mardi 31 juillet 2018

Un peu de désinformation sur la situation actuelle

J'ai un admirateur sur le forum La Table Ronde en la personne du dénommé Troubaa qui pense que je me pose des questions (c'est ici) :
par troubaa Hier à 23:42
Petit complément à l'attention du Têtard qui se pose des questions :
Usbek tient toujours des propos respectables. Il n'insulte pas, ne traite personne d'idiot ou de charlattant et est très pédagogique.

un exemple son dernier billet (à lire) : https://www.climato-realistes.fr/effet-de-serre-fourier-tyndall-arrhenius/

oui le têtard entre celui qui a besoin d'insulter et de mépriser pour prouver qu'il a raison et qu'il est le plus intelligent, et celui qui fait appel à la connaissance, au savoir, à l'explication, et qui argumente intelligemment, mon choix est vite fait.

c'est pour cela que je suis un ancien climato alarmiste devenu climato-sceptique.

La soupe débile vendue par les climato alarmiste pour nous faire peur a eu raison de mon entendement.
Troubaa apprécie qu'on le prenne pour un imbécile et il en redemande encore et encore.

Ainsi il préfère quelqu'un (Usbek) qui le prend poliment pour un idiot plutôt que ma modeste personne qui appelle un chat un chat et un crétin un crétin (personnellement je place la sincérité au-dessus de la politesse, laquelle est un luxe dont peuvent se permettre les charlatans)

Il nous cite donc Usbek en exemple avec un article qui ferait pouffer de rire n'importe quel climatologue qui verrait écrit ce genre de stupidité :
Il existe déjà des textes remettant en cause cette vision des choses comme ceux de G. Gerlichet, D. Tscheuschner, de Vincent Gray et de Timothy Casey.
La « vision des choses » n'est rien d'autre que ce que l'on appelle communément l'effet de serre, effet qui est admis par la quasi totalité des scientifiques et enseigné dans la totalité des universités dans le monde entier ; et que dire des quelques pingouins cités au regard de l'armée des scientifiques s'étant déjà exprimés sur le sujet ?

Mais ce n'est pas de ce billet ridicule dont je vais parler, c'est d'un autre commis par le même Usbek sous le titre Il fait chaud en été, le climat se dérègle !

Mort de rire !

Je pense que vous avez compris la plaisanterie du sieur Usbek, n'est-ce pas ? D'après lui, donc, les climatologues qui s'expriment sur le sujet ne se seraient pas aperçus qu'on était (sic) en été, heureusement qu'il y a le climato-irréaliste Usbek pour leur rappeler qu'en été il fait plus chaud qu'en hiver, du moins dans l'hémisphère nord.

Mais le meilleur se trouve dans l'article lui-même, un condensé de ce que l'on peut trouver de mieux en matière de désinformation.

Disons-le d'emblée pour ceux qui ne seraient pas au courant de la ligne éditoriale des climato-irréalistes et compagnie, la Terre ne se réchauffe pas, donc l'homme ne peut en aucun cas être responsable de quelque chose qui ne se passe pas, cqfd.

Par conséquent, tous les événements qui se produisent actuellement ne sont en rien exceptionnels, puisque par définition il n'y a pas de réchauffement climatique, ou si peu, et en tout cas sans rapport avec les activités humaines vous l'aurez compris.

Alors passons en revue ce que nous raconte l'ami Usbek (sans y passer la nuit non plus, on a autre chose à faire que de réfuter ses âneries)

Il nous dit tout d'abord que « les blocages anticycloniques sont courants en été », la belle affaire ! sauf que ce n'est pas le sujet, car personne ne le nie.

Il nous cite Frédérick Decker et son interview dans Atlantico, comme si Decker était une référence en matière de climatologie alors que ce n'est qu'un présentateur météo, je ne vais pas revenir dessus, j'ai déjà suffisamment parlé de l'individu (voir ici) donc pas la peine d'en rajouter une couche, si vous voulez en connaitre davantage sur lui ce n'est pas compliqué, vous savez quoi faire.

Cela commence à être intéressant quand Usbek nous montre de lui-même, sans qu'on lui ait rien demandé, un graphique qui met à mal tout son discours :

Global Year to Date Temperature Anomalies (source ncdc.noaa.gov)
Avec ce commentaire :
L’année 2018 se classera sans doute au cinquième rang des années les plus chaudes depuis le début des mesures. Mais l’on voit clairement sur le graphique ci-dess[…]us établi par l’agence américaine NOAA qu’après le pic de chaleur des années El Niño 2015 et 2016, la planète se refroidit (la courbe 2018 est en noir superposée à celle de 2010 e vert).
On lui pardonnera d'oublier une lettre au passage, ce qui est important c'est de constater qu'Usbek ne comprend rien à la science climatique, à moins, autre hypothèse, qu'il soit payé pour sciemment induire ses lecteurs en erreur ; mais ne lui faisons pas de procès d'intention, partons de l'hypothèse qu'il s'agit d'un simple « idiot utile » qui reprend gratuitement à son compte ce que les désinformateurs professionnels (et rémunérés) lui servent sur un plateau et qu'il n'a plus qu'à recracher sur son blog (comme le fait d'ailleurs un certain Benoit Rittaud)

Ainsi Usbek croit que « la planète se refroidit » parce que nous avons passé un important épisode El Niño en 2015 et 2016, sans comprendre que la planète ne se réduit pas à l'atmosphère et qu'il y a aussi les océans (et les surfaces continentales à ne pas oublier non plus) ; le phénomène El Niño, ou plus exactement ENSO, est ce que l'on appelle une « oscillation océanique » qui fait partie de la « variabilité naturelle du climat », c'est-à-dire que l'homme n'est pour rien dans ces phénomènes (ENSO, volcanisme, rayonnement solaire)

Par conséquent il est parfaitement normal que 2018 soit « plus froide » que 2015 et 2016 qui « bénéficiaient » d'un fort El Niño ; mais ici quand on parle de températures, et c'est ce qui échappe totalement à Usbek ainsi qu'à ses admirateurs comme Troubaa, il s'agit des températures de l'atmosphère uniquement qui font le yo-yo d'une année sur l'autre, on ne parle pas de toute la chaleur emmagasinée dans les océans (93% de la chaleur additionnelle aux dernières nouvelles) qui est en infime partie restituée à l'atmosphère lors des épisodes El Niño.

Donc le système Terre dans sa globalité ne se refroidit pas, contrairement à la croyance d'Usbek, il continue de se réchauffer via ses trois réservoirs que sont l'atmosphère, les océans et les surfaces continentales.

On admirera par ailleurs l'acrobatie de monsieur Usbek qui fournit à ses lecteurs, à l'appui de sa « thèse », un graphique issu de la NOAA, organisme décrié par ses amis climatosceptiques qui l'accusent de manipuler ses données ! Voir notamment ici ou .

Mais il est vrai que selon ce qui l'arrange Usbek est prêt à tout, même à piocher chez l'ennemi des données qu'il critiquera dans un autre article quand l'occasion se présentera.

Le plus comique dans l'affaire est que quand on observe le graphique en question, on s'aperçoit que 2018 est en quatrième position ex aequo avec 2010, après 2016, 2017 et 2015 dans les anomalies les plus élevées à date, et que donc 2018, année ayant commencé avec une faible La Niña puis se trouvant actuellement en situation neutre, ce qui devrait donc la qualifier d'année « froide », est en réalité bien au-dessus de 1998 elle-même année à fort El Niño, donc année particulièrement chaude à l'époque (je rappelle que nous ne parlons que de la température de l'atmosphère…)

Nous pouvons donc en conclure qu'Usbek, dès le départ, se tire une rafale dans les pieds, ce qui ne va pas l'empêcher de continuer sur sa lancée.

Parce qu'il enchaine avec devinez quoi, rien de moins que le graphique des températures que Roy Spencer publie régulièrement sur son blog et dont voici la dernière mouture :

Global area-averaged lower tropospheric temperature anomalies (departures from 30-year calendar monthly means, 1981-2010). The 13-month centered average is meant to give an indication of the lower frequency variations in the data; the choice of 13 months is somewhat arbitrary… an odd number of months allows centered plotting on months with no time lag between the two plotted time series. The inclusion of two of the same calendar months on the ends of the 13 month averaging period causes no issues with interpretation because the seasonal temperature cycle has been removed, and so has the distinction between calendar months. (source drroyspencer)

Rien à dire de particulier sur ce graphique, hormis le fait qu'il ne s'agit pas de températures mesurées mais reconstituées à partir de données satellitaires et que ces températures concernent la basse troposphère et non la surface comme celles de la NOAA ; autre remarque, les pics El Niño sont exacerbés dans ces mesures par rapport aux données de surface, ce qui a permis notamment d'alimenter un temps le mythe de la température qui n'a pas changé depuis x années en partant, comme de bien entendu, de l'année 1998 exceptionnellement chaude !

Mais voilà, même avec ces mesures de la basse troposphère on remarque que le El Niño de 2015-2016 est plus élevé que celui de 1998, donc que même en se focalisant sur l'atmosphère et en oubliant notamment les océans on constate que ça monte, ça monte, et que ce n'est pas près de s'arrêter.

En effet, le graphique est suffisamment parlant, on voit que la courbe des températures est en fait similaire à une attraction foraine que l'on appelle couramment les « montagnes russes », ça monte, ça descend, puis ça remonte, puis ça redescend, et ainsi de suite ; sauf que les montagnes russes reviennent toujours à leur altitude de départ alors que les températures ont augmenté non pas de 0,21°C comme le croit naïvement Usbek, mais d'un demi degré depuis le début des relevés satellitaires (on part de -0,3 pour arriver à +0,21, ce qui fait exactement +0,51 depuis 1979)

Entre 1979 et 2018 il y a 40 ans (ou 39 en s'arrêtant au 31/12/2017) ce qui nous donne mathématiquement une augmentation de 1,275°C par siècle, soit 0,13°C par décennie comme l'a correctement calculé Usbek :
La tendance linéaire des anomalies moyennes de température entre janvier 1979 et juin 2018 s’établit ainsi à + 0,13 ° C par décennie.
Sauf bien sûr que c'est Roy Spencer qui lui a soufflé le chiffre :
The linear temperature trend of the global average lower tropospheric temperature anomalies from January 1979 through June 2018 remains at +0.13 C/decade.
Vous ne pensez quand même pas qu'Usbek va se fatiguer à faire lui-même les calculs alors qu'il est si simple de faire un simple copier/coller !

Sauf, évidemment, que la température ne va pas forcément monter « de façon linéaire » comme aimerait nous le faire croire le créationniste Roy Spencer qui est persuadé que Dieu a créé l'homme et tous les animaux tels que nous les voyons aujourd'hui ; n'a-t-il pas écrit lui-même :
[…] after some months of analysis I finally became convinced that the theory of creation actually had a much better scientific basis than the theory of evolution, for the creation model was actually better able to explain the physical and biological complexity in the world.
Ainsi que
The Bible was the only 'holy book' in which I could find a record of God's creating the material universe from Nothing!
Mais oui mais oui, c'est le même Roy Spencer qui sert de modèle à Usbek et à Troubaa pour leur enfoncer dans la tête que c'est Dieu qui gouverne et fait le climat ainsi que toutes les choses qui nous entourent, l'homme se contentant de prier pour que le ciel ne lui tombe pas sur la tête (si vous vous demandiez pourquoi tant d'Américains répètent « Oh my God » chaque fois qu'un événement extrême les touche, vous avez maintenant une partie de la réponse)

Je rajouterai aussi, pour ceux qui seraient intéressés et l'ignoreraient, que les données satellitaires ne se réduisent pas à l'organisme auquel appartient Roy Spencer (UAH), il y a aussi son concurrent direct RSS dont voici le graphique :

Source images.remss

On remarquera que là l'augmentation est de 0,195°C par décennie contre 0,13°C pour UAH ; je vous laisse deviner pourquoi Usbek n'évoque pas RSS...

Mais si vous pensez qu'Usbek a atteint le sommet en matière de désinformation vous vous trompez lourdement, l'animal est capable de faire beaucoup mieux.

Il enchaine en effet avec ce qui nous concerne au premier chef en ce moment, à savoir, comme il intitule son paragraphe, que d'après lui « les incendies ne sont pas la signature du réchauffement climatique » avec notamment ce commentaire très inspiré :
[…] lorsque l’on consulte les statistiques fournies par le système Effis (European Forest Fire Information System) on ne constate aucune tendance à l’augmentation du nombre ni de l’intensité des feux de forêt en Suède. Les trois graphiques ci-dessous extraits d’un rapport de la Commission Européenne montrent respectivement les surfaces brûlées, le nombre de feux, la surface moyenne brûlée par incendie entre 1990 et 2014. Le pic de 2014 correspond à l’incendie de Västmanland qui a brûlé 15000 hectares.
Et il nous montre les trois graphiques en question que je vais également insérer ci-dessous mais en les agrandissant, car les siens sont illisibles (ces graphiques sont tirés de effis.jrc.ec.europa.eu):

Surfaces brûlées en Suède de 1998 à 2016.


Nombre de feux en Suède de 1998 à 2016.



Surfaces moyennes par incendies en Suède de 1998 à 2016.

Et notre ami Usbek, tout content de lui, en déduit donc que
on ne constate aucune tendance à l’augmentation du nombre ni de l’intensité des feux de forêt en Suède.
Sauf que…

Sauf qu'Usbek ne sait pas lire un graphique et tire des conclusions que l'on peut qualifier de...hâtives.

Tout d'abord avez-vous remarqué ce que j'ai remarqué du premier coup d'œil ?

Allez, c'est facile, regardez bien, regardez et vous verrez que ces graphiques s'arrêtent à...2016 !

Or il me semble que, si je ne me trompe pas, nous sommes en 2018 et que l'année, de plus, n'est pas encore terminée ; et si je me renseigne un peu (ce n'est pas très compliqué avec Google ou d'autres outils de recherche sur le web comme Qwant) je trouve par exemple ce site, lessentiel.lu, dans lequel j'apprends ceci, daté du 31 juillet :
D'après les autorités suédoises, «environ 20 000 hectares» de parcelles ont brûlé. À elle seule, la région de Ljusdal recense la moitié des forêts suédoises ravagées par les incendies de l'été, dus à une sécheresse exceptionnellement longue et au mois de juillet le plus chaud en plus de deux siècles.
Et sur cet autre site, france24, on nous disait le 26 juillet :
Jusqu'à 32 °C relevés dans le cercle polaire le 17 juillet 2018 et près de 25 000 hectares de forêt partis en fumée en Scandinavie avec des températures record allant jusqu’à 35 °C en Suède.
Et sur cet autre, rfi, on nous dit le 28 juillet :
Les feux continuent de s'étendre sur les forêts suédoises, avec une vingtaine de foyers encore actifs vendredi 27 juillet, et au moins 25 000 hectares partis en fumée. Ces incendies, les plus importants de l'histoire du pays, font monter un débat sur la responsabilité - ou non - de l'industrie forestière dans cette situation.
Suède ou Scandinavie, 20 000 ou 25 000 hectares, apparemment les journalistes s'emmêlent un peu dans leurs informations, quoi qu'il en soit ce sera « au moins »  20 000 hectares pour la Suède seule et très probablement davantage pour l'année entière puisque nous ne sommes qu'à fin juillet, et que nous dit Usbek et qu'il veut que nous avalions tout cru ?

Il nous donne à voir un graphique qui s'arrête en 2016 et dans lequel on peut voir que l'année ayant enregistré la plus grande surface brûlée est 2014 avec...un peu plus de 14 000 hectares !

Mais à part cela, comme le dit Usbek :
on ne constate aucune tendance à l’augmentation du nombre ni de l’intensité des feux de forêt en Suède.
Et comme pour s'enfoncer encore plus (si si c'est possible avec Usbek) il rajoute une rafale de mitraillette en direction de ses deux pieds (qui doivent à mon avis réfléchir mieux que lui) avec :
Les statistiques de L’agence suédoise pour la forêt (Sweedish Forest Agency) permettent de remonter plus loin dans le passé […]
Et quand on consulte le document qu'il nous fournit complaisamment on trouve dans les toutes premières lignes :
The fire risk is expected to increase with the increase in the temperature.  
Le risque d'incendie devrait augmenter avec l'augmentation de la température.
Et un peu plus loin :
Wildfires in Sweden are strongly affected by climate and weather condition, and human activities. 
Les feux de forêt en Suède sont fortement affectés par le climat et les conditions météorologiques, ainsi que par les activités humaines.
C'est-à-dire exactement l'opposé du message qu'Usbek tente désespérément de faire passer dans le cerveau fatigué de ses lecteurs !

En fait il ne se tire pas au pistolet ou à la mitraillette dans les panards, non c'est au bazooka qu'il se défonce l'ami Usbek !

Bon je vous ferai grâce du reste et notamment de la conclusion étique que tire notre rigolo de la situation en Grèce, je vais arrêter là autrement j'aurais l'impression de canarder une ambulance qui de surcroit roule avec les pneus crevés.

Véhicules de climato-irréalistes attendant qu'on s'occupe d'eux.

Pour terminer ce billet je me permettrai quelques considérations.

Evaluer l'impact du changement climatique à l'aune des feux de forêt est un exercice périlleux, et cela pour plusieurs raisons (je vais d'ailleurs probablement en oublier) :
  • les feux peuvent être d'origine naturelle ou criminelle, dans ce dernier cas il est difficile d'en imputer la responsabilité au changement climatique ;
  • plus il y a de feux, et plus les surfaces susceptibles de brûler diminuent en principe, même si elles peuvent être remplacées par une végétation du style garrigue qui peut également brûler facilement ;
  • plus il y a d'urbanisation, et plus les incendies sont facilement contrôlés et combattus, alors que dans la nature les feux peuvent prendre des dimensions gigantesques ;
  • enfin la prévention peut permettre de faire baisser le nombre de feux et leur importance en faisant intervenir les pompiers plus tôt et donc plus efficacement, ce qui est totalement indépendant de l'évolution des températures !
Ainsi une baisse éventuelle des incendies de forêts ne peut en aucun cas signifier une diminution des températures, mais ce qui est certain c'est qu'une hausse des températures ne peut que faciliter un départ de feu et la propagation de celui-ci, qu'il soit naturel ou criminel.

Si vous avez déjà essayé de faire un feu de cheminée avec du bois mouillé ou même seulement humide vous comprenez la différence avec du bois sec, mais il faut croire que des gens comme Usbek ou Troubaa n'ont pas de cheminée chez eux ou ne sont jamais allé camper dans leur jeunesse.

Comme quoi il n'est nul besoin d'être un scientifique avec bac + 25 pour comprendre certaines choses.


Juillet 2018, un simple petit aperçu de notre avenir climatique

Pour ceux qui pensent que le réchauffement climatique est une bonne chose (je pense notamment à Philippe Verdier pour qui il y a des effets positifs dans la hausse des températures) il y a quelques nouvelles fraiches (sic) pouvant nous faire douter du contraire.

Le site insideclimatenews nous en donne trois exemples.

Nous avons les rails de chemin de fer qui ne sont pas prévus pour supporter de très hautes températures, le résultat pouvant être ceci :

Une voie ferrée « voilée » à Carlisle pendant la vague de chaleur (source news.sky.com)

Pour info Carlisle se situe dans l'extrême nord de l'Angleterre, juste à côté de l'Ecosse...

Les pistes d'atterrissage sont aussi touchées, comme ici en Allemagne :

Cette semaine, une piste de l'aéroport de Hanovre s'est fissurée à cause de températures inhabituellement chaudes alors que certaines routes allemandes se sont également déformées cet été. À une époque de hausse des températures, le béton du pays peut-il résister ? (source dw.com)

Enfin, les centrales nucléaires, oui oui, ces engins censés remplacer les centrales à charbon et au pétrole polluants pour nous fournir notre dose quotidienne d'énergie, rencontrent des difficultés pour se refroidir, l'eau étant, vous ne l'auriez jamais deviné, trop chaude, en France mais aussi en Finlande et en Suisse :

Une vague de chaleur régionale a entraîné des réductions de la production conventionnelle en Europe et pourrait s'intensifier la semaine prochaine, certains prévisionnistes ayant prédit une nouvelle hausse des températures (source montelnews.com)

Mais il n'y a pas que les centrales nucléaires, en Allemagne les centrales au charbon sont également touchées car elles aussi, figurez-vous, ont besoin de se rafraichir (source montelnews) :
Grosskraftwerk Mannheim devra potentiellement réduire la production de son installation de 2 000 MW de 60% la semaine prochaine. Seule son unité la plus moderne pourrait fonctionner si les températures de l'eau sur le Rhin dépassaient 28°C.

Dans le sud-ouest, ENBW a arrêté Karlsruhe 7 (505 MW) jusqu'à lundi en raison des températures de l'eau dans le Rhin. Elles se sont maintenues au-dessus de 26°C, selon les données de la station de surveillance locale. Karlsruhe 8 (842 MW) est actuellement hors service pour maintenance et doit reprendre mardi.

Les conditions chaudes, mais pas la température de l'eau, ont contraint l'allemand Steag à réduire de 250 MW la production de son unité de Bergkamen A (715 MW).
Et comme si cela ne suffisait pas, toujours en Allemagne le bas niveau des cours d'eau gêne la livraison...de charbon !
Toujours dans l'ouest du pays, RWE a déclaré que les faibles niveaux d'eau entravaient les livraisons de charbon à son unité Westfalen E (780 MW). L'entreprise réduira la production aux heures creuses. L'unité sera hors ligne le week-end. Aucune autre unité de RWE n'a été affectée par la chaleur actuelle, a indiqué un porte-parole.

N'est-ce pas comique ?

Les fortes chaleurs incitent les gens à se climatiser pour se rafraichir, donc à consommer davantage d'énergie (au passage les climatiseurs produisent surtout...de la chaleur…), donc à faire fonctionner encore plus leurs centrales électriques, mais celles-ci sont affectées par le réchauffement climatique et ont du mal à satisfaire la demande ; normalement on appelle cela un paradoxe, mais on pourrait tout aussi bien dire qu'il s'agit de bêtise humaine dans toute sa splendeur !

Ainsi nous entrevoyons un peu ce que sera notre futur avec quelques degrés supplémentaires : des infrastructures qui souffriront, provoqueront des accidents, seront onéreuses à entretenir, etc.

Mais ce n'est qu'un tout petit aperçu de ce qui nous attend et que l'on peut voir résumé dans cette carte :

"Nous savons très bien que le réchauffement climatique rend les vagues de chaleur plus longues, plus chaudes et plus fréquentes", a déclaré Corinne Le Quéré.
"La preuve d'événements extrêmes dans le monde est vraiment convaincante, c'est très révélateur que le réchauffement de la planète cause ou contribue au moins à ces événements", a-t-elle dit. (source insideclimatenews.org)

Il suffit de regarder attentivement cette carte du monde en ce mois de juillet pour entrevoir ce qui pourrait devenir la normale en été dans quelques décennies :
  • davantage de feux de forêts et de canicules dans les hautes latitude ;
  • davantage de sécheresses dans les régions qui en connaissent aujourd'hui ;
  • davantage d'inondations dans les régions qui en connaissent aujourd'hui ;

Sans parler évidemment de la montée des eaux qui va petit à petit faire refluer vers l'intérieur des côtes les populations qui vivent un peu trop près des mers, entrainant les tensions que l'on devine (sauf ceux qui gardent la tête dans le sable pour ne rien voir)

Sans parler des problèmes pour nourrir une population toujours plus nombreuse (plus de 10 milliards d'habitants prévus en 2100) avec des ressources agricoles qui connaitront elles-aussi de grosses difficultés à satisfaire la demande.

Evidemment on peut nier tout cela et croire que comme dans le merveilleux monde des Bisounours tout va s'arranger grâce au « génie » humain.

Après tout l'humanité a bien survécu jusqu'à aujourd'hui, alors pourquoi pas pour l'éternité ?

Et on me rétorquera que de nombreux prophètes de malheur ont prévu la fin du monde et que rien ne s'est encore passé, nous continuons notre petit bonhomme de chemin comme si de rien n'était, c'est vrai.

Mais si je prédis la mort de quelqu'un un jour donné et que ce jour-là cette personne est encore en vie, est-ce que cela veut dire qu'elle vivra éternellement ?

J'ai comme un doute.


lundi 30 juillet 2018

Climactualités - juillet 2018

ENSO
Le 30/07/2018 : climate.gov/enso
The odds of El Niño emerging in the tropical Pacific by fall have risen to 65%, and by winter to 70%

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GISS L-OTI anomalies de températures vs 1951-1980
Le 30/07/2018 : data.giss.nasa.gov

Note: Gray areas signify missing data.
Note: Ocean data are not used over land nor within 100km of a reporting land station.

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Coral Reef Watch
Le 30/07/2018 : coralreefwatch.noaa.gov
NOAA Coral Reef Watch's most recent Four-Month Coral Bleaching Heat Stress Outlook is below. This figure shows the distribution of the lowest heat stress levels predicted by at least 60% of the model ensemble members. In other words, there is a 60% chance that the displayed heat stress levels will occur.

*****


Climate Prediction Center
Le 30/07/2018 : cpc.ncep.noaa.gov



*****


Polar Science Center
Le 30/07/2018 : psc.apl.uw.edu
Average Arctic sea ice volume in July 2018 was 17,200 km3. This value is the 6th lowest on record about 1800 km3 above the June record that was set in 2017 with 15,400 km3 . Ice volume was 42% below the maximum in 1979 and 26% below the mean value for 1979-2017. June 2018 ice volume falls close to the long term trend line. 


Fig.1  Arctic sea ice volume anomaly from PIOMAS updated once a month. Daily Sea Ice volume anomalies for each day are computed relative to the 1979 to 2017 average for that day of the year. Tickmarks on time axis refer to 1st day of year. The trend for the period 1979- present  is shown in blue. Shaded areas show one and two standard deviations from the trend. Error bars indicate the uncertainty of the  monthly anomaly plotted once per year.

Fig. 2 Total Arctic sea ice volume from PIOMAS showing the volume of the mean annual cycle, and from 2010-2018. Shaded areas indicate one and two standard deviations from the mean.

Fig.3 Monthly Sea Ice Volume from PIOMAS for April and Sep.

Fig 8 Comparison of Daily Sea Ice Volume Anomalies relative to 1979-2016.


*****

Arctic Data archive system (ADS)
Le 30/07/2018 : ads.nipr.ac.jp

Arctic Sea Ice Extent [million km2]

Antarctic Sea Ice Extent [million km2]


Historique des Climactualités (l'Arctique est mentionné en premier ; en bleu les valeurs minimales, en jaune les maximales)

Juillet 2018 :           6.67 + 16.44 = 23.11
Juin 2018 :              9.19 + 14.59 = 23.78
Mai 2018 :            11.02 + 10.65 = 21.67
Avril 2018 :            12.82 + 6.33 = 18.15
Mars 2018 :            13.87 + 3.50 = 17.37
Février 2018 :        13.68 + 2.31 = 15.99
Janvier 2018 :        12.68 + 3.46 = 16.14
Décembre 2017 :   11.76 + 7.13 = 18.89
Novembre 2017 : 10.07 + 13.25 = 23.32
Octobre 2017 :       7.82 + 17.27 = 25.09
Septembre 2017 : pas de stats


*****


C'est si vrai, en riant avec What on earth? comics !


Bon eh bien on ne rigolera pas ce mois-ci avec What On Earth Comics !

Mais il n'y a pas que ce site, alors voici ce que j'ai trouvé à la place :

Les climatosceptiques s'arrêtent au mieux aux quatre premières images, le reste est trop lointain pour eux.

Si seulement le prix de nos conneries pouvait se concrétiser de  cette manière…
Spéciale dédicace à Philippe Verdier, notre cosmo-climato-irréaliste.

Cela me fait penser à Paul Jorion pour qui le responsable...c'est le pétrole !

Il est vrai que les arguments invoqués par les climatosceptiques montrent souvent...qu'ils n'ont pas beaucoup d'arguments ! Alors pour justifier leurs opinions un chagrin d'amour peut éventuellement suffire.


samedi 28 juillet 2018

Partie remise à l'étang de Peyregrand

Pas de topo-guide utilisé pour cette balade qui est d'une simplicité biblique : on part du parking, on monte le long du torrent, on arrive à l'étang (en principe) puis on redescend par le même chemin et le tour est joué.

Cela n'empêche pas certains perfectionnistes d'écrire un descriptif détaillé, comme ici chez rando-marche, alors que d'autres, bien plus avisés, se contentent, comme ici chez visorando, de publier une simple photo.

Certaines balades sont tellement faciles d'accès qu'une simple carte IGN suffit amplement, mais il faut croire qu'il y a des personnes qui ont besoin qu'on les prenne par la main en leur précisant qu'ici il faut traverser le torrent sur une passerelle ou que là on franchit le même torrent sur une nouvelle passerelle…

Bon, de toute façon ce samedi j'ai beau faire le fier mais nous ne sommes pas arrivés jusqu'à l'étang !

Non, non, pas à cause d'une erreur de parcours, mais de ceci :

Magnifique vue peu après la jasse de Brouquenat.

En principe nous aurions dû voir quelque chose comme ceci à la place :

Etang de Brouquenat, source lacsdespyrenees

Mais quelle idée aussi de vouloir faire cette balade avec cette vue peu après le départ :

Peu après le parking du Bouychet on monte dans la forêt.

Il est vrai que la météo nous avait avertis et on se doutait un peu de ce qui nous attendait, nous savions aussi que le lendemain, le dimanche donc, les prévisions étaient bien meilleures avec des risques d'orages dans l'après-midi et des températures en hausse, comme on peut le voir avec ces anticipations concernant le village de Siguer, dernier lieu civilisé avant la montagne :

Prévisions météo pour samedi, source meteo-villes

Prévisions météo pour dimanche, source meteo-villes

Pour être honnête ma confiance était toute relative, car je sais par expérience que les conditions peuvent être très différentes entre la vallée et la montagne, même à quelques kilomètres à vol d'oiseau, seulement voilà, nous n'avions que le samedi pour sortir et donc pas le choix, sachant qu'avec un peu de chance nous pourrions peut-être « passer au travers ».

Nous sommes donc retournés sur nos pas après quelques deux heures de marche, et à la descente nous avons croisé de nombreux randonneurs dont certains équipés pour passer au moins une nuit si ce n'est plus dans les hauteurs, preuve que nous n'étions pas si fous que cela !

Notre décision de faire demi-tour s'explique surtout par le fait que la descente est très longue et plutôt fastidieuse, alors autant l'effectuer dans de bonnes conditions, sur un sol bien sec (le sentier comporte d'innombrables pierres de diverses tailles pouvant se muer en patinoires par temps humide…) et après avoir bien bénéficié de la vue qui est magnifique en ces lieux par beau temps ; se faire mal et n'en tirer aucun profit autre que de se dire « nous l'avons fait », très peu pour nous.

Comme d'habitude voici les données GPS malheureusement tronquées à cause d'une défaillance de l'engin qui s'est inexplicablement arrêté après moins de deux heures de fonctionnement (les piles étaient pourtant quasiment à leur maximum)

Donnés GPS : élévation, distance et température.

L'arrêt de l'appareil est-il dû aux conditions météo ? Possible, car je ne vois pas comment j'aurais pu l'éteindre par inadvertance, le bouton marche/arrêt devant être longuement et fortement appuyé et mon GPS étant fourré dans mon sac à dos, dans une poche interne que je n'ouvre qu'à l'arrivée à la voiture.

On remarquera quand même que la température était plutôt clémente au départ, aux alentours de 20 degrés malgré le ciel couvert, et d'ailleurs nous avons abondamment transpiré jusqu'à la passerelle où se situe le départ du sentier vers l'étang de Gnioure, mais après cet endroit, bien que la température du GPS montre une hausse jusqu'à 27 degrés, c'est le froid presque glacial d'un vent remontant de la vallée qui nous a en grande partie fait rebrousser chemin !

Cela montre l'importance de bien comprendre la différence entre température mesurée et température ressentie, dans le cas présent la première étant une donnée objective fournie par un instrument blotti dans le cocon douillet du sac à dos et la seconde se révélant la responsable nous ayant fait frissonner au point de renoncer à notre programme initial.

Au passage je signale que l'accès à l'étang de Gnioure n'est plus possible par arrêté du maire de la commune de Siguer :

Indication de l'interdiction d'accès à l'étang de Gnioure par le sentier du Pecalvet.

Je n'ai pas réussi à trouver sur internet la raison de cette interdiction, le sentier ne me paraissant pas particulièrement dangereux vu d'en haut :

La passerelle repérée par une croix rouge, point de départ du sentier menant à l'étang de Gnioure visible sur la gauche ; la partie apparemment interdite est mentionnée par la série de points noirs.

Est-ce simplement pour interdire l'accès au barrage qui serait défectueux et mériterait de sérieuses réparations, ou bien le sentier présente-t-il lui-même à cet endroit précis des dangers du style éboulements ou effondrements ? 

Mystère.

C'est dommage car l'étang de Gnioure faisait partie de mes projets de cet été, il faudra se rabattre sur autre choses, mais ce ne sont pas les sites dignes d'intérêt qui manquent dans les Pyrénées !

Dernier mystère, cet étrange appareil planté dans le lit du torrent et accroché fermement aux rochers, à quoi peut-il donc servir ?

Fiché dans l'eau, cet appareil semble contempler l'amont du torrent.

Mon hypothèse est qu'il s'agit d'un capteur mesurant le débit, mais si c'est le cas je me demande comment il fonctionne.

Peut-être cet habitant des lieux a-t-il la réponse :

Pas farouche pour deux sous, mais il faut dire que nous sommes près du parking à un endroit où les promeneurs ont l'habitude de laisser quelques miettes derrière eux…

mardi 24 juillet 2018

Feux d'artifice sur la planète

L'année 2018 a déjà donné des signes de surchauffe, c'était en Australie lors de l'été austral, et le 7 janvier nous apprenions avec le Figaro que
[…] les états du Sud et de l'Est de l'Australie […] connaissent des températures caniculaires qui dépassent les 40°.
Sydney a connu « l'une des journées les plus chaudes jamais recensées » et le bureau de la météorologie (CSIRO) nous informe que la température a augmenté de « seulement » (c'est moi qui ajoute ce mot) un degré Celsius depuis 1910, ce qui montre (à mon humble avis) l'impact que peut avoir un petit degré d'augmentation, à condition bien sûr de ne pas regarder ailleurs ou enfoncer sa tête dans le sable (au risque de se faire botter le cul au passage)

Quelques mois auparavant, en octobre 2017, ces mêmes Australiens, qui se sentent probablement un peu concernés par le réchauffement climatique, nous avertissaient avec cet article titré Climate scientists from two leading Australian universities say more extreme heatwaves are inevitable even if global CO2 targets are met (Les climatologues de deux grandes universités australiennes affirment que les vagues de chaleur extrêmes sont inévitables même si les objectifs mondiaux en matière de CO2 sont atteints) dont l'introduction donne le tempo :
Australia’s most populous cities could be hit by heatwaves of up to 50 degrees by the year 2050 even if the world succeeds in limiting global warming to two degrees above pre-industrial levels, climate scientists have warned. 
Les villes les plus peuplées d'Australie pourraient être touchées par des vagues de chaleur allant jusqu'à 50 degrés d'ici 2050, même si le monde parvient à limiter le réchauffement climatique à deux degrés au-dessus des niveaux pré-industriels, ont averti les climatologues.
Ainsi une augmentation « moyenne » de 2°C pourrait entrainer des pointes de 3,8° au-dessus des températures actuelles.

Une des scientifiques, Sophie Lewis, précise que « les températures plus chaudes nuiraient à la santé humaine, aux infrastructures et aux écosystèmes fragiles comme la Grande Barrière de Corail » et que « les canicules seraient plus intenses et plus durables ».

Et rappelons, pour ceux qui l'auraient oublié ou n'auraient pas fait attention, que l'année a commencé avec une La Niña, après un très fort El Niño en 2015 suivi par deux années 2016-2017 de transition :

El Nino & La Nina (source columbia.edu)

Difficile donc de mettre sur le dos d'ENSO d'éventuelles températures « au-dessus de la moyenne »...

Mais ce qui est arrivé en Australie cet hiver (pour nous) n'était apparemment qu'un avant-gout de ce que nous vivons actuellement alors que nous sommes clairement en situation ENSO « neutre », avec un possible El Niño (65% de chances) pour l'automne prochain, ce qui au demeurant ne devrait pas nous rassurer sur le niveau des températures de l'année 2019 si celle-ci se trouvait à son tour en position de fort El Niño comme en 1998 ou en 2015 !

Rappelons, pour faire très très simple, que le phénomène El Niño n'est qu'un échange de chaleur entre l'atmosphère et l'océan, mais comme nous vivons principalement dans les premières couches de l'atmosphère, à moins d'être un émule de Jacques Mayol, nous ressentons particulièrement les évolutions de la température qui nous concerne, alors que le système Terre, lui, qui comporte les trois réservoirs que sont les océans, l'atmosphère et les surfaces continentales, n'est pas impacté par cette variabilité naturelle du climat (jusqu'à preuve du contraire l'homme n'est pour rien dans ce phénomène)

Or donc, après ce préambule australien, voilà que nous sommes à notre tour touchés cet été, dans l'hémisphère nord, par quelques épisodes qui devraient nous faire réfléchir.

Il y a bien sûr ces fortes chaleurs au Japon qui ont fait 80 morts si l'on en croit (sic) La Croix qui titre Canicule au Japon, au moins 80 morts :
Des températures inédites ont été atteintes à travers le pays, notamment dans la ville de Kumagaya (préfecture de Saitama), au nord de Tokyo, qui a battu, dans le pays, le record national ce lundi 23 juillet avec un thermomètre affichant 41,1 degrés celsius. Des records ont également été observés dans 13 autres stations d’observation à travers le pays.
Oui vous avez bien lu, « des températures inédites », et je confirme que CNN s'en est fait l'écho par le biais de son présentateur météo ; voici par exemple le genre de carte que l'on pouvait voir aujourd'hui sur la chaine américaine :

Source edition.cnn

Et ce n'est par terminé, la vague de chaleur est prévue de continuer comme nous en informe La Croix :
Les autorités japonaises ont émis de nouveaux avertissements, lundi 23 juillet, face à la vague de chaleur qui se poursuit sur le Japon […]
Les Japonais vont même jusqu'à s'inquiéter pour les prochains Jeux Olympiques de 2020 :
Les records de températures atteints cette année ravivent les inquiétudes pour les jeux olympiques de 2020 qui auront lieu à Tokyo en plein cœur de l’été, du 24 juillet au 9 août. « Les dispositions que nous prendrons contre la chaleur seront un des piliers du succès des JO de Tokyo », a estimé lundi la gouverneure de la capitale, Yuriko Koike.
Mais l'été boréal avait en fait commencé au Canada, car dès le 10 juillet Le Parisien titrait Canicule au Québec : 70 morts et une polémique sur l’équipement des hôpitaux :
Selon le ministère de la Santé québécois, 70 personnes seraient décédées des suites de la vague de chaleur survenue ces derniers jours. Les températures sont revenues à la normale.
Ainsi un pays développé comme le Canada ne sait pas faire face à un épisode exceptionnel de canicule alors qu'ils n'ont aucun problème apparent avec les froids extrêmes qu'ils connaissent en hiver, tout comme la France, pays tempéré par excellence, n'avait pas su gérer correctement la canicule de 2003 ; mon petit doigt me dit que le Canada va commencer à prendre le sujet au sérieux…

Le site maxisciences nous avait bien avertis avec Canicule : des records de chaleur enregistrés à travers le monde dès le début du mois de juillet :
Le début du mois de juillet a vu les records de chaleur se multiplier dans le monde entier et, plus surprenant, dans l'hémisphère nord en particulier. Le mercure a affiché jusqu'à 32°C en Irlande et 36,6°C à Montréal au Canada, une température historique jamais enregistrée en 147 ans de relevés.
« Dans le monde entier », donc pas uniquement au Canada, car il y avait aussi :
L’Irlande, l’Écosse et le Canada comptent au rang des pays qui payent le plus lourd tribut.
Mais aussi :
À Denver [USA], le mercure a grimpé jusqu’à 40,5°C. Mount Washington et Burlington ont connu respectivement 15,5 et 26,6 °C, soit les températures les plus élevées jamais enregistrées, selon The Washington Post.
Et un météorologue n'hésite pas à écrire :
C’est absolument incroyable et certainement l’une des vagues de chaleur les plus intenses jamais vue dans l’hémisphère nord.
Mais une vieille connaissance climatosceptique, Fred Decker, l'ami d'Hacène Arezki, le copain de Benoit Rittaud, n'est pas de cet avis :
[…] le météorologue Nick Humphrey fait une grossière erreur de débutant : prendre un phénomène météorologique ponctuel, tel que ces pics de chaleur en plusieurs endroits de l’hémisphère Nord, pour évoquer une tendance climatique globale.
On lui laissera la responsabilité de ce point de vue qui se respecte mais qui me semble malmené par l'actualité récente.

Et on peut rester « sceptique » (sic) quand Decker nous explique ces nombreuses canicules par :
[…] des blocages anticycloniques « bien situés » pour envoyer des bouffées de chaleur entre les îles Britanniques et le nord de la Russie ou encore de l’est étasunien à la Baie d’Hudson.
On peut comprendre que des anticyclones jouent un rôle dans les fortes chaleurs, mais prétendre que le réchauffement climatique n'y serait pour pas grand chose et que la situation actuelle n'aurait rien d'anormal est quand même fort de café ; mais nous sommes fixés quand Decker ajoute plus loin :
[…] l’histoire nous apprend que les précédentes périodes chaudes furent… très positives : l’optimum médiéval, entre 800 et 1300, période à peu près aussi chaude qu’aujourd’hui, a permis l’essor de l’Europe et de l’Asie grâce à des rendements agricoles régulièrement excellents.
Voilà, c'est clair, non ?

Cela rassurera certainement les Japonais, les Australiens, les Canadiens, etc. qui ne connaissent pas leur bonheur, sans oublier les autres qui « bénéficient », si l'on en croit l'ami Fred, de conditions particulièrement favorables pour les rendements agricoles.

Ainsi la Suède voit ses forêts dévastées par des incendies auxquels elle était tellement habituée jusqu'à présent qu'elle fait appel à l'aide internationale afin de les combattre ! Et Sciences et Avenir donne la parole à Jean Jouzel (qui était un peu trop timoré selon moi dans une récente émission de télé) dans Incendies en Suède : un avant-goût de ce qui attend l'Europe, prévient Jean Jouzel :
D'inhabituels feux de forêts font rage en Scandinavie, et plus particulièrement en Suède. Le réchauffement climatique est en cause, explique le climatologue Jean Jouzel.
Voilà qui est clair ici aussi, non ?

Et je dois dire que cela me fait plaisir de voir Jouzel mouiller la chemise et accepter de prendre des risques (d'être dénigré par qui-vous-savez)

 Et Jouzel de préciser :
Les conditions climatiques relevées au nord du cercle polaire sont exceptionnelles. C'est une situation qui cumule à la fois une température record (32°C au cercle polaire le 17 juillet 2018 !, NDLR) et une sécheresse persistante. Les causes sont météorologiques : Il y a une situation de blocage anticyclonique, qui empêche la survenue de précipitations... ce qui amplifie la sécheresse.
Et d'ajouter plus loin :
Les pays scandinaves ne sont pas préparés à ces feux de forêts, c'est inédit pour eux.
« Inédit », tout comme les températures relevées au Japon qui sont elles aussi « inédites » (voir au début), cela fait beaucoup d'inédit, non ?

Mais ce n'est pas tout, comment ne pas parler de la Grèce qui connait un véritable drame avec « soixante morts en moins de 24 heures », selon Courrier International qui titre Grèce. La presse sous le choc après les incendies qui ceinturent la capitale :
Provoqués par la vague de chaleur que traverse le pays depuis plusieurs jours, les incendies qui se sont déclarés lundi 23 juillet au soir dans la région d’Athènes ont coûté la vie à plusieurs dizaines de personnes en l’espace de quelques heures. Partout dans la presse grecque, les flammes meurtrières font la une.
Et pourtant s'il y a un pays sensibilisé aux feux de forêts c'est bien la Grèce qui, avec notamment le Portugal, entre autres, en connait chaque année d'importants, contrairement aux pays scandinaves qui vont devoir se mettre au diapason.


Alors à qui se fier ? A Frédéric Decker qui nous dit que la marquise peut dormir tranquille, son château étant en parfait état ? Ou à Jean Jouzel qui nous prévient de ce qui va se passer ?

En attendant de répondre à cette question épineuse, le Met Office nous informe que ça va continuer, au Royaume Uni !
Very hot conditions are expected to persist across eastern and southeastern parts of the UK through the working Week. 
Des conditions très chaudes devraient persister dans les parties est et sud-est du Royaume-Uni pendant la semaine de travail.
Et pour ne pas être en reste Météo France nous avertit pour notre douce contrée :
Alors que débute sur l'Hexagone un épisode de fortes chaleurs, une deuxième vague de chaleur pourrait concerner notre pays la semaine prochaine.

Si vous le voulez bien nous en resterons là sans tirer de conclusions définitives et attendrons 
  1. le mois d'août pour tirer le bilan de juillet
  2. le mois de janvier 2019 pour tirer le bilan de 2018
Et pour vous rafraichir un peu voici un cadeau de ma part, à partager sans modération :

Aves le son c'est encore mieux.