lundi 30 avril 2018

La courbe en crosse de hockey de Michael Mann a 20 ans, longue vie à elle !

---and Then There's Physics nous rappelle que la courbe de Mann, en forme de crosse de hockey, a été diffusée pour la première fois il y a 20 ans, en avril 1998.

Michael Mann lui-même nous rappelle la forme originale de la courbe, parue dans Nature le 23 avril 1998 :

Original “hockey stick” temperature graph in Nature, 1998. The Y axis shows the Northern hemisphere mean temperature, in degrees Celsius; the zero line corresponds to the 1902 – 1980 mean. Credit: "Global-scale Temperature Patterns and Climate Forcing over the Past Six Centuries," by Michael E. Mann et al. in Nature, Vol. 392, April 23, 1998

A noter qu'elle s'étendait sur une période de 600 ans « seulement » et qu'elle comportait quelques imperfections que certains ont cru transformer en manipulations à des fins peu avouables ; comme si Michael Mann et son équipe (n'oublions pas qu'il n'était pas tout seul) avaient pris le risque idiot de truquer leurs données alors qu'ils se doutaient bien du retentissement qu'aller provoquer la conclusion, à savoir que nous vivions depuis les débuts de l'ère industrielle un réchauffement inédit depuis au moins 600 ans.

Un an après, en 1999 donc, Michael Mann publiait avec Raymond Bradley une courbe qui allait, elle, jusqu'en l'an mil de notre ère :


Reconstruction des températures depuis l'an 1000.

C'est ce deuxième graphique qui fut inclut dans le troisième rapport du GIEC en 2001 ; le site hockeygods nous explique que c'est un certain Jerry Mahlman (un autre man...) qui baptisa cette courbe « crosse de hockey » en raison de sa forme :


Pas besoin de davantage d'explications...

Il faut ici noter que cette courbe venait remplacer, plutôt avantageusement, la piteuse courbe de Lamb qui figurait dans le premier rapport du GIEC et que nos amis climatosceptiques vénèrent encore pour beaucoup d'entre eux :

La courbe de Lamb, source The Hockey Schtick

Seul petit problème, cette courbe ne représentait que la température du centre de l'Angleterre et s'arrêtait en 1965 ; en fait le rapport du GIEC utilisait cette courbe (très) imparfaite à défaut d'autre chose, comme expliqué sur Wikipédia, avec ce graphique à l'appui :

IPCC FAR 1990 Figure 7.1.c (red) based on Lamb 1965 showing central England temperatures; central England temperatures to 2007 shown from Jones et al. 2009 (green dashed line).[1] Also shown, MBH 1999 40 year average used in IPCC TAR 2001 (blue) and Moberg et al. 2005 low frequency signal (black).

On voit dans ce graphique la superposition de trois courbes et l'ajout d'une quatrième pour le passé récent :
  1. la courbe de Lamb en rouge, s'arrêtant en 1965 et concernant le centre de l'Angleterre uniquement ;
  2. la courbe de Jones et al. en vert, complétant celle de Lamb et allant jusqu'en 2007 ;
  3. la courbe en crosse de hockey de Mann, en bleu ;
  4. enfin la courbe de Moberg en noir.
On ne peut que constater la grande différence entre la courbe de Lamb et les autres concernant deux périodes remarquables : l'optimum médiéval et le petit âge glaciaire, qui sont de toute évidence exagérés chez Lamb, ce qui est peut-être normal pour le centre de l'Angleterre à ces époques mais ne peut être transposé à l'ensemble de la planète.

Alors la question à se poser est celle-ci : est-ce que la courbe en crosse de hockey a résisté à l'épreuve du temps ?

De nombreux climatosceptiques (pour ne pas dire tous, je suis généreux) clament haut et fort que cette courbe a été trafiquée par Mann, comme dit plus haut, et de plus qu'elle n'a pas été reprise dans les rapports suivants du GIEC, et notamment dans le dernier.

Ah bon !

Il suffit pourtant de fureter un peu dans les nombreux graphiques de ce dernier rapport pour en trouver non pas un, non pas deux, non pas trois, non pas quatre, mais au moins cinq (je me suis arrêté à ce chiffre, il y en a probablement d'autres) qui contiennent parfois pour certains plusieurs courbes en crosse de hockey !

Passons en revue ceux que j'ai pu trouver sans aucune difficulté.

D'abord le plus emblématique, celui qui reprend d'un coup trois courbes en crosse de hockey, une pour chaque hémisphère et une troisième pour le globe dans sa totalité ; cerise sur le gâteau, il ne s'agit à chaque fois pas d'une seule courbe mais de plusieurs superposées provenant d'équipes indépendantes ayant travaillé avec des proxys différents et se recoupant approximativement dans le lointain passé (mais c'est l'image globale qu'il faut retenir, pas les écarts qui proviennent des incertitudes sur les méthodes employées) :

AR5 - WG1 - Assessment report - Fig5-7 (source ipcc-assessment report/ar5/wg1/WG1AR5_Chapter05_FINAL.pdf)

Ensuite plusieurs autres graphiques dans la même veine, dont celui-ci qui représente l'optimum médiéval et le petit âge glaciaire dans des proportions plus raisonnables que chez Lamb :


AR5 - WG1 - Assessment report - Fig5-8 (source ipcc-assessment report/ar5/wg1/WG1AR5_Chapter05_FINAL.pdf)

Nous avons ensuite une ribambelle de crosses de hockey à ne plus savoir où les ranger :

AR5 - WG1 - Assessment report - Fig5-12 (source ipcc-assessment report/ar5/wg1/WG1AR5_Chapter05_FINAL.pdf)

Et puis, évidemment, l'incontournable crosse de hockey des gaz à effet de serre dont le CO2 :


AR5 - WG1 - Assessment report - Fig6-11 (source ipcc-assessment report/ar5/wg1/WG1AR5_Chapter06_FINAL.pdf)


Et le dernier graphique, concernant les températures de surface (Surface Air Temperature) pour l'hémisphère nord (extra-tropiques) et l'Europe :

AR5 - WG1 - Assessment report - Fig10-19 (source ipcc-assessment report/ar5/wg1/WG1AR5_Chapter10_FINAL.pdf)

Ah mais je sais ce qu'on va me répondre, c'est que la courbe en crosse de hockey c'est la première, celle qui a été représentée dans le troisième rapport du GIEC et qui n'a bien sûr pas été reprise dans les suivants puisque chaque rapport fournit des informations ac-tu-a-li-sées ; à ce compte-là pourquoi donc ne pas en rester à la courbe de Lamb représentée dans le tout premier rapport ?

A vrai dire, même si la courbe originale présentait des imperfections, on ne peut que reconnaître que sa forme générale s'apparente davantage à celles qui figurent dans le tout dernier rapport du GIEC qu'à la courbe de Lamb ; pour vous en convaincre je la remets afin que vous puissiez la comparer avec celles immédiatement ci-dessus :

Courbe en crosse de hockey du troisième rapport du GIEC en 2001.

Et prendre en considération qu'il y a 10 ans d'écart entre la courbe originale et les toutes dernières...

Je ne suis pas un spécialiste mais comme ça, à vue de nez, Mann avait fait un sacré bon boulot en 1998-1999 en dessinant une courbe qui tient toujours la route 20 ans plus tard et qui devrait se voir encore davantage confirmée à chaque année qui passe.


dimanche 29 avril 2018

La crédibilité scientifique de Susan Crockford selon Scientific Feedbacks

Le site Climate Feedback nous informe que la crédibilité scientifique de Susan Crockford, concernant ses opinions sur la soi-disant bonne santé des ours polaires, est très faible (very low) :

Crédibilité scientifique proche du point le plus bas...

J'ai déjà écrit sur le sujet (la dernière fois ici) et je vais faire aujourd'hui assez peu de commentaires, puisque je vais me contenter de reproduire l'article intitulé 
Financial Post publishes misleading opinion that misrepresents science of polar bears’ plight en le traduisant au passage pour ceux qui n'ont pas assez travaillé la langue de Shakespeare ; je donnerai quand même quelques indications objectives (donc que tout le monde pourra vérifier) quand cela sera nécessaire.

Le titre de l'article est donc, en bon français, Le Financial Post publie une opinion trompeuse qui dénature la science de la situation difficile des ours polaires.

L'article fait donc référence à une prise de position de Susan Crockford dans le Financial Post (on attend toujours l'étude réellement scientifique de sa part, à paraître « un jour prochain » dans une revue à comité de lecture autrement plus sérieuse qu'un journal dédié à la finance...) dont voici le titre : Polar bears keep thriving even as global warming alarmists keep pretending they’re dying, ce qui nous donne Les ours polaires continuent de prospérer alors que les alarmistes du réchauffement planétaire continuent de prétendre qu'ils sont en train de mourir.

Et maintenant je laisse la parole à Climate Feedback (mes commentaires en bleu).

Three scientists analyzed the article and estimate its overall scientific credibility to be 'very low'. A majority of reviewers tagged the article as: Biased, Cherry-picking, Misleading.
  • Trois scientifiques ont analysé l'article et estimé que sa crédibilité scientifique globale était « très faible ». Une majorité d'évaluateurs ont étiqueté l'article comme : biaisé, tri sélectif, trompeur.

SUMMARY
This article in the opinion section of Financial Post, written by Susan Crockford, claims that rather than being threatened by declining Arctic sea ice, polar bears are “thriving”.
Three scientists who reviewed the article explained that this article fundamentally misrepresents research on the topic. The author exhibits poor reasoning in arguing that polar bear population loss projected for 2050 should have occurred already if that science was accurate. Researchers do not ignore the evidence Crockford claims they do, but instead incorporate all published research on polar bear populations. Despite the article’s statements to the contrary, research shows that polar bear populations will struggle as ice-free periods (during which they cannot hunt for food) grow longer.
  • RÉSUMÉ
    Cet article de la section d'opinion du Financial Post, rédigé par Susan Crockford, affirme que, plutôt que d'être menacés par la diminution de la banquise arctique, les ours polaires « prospèrent ».
    Trois scientifiques qui ont examiné l'article ont expliqué que cet article déforme fondamentalement la recherche sur le sujet. L'auteur fait preuve d'un raisonnement médiocre en faisant valoir que la perte de population d'ours polaires prévue pour 2050 aurait déjà dû se produire si cette science était exacte. Les chercheurs n'ignorent pas les preuves contrairement à ce que Crockford prétend, mais intègrent toutes les recherches publiées sur les populations d'ours polaires. Malgré les affirmations contraires de l'article, les recherches montrent que les populations d'ours polaires vont faire face à des difficultés, car les périodes sans glace (durant lesquelles elles ne peuvent chasser pour se nourrir) se développent plus longtemps.
Ensuite vient la présentation des trois scientifiques critiquant l'opinion de Susan Crockford, arguments à l'appui ; on peut très facilement constater qu'ils sont tous trois spécialisés dans le domaine, ce qui n'est pas le cas de Crockford.

Voici ce que chacun résume en quelques mots en guise d'introduction :

Andrew Derocher, Professor, University of Alberta: The article is nonsense and reflects a profound lack of understanding of polar bear ecology, ringed seal ecology, Arctic marine ecosystem, and sea ice.
  • L'article est absurde et reflète un profond manque de compréhension de l'écologie de l'ours polaire, de l'écologie des phoques annelés, de l'écosystème marin de l'Arctique et de la glace de mer.
Cody Dey, Postdoctoral Fellow, University of Windsor: The article cherry picks scientific results and does not consider the total weight of scientific evidence which clearly indicate that polar bears are negatively affected by sea ice loss.
  • L'article sélectionne des résultats scientifiques et ne prend pas en compte le poids total des preuves scientifiques qui indiquent clairement que les ours polaires sont négativement affectés par la perte de glace de mer.
Steven Amstrup, Chief Scientist, Polar Bears International, and Adjunct Professor University of Wyoming in Laramie: The article is composed of misstatements. These are either based upon the author’s apparent lack of understanding of the ecological and geophysical situations, or intent to mislead readers.
  • L'article est composé d'inexactitudes. Celles-ci sont soit basées sur le manque apparent de compréhension de l'auteur des situations écologiques et géophysiques, ou l'intention de tromper les lecteurs.
Faisons ici une halte pour examiner rapidement les références de ces trois gentlemen.

Andrew Derocher est donc professeur de biologie et son domaine de recherche est l « [é]cologie, la conservation et la gestion des grands mammifères de l'Arctique axées sur les ours polaires. Les centres d'intérêt portent sur les facteurs limitatifs et régulateurs des populations d'ours polaires, y compris l'utilisation de l'habitat, les effets de la récolte et les relations prédateur-proie. La recherche actuelle comprend l'évaluation des effets du changement climatique et des produits chimiques toxiques sur les ours polaires. »

Laissons Cody Dey se présenter lui-même : « Je suis un biologiste de la conservation et un écologiste du comportement qui s'intéresse aux animaux et aux environnements dans lesquels ils vivent. Ma recherche utilise des approches quantitatives pour comprendre l'effet de l'évolution des environnements sur le comportement des animaux et la dynamique des populations. Je mène aussi des études de terrain sur le plan écologique et j'ai travaillé dans [...] l'Arctique canadien. Mes recherches sur le changement climatique, les interactions prédateurs-proies, l'endocrinologie reproductrice, l'évolution de l'ornementation et le comportement social ont été publiées dans des revues majeures telles que Nature, Proceedings of the Royal Society, Global Change Biology et Nature Ecology & Evolution. »

Quant à Steven Amstrup nous le connaissons déjà, sa liste de publications sur le sujet des ours polaires est tout bonnement impressionnante (128 au total) et la pauvre Susan Crockford fait pâle figure en regard seulement de ce scientifique.

Nous sommes donc en présence de trois chercheurs qui ont toute la légitimité nécessaire pour critiquer le « travail » de Susan Crockford.

La critique portera sur quelques affirmations bien précises figurant dans l'article du Financial Post.

Première affirmation (pour plus de clarté les affirmations de Susan Crockford seront mentionnées en italiques) :


Although the extent of the summer sea ice after 2006 dropped abruptly to levels not expected until 2050, the predicted 67-per-cent decline in polar bear numbers simply didn’t happen. Rather, global polar bear numbers have been stable or slightly improved.
  • Bien que l'étendue de la banquise d'été après 2006 ait brusquement chuté à des niveaux qui n'étaient pas prévus avant 2050, le déclin prévu de 67% des ours polaires ne s'est tout simplement pas produit. Au contraire, les populations totales d'ours polaires ont été stables ou en légèrement augmentation.
Ce à quoi Steven Amstrup répond :

This blogger has repeatedly criticized polar bear projections because what we predicted for mid-century has not yet happened. Most of the climate model projections for sea ice decline show summer ice down to near zero by mid century and they all converge on zero by the end of the century. None of the mainstream models of which I am aware project that summer ice would be gone by now. Of course summer ice availability has been reduced from earlier years, but neither observations nor models suggest that what we predicted for mid century has already happened. Here is an image that may help put this in perspective, and make it clear why our projections focused on mid century and beyond, and that we are not yet in mid-century:
  • Ce blogueur a critiqué à plusieurs reprises les projections d'ours polaires parce que ce que nous avions prédit pour le milieu du siècle n'est pas encore arrivé. La plupart des projections du modèle climatique pour le déclin de la glace de mer montrent que la glace d'été est presque nulle au milieu du siècle et que toutes convergent vers zéro à la fin du siècle. Aucun des modèles traditionnels dont je suis au courant ne prévoit que la glace d'été aurait disparu maintenant. Bien sûr, la disponibilité de la glace d'été a été réduite par rapport aux années précédentes, mais ni les observations ni les modèles ne suggèrent que ce que nous avions prédit pour le milieu du siècle est déjà arrivé. Voici une image qui peut aider à mettre cela en perspective et à expliquer pourquoi nos projections se concentrent sur le milieu du siècle et au-delà, et que nous ne sommes pas encore au milieu du siècle :
Et de montrer le graphique suivant :

Déclin prévu de la glace en septembre.
Il est effectivement plus que probable qu'au rythme actuel de déclin il n'y aura plus de banquise arctique en septembre 2100, et seulement probable que ce sera le cas dès septembre 2050 ; en tout cas personne de sérieux n'a jamais envisagé qu'en 2018 l'Arctique serait totalement libre de glaces à la fin de l'été.

Andrew Derocher prend la suite :

This is nonsense. No polar bear scientist has predicted a drop in polar bear abundance based on summer sea ice. We base the assessment of loss on duration of the ice-free period. Papers1,2 from our research group assess this point. The statement about global polar bear numbers is absolutely unfounded. It is a contrived statement using population estimates provided so that children (or the general public) could give a number of polar bears in the world for school reports and the like.
  • Ça n'a pas de sens. Aucun scientifique de l'ours polaire n'a prédit une diminution de l'abondance des ours polaires basée sur la glace de mer en été. Nous basons l'évaluation de la perte sur la durée de la période sans glace. Les études1,2 de notre groupe de recherche évaluent ce point. La déclaration sur les nombres totaux d'ours blancs est absolument infondée. Il s'agit d'une déclaration artificielle utilisant des estimations de population fournies pour que les enfants (ou le grand public) puissent donner un certain nombre d'ours blancs dans le monde pour les rapports scolaires et autres.
Castro de la Guarida1 states, “Sea ice across the Arctic is declining and altering physical characteristics of marine ecosystems. Polar bears (Ursus maritimus) have been identified as vulnerable to changes in sea ice conditions. We use sea ice projections for the Canadian Arctic Archipelago from 2006 – 2100 to gain insight into the conservation challenges for polar bears with respect to habitat loss using metrics developed from polar bear energetics modeling. PRINCIPAL FINDINGS: Shifts away from multiyear ice to annual ice cover throughout the region, as well as lengthening ice-free periods, may become critical for polar bears before the end of the 21st century with projected warming. Each polar bear population in the Archipelago may undergo 2-5 months of ice-free conditions, where no such conditions exist presently. We identify spatially and temporally explicit ice-free periods that extend beyond what polar bears require for nutritional and reproductive demands. CONCLUSIONS/SIGNIFICANCE: Under business-as-usual climate projections, polar bears may face starvation and reproductive failure across the entire Archipelago by the year 2100.”
  • Castro de la Guarida1 déclare: « Les glaces de mer à travers l'Arctique déclinent et modifient les caractéristiques physiques des écosystèmes marins. Les ours polaires (Ursus maritimus) ont été identifiés comme vulnérables aux changements de l'état des glaces de mer. Nous utilisons des projections de glace de mer pour l'archipel arctique canadien de 2006 à 2100 pour mieux comprendre les défis de conservation pour les ours polaires en ce qui concerne la perte d'habitat en utilisant des paramètres développés à partir de la modélisation énergétique des ours polaires. PRINCIPALES CONSTATATIONS : Le passage de la glace pluriannuelle à la couverture de glace annuelle dans toute la région, ainsi que l'allongement des périodes sans glace, pourraient devenir critiques pour les ours polaires avant la fin du XXIe siècle avec le réchauffement projeté. Chaque population d'ours polaires dans l'archipel peut subir de 2 à 5 mois de conditions sans glace, où aucune de ces conditions n'existe actuellement. Nous identifions spatialement et temporellement des périodes sans glace explicites qui s'étendent au-delà de ce dont les ours polaires ont besoin pour leurs besoins nutritionnels et reproductifs. CONCLUSIONS / SIGNIFICATION : Sous des projections climatiques normales, les ours polaires pourraient être confrontés à la famine et à des problèmes de reproduction dans tout l'archipel d'ici 2100. »
La personne que cite Derocher s'appelle en réalité Laura Castro de la Guardia et est co-auteur avec lui d'une étude intitulée Future sea ice conditions in Western Hudson Bay and consequences for polar bears in the 21st century, c'est-à-dire Futures conditions de la glace de mer dans l'ouest de la baie d'Hudson et conséquences pour les ours polaires au 21e siècle.

Both of these studies1,2 assess the threat to polar bears based on projected sea ice loss over the next 3 generations (ca. 33-45 years). It is an issue of fasting duration that causes polar bear population declines and this is well understood in the published literature.
Dr. Crockford is following the standard climate change denier approach of picking on a specific detail and then contriving an unsubstantiated fictional account on that point. Loss of sea ice in summer is, by and large, irrelevant. It’s the duration of the ice-free period that matters. If not, polar bears in Hudson Bay would have disappeared hundreds or thousands of years ago but they didn’t because they used to be able to obtain sufficient fat stores while hunting seals on the sea ice in spring. The situation is changing but the best estimate is that we’ll have significant declines in the Western Hudson Bay population (beyond the current ca. 30% decline) by mid-century. By repeating it often enough, it appears that deniers or the uninformed think there’s some merit to the issue Dr. Crockford has raised. Nobody can scientifically rebut the flawed thesis because it isn’t published. My understanding was that the manuscript was rejected by scientific journals so now Dr. Crockford’s manuscript languishes as an unreviewed “Preprint” in PeerJ and she erroneously calls it a “paper”.
1- Castro de la Guardia et al (2013) Future sea ice conditions in western Hudson Bay and consequences for polar bears in the 21st century, Global Change Biology
2- Regehr et al (2016) Conservation status of polar bears (Ursus maritimus) in relation to projected sea-ice declines, Biology Letters
  • Ces deux études1,2 évaluent la menace pour les ours polaires en fonction de la perte de glace de mer projetée au cours des trois prochaines générations (environ 33 à 45 ans). C'est une question de durée du jeûne qui cause le déclin des populations d'ours polaires, et cela est bien compris dans la littérature publiée.
    Le Dr Crockford suit l'approche standard du déni du changement climatique en choisissant un détail spécifique et en inventant ensuite un récit fictif non corroboré sur ce point. La perte de glace de mer en été est, dans l'ensemble, non pertinente. C'est la durée de la période sans glace qui compte. Sinon, les ours polaires de la baie d'Hudson auraient disparu il y a des centaines ou des milliers d'années, mais ils ne l'ont pas fait parce qu'ils étaient en mesure d'obtenir suffisamment de réserves de graisse en chassant les phoques sur la glace de mer au printemps. La situation est en train de changer, mais la meilleure estimation est que nous aurons des déclins importants dans la population de l'ouest de la baie d'Hudson (au-delà de la baisse actuelle d'environ 30%) d'ici le milieu du siècle. En le répétant assez souvent, il semble que les négateurs ou les non-initiés pensent que le problème soulevé par le Dr Crockford a quelque mérite. Personne ne peut réfuter scientifiquement la thèse erronée parce qu'elle n'est pas publiée. J'avais cru comprendre que le manuscrit avait été rejeté par les revues scientifiques. Le manuscrit du Dr Crockford est donc devenu une « pré-impression » non révisée dans un journal à comité de lecture et elle l'appelle à tort un « papier ».
    1- Castro de la Guardia et al (2013) Futures conditions de glace de mer dans l'ouest de la baie d'Hudson et conséquences pour les ours polaires au XXIe siècle, biologie du changement planétaire
    2- Regehr et al (2016) Statut de conservation des ours polaires (Ursus maritimus) par rapport aux déclins de glace de mer projetés, Biology Letters


Deuxième affirmation :


For example, Canadian polar bear biologist Ian Stirling learned in the 1970s that spring sea ice in the southern Beaufort Sea periodically gets so thick that seals depart, depriving local polar bears of their prey and causing their numbers to plummet. But that fact, documented in more than a dozen scientific papers, is not discussed today as part of polar bear ecology.
  • Par exemple, le biologiste canadien des ours polaires Ian Stirling a appris dans les années 1970 que la glace de mer printanière dans le sud de la mer de Beaufort devient si épaisse que les phoques s'en vont, privant ainsi les ours polaires de leurs proies. Mais ce fait, documenté dans plus d'une douzaine d'articles scientifiques, n'est pas discuté aujourd'hui dans le cadre de l'écologie de l'ours polaire.
Comme Steven Amstrup connaît bien Ian Stirling, c'est lui qui répond en premier :

Both Ian Stirling and I have published on the inter-annual and even multi-annual variation in sea ice extent, etc. There is a great deal of annual variation among years, as always. And as the observations and models illustrate, the variation (caused by the natural chaos in the climate system) that always has been observed will continue into the future. Ian specifically mentioned in some early publications that there seemed a nearly decadal oscillation in ice thickness, etc.
  • Ian Stirling et moi-même avons publié des rapports sur la variation interannuelle et même pluriannuelle de l'étendue de la glace de mer, etc. Il y a beaucoup de variations annuelles entre les années, comme toujours. Et comme l'illustrent les observations et les modèles, la variation (causée par le chaos naturel du système climatique) qui a toujours été observée se poursuivra dans le futur. Ian a mentionné spécifiquement dans certaines premières publications qu'il semblait y avoir une oscillation presque décennale de l'épaisseur de la glace, etc.
Ideal habitat for polar bears and ice loving seals (like all animals) follows a kind of bell-shaped curve. Ice can be too thick and heavy, just right, or too thin (which also means it doesn’t persist long during the melt season). Most of those early years there was plenty of ice that persisted through the summer in the Beaufort Sea. Even most light ice years had enough ice there to not be a problem. Some years (and seemingly on about 10 year intervals) were characterized by ice that was apparently too heavy to be ideal for seals and bears, and in those years productivity of both declined. It is important to point out that the concept of an approximate 10-year oscillation was based on 3 decades (70s, 80s, and 90s) and a sample size of 3 may not really be enough to establish some kind of natural cycle.
  • L'habitat idéal pour les ours polaires et les phoques qui aiment la glace (comme tous les animaux) suit une sorte de courbe en forme de cloche. La glace peut être trop épaisse et lourde, juste ce qu'il faut, ou trop fine (ce qui signifie aussi qu'elle ne persiste pas longtemps pendant la saison de la fonte). La plupart de ces premières années, il y avait beaucoup de glace qui a persisté pendant l'été dans la mer de Beaufort. Même la plupart des années de glace légères avaient suffisamment de glace pour ne pas poser de problème. Certaines années (et apparemment à des intervalles d'environ 10 ans) ont été caractérisées par de la glace qui était apparemment trop lourde pour être idéale pour les phoques et les ours, et dans ces années la productivité des deux a diminué. Il est important de souligner que le concept d'une oscillation d'environ 10 ans était basé sur trois décennies (années 70, 80 et 90) et qu'un échantillon de 3 peut ne pas être suffisant pour établir un cycle naturel.
Regardless, as the world has warmed and ice continued to thin, evidence of any such cycle in the Alaskan Beaufort has disappeared. We did not see a crush of heavier ice in the middle of the first or second decades of the 2000s. Rather, the situation now is that ice is thin every year and has not persisted through the melt season in the critical continental shelf waters. Why would researchers spend much time now discussing a pattern in the sea ice that no longer rises to historic levels? Whether they are part of a larger scale oscillation or more regional weather patterns, year to year and multi-year differences in the amount of sea ice and its character are part of the natural variation in the climate system that will continue as the world warms due to human activity.
  • Quoi qu'il en soit, à mesure que le monde se réchauffait et que la glace continuait de s'amenuiser, l'évidence d'un tel cycle dans le Beaufort de l'Alaska a disparu. Nous n'avons pas vu un écrasement de glace plus lourde au milieu de la première ou deuxième décennie des années 2000. Au contraire, la situation actuelle est que la glace est mince chaque année et n'a pas persisté pendant la saison de la fonte dans les eaux critiques du plateau continental. Pourquoi les chercheurs passeraient-ils beaucoup de temps à discuter d'un modèle dans la glace de mer qui n'atteint plus les niveaux historiques ? Qu'elles fassent partie d'une oscillation à plus grande échelle ou d'un plus grand nombre de conditions météorologiques régionales, les différences annuelles et pluriannuelles de la quantité et de la nature de la glace de mer font partie de la variation naturelle du système climatique qui se poursuivra avec le réchauffement climatique dû à l'activité humaine.
Global warming doesn’t mean that every year will be a bit warmer than the previous or that the sea ice extent will be a bit lower. Rather it means that the average of the natural variations over multiple years is and will continue to be warmer temperatures and less sea ice. Without persistent greenhouse gas rise, the historic averages of natural variations in global temperature and Arctic sea ice extent were approximately horizontal baselines—both temperature and sea ice extent were without major trend when examined over decades. With persistently rising greenhouse gas levels all of the natural variation still occurs, but now occurs over inclined rather than level baselines.
  • Le réchauffement climatique ne signifie pas que chaque année sera un peu plus chaude que la précédente ou que l'étendue de la glace de mer sera un peu plus faible. Cela signifie plutôt que la moyenne des variations naturelles sur plusieurs années est et continuera d'être des températures plus chaudes et moins de glace de mer. Sans élévation persistante des gaz à effet de serre, les moyennes historiques des variations naturelles de la température mondiale et de l'étendue de la glace arctique étaient des lignes de base approximativement horizontales - la température et l'étendue de la glace marine étaient sans tendance majeure sur plusieurs décennies. Avec l'augmentation constante des niveaux de gaz à effet de serre, toute la variation naturelle se produit encore, mais elle se produit maintenant sur des lignes de base inclinées plutôt que planes.
With greenhouse gas levels constantly rising, there still are near-term fluctuations in annual and seasonal temperatures. Some years warmer and some cooler than the one before, but the average over decades is a rising trend line. Likewise, some years have had and will have more summer ice than the previous year, and some less. Whether those short term variations in Arctic sea ice extent are due to annual weather influences or multi-year cycles driven by broader oceanic patterns, they are now and will continue to be occurring over a declining baseline as long as greenhouse gas levels continue to rise. Hence, it is not the swings in individual years or groups of years, but rather the trend line that is our concern. And as long as greenhouse gas concentrations continue to rise, average temperatures can only increase and average sea ice extent can only decline.
  • Avec des niveaux de gaz à effet de serre en constante augmentation, il y a toujours des fluctuations à court terme des températures annuelles et saisonnières. Certaines années sont plus chaudes et d'autres plus fraîches que la précédente, mais la moyenne sur plusieurs décennies est une ligne de tendance ascendante. De même, certaines années ont eu et auront plus de glace d'été que l'année précédente, et d'autres moins. Que ces variations à court terme de l'étendue de la glace de mer arctique soient dues à des influences météorologiques annuelles ou à des cycles pluriannuels régis par des modèles océaniques plus larges, elles se poursuivent et continueront de se détériorer tant que les niveaux de gaz à effet de serre continueront d'augmenter. Par conséquent, ce ne sont pas les fluctuations des années individuelles ou des groupes d'années, mais plutôt la ligne de tendance qui nous préoccupe. Et tant que les concentrations de gaz à effet de serre continuent d'augmenter, les températures moyennes ne peuvent qu'augmenter et l'étendue moyenne des glaces de mer ne peut que diminuer.
The average Arctic summer sea ice extent already is so far below the historic levels that recent short term fluctuations have not overlapped with levels of just a few decades ago. Hence, what might have been called relatively “heavier” ice years are now light years by historic standards.
  • L'étendue moyenne des glaces de mer en été dans l'Arctique est déjà si loin des niveaux historiques que les récentes fluctuations à court terme n'ont pas chevauché les niveaux d'il y a seulement quelques décennies. Par conséquent, ce qu'on pourrait appeler des années de glace relativement « plus lourdes » sont maintenant des années-lumière selon des normes historiques.
Amstrup répond à Crockford avec une (très) longue explication, montrant ainsi qu'une ânerie proférée en quelques mots nécessite de longs développements pour être réfutée ; au passage on peut noter que Crockford sombre dans le sophisme du « climat qui a toujours changé » avec la variante « dans les années 1970 il y avait ceci ou cela donc aujourd'hui etc. », démontrant sa parfaite allégeance au clan des climatosceptiques qui n'ont pas grand chose à argumenter. 

Andrew Derocher enchaine :

Sea ice conditions are well document to be in steep decline in the southern Beaufort Sea. This polar bear population has declined 25-50% and the loss is related to sea ice loss. There are many papers that address this issue extensively. Heavy sea ice conditions are largely a past issue for ringed seals. It is loss of sea ice habitat as a whole that is negatively affecting ringed seals and thus polar bears. Polar bears have a Goldilocks relationship with sea ice: not too much, not too little, it has to be just right. Dr. Crockford is playing the “too much” sea ice issue to its extreme and ignores the too little aspect altogether.
  • Les conditions de la glace de mer sont bien documentées dans un déclin prononcé dans le sud de la mer de Beaufort. Cette population d'ours polaires a diminué de 25 à 50% et la perte est liée à la perte de glace de mer. De nombreux articles traitent de cette question de manière approfondie. Les fortes conditions de glace de mer sont en grande partie un problème passé pour les phoques annelés. C'est la perte de l'ensemble de l'habitat de la glace de mer qui affecte négativement les phoques annelés et donc les ours polaires. Les ours polaires ont une relation idéale avec la glace de mer : pas trop, pas trop peu, ça doit être le juste milieu. Le Dr Crockford joue le « beaucoup trop » de glace de mer à l'excès et elle ignore complètement l'aspect du trop peu.
Ainsi Crockford affirme que c'est l'excès de glace qui pose problème aux phoques et donc aux ours polaires, alors qu'un expert dans le domaine explique que c'est exactement l'inverse qu'il faut comprendre ! 

These two papers1,2 are core but there are many more addressing sea ice loss in the Beaufort and the effects on polar bears.
1- Bromaghin et al (2015) Polar bear population dynamics in the southern Beaufort Sea during a period of sea ice decline, Ecological Applications
2- Hunter et al (2010) Climate change threatens polar bear populations: a stochastic demographic analysis, Ecology
  • Ces deux papiers1,2 sont essentiels, mais il y en a beaucoup d'autres qui traitent de la perte de glace de mer dans le Beaufort et des effets sur les ours polaires.
    1- Bromaghin et al. (2015) Dynamique des populations d'ours polaires dans le sud de la mer de Beaufort durant une période de déclin de la glace de mer, applications écologiques
    2- Hunter et al (2010) Le changement climatique menace les populations d'ours polaires : une analyse démographique stochastique, Ecologie
C'est fou le nombre de papiers qui montrent que « le changement climatique menace les populations d'ours polaires » ; et Crockford, qu'a-t-elle à présenter pour sa défense ? Ah oui, un brouillon en attente quelque part de validation par une revue qui ne serait pas trop regardante sur la qualité (il y en a, il suffit de payer, peut-être qu'elle finira par s'y résoudre...)

Troisième affirmation :


many scientists were surprised when other researchers subsequently found that ringed and bearded seals (the primary prey of polar bears) north of the Bering Strait especially thrived with a longer open-water season, which is particularly conducive to fishing
  • de nombreux scientifiques ont été surpris lorsque d'autres chercheurs ont découvert que les phoques annelés et barbus (principale proie des ours polaires) au nord du détroit de Béring prospéraient particulièrement avec une saison de pêche en eau libre plus longue, particulièrement propice à la pêche.
Steven Amstrup commence :

The Chukchi sea is essentially all continental shelf and is probably the most productive of the Arctic Seas. This is in contrast to the Beaufort Sea which, beyond the very narrow continental shelf, is very unproductive. Recent research has shown that this tremendous productivity and the fact that, although ice has significantly retreated, bears there still have fewer ice free days over the shelf than in the Beaufort, can explain why Chukchi Sea polar bears have not yet declined like those in the Beaufort.
  • La mer des Tchouktches est essentiellement tout le plateau continental et est probablement la plus productive des mers arctiques. Cela contraste avec la mer de Beaufort qui, au-delà du plateau continental très étroit, est très improductive. Des recherches récentes ont montré que cette énorme productivité et le fait que la glace a considérablement reculé en raison des jours sans glace plus longs que dans le Beaufort peuvent expliquer pourquoi les ours polaires de la mer de Tchoukotka n'ont pas encore diminué comme ceux de la région de Beaufort.
Derocher enchaine :

Both ringed seals and bearded seals are sea ice obligate species: there are significant conservation concerns about both species across the Arctic. The basis of the statement that the seals are thriving is unfounded in the peer-reviewed literature. Both species are listed under the US Endangered Species Act.
  • Les phoques annelés et les phoques barbus sont des espèces qui nécessitent obligatoirement la glace de mer : il y a des préoccupations importantes en matière de conservation des deux espèces dans l'Arctique. Le fondement de la déclaration selon laquelle les phoques prospèrent n'est pas fondé dans la littérature évaluée par des pairs. Les deux espèces sont répertoriées en vertu de la US Endangered Species Act.
The polar bears living north of the Bering Strait have not shown the same loss in body condition, survival, and reproduction noted in the neighboring Beaufort Sea because the ecosystems are vastly different in the distribution of continental shelf habitat: huge area in the Chukchi Sea, a narrow band in the Beaufort. Polar bear populations respond to local changes, and with 19 polar bear populations, there will be 19 different scenarios playing out over time. Loss of sea ice in the Chukchi Sea in winter 2017/18 may change the situation there.
  • Les ours polaires vivant au nord du détroit de Béring n'ont pas subi la même perte de condition physique, de survie et de reproduction remarquée dans la mer de Beaufort voisine, car les écosystèmes sont très différents dans la répartition de l'habitat du plateau continental : vaste étendue de la mer des Tchouktches, une bande étroite dans le Beaufort. Les populations d'ours polaires réagissent aux changements locaux et, avec 19 populations d'ours polaires, il y aura 19 scénarios différents se déroulant au fil du temps. La perte de glace de mer dans la mer des Tchouktches durant l'hiver 2017/18 pourrait changer la situation.


Quatrième affirmation :


while it’s true that studies in some regions show polar bears are lighter in weight than they were in the 1980s, there is no evidence that more individuals are starving to death or becoming too thin to reproduce because of less summer ice.
  • S'il est vrai que les études menées dans certaines régions montrent que les ours polaires sont plus légers qu'ils ne l'étaient dans les années 1980, rien n'indique que plus d'individus meurent de faim ou deviennent trop minces pour se reproduire.

Steven Amstrup prend le micro :

We know that polar bears depend on the ice surface to catch their prey. We know that increasing numbers of ice free days have resulted in poorer body condition in some areas (e.g. Southern Beaufort, Western and Southern Hudson Bay), we know that poorer cub survival has followed both declining ice and poorer body condition, and all the evidence suggests these things are linked. Perhaps this is not “proof” that less available summer ice is the cause (correlation does not necessarily imply causation), but I am not aware of evidence for any other explanation. And I don’t think the female polar bears are intentionally having cubs but not feeding them.
  • Nous savons que les ours polaires dépendent de la surface de la glace pour attraper leurs proies. Nous savons qu'un nombre croissant de jours sans glace a entraîné une détérioration de la condition physique dans certaines régions (p. ex. Beaufort méridional, ouest et sud de la baie d'Hudson), nous savons qu'une survie plus difficile des oursons a suivi à la fois le déclin de la glace et de plus mauvaises conditions corporelle, et tous les indices suggèrent que ces choses sont liées. Ce n'est peut-être pas une « preuve » que moins de glace d'été disponible est la cause (la corrélation n'implique pas nécessairement une causalité), mais je ne suis au courant d'aucune autre explication. Et je ne pense pas que les ourses femelles aient intentionnellement des oursons mais ne les nourrissent pas.
Andrew Derocher, lui, semble plus affirmatif sur ce point :

There is evidence. Bromaghin et al 20151 and Hunter et al 20102 examine this issue.
  • Il y a des preuves. Bromaghin et al 20151 et Hunter et al 20102 examinent ce problème.
Bromaghin et al state, “Low survival from 2004 through 2006 led to a 25–50% decline in abundance. We hypothesize that low survival during this period resulted from (1) unfavorable ice conditions that limited access to prey during multiple seasons; and possibly, (2) low prey abundance. For reasons that are not clear, survival of adults and cubs began to improve in 2007 and abundance was comparatively stable from 2008 to 2010, with ~900 bears in 2010 (90% CI 606–1212). However, survival of subadult bears declined throughout the entire period. Reduced spatial and temporal availability of sea ice is expected to increasingly force population dynamics of polar bears as the climate continues to warm. However, in the short term, our findings suggest that factors other than sea ice can influence survival.”
  • Bromaghin et al. déclarent, « La faible survie de 2004 à 2006 a entraîné une baisse de 25 à 50% de l'abondance. Nous émettons l'hypothèse que la faible survie durant cette période résultait (1) de conditions de glace défavorables qui limitaient l'accès aux proies pendant plusieurs saisons ; et possiblement, (2) faible abondance des proies. Pour des raisons qui ne sont pas claires, la survie des adultes et des petits a commencé à s'améliorer en 2007 et l'abondance a été relativement stable de 2008 à 2010, avec environ 900 ours en 2010 (IC à 90% 606-1212). Cependant, la survie des ours subadultes a diminué tout au long de la période. La disponibilité spatiale et temporelle réduite de la glace de mer devrait forcer de plus en plus la dynamique des populations d'ours polaires à mesure que le climat continue de se réchauffer. Cependant, à court terme, nos résultats suggèrent que des facteurs autres que la glace de mer peuvent influencer la survie. »
Hunter et al stated, “Deterministic models projected population growth in years with more extensive ice coverage (2001-2003) and population decline in years with less ice coverage (2004-2005). LTRE (life table response experiment) analysis showed that the reduction in lambda in years with low sea ice was due primarily to reduced adult female survival, and secondarily to reduced breeding. A stochastic model with two environmental states, good and poor sea ice conditions, projected a declining stochastic growth rate, log lambda(s), as the frequency of poor ice years increased. The observed frequency of poor ice years since 1979 would imply log lambda(s) approximate to -0.01, which agrees with available (albeit crude) observations of population size. The stochastic model was linked to a set of 10 GCMs compiled by the IPCC; the models were chosen for their ability to reproduce historical observations of sea ice and were forced with “business as usual” (A1B) greenhouse gas emissions. The resulting stochastic population projections showed drastic declines in the polar bear population by the end of the 21st century. These projections were instrumental in the decision to list the polar bear as a threatened species under the U. S. Endangered Species Act.”
1- Bromaghin et al (2015) Polar bear population dynamics in the southern Beaufort Sea during a period of sea ice decline, Ecological Applications
2- Hunter et al (2010) Climate change threatens polar bear populations: a stochastic demographic analysis, Ecology
  • Hunter et ses collaborateurs ont déclaré que « les modèles déterministes prévoyaient une croissance de la population pendant les années où la couverture de glace était plus étendue (2001-2003) et le déclin de la population dans les années où la couverture de glace était moindre (2004-2005). L'analyse LTRE a montré que la réduction du lambda au cours des années de faible mer de glace était principalement due à la réduction de la survie des femelles adultes et, accessoirement, à la réduction de la reproduction. Un modèle stochastique avec deux états environnementaux, de bonnes et de mauvaises conditions de glace de mer, a projeté un taux de croissance stochastique décroissant, log lambda (s), à mesure que la fréquence des mauvaises années de glace augmentait. La fréquence observée des années de glace médiocres depuis 1979 impliquerait un log-Lambda (s) d'environ -0,01, ce qui concorde avec les observations disponibles (bien que grossières) de la taille de la population. Le modèle stochastique était lié à un ensemble de 10 MCG compilés par le GIEC; les modèles ont été choisis pour leur capacité à reproduire des observations historiques de la glace de mer et ont été forcés avec des émissions de gaz à effet de serre « business as usual » (A1B). Les projections démographiques stochastiques qui en ont résulté ont montré des déclins drastiques dans la population d'ours polaires à la fin du 21ème siècle. Ces projections ont contribué à la décision d'inscrire l'ours blanc sur la liste des espèces menacées en vertu de la Loi sur les espèces en voie de disparition des États-Unis. »
    1- Bromaghin et al. (2015) Dynamique des populations d'ours polaires dans le sud de la mer de Beaufort durant une période de déclin de la glace de mer, applications écologiques
    2- Hunter et al (2010) Le changement climatique menace les populations d'ours polaires: une analyse démographique stochastique, Ecologie
Evidemment, quand on rejette en bloc les conclusions du GIEC, notamment celles basées sur des modèles climatiques, il va de soi que toutes ces explications ne valent rien...

Enfin, cinquième et dernière affirmation de Susan Crockford passée à la moulinette :


The failure of the 2007 polar bear survival model is a simple fact that explodes the myth that polar bears are on their way to extinction.
  • L'échec du modèle de survie de l'ours blanc de 2007 est un simple fait qui fait exploser le mythe selon lequel les ours polaires sont en voie d'extinction.

Et c'est Steven Amstrup qui conclut :

Multiple papers published subsequent to my work in 2007 have corroborated the outcomes we projected. However, the accuracy or failure of my work to inform the Secretary of Interior* cannot be evaluated until mid century. And as the figure above shows, we are not there yet.
Amstrup et al (2010) Greenhouse gas mitigation can reduce sea-ice loss and increase polar bear persistence, Nature
  • Plusieurs articles publiés après mon travail en 2007 ont corroboré les résultats que nous avions projetés. Cependant, l'exactitude ou l'échec de mon travail pour informer le Secrétaire de l'Intérieur * ne peut être évalué avant le milieu du siècle. Et comme le montre la figure ci-dessus, nous ne sommes pas encore là.
    Amstrup et al. (2010) L'atténuation des gaz à effet de serre peut réduire la perte de glace marine et accroître la persistance des ours polaires, Nature

*****

Un exercice intéressant consiste à interroger Google avec la requête "Susan Crockford polar bear", on obtient en principe (en tout cas chez moi) sur les premières pages de résultats la liste de nombreux sites climatosceptiques (en plus du sien bien sûr) ayant repris ses propos ; en voici un échantillon :
  • http://www.thegwpf.org/content/uploads/2013/03/Crockford-Polar-Bears-3.pdf
  • https://polarbearscience.com/
  • http://www.breitbart.com/big-government/2018/04/11/delingpole-climate-alarmists-maul-inconvenient-polar-bear-expert/
  • https://www.thegwpf.com/susan-crockford-polar-bears-keep-thriving-alarmists-keep-pretending-theyre-dying/
  • https://notalotofpeopleknowthat.wordpress.com/2018/03/01/susan-crockford-polar-bears-keep-thriving-alarmists-keep-pretending-theyre-dying/
  • https://cliscep.com/2017/12/05/susan-crockford-on-the-decline-of-the-polar-bear-icon/
  • http://ilovemycarbondioxide.com/archives/crockford_polar_bears.pdf
  • https://www.heartland.org/multimedia/podcasts/susan-crockford-polar-bears-are-doing-well-despite-climate-fear-mongering
  • https://wattsupwiththat.com/2016/12/24/book-review-polar-bear-facts-and-myths-a-science-summary-for-all-ages-by-susan-crockford/
Et moi qui croyais que WUWT était LA référence en la matière, je suis étonné de ne le voir que loin derrière les meneurs de la troupe.