il n'a pas dû entendre parler du gigantesque incendie de Fort McMurray :
      • Il s'agit du plus grand sinistre de l'histoire du Canada à cette date, on estime en juillet 2016 qu'il a causé 3,58 milliards de dollars canadiens (2,49 milliards d'euros) de dégâts4 et est la plus coûteuse des catastrophes naturels depuis la tempête de verglas en 19985. En date du 20 mai, plus de 500 000 hectares ont été brulés6. En tout, 3 000 pompiers4, 189 hélicoptères et 29 avions-citernes ont été mobilisés pour combattre le brasier.
     Sans compter le graphique des statistiques que je lui fournis plus loin :
    • 40.  Géd | 18/10/2016 @ 19:58 Nicias (#32),

      Au Canada, un pays un peu trop grand pour que l’homme agisse partout, les incendies ont diminué y compris dans les endroits ou l’on ne fait pas de prévention.
      Alors d’abord l’information relatée par Usbek parlait des incendies aux USA, pas au Canada, donc vous détournez le sujet.
      Ensuite si vous voulez vraiment évoquer le Canada qu’est-ce qui vous fait affirmer péremptoirement que « les incendies ont diminué » ?
      Ce n’est pas l’impression qui ressort des données statistiques canadiennes, mais peut-être que vous en savez davantage que les canadiens ?

    Les statistiques canadiennes ne commencent qu'en 1970, avant cette date il n'y avait apparemment pas de données permettant de tracer une courbe fiable ; sur ce graphique on voit nettement que les incendies n'ont pas particulièrement tendance à diminuer dans les temps présents.

    Nicias reste muet, c'est San Antonio (ou Bérurier) qui répond à sa place, de travers bien sûr :
    Le lien qu'il fournit émane de Steven Goddard alias Tony Heller, un climatosceptique notoire dont Desmoblog nous apprend qu'il a notamment affirmé :
    Par ailleurs :
      • Steve Goddard does not have a background in climate science. He has primarily published his articles in blogs and newspapers using a pseudonym. A search of Google Scholar for “Tony Heller” returned no results.
     C'est donc ce genre de « référence » que notre ami San Antonio a pu trouver à l'appui de ses « arguments ».

    Je lui réponds dans la foulée :
    • 49.  Géd | 20/10/2016 @ 3:29 AntonioSan (#48), Je remarque que 1) vous revenez sur les USA avec votre lien (qui ne prouve pas grand chose, sauf qu’il y avait de nombreux incendies dans les années 20 à 40, très probablement parce que les moyens de lutte n’étaient pas à cette époque aussi perfectionnés que par la suite + la récession + la guerre…) alors que Nicias avait dérapé sur le Canada, preuve que quand on vous embête sur un point vous faites facilement diversion ; et 2) si le Canada commence ses statistiques en 1970 vous n’allez quand même pas me le reprocher (et si la courbe a la même tête que pour les USA même commentaire que pour le 1) ; et enfin 3) sur le graphique de votre idole tonyheller (comme référence scientifique c’est vraiment top…) on remarque que les incendies aux USA enregistrent une hausse sur les dernières années, et ce malgré les progrès dans la prévention et dans la lutte… j’appelle ça se tirer une balle dans le pied.
      De plus ce que reproche tonyheller c’est exactement ce que vous faites vous les climatosceptiques avec votre hiatus des températures quand vous montrez une courbe commençant en 1998 et en ignorant ce qu’il y avait avant (d’ailleurs ce mythe devra attendre une décennie avant de reprendre des couleurs avec « il n’y a pas de hausse des températures depuis 2016 »)
    Mais notre policier de pacotille, après avoir étudié tous les indices en sa possession (cela a dû lui prendre une demi-seconde, bien moins que pour écrire sa réponse) m'assène :
    • 56.  AntonioSan | 20/10/2016 @ 17:58 Géd (#49),
      très probablement parce que les moyens de lutte n’étaient pas à cette époque aussi perfectionnés que par la suite + la récession + la guerre…
      Mais en revanche tout etait beaucoup plus perfectionne dans les annees 50… LOL et non car le plus large feu de foret au Canada date de 1950… (Chinchaga)
      si le Canada commence ses statistiques en 1970 vous n’allez quand même pas me le reprocher
      Bien sur que si puisque vous etayez votre raisonnement sur cette courbe qui ne reflete meme pas l’historique de 20 eme siecle… D’autant qu’il est connu et il suffit de rechercher un peu que le Canada a subi des incendies devastateurs… Votre attitude n’est pas differente de ceux qui pretendent que les innondations d’Alberta de 2013 sont « unprecedented »…
      les incendies aux USA enregistrent une hausse sur les dernières années, et ce malgré les progrès dans la prévention et dans la lutte… j’appelle ça se tirer une balle dans le pied.
      Cela s’appelle un strawman. Vous n’avez aucune preuve que le pic d’incendie des annees 30-40 etait du a l’absence de prevention et maintenant vous nous refourguez la proposition inverse comme preuve que les incendies augmentent a cause du rechauffage carbu…
    C'est vrai qu'en matière de strawman il en connait un rayon, sauf qu'en la matière il n'y en a aucun de ma part, car je n'ai jamais affirmé « que le pic d’incendie des années 30-40 était dû a l’absence de prévention » ; par ailleurs pour contrer les statistiques canadiennes que j'ai produites (nous avons vu pourquoi elles commençaient en 1970) il ne trouve rien de mieux que me donner un lien vers wikipedia qui fournit une liste d'événements depuis 1825, classés par ordre alphabétique et non chronologique, donc inexploitable pour en tirer une tendance ; de plus l'article commence par cette précaution :
    Ainsi San Antonio préfère une liste incomplète, classée par ordre alphabétique des lieux où les incendies se sont produits, au graphique fourni par un organisme canadien qui sait de toute évidence mieux que lui de quoi il retourne. Notamment qu'au 19ème siècle le Canada était loin d'être totalement « colonisé » (l'est-il aujourd'hui ?) comme on peut lire ici :
      • À la fin des années 1800 et au début des années 1900, les colons canadiens se sont déplacés vers l'Ouest et on a vu apparaître des collectivités à un rythme rapide, lesquelles n'étaient le plus souvent peu ou pas protégées contre les feux deforêt.
    Alors les données « sanantoniesques » on voit le crédit qu'on peut leur apporter...

    Par ailleurs dans la même étude émanant des canadiens on peut lire :
      • Cette évaluation des tendances au niveau de la charge de travail relative aux incendies commence par une analyse détaillée des statistiques sur les incendies au Canada, suivie d'une étude de la documentation récente sur les prévisions concernant les répercussions du changement climatique sur l'activité des feux de forêt au Canada et leurs effets dans le pays, et se termine par un sondage mené auprès des responsables canadiens de la gestion des feux pour qu'ils fassent part de leurs intuitions au sujet de la charge de travail actuelle relative aux incendies et de la façon dont elle pourrait évoluer.
    Mais San Antonio sait mieux que les canadiens quelles sont les « répercussions du changement climatique sur l'activité des feux de forêt au Canada », pour lui il n'y en a pas, c'est bien plus simple comme ça, on évite ainsi de se casser la tête pour pas grand chose au final.

    L'étude canadienne enfonce le clou avec :
      • Les premières recherches canadiennes sur le changement climatique et les feux ont été lancées à la fin des années 1980 avec l'objectif d'élaborer des scénarios sur le danger d'incendie à l'avenir.
      • le danger d'incendie augmenterait de près de 50% au Canada (Flannigan et VanWagner, 1991)
      • Dans les deux cas, avec un climat où la concentration de CO2 aurait doublé, la saison des feux commençait plus tôt et la zone où il y avait un danger extrême d'incendie était bien plus vaste (voir la figure15). Une étude de Wotton et Flannigan (1993) a également prédit un début de la saison des feux plus tôt au printemps et un allongement de la saison des feux de 30 jours au Canada.
      • On peut s'attendre à ce que l'intensité et la gravité des incendies boréaux augmentent avec le réchauffement climatique, car la quantité de combustible pouvant brûler augmentera du fait du temps plus sec et de la dégradation du peuplement forestier due à la transformation de la végétation et à la détérioration de l'état de santé des forêts (de Groot et al., 2003, 2009). Le feu devrait être l'un des principaux catalyseurs de la transformation de la végétation en réaction au changement climatique, souvent en synergie avec d'autres perturbations naturelles, ce qui accentuera les effets directs du
        réchauffement climatique sur la répartition et la migration des espèces (Stocks, 1993; Weber et Flannigan, 1997).
    Mais tout cela est bien trop compliqué pour San Antonio qui préfère en rester à son dogme qui lui permet de dormir tranquille (Tout va très bien madame la marquise, le château a brûlé mais tout va très bien)

    Pour aller plus loin (ceci ne s'adresse pas aux fidèles lecteurs de Skyfall qui ont déjà tout compris en lisant Tony Heller) on peut consulter le site de Météo France qui nous explique ceci :
    • En asséchant la végétation, le changement climatique entraîne une augmentation du danger météorologique de feux de forêts. Les chercheurs de Météo-France ont étudié l'évolution de cet aléa au cours du siècle passé et pour les prochaines décennies : il augmente depuis les années 1960 et devrait encore augmenter au cours du XXIe siècle.
    • Des températures plus élevées favorisent la transpiration des plantes et la diminution de l'eau contenue dans les sols. La végétation s'asséchant, le risque de départ de feu est plus fort. La quantité de combustible disponible une fois l'incendie déclaré augmente également.
    • Sur certaines régions, le changement climatique devrait également entraîner une baisse de la pluviométrie durant les saisons propices aux incendies, aggravant le phénomène.
    • La propagation d'un feu de forêt dépend, quant à elle, principalement de la force et de la direction du vent, moins sensibles au changement climatique.
    • La fréquence des feux de forêt varie fortement d'une année sur l'autre et dépend de nombreux facteurs, y compris humains. Il est donc complexe de détecter une recrudescence des feux de forêts que l'on puisse attribuer avec certitude au changement climatique
    • L'analyse de l'étendue des surfaces brûlées pose également problème. La superficie moyenne d'un feu a en effet diminué ces dernières décennies grâce à l'amélioration des moyens de lutte contre les incendies. Dans les pays où ces moyens de lutte ont peu évolué, le signal climatique est d'ailleurs plus marqué.
    • L'indice forêt météo (IFM), développé au Canada à la fin des années 1970, permet d'estimer le danger météorologique de feux de forêts en tenant compte de la probabilité de son éclosion et de son potentiel de propagation. De nombreuses études ont montré une corrélation claire entre l'IFM moyen et le nombre de départs de feu.
    •  Les chercheurs ont [...] utilisé une réanalyse atmosphérique (SAFRAN) sur la période passée et un modèle climatique (ARPÈGE-Climat) pour suivre l'évolution de l'IFM de 1958 à l'horizon 2100. Les simulations montrent une augmentation constante de la fréquence des jours présentant un danger météorologique de feux de forêts, ainsi qu'un allongement de la saison propice aux incendies (elle débuterait plus tôt au printemps pour se terminer plus tardivement en automne). L'extension des territoires exposés à ce danger devrait également progresser vers le nord de la France.
    Sur  la Documentation Française on peut également lire :
    •  Rapport de la mission interministérielle "Changement climatique et extension des zones sensibles aux feux de forêts"
    •  Le rapport analyse les conséquences du changement climatique, à l'horizon 2030-2050, sur l'aléa feux de forêts ainsi que l'extension probable des zones sensibles sur le territoire métropolitain et fait des propositions pour permettre au gouvernement de préparer ces échéances. Cette analyse prend en compte l'évolution des facteurs climatiques, la sensibilité de la végétation au feu, les conséquences sur les politiques publiques, l'évaluation des coûts et les pistes de financement. Elle permet de conclure à la possible augmentation de 30% des surfaces sensibles et de 20% des coûts à l'échéance 2040, cette hausse pouvant atteindre 50% des surfaces sensibles et des coûts allant au-delà de 20% à l'échéance 2050. Ce travail de prospective débouche sur une série de recommandations relatives à l'amélioration des connaissances, l'information du public, la prévention et la lutte contre les incendies de forêts, la gestion forestière, l'urbanisme et l'aménagement du territoire.
    Par « surfaces sensibles » il faut bien sûr comprendre les surfaces « à risque » et non les incendies réellement déclarés ; la hausse des températures va entrainer un risque accru d'incendies qui seront limités si, et seulement si, les solutions adéquates sont mises en œuvre tant en prévention qu'en moyens de lutte.